Marie Médard

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Marie Médard
Marie Médard en 1946.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 92 ans)
ToursVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Marie Suzanne MédardVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Conjoint
Autres informations
Membre de
Conflit
Lieu de détention
Distinction
Archives conservées par
Service historique de la Défense (GR 16 P 408405, AC 21 P 595311)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata

Marie Médard, née le dans le 14e arrondissement de Paris[2] et morte le à Tours, est une résistante et une bibliothécaire française.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Marie Médard naît à Paris dans une famille protestante[3] ; son père, Jean Médard est pasteur de l’Église réformée au Fleix, puis à Rouen.

Elle participe à des mouvements de jeunesse d'inspiration protestante : les éclaireuses unionistes[4] au sein de la Fédération française des éclaireuses et la "Fédé"[5].

Résistance[modifier | modifier le code]

Elle ressent dès 1940 le désir de s’engager de manière active dans la lutte contre le nazisme. Pendant la guerre, elle est étudiante en histoire à la Sorbonne, et fait partie de la Fédé (Fédération française des associations chrétiennes d’étudiants). En 1942, elle participe avec des camarades à une manifestation où ils arborent de fausses étoiles pour protester contre le décret imposant le port de l’étoile jaune aux Juifs[6],[7]

« J'ai fait des actes ponctuels de résistance, avant de m'engager dans un réseau participant vraiment à la guerre. La seule initiative que j'ai prise (après la rafle du Vel d'Hiv), c'est de me poster volontaire pour aider à sauver les enfants juifs, sachant à qui m'adresser pour être mise en rapport avec une personne travailleuse à ce sauvetage. Et aussi les manifestations auxquelles j'ai participé. Mais pour une action de guerre, évidemment clandestine, je ne pouvais qu'attendre d'être contactée. C'est pourquoi mon entrée officielle dans la résistance n'a eu lieu qu'en mars 1944 (Témoignage, le 3 novembre 1999)[8] »

C’est par l’intermédiaire d’Hélène Berr que Marie Médard a ses premiers contacts avec des mouvements organisés de résistance[9].

Elle convoie d’abord des enfants juifs en zone sud. Au début de 1944, elle rentre dans le réseau Jonque.

Arrestation, internement et déportation[modifier | modifier le code]

Arrêtée le , torturée par la Gestapo de la rue de la Pompe, elle garde le silence[10].

Incarcérée à la prison de Fresnes pendant quelques semaines, elle est ensuite déportée à Ravensbrück (Torgau, Koenigsberg[11]) par le convoi parti le de la gare de Pantin (convoi I.264 dit "convoi des 57000" ).

Elle est libérée par la Croix-Rouge suédoise le .

Après-guerre[modifier | modifier le code]

Après la guerre, elle s’implique dans des mouvements œcuméniques et dans des organismes œuvrant pour la réconciliation avec l’Allemagne : en 1948, elle participe à un camp de dénazification dirigé par Klaus von Bismarck à Vlotho (Westphalie)[12] ; l'année suivante, elle est équipière Cimade en Allemagne.

En 1952, elle devient bibliothécaire, travaillant dans un premier temps à la bibliothèque du musée de l’Homme que dirige alors Yvonne Oddon. Parallèlement, elle collabore aux recherches menées sur Ravensbrück par ses camarades de déportation Germaine Tillion (Kouri) et Anise Postel-Vinay.

Après son mariage avec René Fillet en 1953, tous deux sont bibliothécaires à la bibliothèque municipale de Tours.

Elle termine sa carrière à la bibliothèque Cujas, à Paris, entre 1978 et 1983.

Elle décède en 2013 à Tours.

Décorations[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Christian Bernadac, Kommandos de femmes, éditions France-Empire, 1973
  • Christiane Goldenstedt: Les femmes dans la Résistance, éd. Centaurus Verlag & Media, Herbolzheim, 2006, (ISBN 3-8255-0649-5).
  • Jacques Poujol, Protestants dans la France en guerre 1939-1945, les éditions de Paris, 2000
  • Cédric Gruat et Cécile Leblanc, Amis des Juifs. Les résistants aux étoiles, éditions Tirésias, 2005
  • Patrick Cabanel, Histoire des justes en France, Armand Colin, 2012
  • Marie-Jo Bonnet, Tortionnaires, truands et collabos. La bande de la rue de la Pompe, 1944, éditions Ouest-France, 2013
  • Cécile Leblanc, Marie Médard, une jeune résistante, éditions Ampelos, p. 144, 2021.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/arkotheque/client/mdh/recherche_transversale/bases_nominatives_detail_fiche.php?fonds_cle=24&ref=3159144&debut=0 »
  2. Archives en ligne de Paris, 14e arrondissement, année 1921, acte de naissance no 3675, cote 14N 603, vue 28/31, avec mention marginale de décès
  3. Jacques Poujol, Protestants dans la France en guerre. 1939-1945, éditions de Paris, 2000, p. 68-69.
  4. Cécile Leblanc, Marie Médard, une jeune résistante, Paris, Éditions Ampelos, , 144 p. (ISBN 978-2-35618-178-7), p. 21-22
  5. Collectif sous la direction de Philippe Mezzasalma, Femmes en déportation: Les déportées de répression dans les camps nazis 1940-1945, Paris, Presses universitaires de Paris Nanterre, , 308 p. (lire en ligne), p. 175
  6. Cédric Gruat et Cécile Leblanc, Amis des Juifs. Les résistants aux étoiles, éditions Tirésias, 2005, p. 123-130.
  7. Patrick Cabanel, Histoire des Justes en France, Armand Colin, 2012, p. 68.
  8. Christiane Goldenstedt, Les femmes dans la Résistance, Herbolzheim, Centaurus Verlag & Media, (ISBN 3-8255-0649-5)
  9. INA, Mémoires de la Shoah, entretien du 3 octobre 2005, chapitres 8 et 11.
  10. Marie-Josèphe Bonnet, Tortionnaires, truands et collabos. La bande de la rue de la Pompe, éditions Ouest-France, 2013, p. 52-54.
  11. Christian Bernadac, Kommandos de femmes, éditions France-Empire, 1973, p. 188-189.
  12. Annika Friedbert, The project of reconciliation : journalists and religious activists in Polish-German relations. 1956-1972, thèse de doctorat, 2008.

Liens externes[modifier | modifier le code]