Library Genesis

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Logo de Library Genesis

Image illustrative de l’article Library Genesis

Adresse libgen.is .st et .rs
Description moteur de recherche
Langue anglais
Lancement [1]Voir et modifier les données sur Wikidata

Library Genesis ou LibGen est un moteur de recherche d'articles et de livres scientifiques qui facilite l'accès aux contenus soumis à un péage[2]. Il diffuse notamment les fichiers PDF du portail Web ScienceDirect d'Elsevier[3].

Historique[modifier | modifier le code]

Library Genesis est fondé vers 2008 en Russie[4]. Colligeant tout d’abord des collections de livres scientifiques russes hébergées en ligne[5], le site intègre en 2011 la collection majoritairement anglophone du site Library.nu[4] formée de près d’un demi-million de livres[6]. À partir de 2011, le lancement du site Sci-Hub par Alexandra Elbakyan contribue grandement à l’expansion de la collection d’articles scientifiques de Library Genesis[7].

En 2017, le site aurait servi près de 200 millions de téléchargements aux internautes du monde entier[8]. En novembre 2020, Library Genesis affirme publier plus de 2,8 millions de livres de non-fiction, 84 millions d'articles scientifiques, 2 millions de fichiers de comics, 2,5 millions de livres de fiction et 381 000 magazines[9].

Mission[modifier | modifier le code]

Library Genesis fait la promotion d’un accès libre, gratuit et universel à un savoir académique difficile d’accès pour les individus évoluant en marge des communautés universitaires et remplit le rôle de bibliothèque clandestine[10]. Le site vise avant tout à rendre accessible sa collection aux utilisateurs de pays émergents et généralement défavorisés[10] ainsi qu’aux étudiants dont les universités ne sont pas en mesure de payer les abonnements permettant un accès aux bases de données d’articles scientifiques[7].

Le projet cherche également à maintenir une collection de qualité. Bien que la plateforme distribue des livres de fiction ainsi que des comics[11], le site évite la distribution de best-sellers et se concentre sur les textes académiques en rendant disponibles des articles et des livres savants portant sur les sciences humaines et naturelles[10].

Acquisition de documents[modifier | modifier le code]

Deux principaux phénomènes sont à l’origine de la constitution de la collection de Library Genesis : le crowdsourcing et les biblioleaks[12].

La notion de production participative (ou crowdsourcing) fait partie intégrante du processus de libération de l'information. Dans le cas de Library Genesis, le crowdsourcing se définit par l'enregistrement immédiat dans sa mémoire cache de toute publication d'abord téléchargée via des plateformes alternatives de propagation d'information en libre accès[11]. Par exemple, en téléchargeant sur Sci-Hub un fichier PDF dont le Digital Object Identifier (DOI) est valide, ce même fichier est automatiquement téléversé sur Library Genesis, se greffant ainsi à sa banque d'articles[11]. Ces ajouts générés par le crowdsourcing ne constituent qu'une minorité de la collection se trouvant sur la plateforme[11]. La contribution individuelle des usagers de Library Genesis, quant à elle, n'est pas encouragée[13].

La croissance de la plateforme est majoritairement due à des additions ponctuelles, mais majeures[13], causées par des brèches dans les systèmes de péage[14] : c'est le concept des biblioleaks[12]. Des cyberattaques massives et répétées des verrous d'accès payants occasionnent ces "fuites bibliographiques"[15]. Lorsqu'elles surviennent, le contenu de bases de données de grands éditeurs scientifiques est libéré[13]. Library Genesis profite de ces fuites importantes en les intégrant à sa propre collection[12]. Parmi les éditeurs renommés les plus affectés par ces biblioleaks figurent Elsevier, mais également John Wiley & Sons, Taylor & Francis, Springer et SAGE Publishing[16]. Le catalogue de Library Genesis est constitué à 82% de ces biblioleaks pouvant comporter plusieurs dizaines de milliers de publications à la fois[13].

Le 30 avril 2013, 12 466 342 articles ont été ajoutés à Library Genesis, constituant alors 55% de sa collection totale[17]. Cette fuite n'est pas la seule répertoriée à ce jour, mais en date de 2015, elle constituait la plus importante de l'histoire de la plateforme[17].  

Un modèle ouvert[modifier | modifier le code]

À la différence des autres plateformes du même type, LibGen propose un modèle d’accès libre qui va au-delà des recherches individuelles faites par les usagers[4]. En donnant accès à l'entièreté de son infrastructure, le site encourage le téléchargement en bloc de son code source et de sa collection à des fins de reproduction[4]. Ce modèle unique[4] rend possible la création de sites miroirs[17] qui sont à même de répondre localement aux besoins des utilisateurs[10]. La prolifération de ces plateformes satellites permet ainsi un accès adapté aux besoins de différentes communautés[4]. Cette ouverture répond également aux désirs de LibGen d'assurer la postérité de la collection mère et de réduire sa visibilité en multipliant les points d'accès[18]. L'approche permet finalement aux administrateurs du site de se concentrer sur la bonification de la collection et de réduire les possibilités de recours légaux en maintenant un contact moins direct avec le public[10].

Poursuites judiciaires[modifier | modifier le code]

En 2015, la société Elsevier engage une poursuite judiciaire contre Library Genesis, l'accusant de fournir un accès illégal à des contenus protégés par copyright[3]. Cependant, Library Genesis serait à la fois enregistrée en Russie et aux Pays-Bas, ce qui ne permet pas d'établir quel régime judiciaire s'applique[3],[19] ; le défendeur n'a d'ailleurs pas indiqué son intention de se faire représenter devant une cour américaine[3]. Plusieurs fournisseurs d'accès à Internet (FAI) britanniques bloquent l'accès au moteur de recherche[20], mais leur filtre utilise le Domain Name System (DNS) (un service de traduction de noms de domaine en adresses IP) et les internautes peuvent contourner cette restriction[3]. Fin , une district court américaine a ordonné à Library Genesis de suspendre son service et d'abandonner l'un de ses noms de domaine (libgen.org)[21], mais le site peut être consulté autrement [22],[23].

Le , le tribunal de grande instance de Paris ordonne aux principaux FAI français d’en bloquer l'accès[24]. Mais comme pour Sci-Hub, le changement de DNS, l'utilisation d’un VPN, du réseau Tor, ou d'un accès au réseau universitaire RENATER permettent de contourner le blocage[25].

Le en Inde, Elsevier, Wiley et American Chemical Society intentent une poursuite judiciaire contre LibGen devant la High Court de Delhi (en) ; les trois exigent que le site soit bloqué sur le territoire indien. Même s'ils ont déposé un document de 2 169 pages pour faire valoir leur plainte, ils ne proposent aucune nouvelle théorie légale et préfèrent s'appuyer sur ce qui existe déjà[26].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « https://monoskop.org/index.php?title=Library_Genesis&oldid=104868 » (consulté le )
  2. (en) Guillaume Cabanac, « Bibliogifts in LibGen? Study of a Text-Sharing Platform Driven by Biblioleaks and Crowdsourcing », Journal of the Association for Information Science and Technology, vol. 67, no 4,‎ , p. 874–884 (DOI 10.1002/asi.23445, lire en ligne [PDF], consulté le )
  3. a b c d et e (en) David Glance, « Elsevier acts against research article pirate sites and claims irreparable harm » (consulté le ).
  4. a b c d e et f (en) Balázs Bodó, « The Genesis of Library Genesis: The Birth of a Global Scholarly Shadow Library », dans J. Karaganis, Shadow Libraries: Access to Knowledge in Global Higher Education, Cambridge, Massachusetts, MIT Press, , 313 p. (ISBN 9780262535014, lire en ligne), p. 27
  5. (en) Balázs Bodó, « The Genesis of Library Genesis: The Birth of a Global Scholarly Shadow Library », dans J. Karaganis, Shadow Libraries: Access to Knowledge in Global Higher Education, Cambridge, Massachusetts, MIT Press, , 313 p. (ISBN 9780262535014, lire en ligne), p. 38
  6. (en) Balázs Bodó, « Library Genesis in Numbers: Mapping the Underground Flow of Knowledge », dans J. Karaganis, Shadow Libraries: Access to Knowledge in Global Higher Education, Cambridge, Massachusetts, MIT Press, , 313 p. (ISBN 9780262535014, lire en ligne), p. 55
  7. a et b (en) Joe Karaganis, « Introduction: Access from Above, Access from Below », dans J. Karaganis, Shadow Libraries: Access to Knowledge in Global Higher Education, Cambridge, Massachusetts, MIT Press, , 313 p. (ISBN 9780262535014, lire en ligne), p. 1-2
  8. (en) Joe Karaganis et Balazs Bodo, « Analysis | Russia is building a new Napster — but for academic research », sur Washington Post (consulté le )
  9. « LibGen.lc Home Page », sur LibGen.lc, Library Genesis (consulté le )
  10. a b c d et e (en) Balázs Bodó, « The Genesis of Library Genesis: The Birth of a Global Scholarly Shadow Library », dans J. Karaganis, Shadow Libraries: Access to Knowledge in Global Higher Education, Cambridge, Massachusetts, MIT Press, , 313 p. (ISBN 9780262535014, lire en ligne), p. 28
  11. a b c et d (en) Guillaume Cabanac, « Bibliogifts in LibGen? Study of a Text-Sharing Platform Driven by Biblioleaks and Crowdsourcing », Journal of the Association for Information Science and Technology, vol. 67, no 4,‎ , p. 878 (DOI 10.1002/asi.23445, lire en ligne, consulté le )
  12. a b et c (en) Guillaume Cabanac, « Bibliogifts in LibGen? A Study of a Text-Sharing Platform Driven by Biblioleaks and Crowdsourcing », Journal of the Association for Information Science and Technology, vol. 67, no 4,‎ , p. 874 (ISSN 2330-1643, DOI 10.1002/asi.23445, lire en ligne, consulté le )
  13. a b c et d (en) Balázs Bodó, « Library Genesis in Numbers », dans J. Karaganis, Shadow Libraries: Access to Knowledge in Global Higher Education, Cambridge, Massachusets, MIT Press, , 313 p. (ISBN 9780262535014), p. 54
  14. (en) Adam G. Dunn, Enrico Coiera et Kenneth D. Mandl, « Is Biblioleaks Inevitable? », Journal of Medical Internet Research, vol. 16, no 4,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le )
  15. (en) Adam G. Dunn, Enrico Coiera et Kenneth D. Mandl, « Is Biblioleaks Inevitable? », Journal of Medical Internet Research, vol. 16, no 4,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le )
  16. (en) Guillaume Cabanac, « Bibliogifts in LibGen? A Study of a Text-Sharing Platform Driven by Biblioleaks and Crowdsourcing », Journal of the Association for Information Science and Technology, vol. 67, no 4,‎ , p. 877 (ISSN 2330-1643, DOI 10.1002/asi.23445, lire en ligne, consulté le )
  17. a b et c (en) Guillaume Cabanac, « Bibliogifts in LibGen? A Study of a Text-Sharing Platform Driven by Biblioleaks and Crowdsourcing », Journal of the Association for Information Science and Technology, vol. 67, no 4,‎ , p. 875 (ISSN 2330-1643, DOI 10.1002/asi.23445, lire en ligne, consulté le )
  18. (en) Balázs Bodó, « The Genesis of Library Genesis: The Birth of a Global Scholarly Shadow Library », dans J. Karaganis, Shadow Libraries: Access to Knowledge in Global Higher Education, Cambridge, Massachusetts, MIT Press, , 313 p. (ISBN 9780262535014, lire en ligne), p. 39
  19. (en) Henry Mance et Media Correspondent, « Publishers win landmark case against ebook pirates », Financial Times,‎ (ISSN 0307-1766, lire en ligne, consulté le ).
  20. (en) « UK ISPs must block ebook pirate sites », sur Wired UK (consulté le ).
  21. (en) « Court Orders Shutdown of Libgen, Bookfi and Sci-Hub », (consulté le ).
  22. (en) « Pirate research-paper sites play hide-and-seek with publishers », sur Nature News & Comment (consulté le ).
  23. (en) « Sci-hub, bookfi and libgen resurface after being shut down », TorrentFreak, (consulté le ).
  24. « Jugement TGI de Paris du 7 mars 2019 sur le blocage de Sci-Hub/LibGen - LinuxFr.org », sur linuxfr.org (consulté le )
  25. Thibault Prévost, « Internet : la justice française bloque SciHub et LibGen, piliers du savoir libre », sur Konbini, .
  26. (en) Andy Maxwell, « Sci-Hub & Libgen Face ISP Blocking in India After Publishers File High Court Complaint », TorrentFreak,

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]