Mosquée Süleymaniye de Rhodes

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Mosquée Süleymaniye de Rhodes
Image illustrative de l’article Mosquée Süleymaniye de Rhodes
La mosquée vue depuis la tour de l'horloge située au nord-ouest.
Présentation
Nom local Σουλεϊμανιγιέ Τζαμί
Culte Musulman
Type Mosquée
Rattachement Ministère de la Culture
Fin des travaux 1540-1541
Autres campagnes de travaux Reconstruction  : 1808
Restaurations : vers 1856, années 1990–2000
Style dominant Ottoman
Protection Patrimoine mondial Patrimoine mondial (1988)
Bâtiment protégé en Grèce
Géographie
Pays Drapeau de la Grèce Grèce
Périphérie Égée-Méridionale
District régional Rhodes
Ville Rhodes
Coordonnées 36° 26′ 38″ nord, 28° 13′ 27″ est

Carte

La mosquée Süleymaniye (en turc : Süleymaniye Camii, en grec moderne : Σουλεϊμανιγιέ Τζαμί / Souleïmanié tzamí) ou mosquée de Soliman (Τζαμί του Σουλεϊμάν) est un édifice ottoman dans la ville grecque de Rhodes. Elle a été commanditée par le sultan Soliman le Magnifique en 1522, au lendemain de la prise de la cité par les Turcs ottomans.

Restaurée au début du XIXe siècle, puis une nouvelle fois dans les années 1990 et 2000, la mosquée accueille depuis 2005 des expositions culturelles.

Histoire[modifier | modifier le code]

La mosquée fut commanditée peu après la prise de la ville en 1522 par le sultan ottoman Soliman[1],[2], ou bien quelques années plus tard vers 1540-1541[3]. Située à l'emplacement de l'église des Saints-Apôtres[4], elle constituait à l'époque un lieu central et surélevé dans le quartier du bazar ottoman[5]. L'édifice fut reconstruit en 1808[6] puis restauré à la suite du séisme de 1856[6]. Cette même année, l'explosion d'un dépôt de poudre dans l'ancienne église conventuelle Saint-Jean-le-Baptiste, transformée en mosquée quelques mois après la conquête de Soliman[7], endommagea également l'édifice[8].

Le minaret fut rénové durant l'occupation italienne du Dodécanèse, potentiellement après le séisme de 1928[8]. Un peu plus d'un an après le rattachement de l'archipel du Dodécanèse au royaume de Grèce, la mosquée de Soliman fut classée monument historique le [9]. En 1957, un nouveau tremblement de terre occasionna des travaux de rénovation du minaret. La mosquée fut fermée au culte en 1978[10]. Une partie du minaret s'effondra une nouvelle fois en 1987[8] et les éléments subsistants furent démontés l'année suivante[11].

D'importants travaux de restauration, distingués par un prix du patrimoine Europa Nostra, ont été conduits dans les années 1990 et jusqu'en 2005[12],[13]. Le minaret fut notamment reconstruit à l'identique avec de nouvelles pierres et des armatures en titane et en plomb[11]. La campagne de restauration de la décoration intérieure ne s'acheva cependant qu'en 2012[14]. Depuis 2005, le lieu fonctionne comme musée et demeure ouvert pour certaines fêtes religieuses[15],[14]. Il constitue l'un des monuments principaux de la vieille ville de Rhodes classée au patrimoine mondial par l'Unesco en 1988.

Architecture[modifier | modifier le code]

L'édifice est constitué de deux espaces accolés à une salle de prière carrée, d'un porche surmonté de sept dômes et d'une toiture, et il est flanqué d'un minaret à double balcon qui se trouvent à 26 m, l'ensemble du minaret culminant à 34,5 m de hauteur[6],[11]. L'ensemble présente un plan en T inversé[note 1], la salle de prière, coiffée d'un dôme qui s'élève à 15 m de hauteur, étant flanquée de deux espaces latéraux de plus faible largeur par rapport à la pièce centrale, espaces eux-mêmes surmontés d'un dôme[5].

L'encadrement de la porte, formé par deux colonnettes de marbre sur lesquelles sont sculptés des heaumes, des armes et des anges[4], provient d'un monument funéraire de l'époque des Hospitaliers[16],[17], potentiellement du tombeau du grand maître Émery d'Amboise[18]. Une autre trace de remploi concerne le porche, qui est soutenu par huit colonnes aux fûts antiques[4].

La mosquée de Soliman présente une riche décoration intérieure. Côté sud, le mihrab et le minbar, notamment, sont dorés à l'or[9]. À l'opposé, une galerie surélevée en bois peint court sur toute la longueur de la salle de prière[19]. Une fontaine, surmontée d'une coupole qui repose sur huit colonnes, orne le centre de la cour située au nord de la mosquée[9].

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. En Grèce, les mosquées Mehmed-Bey de Serrès et Ishak-Pacha de Thessalonique présentent également un plan en T inversé relativement proche.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Mustafa Kaymakçı, Cihan Özgün, Fırat Yaldız, Turkish Foundations in Rhodes and Kos, Istanbul, Eğitim Yayinevi, , 300 p. (ISBN 978-605-7786-13-5, lire en ligne), p. 179.
  2. Mustafa Kaymakçı et Cihan Özgün 2018, p. 177 et 185.
  3. Ahmed Ameen 2017, p. 22.
  4. a b et c Victor Guérin, Étude sur l'île de Rhodes (thèse de la Faculté des lettres de Paris), Paris, A. Durand, , 307 p. (lire en ligne), p. 138.
  5. a et b Giórgos Déllas 2008, p. 360.
  6. a b et c Neval Konuk 2008, p. 68–69.
  7. (en) Anthony Goodman, The Shadow of God: A Novel of War and Faith, Naperville, Sourcebooks, , 464 p. (ISBN 978-1-4022-5218-1, lire en ligne), p. 433.
  8. a b et c Giórgos Déllas 2008, p. 361.
  9. a b et c Mustafa Kaymakçı et Cihan Özgün 2018, p. 185.
  10. Mustafa Kaymakçı et Cihan Özgün 2018, p. 177.
  11. a b et c Anna Karatzetzou, Dimitris Pitilakis et Stella Karafagka 2021, p. 277 et 278.
  12. Pierre Sintès 2012, p. 187.
  13. Giórgos Déllas 2008, p. 362 et 363.
  14. a et b Mustafa Kaymakçı et Cihan Özgün 2018, p. 107.
  15. Kira Kaurinkoski 2016, p. 446.
  16. (en) Vassilia Petsa-Tzounakou, Art and History of Rhodes: Lindos, Kamiros, Ialyssos, Embonas, Casa Editrice Bonechi, , 128 p. (ISBN 978-88-8029-465-8, lire en ligne), p. 43.
  17. (en) Helen Glykatzi, Patmos: Treasures of the Monastery, Athènes, Ekdotike Athenon, , 383 p. (ISBN 978-960-213-131-2, lire en ligne), p. 366.
  18. (en) Anna-Maria Kasdagli, Stone Carving of the Hospitaller Period in Rhodes: Displaced pieces and fragments, Oxford, Archaeopress Publishing Ltd, , 216 p. (ISBN 978-1-78491-479-0, lire en ligne), p. 62 et 74.
  19. Giórgos Déllas 2008, p. 362.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Mohamed Abd el-wahab, The ottoman mosques in the old town of Rhodes island: Sultan Suleiman mosque, Murad Reis mosque, Sultan Mustafa mosque, Mehmet Aga mosque (thèse de doctorat en archéologie et histoire de l'art de l'université nationale et capodistrienne d'Athènes), Athènes, , 395 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Ahmed Ameen, Islamic architecture in Greece: Mosques, Alexandrie, Center for Islamic Civilization studies, Bibliotheca Alexandrina, , 271 p. (lire en ligne), p. 171–183. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Ahmed Ameen Fatouh, Byzantine influences on Early Ottoman Architecture of Greece (thèse de doctorat en archéologie byzantine de l'université nationale et capodistrienne d'Athènes), Athènes, , 270 p. (lire en ligne), p. 128–140. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (el) Giórgos Déllas, « Σουλεϊμανιγιέ Τζαμί [ « Mosquée Süleymaniye »] », dans Érsi Broúskari (dir.) et al., Η οθωμανική αρχιτεκτονική στην Ελλάδα [« L'architecture ottomane en Grèce »], Athènes, Ministère de la Culture et des Sports,‎ , 494 p. (ISBN 960-214-792-X, lire en ligne), p. 260–263.
  • (en) Anna Karatzetzou, Dimitris Pitilakis et Stella Karafagka, « System Identification of Mosques Resting on Soft Soil. The Case of the Suleiman Mosque in the Medieval City of Rhodes, Greece », Geosciences, vol. 11, no 7,‎ , p. 275–293 (lire en ligne, consulté le ). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Mustafa Kaymakçı et Cihan Özgün, The Forgotten Turkish Identity of the Aegean Islands, Istanbul, Eğitim Yayınevi, , 304 p. (ISBN 978-605-7557-11-7, lire en ligne), p. 177. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (el) Kira Kaurinkoski, « Οι μουσουλμανικές κοινότητες της Κω και της Ρόδου: Σκέψεις για την κοινοτική οργάνωση και τις συλλογικές ταυτότητες στη σύγχρονη Ελλάδα / Les communautés musulmanes de Kos et Rhodes: réflexions sur l'organisation communautaire et les identités collectives dans la Grèce moderne », dans Marianthi Georgalidou et Konstantinos Tsitselikis (dirs.), Γλωσσική και κοινοτική ετερότητα στη Δωδεκάνησο του 20ου αιώνα [« Diversité linguistique et communautaire dans le Dodécanèse du XXe siècle »], Athènes, Papazisis,‎ , 536 p. (ISBN 9789600231601, lire en ligne), p. 431-485. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en + tr + grk) Neval Konuk, Ottoman architecture in Greece, t. I, Ankara, The Center for Strategic Research, , 534 p. (ISBN 9786058842717, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Neval Konuk, Ottoman architecture in Lesvos, Rhodes, Chios and Kos islands, Ankara, The Center for Strategic Research, , 237 p. (ISBN 978-9757307693, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Pierre Sintès et al., « À qui Rhodes ? Discours d'appropriation et mise en valeur touristique dans la vieille ville de Rhodes (Grèce) », dans Maria Gravari-Barbas, Laurent Bourdeau et Mike Robinson (dirs.), Tourisme et patrimoine mondial - Section 2 : Patrimoine mondial, tourisme et acteurs, Laval, Presses de l'Université Laval, , 326 p. (ISBN 978-2-7637-9758-8, lire en ligne), p. 183-197. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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