Mario Brero

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Mario Brero, né le , est un détective privé italien, qui dirige cinq sociétés enregistrées à Genève, en Suisse. Il a fondé Alp Services SA en 1989. Il est connu comme « détective » ou aussi comme « espion »[1],[2]. Il est devenu notoire par des révélations sur les cas que ses entreprises avaient traitées et par ses méthodes controversées ou illégales. Il a été condamné en 2014 par un tribunal français, après que ses méthodes sont devenues publiques.

Début et éducation[modifier | modifier le code]

Mario Brero est né le . Il s'est présenté comme diplômé de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL). Or les archives de l'EPFL mentionnent uniquement son inscription à un cours de mathématiques spécialisé entre 1967 et 1968, où il n'a étudié que durant un semestre.

Carrière[modifier | modifier le code]

Brero a exporté des composants d'ordinateurs et d'équipements de fabrication de semi-conducteurs des États-Unis au bloc de l'Est en 1986, activité pour laquelle il a été inculpé par les procureurs américains. Il a nié les accusations et a signé un accord dont l'un des termes était qu'il cesse son activité. Influencé par les activités internationales d'investigation internationales de Jules Kroll en 1989, il a fondé l’Alp Services à Genève, en se concentrant sur les banques, les cabinets d'avocats et les clients riches[3],[4]. Il a également fondé Diligence Sarl en 2007[4].

Vie privée[modifier | modifier le code]

En 2023, Brero a la nationalité italienne[5], tout en étant résident dans le canton de Vaud, en Suisse[6].

Controverses[modifier | modifier le code]

En 2014, Brero était en contact avec Guennadi Timtchenko, l'homme d'affaires russe et le milliardaire derrière la société commerciale Gunvor parce que l’Alp Services a rédigé un rapport « strictement confidentiel » sur la signature de contrats entre Gunvor et le Congo, que Public Eye, l'Association suisse, a pu consulter[7].

Son entreprise, Alp Services, concentrée sur la gestion de la réputation en diffusant des informations négatives pour ses clients des pays de l'ancienne Union soviétique, des VIP de petits États africains, ainsi que notamment, les Émirats arabes unis. En 2021, son entreprise a été piratée et les résultats publiés en 2023 sous le nom d'Abou Dhabi Secrets, comment l’Alp Services ont été contractés par le gouvernement des ÉAU pour espionner les citoyens de 18 pays d'Europe et au-delà[8]. Alp Services avait en effet envoyé les noms de plus de 1000 personnes et 400 organisations dans 18 pays européens aux services de renseignement des ÉAU, en les désignant comme faisant partie du réseau des Frères musulmans.[à vérifier]

Allégations d'espionnage[modifier | modifier le code]

Alp Services a été impliqué dans diverses activités d'espionnage, principalement au service des Émirats arabes unis (EAU). De 2017 à 2021, la société a été mandatée pour mener des opérations visant à saper des individus et des organisations perçus comme des adversaires d'Abu Dhabi. Cela incluait la création et la diffusion de désinformation pour discréditer les cibles en les associant faussement au terrorisme ou en les qualifiant d'agents du Qatar, un rival régional des EAU[9],[10].

Fuite de données et révélations[modifier | modifier le code]

Les activités de la société ont été exposées par une fuite de données significative au cours de laquelle des hackers ont obtenu et divulgué environ 6 500 fichiers. Ces documents ont révélé l'ampleur des opérations d'Alp Services et détaillé la coordination de la société avec des responsables des EAU, y compris une figure clé nommée "Matar". La fuite suggérait que le mécontentement interne aurait pu jouer un rôle dans la facilitation de la fuite[9].

Ciblage des ONG[modifier | modifier le code]

Une opération notable a impliqué le ciblage de l'ONG Alkarama, qui se concentre sur les violations des droits de l'homme dans les pays arabes. Alp Services a produit des rapports pour discréditer Alkarama, la présentant faussement comme une marionnette du Qatar. Ces efforts ont conduit à des articles de presse faux et à des harcèlements personnels contre le personnel de l'ONG[9].

Implications légales et éthiques[modifier | modifier le code]

Les révélations issues de la fuite de données ont conduit à des enquêtes en Suisse et en France. Les activités exposées ont suscité une attention particulière sur les frontières éthiques et légales des opérations de renseignement privé, en particulier lorsqu'elles sont utilisées à des fins malveillantes sous couvert de renseignement économique[9].

Enquêtes[modifier | modifier le code]

À la suite des fuites et de la couverture médiatique subséquente, les autorités en Suisse et en France ont lancé des enquêtes contre Mario Brero et Alp Services. Ces enquêtes visent à aborder les violations potentielles des lois et les manquements éthiques impliqués dans les opérations de la société[9].


Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « EXCLUSIF - À Genève, le roi des détectives piégé par un hackeur », sur Heidi News (consulté le ).
  2. « Un «espion» suisse jugé à Paris », sur Le Temps (consulté le ).
  3. « Mario Brero, profession:"intelligence économique" », sur Le Monde (consulté le ).
  4. a et b (en) « The Dirty Secrets of a Smear Campaign », sur New Yorker (consulté le ).
  5. « Carrure de montagne et souplesse de félin : le curieux détective d’Areva », sur L’Obs (consulté le ).
  6. « Registre du Commerce du Canton de Genève », sur ge.ch (consulté le ).
  7. (en) « Gunvor in Congo », sur public Eye (consulté le ).
  8. (en) « Abu Dhabi Secrets: The people affected by the widespread 'smear campaign' », sur Middle East Eye (consulté le ).
  9. a b c d et e « Espionnage, blanchiment: le roi des détectives genevois visé par la justice suisse et française », sur Heidi News (consulté le )
  10. « Le rôle d'Alp Services dans les activités d'espionnage des EAU », sur The Guardian (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]