Loi de Laplace (thermodynamique)

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En thermodynamique, la loi de Laplace est une relation reliant la pression et le volume d'un gaz parfait subissant une transformation adiabatique et réversible (isentropique). Cette relation peut être déclinée avec la température et le volume, ou la température et la pression.

Cette loi ne s'applique qu'à des transformations dans lesquelles la variation de température est peu importante, pour lesquelles on peut approximativement considérer les capacités thermiques du gaz comme constantes.

Historique[modifier | modifier le code]

Les transformations adiabatiques ont été étudiées par Pierre-Simon de Laplace dans son étude de 1816 sur le calcul de la vitesse du son. Les expressions de la loi ont été écrites explicitement par Denis Poisson en 1822[1]. L'indice adiabatique , rapport des capacités thermiques isobare et isochore, employé dans la formule de la vitesse du son, est également appelé coefficient de Laplace.

Loi de Laplace[modifier | modifier le code]

Énoncé[modifier | modifier le code]

Au cours d'une transformation adiabatique et réversible (isentropique) d'un gaz parfait, on a la relation suivante[1] :

Loi de Laplace :

que l'on peut aussi exprimer sous les formes[1] :

avec :

  • la pression ;
  • le volume ;
  • la température ;
  • l'indice adiabatique ou coefficient de Laplace.

La constante de la loi de Laplace (différente d'une forme à l'autre) ne dépend que des conditions initiales de pression, température et volume de la transformation.

Les relations de Laplace ne sont valables que :

Par définition avec :

En toute rigueur, les capacités thermiques d'un gaz parfait dépendent de la température[1],[2]. La loi de Laplace n'est donc pas exacte pour un gaz parfait.

À toute température on a pour tout gaz parfait monoatomique (comme l'argon). Pour des températures proches de 20 °C on a pour un gaz parfait diatomique (comme l'oxygène et l'azote).

Démonstration[modifier | modifier le code]

Par hypothèse, la transformation est :

Cette transformation étant adiabatique et réversible, elle est isentropique, soit . Par définition des coefficients calorimétriques, on a les relations générales :

Relation générale

avec :

Les relations de Maxwell donnent les première et deuxième relations de Clapeyron :

L'équation des gaz parfaits, , induit :

On obtient donc, pour les gaz parfaits uniquement :

Pour les gaz parfaits


La variation de température vaut :

On définit le coefficient de Laplace, ou indice adiabatique. On réécrit :

On considère que lors de la transformation est constant (en toute rigueur, pour un gaz parfait, il dépend de la température). On intègre entre un état initial et un état final , on obtient :

et donc :

Avec, selon l'équation d'état des gaz parfaits :

par substitutions, on obtient également :


Extensions[modifier | modifier le code]

Avec une autre équation d'état[modifier | modifier le code]

D'autres modèles que celui du gaz parfait peuvent être employés, toutes les autres hypothèses d'établissement de la loi étant conservées. Par exemple, avec l'équation d'état de van der Waals on obtient[1] :

avec (voir l'article dédié Équation d'état de van der Waals) :


Les processus polytropiques[modifier | modifier le code]

Un processus polytropique est un processus dans lequel intervient un transfert thermique (échange de chaleur) partiel entre le milieu et son extérieur. La pression, le volume et la température vérifient les relations[6] :

L'indice polytropique correspond aux transformations suivantes d'un gaz parfait[7] :

  • , le volume et la pression augmentent simultanément (explosion) ;
  • , processus isobare (à pression constante) ;
  • , processus isotherme (à température constante) ;
  • , compression avec refroidissement ou détente avec réchauffement ;
  • , processus isentropiqueentropie du système constante) ou adiabatique réversibletransfert thermique nul) ; dans ce cas la loi polytropique s'identifie avec la loi de Laplace ;
  • , compression avec réchauffement ou détente avec refroidissement ;
  • , processus isochore (à volume constant).

Applications[modifier | modifier le code]

Détentes isotherme et adiabatique[modifier | modifier le code]

On considère = 1 litre de gaz parfait diatomique ( = 1,4) à = 10 bar. On fait subir une transformation réversible à ce gaz afin d'atteindre un volume = 10 litres.

Si la transformation est isotherme, à température constante, l'équation des gaz parfaits donne :

On obtient = 1 bar.

Si la transformation est adiabatique, la loi de Laplace donne :

On obtient = 0,4 bar.

La pression obtenue par une détente adiabatique est plus faible que celle obtenue par une détente isotherme[8].

En météorologie et en vol à voile[modifier | modifier le code]

Le modèle des gaz parfaits s'applique correctement à l'air dans les conditions de pression et température atmosphériques. La loi de Laplace s'applique donc correctement à l'atmosphère. L'air étant constitué principalement d'azote et d'oxygène, gaz diatomiques, on peut utiliser = 7/5 = 1,4 pour l'air à des températures proches de 20 °C.

En météorologie, la loi de Laplace permet le calcul du gradient thermique adiabatique (ou adiabatique sèche) qui est d'environ 9,76 K/km. Ce gradient exprime la variation de la température avec l'altitude. En vol à voile, à partir de sondages atmosphériques, il permet de déterminer si l'atmosphère est stable ou instable. Cela détermine la formation d'orages et indique aux pilotes de planeurs s'ils peuvent exploiter les ascendances thermiques.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Taillet et al. 2018, p. 422.
  2. Solimando et al. 2000.
  3. Solimando et al. 2000, p. 5.
  4. Georges Gonczi, Comprendre la thermodynamique avec des exercices résolus et commentés, Éditions Ellipses, , 2e éd., 298 p. (ISBN 9782340051706, lire en ligne), p. 132.
  5. Loïc Villain, Outils mathématiques pour la physique, De Boeck Supérieur, , 224 p. (ISBN 9782807307636, lire en ligne), p. 220.
  6. Gautron et al. 2021.
  7. Marc Budinger, Ion Hazyuk et Clément Coïc, Modélisation multiphysique des systèmes technologiques, ISTE Group, , 388 p. (ISBN 9781784056308, lire en ligne), p. 346.
  8. Faverjon 2003, p. 87.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]