Motorcity (bande dessinée)

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Motorcity
One shot
Scénario Sylvain Runberg
Dessin Philippe Berthet
Couleurs Dominique David
Genre(s) policier

Personnages principaux Lisa Forsberg
Anton Wiger
Lieu de l’action Linköping, Suède
Époque de l’action XXIe siècle

Pays Drapeau de la France France
Langue originale français
Éditeur Dargaud
Collection « Ligne noire »
Première publication 2017
ISBN 978-2-505-06482-4
Format Grand Format
Nombre de pages 62
Site web dargaud.com/bd/Motorcity

Motorcity est un album de bande dessinée de Sylvain Runberg et Philippe Berthet, publié en 2017 chez Dargaud.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Lisa Forsberg revient dans sa ville natale de Linköping, en Suède, après des études à l'école de police de Stockholm, pour intégrer le commissariat de police de la ville. Sa première mission est d'enquêter sur la disparition d'Anton Wiger. Pour cela, elle va devoir s'immerger dans le milieu du raggare, un mouvement né en Suède au lendemain de la Seconde Guerre mondiale réunissant, le temps de fêtes bien arrosées, des fanatiques de vieilles voitures américaines, rockabilly, tatouages et drapeaux sudistes, un milieu qu'elle fréquentait quand elle était jeune et dans lequel elle n'a pas que des amis.

Historique[modifier | modifier le code]

Motorcity est le troisième album paru dans la collection « Ligne noire » créée par Dargaud pour accueillir les polars de Philippe Berthet réalisés en one-shot avec des scénaristes différents, après Perico et Le Crime qui est le tien[1].

Philippe Berthet collabore pour la première fois avec Sylvain Runberg. Le scénariste connaît bien la Suède pour y vivre une partie de l'année. Il connaît parfaitement le genre du polar nordique puisqu'il a déjà écrit le scénario des séries Le Chant des Runes et Millenium Saga qui imagine une suite aux romans de Stieg Larsson, Millenium, dont il avait déjà assuré l'adaptation en bande dessinée[2],[3].

Ce sont Philippe Berthet et Yves Schlirf, directeur éditorial chez Dargaud, qui ont sollicité Sylvain Runberg, lequel a accepté immédiatement, se déclarant amateur du travail de Berthet depuis longtemps[4].

C'est donc tout naturellement que Sylvain Runberg a proposé à Philippe Berthet un récit policier situé en Suède, ce que celui-ci a immédiatement accepté, se déclarant intéressé à mettre en images le style de récit, le ton et l'ambiance particulière des romans nordiques et appréciant l'idée de ce personnage qui revient dans sa ville natale en redécouvrant son passé au fur et à mesure du récit[5].

Analyse[modifier | modifier le code]

Sylvain Runberg choisit comme arrière-plan de son récit policier le monde très particulier, et peu connu en France, du raggare, une sous-culture suédoise dont les participants vouent un culte à l'Amérique des années 1950 et 1960, ou du moins à l'idée que l'on s'en fait dans la pop culture, aux belles « américaines » et au rock'n'roll[6].

Les membres du mouvement raggare (ce qui en suédois signifie « graisseux » en référence à la gomina dont les garçons s'enduisaient les cheveux dans les années 1950 - « grease » en anglais, mot rendu célèbre par le film homonyme), issus plutôt des milieux ruraux et populaires, persistent à avoir mauvaise réputation (alcool, violence, bagarre), notamment à cause de leur emploi du drapeau sudiste, symbole esclavagiste mais pour eux uniquement symbole de rébellion, même si leurs manifestations sont aujourd'hui plutôt calmes et familiales, s'agissant surtout de virées entre amis, en habits d'époque, dans des voitures américaines de l’époque, restaurées et customisées, à écouter du rock'n'roll. Ce milieu étant typique de la Suède, et inconnu au-delà de ses frontières, Sylvain Runberg, qui  avait depuis quelque temps l’envie d’écrire une histoire autour du raggare, a profité de l'occasion pour écrire un récit qui se passerait en partie dans ce milieu là, dès lors que, pour lui, un polar, au-delà de l’enquête, c’est aussi un genre qui porte à s’interroger sur nos sociétés, à travers les personnages, à en étudier certaines facettes, ce que permettait le raggare, estimant en outre que Philippe Berthet, qui avait abordé la culture américaine des années 1950 et 1960 dans beaucoup de ses albums précédents, était le mieux placé pour mettre tout cela en images[4].

Philippe Berthet utilise son graphisme ligne claire pour mettre en scène des personnages à l’apparence lisse, mais qui se révèlent être démoniaques à l’intérieur, créant ainsi une ambiguïté malsaine qui colle spécifiquement au polar. Bien que Sylvain Runberg séquence le scénario par page et en cases, le dessinateur se charge de l’agencement des cases sur la planche, telle qu'il imagine la scène, se préoccupant des questions du cadrage de chaque case comme du rendu final de la planche, à la fois lisible et homogène, afin de reproduire le film qui s’est déroulé dans sa tête lorsqu'il a lu le scénario. Sylvain Runberg lui ayant laissé beaucoup de liberté dans la mise en scène, Philippe Berthet a consacré beaucoup de temps au découpage[5].

C'est une nouvelle fois Dominique David, l'épouse de Philippe Berthet, qui réalise les couleurs de l'album. Après avoir travaillé à l'ordinateur, elle est revenue à une mise en couleur traditionnelle, sur tirage papier aquarelle, méthode qu'elle estime plus gratifiante et permettant une plus grande créativité[7].

L'accueil de l'album a été partagé. Certains y ont vu « un polar comme on les aime, dont la tension dramatique invite le lecteur à ne pas lâcher l’album avant d’en avoir découvert la conclusion »[8], « un bon polar, qui ne vous laissera pas de marbre »[9], « une belle histoire, un beau graphisme dans un bel album »[10], un « impeccable polar, au dessin à la clarté inversement proportionnelle à la noirceur de l'intrigue »[11], d'autres on regretté « un album honnête, mais à qui il manque un quelque chose pour nous tenir en haleine jusqu'à la dernière page », où « la rencontre entre un scénario sordide, un milieu pas très classieux et ce dessin si élégant ne fonctionne pas totalement. (...) Motorcity se lit donc sans déplaisir, comme un polar standard et efficace, mais laisse tout de même une impression de rendez-vous manqué »[12].

Publication[modifier | modifier le code]

  • Édition originale : Dargaud, collection « Ligne Noire », [13].
  • Tirage de Tête : Khani Éditions, tirage limité à 200 exemplaires numérotés et signés par Philippe Berthet[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Charles-Louis Detournay, « La "Ligne noire" de Philippe Berthet - ActuaBD », sur www.actuabd.com (consulté le )
  2. « Sylvain Runberg donne suite au Millenium de Stieg Larsson: « Des thématiques plus que jamais d’actualité » », sur Branchés Culture, (consulté le )
  3. « Le Chant des runes, quand la mythologie se mêle au polar », sur culturebd.com (consulté le )
  4. a et b « Sylvain Runberg: "Le polar est un genre qui porte à s'interroger sur nos sociétés" - Le blog BD de Nice-Matin et Var-matin », sur leblogbd.nicematin.com (consulté le )
  5. a et b Charles-Louis Detournay, « Philippe Berthet investit le polar nordique - ActuaBD », sur www.actuabd.com (consulté le )
  6. « Suède : le Raggare, un phénomène unique | 7h09 », sur www.7h09.fr (consulté le )
  7. Christian MISSIA DIO, « Dominique David : "La couleur sur papier me permet une plus (...) - ActuaBD », sur www.actuabd.com (consulté le )
  8. « « Motorcity » par Philippe Berthet et Sylvain Runberg | BDZoom.com », sur bdzoom.com (consulté le )
  9. « Motorcity chez Dargaud » [livre], sur planetebd.com (consulté le ).
  10. « Sylvain Runberg & Philippe Berthet, Motorcity / lelitteraire.com », sur lelitteraire.com (consulté le ).
  11. « Critique d'album : Motorcity, par Sylvain Runberg, Philippe Berthet, collection Ligne noire (Dargaud) », sur auracan.com (consulté le ).
  12. « Motorcity / BoDoï, explorateur de bandes dessinées - Infos BD, comics, mangas », sur bodoi.info (consulté le ).
  13. Philippe MAGNERON, « Motorcity », sur www.bedetheque.com (consulté le )
  14. « Motorcity : Motorcity - Khani Éditions », sur khanieditions.com (consulté le ).