Minimalisme (philosophie)

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Le minimalisme est une approche en philosophie et en linguistique (voir également : Programme minimaliste) qui cherche « une théorie simple de la vérité »[1].

Il désigne aussi un mode de vie qui, selon des auteurs comme Kyle Chakya à l'origine influencé par le courant artistique du même nom, s'est développé dans les pays occidentaux mais émerge aussi dans des cultures fortement influencés par le consumérisme et en réaction à celui-ci, comme le montre l'exemple du mouvement Tangping en Chine. Ses origines lointaines lient le minimalisme à des courants religieux et ascétiques comme la philosophie Bouddhiste Zen ou la communauté des Shakers irlandais. Le minimalisme japonais a donné naissance au Danshari 断捨離 (dan 断 refuser, sha 捨 jeter, ri 離 séparer) qui peut être rapproché des "4R[2]" du mouvement minimaliste et zéro déchet : Refuser, Réduire, Remplacer, Recycler.

Concept[modifier | modifier le code]

Linguistique et philosophie[modifier | modifier le code]

Pour Noam Chomsky, la faculté de langage, une propriété biologique de notre espèce, définit donc de façon très restrictive le fonctionnement de toute langue qui cherche la réduction des possessions matérielles au minimum nécessaire[3].

Selon Paul Horwich, il caractérise une approche déflationniste qui considère la vérité comme une simple fonction logique, ne pouvant par conséquent pas tenir de rôle dans la philosophie du langage ni la métaphysique[1].

Philosophie de vie[modifier | modifier le code]

Selon Chris Wray, qui écrit un blog britannique sur le minimalisme, TwoLessThings.co.uk, il s'agit de supprimer toutes les choses qui nous distraient de ce qui est important dans nos vies[4].

Pour les minimalistes extrêmes, comme Andrew Hyde, qui vit dans le Colorado aux États-Unis, cela signifie ne posséder qu'une quinzaine d'objets. Pour d'autres, cela signifie se débarrasser de l'excès jusqu'à ce qu'il ne vous reste que l'essentiel, selon la définition de chacun[4].

Le minimalisme a tendance à s'épanouir dans les pays qui ont adopté la culture de la consommation, comme les États-Unis, le Royaume-Uni et certaines parties de l'Europe. Cependant il est possible de vivre une vie minimaliste n'importe où afin de garder plus d'argent pour l'épargne et pour vivre des expériences exceptionnelles, et avoir moins d'affaires à entretenir et à nettoyer[4].

Liens avec le monde de l'art[modifier | modifier le code]

Kyle Chayka est l'auteur de The Longing for Less : Living with Minimalism. Lorsqu'il a commencé à l'écrire, il a été rebuté par la façon dont le minimalisme était devenu une marchandise - une panacée suffisante pour contrer le malaise du capitalisme tardif avec les livres de Marie Kondo et des pèlerinages saisonniers au Container Store. Son propre minimalisme était une conséquence de sa vie d'écrivain sous-payé à New York : pas de sous-sol ni de placard, donc pas d'espace de rangement pour les affaires[5]

Mais ces deux types de minimalisme - l'image de marque d'un style de vie élégant et l'austérité forcée - ne traduisent pas vraiment l'ampleur du sujet que Chayka explore dans ce petit livre. Il se penche sur l'art, l'architecture, la musique et la philosophie pour comprendre pourquoi l'idée du « moins c'est plus » refait sans cesse surface[5]

Son livre paru en 2020 se concentre sur ces origines et sur les figures culturelles des années 1960 dont le mouvement tire son nom : « Le minimalisme avec un grand M », comme el le dit. Des artistes comme Donald Judd, Dan Flavin, Agnes Martin ; des compositeurs de musique comme John Cage, Philip Glass et Julius Eastman ; et des designers, écrivains, architectes et artistes auxquels l'étiquette a été appliquée[6].

« Lorsque le minimalisme a commencé dans le monde de l'art, il s'agissait de trouver la beauté dans des choses inattendues, comme dans les matériaux industriels, chose qui était auparavant ignorée, et de leur trouver de la valeur - pas de créer quelque chose de totalement vierge et vide », explique Chayka[6].

Dans la culture[modifier | modifier le code]

En 2016, quand le documentaire (disponible sur Netflix) Minimalism: a documentary about the important things, signé Joshua Fields Millburn et Ryan Nicodemus, le met en lumière, Colin Wright se revendique « entrepreneur et voyageur à temps plein ». Il avoue n'avoir que 51 « possessions » dans le monde entier[7].

« Un mode de vie minimaliste implique d'être attentif aux choses que l'on possède, à celles que l'on achète et à la façon dont on passe son temps », explique Francine Jay, auteure de The Joy of Less. « C'est un mode de vie qui valorise les expériences plus que les possessions »[7].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Anil Gupta, « Minimalism », Philosophical Perspectives, vol. 7,‎ , p. 359–369 (ISSN 1520-8583, DOI 10.2307/2214129, lire en ligne, consulté le )
  2. Tiphaine Guillermou, « Refuser, réduire, remplacer, recycler: les 4R du Zéro déchet », sur FemininBio, (consulté le )
  3. Encyclopædia Universalis, « NOAM CHOMSKY », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  4. a b et c (en) Kate Ashford, « The joy of living with less », sur www.bbc.com, (consulté le )
  5. a et b (en-US) Jennifer Szalai, « ‘The Longing for Less’ Gets at the Big Appeal of Minimalism », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  6. a et b (en) Beverley D'Silva, « Have we got minimalism all wrong? », sur www.bbc.com (consulté le )
  7. a et b « Le minimalisme, ce nouveau mode de vie qui a changé leur quotidien », sur LExpress.fr, (consulté le )