Mademoiselle Docteur (film, 1937)

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Mademoiselle Docteur

Titre original Under Secret Orders
Réalisation Edmond T. Gréville
Scénario Marcel Achard
Rudolph Bernauer
Ernest Betts
Georges Neveux
Jacques Natanson
Irma von Cube
Musique Hans May
Acteurs principaux
Sociétés de production Grafton Films Trafalgar Film Productions Ltd.
Pays de production Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Genre Film d'espionnage Film de guerre
Durée 84 minutes
Sortie 6 décembre 1937

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Mademoiselle Docteur est un film d'espionnage britannique réalisé par Edmond T. Gréville et sorti le 6 décembre 1937 à Londres. Il s’agit de la version anglaise du film français Salonique, nid d'espions, également connu sous le titre de Mademoiselle Docteur, tourné la même année en France par le cinéaste allemand Georg Wilhelm Pabst. Les deux films ont exactement la même intrigue, mais il y a des différences dans la distribution entre les deux. En particulier, Erich von Stroheim ne figure pas dans la version française. Le film s'inspire des activités d'Elsbeth Schragmüller, scientifique et espionne allemande, plus connue sous le surnom de Fräulein Doktor (en français Mademoiselle Docteur), durant la Première Guerre Mondiale.

Synopsis[modifier | modifier le code]

A Berlin, deux ans avant la Première Guerre mondiale, une jeune étudiante en médecine tombe amoureuse d’un de ses patients qui s’avère être un espion du Reich. Après l'élimination de ce dernier, elle s'engage pour essayer de le venger dans les services secrets allemands. En 1916, elle est envoyée en mission à Salonique, port stratégique d'où partent les opérations militaires des Alliés vers les Balkans. Sous la fausse identité d'une baronne suédoise au service de la Croix-Rouge, elle réussit à s'introduire au quartier général du commandement allié. Elle y rencontre un bel officier britannique dont elle s'éprend sur le champ. S'ensuit, pour elle, un dilemme entre le devoir et l'amour.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Notes de distribution :

Production[modifier | modifier le code]

Le producteur autrichien Max Schach, achète l’exclusivité des droits du film français Salonique, nid d'espions ou Mademoiselle Docteur de Georg Wilhelm Pabst pour les pays anglo-saxons, et propose la réalisation de ce remake à Edmond T. Gréville. Schach veut repartir de zéro, afin de ne pas faire de doublon avec le premier film. Il n'a qu'une seule exigence : Dita Parlo (l'inoubliable interprète de Juliette dans L'Atalante (1934) de Jean Vigo), dont il est fou amoureux, doit avoir le premier rôle. Gréville accepte sur le champ, convaincu par une avance importante et saisissant ainsi l’occasion d’engager Erich von Stroheim, dans le double rôle du colonel Mathesius / Monsieur Simonis. Il admirait le comédien depuis plusieurs années (il écrivit de nombreux articles à sa gloire) et Mademoiselle Docteur marqua le début de leur amitié – Gréville tournera plus tard avec lui Menaces (1940) et L’Envers du Paradis (1953).

« On m’a affirmé depuis que Claire Luce appartenait aux services de renseignements des États-Unis. C’est possible, car elle dégageait beaucoup de mystère et se déplaçait de façon anormale. Dita Parlo fut elle-même plus tard suspectée d’être un agent nazi. Pour un film d’espionnage, pouvais-je trouver mieux que ces deux femmes ? » (Edmond T. Gréville, Trente-cinq ans dans la jungle du cinéma, Institut Lumière/Actes Sud).

Le scénario de Mademoiselle Docteur s’inspire largement de la vie d’Elisabeth Schragmüller, scientifique allemande devenue espionne, surnommée "Fräulein Doktor" (littéralement « Mademoiselle Docteur »). Celle-ci a dirigé le "service France" du centre d’espionnage allemand d’Anvers, entre 1915 et 1918. Elle est notamment restée dans les mémoires pour avoir formé une autre célèbre espionne : Mata Hari. On notera que le même sujet a été traité par le cinéaste américain Sam Wood dans un film de 1934, L'Espionne Fräulein Doktor (Stamboul Quest) [4].

Le producteur Max Schach[modifier | modifier le code]

Max Schach, de son vrai nom Max Schacher, est un producteur autrichien de films. Il est particulièrement associé au cinéma britannique, où il a été une figure de proue durant le boom du milieu des années 1930. Né en 1886 dans une famille juive à Čenta, qui faisait alors partie de l’Empire austro-hongrois, il a travaillé en Allemagne pendant de nombreuses années comme journaliste, et a été particulièrement remarqué comme critique de théâtre et plus tard de cinéma. Il s’est impliqué dans l’industrie cinématographique allemande à l’époque du muet, exerçant diverses activités au sein des studios berlinois de la UFA, munichois d'Emelka et de la succursale allemande d'Universal Pictures. Il a personnellement produit plusieurs films, dont certains réalisés par le metteur en scène autrichien Karl Grune.

Il émigre en Grande-Bretagne en 1934 après l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler. À la suite du succès international de La vie privée d’Henri VIII (1933) d’Alexander Korda, Schach obtient l’appui financier de la ville de Londres qui souhaite investir dans l’industrie cinématographique britannique en pleine croissance. Entre fin 1934 et fin 1937, il produit dix-huit films à gros budget destinés aux marchés internationaux. Toutefois, ses nombreuses sociétés cinématographiques, Capitol, Cecil, Trafalgar et Buckingham, cessent généralement leurs activités après seulement un ou deux films.

Beaucoup d’autres exilés européens germanophones, notamment Fritz Kortner, Richard Tauber et Karl Grune, sont employés dans ses films et en raison de ses budgets somptueux, Schach réussit à attirer des personnalités d'autres sociétés cinématographiques plus établies. Alors que certains films comme Le sultan rouge[5] (1934) de Karl Grune et les films musicaux avec Richard Tauber, À nous la musique (1936) de Walter Forde et Pagliacci (1936) de Karl Grune sont des succès, beaucoup d'autres sont des échecs financiers. Cette situation place ses financiers sous une pression considérable avec des pertes de 1,5 million de livres sterling; et en 1937 une récession frappe l’industrie cinématographique britannique. Plusieurs entreprises, dont celles de Max Schach, ferment leurs portes. Alors qu'Alexander Korda est largement blâmé pour son extravagance aux studios Denham, l'historienne Rachael Low pense que Schach et ses associés en sont davantage responsables. En conséquence, le gouvernement britannique adopte une nouvelle loi sur les quotas qui restreignait considérablement les opportunités de travail des immigrés dès 1938. Max Schach est désormais dans l'impossibilité de produire un seul film. L'échec de son empire cinématographique a conduit à une longue affaire judiciaire. Il a continué à vivre en Grande-Bretagne et est décédé dans le quartier londonien de Chelsea en 1957.

Autour du film[modifier | modifier le code]

D'autres films ont été réalisés, notamment dans les années 1930, sur la vie et les activités de renseignement d'Elsbeth Schragmüller, alias Fräulein Doktor :

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Under Secret Orders (1937) - IMDb » (consulté le ).
  2. « Under Secret Orders (1937) - IMDb » (consulté le ).
  3. « Under Secret Orders (1937) - IMDb » (consulté le ).
  4. « Mademoiselle Docteur - Manifestations », sur www.festival-lumiere.org (consulté le ).
  5. (en) Karl Grune, Abdul the Damned, Alliance-Capital Productions, (lire en ligne).