Moritz Coschell

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Moritz Coschell
auto-portrait de Coschell
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VienneVoir et modifier les données sur Wikidata
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Moritz Coschell, (connu aussi sous le nom de Max Coschell ou Moritz Kocheles; né le à Vienne, en Autriche ; mort le là-même) était un peintre académique de société et illustrateur à Berlin, Dortmund et Vienne. Il était victime de la persécution des Juifs et appartient donc à la génération oubliée des peintres de la première moitié du XXe siècle.

Enfance et formation[modifier | modifier le code]

Moritz Coschell est né à Vienne en tant que fils de Leo Kocheles et de sa femme Fanny Frumet, née Stolzberg. Le nom de la famille juive a été changé en Coschell en 1896. La famille vivait Obere Donaustraße 53 à Vienne.

Il commença ses études à l'École nationale des Arts appliqués (Kunstgewerbeschule) de Vienne chez le sculpteur Anton Brenek et à partir de 1899 à l'Académie des beaux-arts de Vienne chez le peintre de genre Franz Rumpler et le peintre d'histoire et de portrait August Eisenmenger et a étudié avec Albert Windisch à la Städelschule de Francfort. À partir de 1899, il s'installa à Berlin, où il s'impose rapidement dans la société en tant que peintre de société.

Vue de la Friedrichstrasse.

Coschell était chroniqueur de son époque et il a peint la société berlinoise et viennoise. De nombreux portraits de personnalités éminentes ont été créés, comme dans le Salon de Berlin et dans la Grande Exposition d'Art de Berlin, les demi-pièces du marchand d'art Alfred Gold et son épouse Martha, le dessin Arthur Nikisch, chef d'orchestre, le compositeur Leo Blech, le portrait à l'eau-forte du pianiste Franz Liszt, le portrait du critique Alfred Kerr, des écrivains Thomas Mann, Bernhard Kellermann et Isidor Kastan , le violoncelliste et compositeur viennois Heinrich Grünfeld, 1930, le compositeur Richard von Goldberger, le compositeur Ferruccio Busoni, la famille noble von Prillwitz, le voyageur africain le comte d'Harnoncourt. Il a également réalisé des portraits de sa famille et du beau-père et banquier de la Banque Wiskott & Co et son cercle d'amis proches à Vienne, par exemple la nièce de l'éminent philosophe Edmund Husserl, Ilse Weichert. Moritz Coschell était très respecté par le couple impérial allemand Guillaume II et Auguste Viktoria qui lui rendirent visite dans son atelier et lui achetaient des tableaux.

Coschell était de même graphiste et illustrateur : En 1901, il illustra pour le Fischer Verlag Anatol et Leutnant Gustl par Arthur Schnitzler, le Ullstein-Verlag et la Berliner Illustrirte Zeitung. Avec Charles Bonnefon il a conçu un numéro spécial du Figaro Illustré en 1907, dédié à Berlin.

Pendant la Première Guerre mondiale, il servit comme capitaine dans l'Armée de l`Autriche-Hongrie. Peintre de guerre, il dépeint des officiers et des soldats ainsi que des théâtres de guerre et des paysages. De retour à Berlin, le , il épousa la fille du banquier d'une famille distinguée de Dortmund, Lucy Agnes Emma Wiskott. De ce mariage naît le fils Joachim Friedrich Leopold Coschell (* à Berlin-Charlottenbourg ; † 1944 en France).

Persécution en tant que juif[modifier | modifier le code]

Moritz Coschell était, comme sa femme Lucy, protestant de foi. En raison de ses origines juives, cependant, sa licence professionnelle lui a été retirée par les lois de Nuremberg des Nazi en 1933, ce qui a aggravé sa situation de vie. Ses œuvres étaient considérées art dégénéré et ostracisées et à Berlin il n'avait plus des commandes et de revenu. Un déménagement précipité à Dortmund dans la maison des parents de l'épouse, Prinz Friedrich Karl-Straße 37, n'améliora pas sa situation. Comme le personnel de maison des beaux-parents comprenait des personnes « aryennes » de moins de 40 ans, leur beau-frère - conformément aux Lois de Nuremberg - devait prendre une chambre à proximité. Coschell ne pouvait plus vivre avec sa famille et n'aurait été avec eux que pendant la journée.

Les amis de sa belle-famille évitaient la maison Wiskott. Puisqu'il n´était finalement plus autorisé à vivre dans sa chambre louée, Coschell s'est enfui à Vienne sans sa famille où il pouvait maintenir un atelier de peintre pendant un certain temps. Il parvenait à devenir l'un des artistes de premier plan. Après l'Anschluss de l'Autriche en 1938, Coschell était retombé dans la même situation qu'avant à Berlin. Un ordre de mérite de la Première Guerre mondiale, qu'il portait sur le revers, a empêché sa déportation à la dernière minute : Un homme SS le faisait sortir de la file des déportés.

La survie à Vienne devint de plus en plus difficile pour lui et sa famille, qui lui rendait toujours visite. Il fut contraint d'abandonner de nouveau la profession de peintre et se plaint dans une lettre de 1939 à Joachim Weichert, émigre en 1938, que ses Peintures à l'huile séchée ne soulagent pas sa faim permanente. En mi-1939 il envisagea de se suicider vis à vis de la diffamation et la peur quotidienne de déportation. Dès 1939, il avait activement cherché à émigrer aux États-Unis. Il écrivit à Thomas Mann et Karl Nierendorf pour obtenir un affidavit pour lui et sa famille, mais en vain. D'autres tentatives, comme celle d'un pasteur suédois qui a tenté de les sortir par l'intermédiaire du Cormittee américain pour les réfugiés allemands chrétiens ou les Art Associates ont également échoué.

Malgré l'interdiction d'exercer sa profession, Coschell continua à peindre, et les tableaux de cette époque reflètent son désespoir, mais aussi sa résistance. Il tomba gravement malade et mourut sans un sou et appauvri le dans un hôpital israélite provisoirement installé dans l'ancienne école Talmud Torah (aujourd'hui Association Synagogue Malzgasse) à Vienne. Sa femme et son fils, informés de la maladie du peintre par un voisin, avaient réussi à se rendre à Vienne pour le voir peu de temps avant sa mort. Le médecin traitant informa Lucy Coschell qu'il aurait pu être sauvé dans l'hôpital israélien moderne qui avait été confisqué par les SS.

Selon l'idéologie raciale des nationaux-socialistes, son fils Joachim était demi-juif et donc indigne de service militaire. Il a été enrôlé dans un bataillon de travail en 1944 et mourut pendant la reconstruction de ponts détruits en France.

Moritz Coschell est enterré dans le cimetière central de Vienne, porte IV (groupe 19k, rangée 7, tombe no 2).

Famille et amis[modifier | modifier le code]

Komponist Leo Blech mit dem Streichquintett in Dortmund, 1923, Radierung von Moritz Coschell.

Hans Wolfgang Weichert qui prit le nom de John Wykert Husserl, * à Vienne ; † à New York) était le dernier témoin contemporain de Coschell. Il était co-auteur du livre The Book of Alfred Kantor racontant la vie de Kantor dans les camps de concentration à Auschwitz, Theresienstadt et Schwarzheide. Wykert était le fils de Joachim et Katharina Weichert, bons amis de Coschell qui pouvaient fuir aux États-Unis en 1938. Il existe des correspondances avec des descriptions poignantes et désespérées de la vie à Vienne à partir de 1938. Dans une interview, John Wykert a honoré Moritz Coschell en tant que membre supposé de la famille et aussi en raison de son travail artistique. Coschell avait une relation particulièrement amicale avec Ilse Weichert (née Gruenberg, * ), qu'il a souvent peint à Vienne signé de ses dédicaces affectueuses. Sept tableaux sont connus, dont une femme nue. Elle était la cousine de John Wykert et a été assassinée le dans le camp d'extermination de Maly Trostinez.

Redécouverte[modifier | modifier le code]

En 2014, des peintures que l'on croyait perdues des grandes expositions d'art de Berlin entre 1903 et 1930 ont été découverte dans une collection d'art privée. Après la mort de Lucy Coschell en 1991, la succession des peintures et dessins restants ont été remis au Museum für Kunst und Kulturgeschichte Dortmund. D'autres œuvres sont exposées dans de nombreux musées allemands et internationaux, notamment à Vienne, Bruxelles, Berlin, Brunswick, à Dortmund et au musée d'Art et d'Histoire du judaïsme à Paris.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Références[modifier | modifier le code]

  • Fotoarchiv der Keystone AG in Zürich / Mueller-Hilsdorf, Bild 233395 (RM) Thomas Mann um 1922.
  • Norbert Gläser: Találkovás a Sezent Igazzal. Foto/Bild, 2014.
  • Musée juif de Berlin: Foto/Bild Berlin 1911.
  • Modèle:AKL
  • Kirsten Xani: Sammlung Coschell mit Foto und Text, Dortmund 2000.
  • Das kleine Jornal Exhibition of Jewish Artists (The Berlin Daily, 8 décembre 1907), Tel Aviv 2009.
  • Bénézit 1999, dl. 3, p. 927.
  • Universitätsbibliothek Frankfurt am Main, Digitale Sammlungen Judaica: Foto/Bild, Berlin 1904.
  • Uni-Heidelberg: Kataloge der Großen Berliner Kunstausstellung von 1901–1917. Texte und Listen.
  • Journaux-Collection. Descartes, France.
  • Schaut auf diese Stadt! In: Die Welt, 1999.
  • Rudolf Schmidt: Österreichisches Künstlerlexikon von den Anfängen bis zur Gegenwart. Tome 1, 1980.
  • Modèle:Vollmer
  • Sigilla veri. Lexikon der Juden…, (Ph. Stauff’s Semi-Kürschner. 2. Aufl.), Band 1, 1929 (367).
  • Israelisches Familienblatt, Hambourg, 20 février 1925 / Text und Bild.
  • Dortmunder Zeitung, 8 juin 1920 et 6 décembre 1928 / Text und Bild.
  • Kunst und Kunsthandwerk. Monatsschrift, Verlag von Artaria & Co, Vienne, Heft 5, 6 u. 7, 1916.
  • (de) Theodor Demmler et Ulrich Thieme (dir.), « Coschell, Moritz », dans Allgemeines Lexikon der Bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart., vol. 7 : Cioffi–Cousyns, Leipzig, E. A. Seemann, .
  • Westermanns Monatshefte. Braunschweig, 56. Jahrgang, 112. Band 1, mars–mai 1912.
  • Westermanns Monatshefte. Brunswick, 55. Jahrgang, 109. Band 1, octobre–décembre 1910.
  • R. S. Landau (Hrsg.): Neue National Zeitung. Vienne. IX. Jahrgang, Nr. 54, 20. décembre 1907.
  • Die Welt. XI. Jahrgang, Nr. 47, p. 13, 22. Novembre 1907.
  • Kunst für Alle. Band XIII, 1906, S. 28. Ausstellungs-Kataloge Demmler.
  • Monatsschrift für das gesamte Judentum. Illustrierte Ost und West, 1904.
  • Kunst und Kunsthandwerk. Monatsschrift, A. von Scala, Heft 12, 1899.
  • Die österreichisch-ungarische Monarchie in Wort und Bild. Vienne, 1886–1902.
  • Stephan Heinrich Nolte: Moritz Coschell - ein vergessener Maler Hentrich & Hentrich, Leipzig 2023, (ISBN 978-3-95565-596-9)