Marie-Anne de Bovet

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Marie-Anne de Bovet
Marie-Anne de Bovet
Biographie
Naissance
Décès
(à 87 ans)
Villejuif
Nom de naissance
Anne Marie Bovet
Autres noms
Marie Anne de Bovet ; marquise de Bois-Hébert ; Mme Guy de Boishébert; Mme Guy de Bois Hébert
Nationalité
Activités
Autres informations
Distinctions
Liste détaillée
Prononciation
signature de Marie-Anne de Bovet
Signature

Marie-Anne de Bovet[Note 1], aussi connue sous le nom de plume Mab, née Anne Marie Bovet à Metz le et morte à Villejuif le , est une femme de lettres française, féministe et patriote.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et famille[modifier | modifier le code]

Fille de François Antoine Gabriel Bovet, capitaine et futur général, et de Françoise Louise Anne Audebert, son épouse, Anne Marie Bovet naît à Metz en 1855[1]. Sa ville natale est rattachée à l’Empire allemand en 1871 par le traité de Francfort, après la guerre franco-prussienne. Elle a alors 16 ans.

En , alors âgée de 45 ans, elle épouse à Siemiechów, dans le diocèse de Tarnów, Paul Sébastien Guy Jean Deschamps de Bois Hébert[Note 2], son cadet de près de dix ans[2],[3]. Elle prend le titre de marquise de Bois-Hébert.

Pilote de la Première Guerre mondiale (brevet no 461), son mari meurt en 1920 à l'hôpital de Dijon, après le crash de son avion à Longvic[4],[5]. Il est inhumé dans le cimetière des Péjoces[6]. Jusqu'en 1939, un hommage annuel lui est rendu par les associations Les Amis de Guy de Boishébert et Le Souvenir français[7],[Note 3]. En 1950, son nom figure sur une liste de concessions arrivées à expiration, publiée par le maire de Dijon[8].

Carrière[modifier | modifier le code]

Dès 1888, Anne Marie Bovet fréquente le salon de Juliette Adam et entre ainsi à La Nouvelle Revue où elle s’exerce à la critique littéraire. Elle voyage ensuite en Irlande pour le compte de La République française, journal de Léon Gambetta, un proche de Juliette Adam, et tire de ses voyages un récit paru en 1889. Elle adopte alors le nom de plume Marie-Anne de Bovet, ainsi que le pseudonyme de Mab, formé par ses initiales[9].

Parfaitement bilingue, elle participe à plusieurs revues et journaux, français et anglais, et donne des traductions d’ouvrages anglais. Elle écrit également beaucoup pour La Vie parisienne, qui se fait une spécialité des tableaux de mœurs et des différentes modes en cours à Paris et ailleurs.

On peut noter sa participation au journal féministe La Fronde[10], dès 1897, année de sa fondation par Marguerite Durand : Anna Marie Bovet y publie régulièrement des articles, parmi lesquels « Ménagère ou courtisane » du , où elle s’en prend à Maupassant et Proudhon pour leurs discours sur les femmes. Elle écrit : « Qu’on laisse ainsi les femmes ordonner leur vie à leur guise et à leurs risques, le plus honnêtement possible. Quand on aura démontré que le métier de portefaix convient mieux à l’homme, inapte par contre à celui de nourrice, on a découvert l’Amérique. […] Quant à la valeur intellectuelle, elle se jauge à une mesure unique. Si ce qu’une femme écrit est bon, on le lit, sinon on le laisse. C’est une épreuve très sûre, qui épargne bien des flots d’encre et de lieux communs. »[11] Dans l'article « L’Éternel féminin » du , Marie-Anne de Bovet rejette la catégorisation des femmes. Elle proteste ainsi contre les préjugés misogynes et défend l’intelligence féminine.

Intéressée par l'occultisme, elle fréquente Gérard Encausse, qui l'initie au martinisme[12].

Durant l’affaire Dreyfus, elle se positionne au côté des nationalistes et écrit le dans La Libre Parole, journal fortement antisémite, un article intitulé « Aux braves gens » en soutien à la veuve du lieutenant-colonel Henry, auteur des faux. Elle y lance un appel pour une souscription qui doit permettre à cette veuve de poursuivre en diffamation les accusateurs de son mari. Elle écrit : « Et c’est très beau, cette fraternité d’armes qu’enveloppent les plis d’un drapeau dont tous, à titre égal, sont les défenseurs, tous versant leur sang pour lui quand il le leur commande, celui qui a tout à perdre comme celui qui n’a presque rien à y gagner, les trous à la peau pansés d’un bout de ruban ou de galon qui, aux uns de donne que la gloire, aux autres à peine un peu de beurre sur leur pain. »[13] Marie-Anne de Bovet se montre très prompte à défendre le sentiment patriotique et surtout la grandeur de l’armée.

Grande voyageuse, elle écrit essentiellement sur l’Irlande — elle y consacre trois ouvrages — et sur l’Algérie à la fin de sa vie, mais elle visite également l’Écosse, la Grèce et la Pologne.

Sa renommée est importante, elle fait partie du monde des salons, de la vie mondaine et de la littérature populaire de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. De 1893 à 1930, elle a publié pas moins de 35 romans, sans compter ses autres ouvrages.

En 1935, elle est établie à Alger, où elle écrit ses souvenirs[14].

En , les journaux relatent la vente du mobilier et de la bibliothèque de sa maison de Gien, contenant de nombreux ouvrages dédicacés, vente qu'elle organise elle-même[15]. Elle continue d'apparaître, jusqu'en , dans la rubrique mondaine de L'Écho d'Alger, sous le nom de marquise de Bois-Hébert[16],[17]. Elle meurt à l'asile de Villejuif le [18].

Postérité[modifier | modifier le code]

Metz, sa ville natale, a rendu hommage à son talent en nommant une rue du quartier du Sablon en son honneur.

Œuvre[modifier | modifier le code]

Récits de voyage
  • Lettres d’Irlande, Paris, Guillaumin et Cie, 1889.
  • Trois mois en Irlande, article illustré extrait du Tour du Monde, Hachette, 1891[19].
  • La Jeune Grèce, Société française d’édition d’art L.-H. May, 1897. Prix Kastner-Boursault de l'Académie française. Texte en ligne
  • L’Écosse. Souvenirs et impressions de voyage, Hachette, 1898.
  • Cracovie, H. Laurens, Paris, 1910.
  • L’Algérie, E. de Boccard, Paris, 1920. Prix Montyon de l'Académie française.
  • Alger-Djelfa, Laghouat-Ghardaïa et l’Heptapole de M’Zab, Imprimerie algérienne, 1924.
  • De Paris aux dunes du Souf et retour en vingt-et-un jours, Georges Lacan, 1924.
  • Une femme sur la route, F. Rouff, 1929.
  • Monographie du tapis algérien, édité par le Gouvernement général de l’Algérie, 1930.
  • Le Désert apprivoisé, randonnées au Sahara, Nouvelles Éditions Argo, Paris, 1933. Prix Montyon de l'Académie française.
  • La Grande Pitié du Sahara, Plon, 1935.
  • Notice sur les tapis algériens et autres industries indigènes, Imprimerie E. Pfister, avant 1937[20].
Romans
  • Terre d’Émeraude, Ollendorff, 1893, publié sous forme de roman-feuilleton dans Le Temps du au
  • Confessions d’une fille de trente ans, Lemerre, 1895
  • Roman de femmes, Lemerre, 1896
  • Confessions conjugales, Lemerre, 1896
  • Partie du pied gauche, Lemerre, 1897
  • Parole jurée, Lemerre, 1897
  • Par orgueil, Lemerre, 1898
  • Petites rosseries, Lemerre, 1898
  • Pris sur le vif, Lemerre, 1899
  • Marionnettes, Lemerre, 1899
  • Courte folie, Lemerre, 1901
  • Monsieur Victor, roman publié par Le Monde moderne, Albert Quantin, Paris, 1901
  • Maîtresse royale, Lemerre, 1901
  • La Cadette, Armand Colin, 1901
  • La Belle Sabine, Lemerre, 1902
  • Ballons rouges, Lemerre, 1903
  • Autour de l’étendard, Lemerre, 1904 Texte en ligne
  • Ame d’Argile, Lemerre, 1904
  • Contre l’impossible, Lemerre, 1905
  • Plus fort que la Vie, Lemerre, 1905
  • Noces blanches, Lemerre, 1906
  • Le Beau Fernand, Hachette, 1906. Prix Montyon de l'Académie française.
  • La repentie, Lemerre, 1907
  • Et l’Amour triomphe, Nilsson, 1907
  • Après le divorce, Lemerre, 1908
  • La Jolie Princesse, Lemerre, 1908
  • La Folle Passion, Lemerre, 1909
  • Défends ta femme contre la tentation, Nilsson, 1910
  • La Dame à l'oreille de velours, Lemerre, 1911
  • La Terre refleurira, Lemerre, 1913
  • Le Fils de l'autre, Lemerre, 1914
  • La Dernière de sa Race, Lemerre, 1924
  • La Dame d’Antibes, Lemerre, 1927
  • Veuvage blanc, éditions de la Mode nationale, 1930
  • Bérengère, éditions de la Mode nationale, 1931
Varia
  • Le Général Gordon, Paris, Firmin Didot, 1890
  • Charles C. F. Gréville, Les Quinze premières années du règne de la reine Victoria. Souvenirs d’un témoin oculaire, Firmin Didot, 1888, traduit et annoté par Marie-Anne de Bovet
  • Charles C. F. Gréville, La Cour de Georges IV et de Guillaume IV. Souvenirs d’un témoin oculaire, Firmin Didot, 1888, traduit et annoté par Marie-Anne de Bovet (extrait du journal de Charles C. F. Gréville, secrétaire du conseil privé)
  • Marguerite de Lostanges, comtesse de Béduer, Les Chanoinesses de Remiremont pendant douze siècles : 620 à 1792, introduction de Marie-Anne de Bovet, Tequi, 1900
  • « L'Homme rouge » (nouvelle), Je sais tout no 10, 15 novembre 1905
  • La petite chatte blanche, F. Rouff, 1931

Distinctions[modifier | modifier le code]

De l'Académie française[21]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Aussi écrit Marie Anne de Bovet.
  2. Aussi orthographié des Champs de Bois Hébert ou Deschamps de Boishébert.
  3. Marie Anne de Bovet ne semble pas assister à ces hommages. Son nom n'est jamais cité à cette occasion dans la presse. La cérémonie n'est plus mentionnée après 1939.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Acte de naissance no 1128, , Metz, Archives municipales de Metz (vue 331/362).
  2. Transcription de l'acte de mariage no 637 contracté le à Siemiechów, , Paris 7e, Archives de Paris.
  3. Mariage La famille des Champs de Boishébert sur archive.org.
  4. Acte de décès no 1348, , Dijon, Archives départementales de Côte-d'Or [lire en ligne] (vue 138/264).
  5. Le Petit Parisen 1920 sur Gallica BnF ( Citation à l'ordre de la nation (1925).
  6. « Aviation. Nouvelles aériennes », sur Gallica, Le Figaro, (consulté le ), p. 8.
  7. « Cérémonie Guy de Boishébert », Le Progrès de la Côte-d’Or,‎ , p. 2 (lire en ligne).
  8. « Au cimetière de Dijon. Ces concessions arrivent à expiration », La Bourgogne républicaine,‎ , p. 3 (lire en ligne).
  9. André Bellard, « Pléïade messine », sur Gallica, Mémoires de l'Académie nationale de Metz, (consulté le ), p. 59-60.
  10. Mary Louise Roberts, « Le journalisme féministe en France à la fin du siècle dernier », dans Clio, n° 6, 1997.
  11. Marie-Anne de Bovet, « Ménagères ou courtisanes ? », La Fronde, .
  12. Richard Raczynski, Un dictionnaire du martinisme, Paris, Dualpha éd., 2009, p. 113.
  13. Marie-Anne de Bovet, « Aux braves gens », dans La Libre Parole, .
  14. « Personnalités algéroises (Madame Marie-Anne de Bovet) », sur Gallica, Paris-Alger magazine, (consulté le ), p. 19.
  15. « Marie-Anne de Bovet », Le Nouvelliste d'Indochine, , p.2 [1].
  16. « « Que personne ne sorte » à l'A.D.F. », sur Gallica, L’Écho d'Alger, (consulté le ), p. 4.
  17. « « Le Train pour Venise » à l'A.D.F. », sur Gallica, L’Écho d'Alger, (consulté le ), p. 4.
  18. Transcription de l'acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Villejuif, à la mairie de Neuilly-sur-Seine, n° 21, vue 4/22.
  19. Jules Verne qui la cite dans son roman P'tit-Bonhomme (partie 1, chapitre 1) a utilisé cet ouvrage pour sourcer son roman (cf. Alexandre Tarrieu, Dictionnaire des personnes citées par Jules Verne, vol. 1 : A-E, éditions Paganel, 2019, p. 129).
  20. Augustin Berque, L'Algérie: terre d'art & d'histoire ... Ouvrage publié sous les auspices du Gouvernement général de Algérie, Ancienne imprimerie V. Heintz, (lire en ligne), p. 357.
  21. « Prix de l'Académie française pour Marie-Anne de Bovet », sur Académie française (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marie Anne de Bovet, petite notice biographique, sans nom d’auteur, date et éditeur, numéro de notice : 107502526 à la BNUS
  • Han Ryner, Le Massacre des Amazones : études critiques sur deux cents bas-bleus contemporains : Mesdames Adam, Sarah Bernhardt, Marie-Anne de Bovet, Bradamante, Jeanne Chauvin, Alphonse Daudet…, Paris, Chamuel, 19--?, 300 p.

Liens externes[modifier | modifier le code]