Ligne de Pressins à Virieu-le-Grand

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Ligne de
Pressins à Virieu-le-Grand
Voir la carte de la ligne.
Carte de la ligne
Voir l'illustration.
La ligne à son arrivée à Virieu-le-Grand.
Pays Drapeau de la France France
Villes desservies Pressins
Belley
Concessionnaires PLM (1875 – 1937)
SNCF (1938 – 1997)
RFF (1997 – 2014)
SNCF (depuis 2015)
Caractéristiques techniques
Numéro officiel 904 000
Longueur 47,011 km
Écartement standard (1,435 m)
Électrification Non électrifiée
Signalisation Cantonnement téléphonique
Trafic
Propriétaire SNCF
Exploitant(s) SNCF
Trafic Déposée de Pressins à Peyrieu
Fret SNCF

La ligne de Pressins à Virieu-le-Grand est une ligne de chemin de fer française à voie normale et unique, située entre les départements de l'Isère et de l'Ain.

Ouverte en , en majorité déposée et déferrée dans les années , elle est aujourd'hui inexploitée ; elle constitue la ligne 904 000 du réseau ferré national.

Chronologie[modifier | modifier le code]

Ouverture[modifier | modifier le code]

Fermeture au trafic voyageur[modifier | modifier le code]

  • De Belley à Pressins : .
  • De Virieu-le-Grand à Belley : .

Fermeture au trafic marchandise[modifier | modifier le code]

  • De Saint-Didier-d'Aoste à Brégnier-Cordon (PK 83,784 à 88,131) : .
  • De Pressins à Saint-Didier-d'Aoste (PK 72,762 à 83,784) : .
  • De Brégnier-Cordon à Peyrieu (PK 88,131 à 95,940) : .
  • De Peyrieu à Virieu-le-Grand (PK 95,940 à 119,773 ) : [1].

Histoire[modifier | modifier le code]

Arrivée d'un train en gare de Belley au début du XXe siècle.

Ouverture et exploitation[modifier | modifier le code]

La ligne est concédée par une convention signée le entre le ministre des Travaux publics et la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM) ; elle est déclarée d'utilité publique le même jour[1],[2],[3]. Elle permet de desservir la ville de Belley, sous-préfecture de l'Ain.

Elle est d'abord ouverte à l'exploitation le de Virieu-le-Grand à Belley[1],[4],[5] .

Les travaux se poursuivent en direction du sud, pour traverser le Rhône et rejoindre Pressins. En , l'ingénieur en chef Duval, directeur général de la Compagnie de Fives-Lille pour constructions mécaniques et entreprises, s'engage envers le PLM à exécuter les travaux du pont situé près de Brégnier-Cordon, constitué de trois piles et deux culées[6].

Le pont réalisé, la ligne peut ouvrir le de Belley à Pressins[7].

Cette ligne croise à niveau le Chemin de fer de l'Est de Lyon (CFEL) reliant Lyon à Saint-Genix-sur-Guiers, au niveau de Saint-Didier-d'Aoste (PK 83 784) ; un raccordement entre les lignes est effectué en (voir Schéma de la ligne). Par ailleurs, une correspondance est assurée avec le Chemin de fer du Haut-Rhône en gare de Brégnier-Cordon (PK 87 131)[1],[5].

Jusque dans les années 1930, outre un trafic marchandises local, est assuré un service voyageurs omnibus à raison de 3 ou 4 allers et retours Saint-André-le-Gaz – Belley et 5 navettes Belley – Virieu-le-Grand.

Conséquences de la nationalisation et de la Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

À la suite de la nationalisation des grandes compagnies ferroviaires du pays, la ligne est reprise par la SNCF le , dans le cadre des décrets de coordination. Malgré un vœu contraire du Conseil général de l'Ain[8], le service des voyageurs est supprimé le entre Saint-André-le-Gaz et Belley, puis le entre Belley et Virieu-le-Grand[9], au profit d'un report sur route, en application de la politique de coordination des transports[1],[5].

Le , le viaduc sur le Rhône situé près de Saint-Didier-d'Aoste et le pont routier à câbles suspendus voisin sont détruits à l'explosif par un détachement du Groupement Cartier.

Malgré une faible reprise du trafic durant l'Occupation, les trains de voyageurs cessent définitivement de circuler et, disparaissant des indicateurs horaires des chemins de fer, la ligne sombre progressivement dans l'oubli. Par ailleurs, devant la faiblesse du trafic marchandises et en raison de la pénurie d'acier, la reconstruction du viaduc n'est pas envisagée et la section entre Saint-Didier-d'Aoste et Brégnier-Cordon est déclassée le [1],[5],[10].

Le , la SNCF signe un accord avec le CFEL pour qu'il exploite la section de Pressins à Saint-Didier-d'Aoste. Malgré l'aménagement d'un nouveau raccordement orienté cette fois-ci vers le sud, le CFEL abandonne cette section en en raison de la faiblesse du trafic marchandise. Cette décision conduit au déclassement du parcours correspondant par décret du et à la dépose de la voie l'année suivante[1],[5].

Un des derniers voyageurs de la ligne aurait été Charles de Gaulle, alors en déplacement dans la région, lors d'une remise en service exceptionnelle en 1963[11],[12].

Période contemporaine[modifier | modifier le code]

Exploitation agricole (1974-2009)[modifier | modifier le code]

En , l'entreprise Cérégrain construit une installation de collecte, de stockage et d'exportation de céréales au nord de Peyrieu ; environ 65 000 tonnes sont exportées annuellement. Toutefois, en , la dérivation du lit du Rhône, dite « dérivation de Brégnier-Cordon », entraine la fermeture de la ligne de Brégnier-Cordon jusqu'à Peyrieu. La SNCF reporte le terminus de la ligne à l'embranchement particulier de l'entreprise agricole (PK 97,835) par décret de déclassement du [1],[5],[11],[13]. Jusqu'en , cette section est parcourue par des trains de céréales et permet de délester les routes d'un trafic non négligeable d'environ 350 camions par mois[14].

Campagne de travaux (2009-2014)[modifier | modifier le code]

Bien que régulièrement entretenue, la voie accuse des signes de fatigue générés par l'augmentation de la charge par essieu. La ligne ferme temporairement en et l'annonce de travaux s'effectue en pour un coût estimé à environ 6 millions d'euros. En , le ministère des transports annonce une diminution des coûts par l'utilisation de rails de réemploi et les soutiens financiers de Réseau Ferré de France, du groupe Terre d'Alliances propriétaire du silo, de la Région Rhône-Alpes, du Département de l'Ain et des collectivités locales.

Les travaux ont finalement lieu de mai à octobre . Après un dernier conflit administratif entre RFF et la SNCF, la ligne ouvre à nouveau en , après 5 ans de fermeture. Une rotation est établie deux fois par semaine jusqu'à Culoz et Ambérieu-en-Bugey. Cette campagne, qui devait permettre l'exploitation de la ligne sur 15 ans sans autres travaux que ceux de maintenance, mais s'avère rapidement insuffisante pour permettre le passage de wagons à fort tonnage à l'essieu (22,5 T).

En , la SNCF annonce à Terre d’Alliances qu'à la suite d'incidents techniques sur la ligne, celle-ci est désormais considérée comme dangereuse. Aucun accord n'est trouvé sur le financement de ces travaux : ils sont estimés à 600 000  immédiats, auxquels s'ajoutent 6 millions sur le long terme ; la location du sillon Peyrieu – Virieu-le-Grand – Modane par Ceregrain rapporte quant à elle seulement 28 000  par an à RFF. Les circulations sont ainsi suspendues et un transfert modal des marchandises par l'eau et la route est opéré. Les dernières opérations auront eu lieu en avec une remise à niveau de la signalisation[1],[5],[11],[14],[15],[16].

Fermeture progressive[modifier | modifier le code]

Un projet de carrière abandonné achève tout espoir d'exploitation nouvelle de la ligne. Bien que non officiellement fermée, de nombreux signes témoignent de son abandon officieux : interdiction d'accès à toute circulation ferroviaire, non-remplacement des barrières de passages à niveau, démontage des passages à niveau automatiques en , suppression des rails lors d'opérations de goudronnage[5]...

Vestiges et réemploi[modifier | modifier le code]

Départ des Vélos-rails en gare de Pugieu en 2010.

La quasi-totalité des infrastructures (gares, stations, bâtiments voyageurs, ponts, aménagements...) est encore en place, à l'exception de quelques bâtiments à Peyrieu et Brens.

Le débute l'exploitation d'une portion de 2,5 km entre Pugieu et Virieu-le-Grand par les Vélos Rails du Bugey[17]. Elle cesse en 2021 en raison d'un risque d'effondrement de la voie[18].

On retrouve à Pressins et Peyrieu les usines de pompage de l'eau, destinée à l'alimentation des locomotives à vapeur, reconnaissables à leurs hautes cheminées en brique.

Les embases du viaduc sur le Rhône entre Saint-Didier-d'Aoste et Brégnier-Cordon sont toujours en place[5].

Quelques kilomètres de la portion entre Murs-et-Gélignieux et Peyrieu sont aujourd'hui reconvertis en piste cyclable pour l'itinéraire de la ViaRhôna[19].

Galerie de photos[modifier | modifier le code]

L'état de la voie entre les gares de Belley et Brens-Virignin en janvier 2024. La végétation reprend ses droits.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • José Banaudo, Trains Oubliés : Le P.L.M. Menton, vol. 2, Éditions du Cabri, coll. « Trains Oubliés », , 171 p.
  • Henri Domengie, Yves Alquati, Marc Moulin et Bernard Roze, Le chemin de fer de l'Est de Lyon., Breil-sur-Roya, Éditions du Cabri, , 156 p. (ISBN 2-908816-42-3)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h et i Histoire de lignes oubliées, « Ligne de Pressins à Virieu-le-Grand », sur lignes-oubliees.com, (consulté le )
  2. Bulletin des lois de la République Française, vol. XI, t. XII, Paris, Imprimerie Nationale, , 1396 p. (lire en ligne), « Loi relative à la déclaration d'utilité publique de plusieurs chemins de fer et à la concession de ces chemins à la Compagnie de Paris à Lyon et à la Méditerranée : 3 juillet 1875 », p. 265 - 271
  3. J. B. Duvergier et J. Duvergier, Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlements et avis du Conseil d’État, t. LXV, Paris, A. Guyot et Scribe, , 692 p. (lire en ligne), « Loi relative à la déclaration d'utilité publique de plusieurs chemins de fer et à la concession de ces chemins à la compagnie de Paris à Lyon et à la Méditerranée », p. 352
  4. Conseil général de l'Ain, Rapports et délibérations. Département de l'Ain, Conseil général, Bourg-en-Bresse, , 851 p. (lire en ligne), p. 86
  5. a b c d e f g h et i Vélos Rails du Bugey, « Il était une voie... dans le Bugey », sur velorail01.fr, (consulté le )
  6. Isabelle Havard et Bruno Decrock, Région Auvergne-Rhone-Alpes, « Pont ferroviaire de Cordon (détruit) ; piles (vestiges) », sur patrimoine.auvergnerhonealpes.fr (consulté le )
  7. Conseil général de l'Isère, Rapports et délibérations. Conseil général de l'Isère, Grenoble, , 1105 p. (lire en ligne), p. 133
  8. Département de l'Ain. Conseil général. Procès-verbal des délibérations. : Session extraordinaire du 31 janvier 1938, Bourg-en-Bresse, , 51 p. (lire en ligne), p. 15
  9. B. Collardey : « QUESTIONS/RÉPONSES. Ligne de Pressins à Virieu-le-Grand. situation, activité. », La Vie du Rail, no 2144,‎ , p. 59
  10. Journal officiel de l'État Français, Paris, Imprimerie Nationale, , 5248 p. (lire en ligne), « Loi du 30 novembre 1941 prononçant le déclassement de certaines lignes d'intérêt général (zone non-occupée) », p. 5226 - 5227
  11. a b et c Michel Deprost, « Bugey : Le transport de 65 000 tonnes de céréales par train remis en cause par la fermeture d’une ligne par RFF », Enviscope,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. « ABIS Belley: Belley et le chemin de fer », sur ABIS Belley, (consulté le )
  13. Ministère des transports, Journal officiel de la République Française du 13 juillet 1984, « Décret du 9 juillet 1984 portant retranchement du réseau ferré national géré par la Société nationale des chemins de fer français (S.N.C.F.) et déclassement de la section de ligne de chemin de fer de Murs-et-Gélignieux à Peyrieu, dans l'Ain. », p. 6121
  14. a et b Catherine Alzieu, « Voie ferrée : le retour des trains de céréales », La voix de l'Ain,‎ (lire en ligne)
  15. Michel Deprost, « Ligne Virieu le Grand/ Peyrieu : une voie ferrée à bout de souffle », Enviscope,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. Francis Perenon, « Le silo céréalier Terres d'Alliance de Peyrieu et la portion de ligne de Virieu le Grand à Peyrieu », Rail et Industrie, no 60,‎ , p. 52 (lire en ligne, consulté le )
  17. Vélos Rails du Bugey, « Les Vélos Rails du Bugey - Comment ça se passe ? », sur velorail01.fr (consulté le )
  18. « Patrimoine ferroviaire de l'Ain : fin du voyage pour les Vélos Rails du Bugey », sur france3-regions.francetvinfo.cr, (consulté le )
  19. ViaRhôna, « ViaRhôna de Belley à Groslée par St-Genix-sur-Guiers », sur viarhona.com (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes[modifier | modifier le code]