Massacre de Stara Zagora

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Massacre de Stara Zagora
Image illustrative de l’article Massacre de Stara Zagora
Crânes et ossements de bulgares massacrés à Stara Zagora

Date 31 juillet au 2 août 1877
Lieu Stara Zagora
Victimes Bulgares
Morts 14 000
Auteurs Drapeau de l'Empire ottoman Empire ottoman

Le massacre de Stara Zagora ( bulgare : Старозагорско клане ) fut le massacre d'environ 14 000 civils bulgares chrétiens, accompagné de l'incendie et de la destruction complète de la ville de Stara Zagora du 31 juillet au 2 août 1877, commis par les troupes ottomanes régulières de Süleyman Hüsnü Pacha. [1] [2],[3],[4],[5],[6]

Déroulement des événements[modifier | modifier le code]

Après la libération de Kazanlak et Stara Zagora par les troupes du maréchal Gourko le 22 juillet 1877, la population de Stara Zagora atteignit rapidement près de 40 000 personnes, car beaucoup de réfugiés des villages voisins arrivaient dans la ville en quête de protection, par crainte de l'armée ottomane et des unités irrégulières de bachi-bouzouks qui sillonnaient la région. [7]

Au même moment, plusieurs détachements cosaques de Gourko se sont lancés dans la libération des villes et villages voisins du sud des Balkans. Par exemple, ces unités ont libéré les villes de Kalofer et Karlovo, entre le 23 et le 29 juillet 1877. [8]

Touts ces évènements ont finalement abouti à des résultats terribles, car elles ont attiré l'attention de l'Empire Ottoman. Karlovo est pillée et mise à sac le 30 juillet par l'armée ottomane régulière accompagnée de bachi-bouzouks, engendrant 288 victimes civiles, [9] tandis que Kalofer est pillée et incendiée par les bachi-bouzouks circassiens le 7 août, engendrant 618 victimes civiles. [10]

Le Comte Gurko, Commandant de l'escouade avancée russe, opérant autour de Kazanlak, Stara Zagora, Nova Zagora et Kalofer à l'été 1877.
Süleyman Pacha, Commandant de l'armée ottomane lors de la bataille d'Eski Zagra

Même s'il savait que le général ottoman Süleyman Pacha se dirigeait vers Stara Zagora avec une armée de 48 000 soldats, soit 4 fois la force des troupes de Gourko, et même si la ville ne cessait de se remplir de gens paniqués, [11] le général Gourko n'a pas ordonné l'évacuation, mais a plutôt libéré la ville voisine de Nova Zagora le 29 juillet. Cette erreur tactique coutera la vie à plus de 14 000 personnes.

Les troupes ottomanes entrèrent par surprise dans la ville pendant la nuit du 31 juillet au 1er août. Il l'incendièrent et tuèrent une très grosse partie des civils de Stara Zagora, avec des méthodes souvent barbares, comme lors du génocide des arménien de 1915. Süleyman Pacha ordonna aux bachi-bouzouks qui l'accompagnaient de se placer sur la route de Kazanlak, pour empêcher tout civil de fuir.

Les réfugiés de Stara Zagora se retrouvèrent donc dans une impasse, leur laissant le choix soit de retourner dans le feu de la ville, soit de tenter de gravir la montagne en évitant les balles.

À la mi-août, la presse anglaise faisait déjà état d' un "massacre complet de tous les hommes bulgares découvert à Eski Zagra, Kazanlak et ailleurs". [12]

Plusieurs éminents historiens bulgares, dont Plamen Mitev et Plamen Tzvetkov, ont sévèrement critiqué la conduite de l'armée russe, en particulier ses incursions démonstratives et son apparente insouciance totale à l'égard du sort des civils bulgares. En particulier, Mitev voit une corrélation entre la conduite provocatrice de l’armée russe et la décharge de violence des troupes ottomanes sur la population civile bulgare dans un certain nombre de villes et villages de cette région au cours de l’été 1877, cela ne justifiant évidemment pas du tout les méthodes barbares et arriérées des bachi-bouzouks et des troupes ottomanes. L'armée russe a utilisé cette bataille pour la mythification de ses actes et sa propagande.

Un bon exemple de cette dernière est la Brève histoire de la guerre de libération, publiée en 1958, dont le but principal est de cimenter le mythe de la valeur et de la noblesse des « libérateurs russes », en grande partie aux dépens de l'objectivité ou de la vérité (ici, en particulier, faisant référence au "sauvetage" d'une grande partie de la population de Stara Zagora par les unités du comte Gourko, qui n'a jamais eu lieu) :

"Une grande partie de la population bulgare de Stara Zagora est partie avec les forces russes. Et c'est ici même que le soldat russe a montré son cœur et la grandeur de son âme. Chacun a aidé selon ses forces et ses capacités. Certains soldats portaient des enfants., d'autres aidaient à rassembler leurs affaires, et d'autres encore offraient leur dernier biscuit à leurs « pauvres bratushkas ».

Certains officiers ont adopté des orphelins dont les parents avaient été emmenés. Au crépuscule, les étoiles brillaient avec éclat sur la voûte sombre du ciel, tandis que là, au-dessus des contours capricieux de la montagne, la lueur du feu éclairait un rouge pourpre. Wails mourut au loin.

Selon le mémoire de Süleyman Pacha, les pertes des Turcs dans la bataille s'élevaient à 200 âmes. D'autres sources, moins fiables, les chiffraient, au hasard, à 1 500 âmes. L’autre camp a également subi de lourdes pertes. La milice bulgare a perdu à elle seule 572 âmes. Le bataillon du lieutenant-colonel Kalitine a subi 210 pertes, soit 37 % de son effectif.

La bataille d'Eski Zagra (Stara Zagora) fut d'une grande importance. La victoire de Süleyman Pacha a obligé nos troupes à quitter le sud de la Bulgarie et à se retirer vers les cols des Balkans... " [13]

Monument[modifier | modifier le code]

Les Défenseurs de Stara Zagora

Un énorme monument appelé Les Défenseurs de Stara Zagora a été érigé près de la ville en l'honneur des miliciens du Corps des volontaires bulgares, qui ont combattu jusqu'à la mort. Le monument est une attraction touristique majeure de la ville.

Voir également[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Dimitrov 1900, p. 130-194.
  2. Atanas Peychev, 1300 години на стража, Sofia, Военно издателство,‎ , 186–188 p.
  3. Konstantin Jireček, Княжество България. Част I. Българската държава, Plovdiv,‎ , 382 p.
  4. Robert William Seton-Watson, Disraeli, Gladstone, and the Eastern Question: A Study in Diplomacy and Party Politics, Psychology Press, , 280 p. (ISBN 9780714615134, lire en ligne) :

    « This very able and moderate survey provides evidence on a number of points hitherto misunderstood in England: (1) That the Circassian settlers were deliberately introduced into Bulgaria, in order to strengthen Muslim predominance, and drove the Christian peasanty to desperation; (2) that the Bashibazuks were in the main Christian peasants, undisciplined, but armed against their Christian neighbours; (3) that the "liberal" Midhat Pashad during three terms of office in Bulgaria "suppressed with a strong hand all national currents"; that throughout the war, the Turks were constantly executing Bulgarian and intellectuals and Sofia and Plovdiv and that in certain towns and villages—notably, Karlovo, Kalofer, Kazanlak, Nova and Stara Zagora (which in June 1879 they still found "like a charnel house") there was a general massacre after the first Russian retreat; (5) that the fearful sufferings of the Turkish population, which fled before the final Russian advance, were due hardly to all the Bulgarians, and still less to the Russians, but in the main to the ravages of typhus and to the Porte's utter lack of any means to for dealing with them; and (6) that the alleged ill treatment of Moslems by the new Bulgarian authorities was in the main confined to the attempt to prevent the return of those guilty of massacre. The general conclusion, based on the progress already evident in the brief space of time since the fall of Turkish rule, was that despite every horror, liberty has been well purchased. »

  5. « Десетки старозагорци се включиха тази вечер в шествие по повод 144 години от Старозагорското клане, в което загиват близо 14 хиляди мирни граждани », Bulgarian Telegraph Agency,‎
  6. Popek, « Liberation and Exile: The Fate of Civilians During the Russo-Turkish War of 1877–1878 in Bulgarian and Turkish Historiography », Prace Historyczne, vol. 3, no 148,‎ , p. 527 (DOI 10.4467/20844069PH.21.035.14011, S2CID 244880761) :

    « The representative example is the fate of the Stara Zagora (Eski Zağra) during the War – the city was burned down in July 1877. The Bulgarians accused the Turkish troops led by Suleyman Pasha of that crime. After setting fire to Christian houses, the Ottoman soldiers blocked the escape route – some of the Bulgarians were murdered, some of them were held captive.69 According to Bulgarian accounts, the Muslim inhabitants of the city took part in the atrocities. No Bulgarian man survived, the women and children were enslaved. Nobody tried to extinguish the burning Stara Zagora, in which many Bulgarians died »

  7. Dimitrov 1900, p. 146.
  8. Dimitrov 1900, p. 195.
  9. Dimitrov 1900, p. 197-199.
  10. Dimitrov 1900, p. 218.
  11. Dimitrov 1900, p. 132–134.
  12. Robert William Seton-Watson, Disraeli, Gladstone, and the Eastern Question: A Study in Diplomacy and Party Politics, Psychology Press, , 283 p. (ISBN 9780714615134, lire en ligne)
  13. Georgi Georgiev et Vladislav Topalov, Кратка история на Освободителната война 1877–1878, Sofia, Bulgarian Communist Party,‎ (lire en ligne), « Battle at Eski Zagra » :

    « Заедно с руските войски отстъпи по-голямата част от българското население на града. И тук руският войник прояви сърцето и великата си душа. Всеки помагаше според силите и възможностите си. Едни войници носеха децата, други помагаха при събирането на вещите, а трети раздаваха последните си сухари на «бедните братушки». Няколко офицери осиновиха деца, чиито родители загинаха. При настъпването на нощта блеснаха ярко звездите на тъмния небосклон, а далеч над капризните контури на планината аленееше заревото на пожара. Дочуваха се далечни, замиращи вопли. Според донесението на Сюлейман паша загубите на турците в този бой възлизаха на 200 души. Според други по-ненадеждни източници тези загуби се изчисляват на около 1500 души. Големи загуби понесе и другата страна. Само българското опълчение загуби 572 души. Дружината на подполковник Калитин даде 210 убити и ранени, което правеше около 37% от състава й. Според донесението на Сюлейман паша загубите на турците в този бой възлизаха на 200 души. Според други по-ненадеждни източници тези загуби се изчисляват на около 1500 души. Големи загуби понесе и другата страна. Само българското опълчение загуби 572 души. Дружината на подполковник Калитин даде 210 убити и ранени, което правеше около 37% от състава й. Боят при Ески Загра имаше голямо значение. Победата на Сюлейман паша застави Предния отряд да очисти Южна България и да се оттегли на старопланинските проходи. »

Ouvrages cités[modifier | modifier le code]

  • (bg) Georgi Dimitrov, Княжество България в историческо, географическо и етнографическо отношение. Продължение от част ІІ. По руско-турската война през 1877-78 г., Plovdiv,‎ , 130–194 p. (lire en ligne)
  • Robert William Seton-Watson, Disraeli, Gladstone, and the Eastern Question: A Study in Diplomacy and Party Politics, Psychology Press, (ISBN 9780714615134, lire en ligne)
  • Georgi Georgiev et Vladislav Topalov, Кратка история на Освободителната война 1877–1878, Sofia, Bulgarian Communist Party,‎ (lire en ligne), « Battle at Eski Zagra ».