Muhammad Kurd Ali

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Muhammad Kurd Ali
Fonction
Président de l'Académie arabe de Damas
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Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
مُحمَّد كُرد عليّVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Activités
Autres informations
Membre de
Académie arabe de Damas
The Levantine Scientific Mission to Istanbul (1915) (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Maîtres
Tāhir al-Jazā'irī, سليم البخاري (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Khiṭaṭ al-shām (d), al-Muqtabas (d), Revue de l'Académie arabe de Damas (d), Rasāʾil al-bulaḡāʾ (d), Ġarāʾib al-Ġarb : kitāb iǧtimāʿī, tārīḵī, iqtiṣādī, adabī (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
signature de Muhammad Kurd Ali
Signature

Muhammad Kurd Ali (1876-1953) est un intellectuel syrien. Il est considéré comme l’une des grandes figures de la Nahda. Étant né d'une mère circassienne et d’un père kurde de Suleymania, sa famille est ainsi descendante de la dynastie kurde Ayyoubide.

Maîtrisant le français et le turc, il exerce le métier de journaliste et écrit de nombreux ouvrages.

Activités et formation[modifier | modifier le code]

Muhammad, fils de `Abd Ar-Razzâq, lui même étant fils de Muhammad Kurd `Alî, naît à Damas en 1876, d’un père kurde et d’une mère circassienne. La famille de son père est originaire de Sulaymâniyyah, une ville de la province de Mossoul, en Irak. Il grandit dans une famille noble, et reçoit son enseignement primaire à l’école Kâfil Sîbây où il apprend à lire, à écrire et à compter, et où il reçoit également des notions de sciences islamiques et de sciences physiques. Il s’inscrit ensuite, pour ses études secondaires, à la médersa Ar-Rushdiyyah où il apprend le turc et le français. L’enseignement du français étant insuffisant à l’école, son père engage un professeur à domicile qui lui enseigne l’orthographe et la grammaire de la langue française pendant trois ans. C'est à cette époque qu’il se découvre un intérêt pour la lecture des livres et des journaux arabes, turcs et français. Il trouve en son père, pourtant analphabète, une grande aide pour combler cet intérêt, dans la mesure où celui-ci l’aide à acquérir les livres qu’il veut.

Outre son intérêt pour la lecture, il entre en contact avec un certain nombre de savants damascènes les plus réputés, comme le Sheikh Tâhir Al-Jazâ’irî, le Sheikh Salîm Al-Bukhârî ou le Sheikh Muhammad Al-Mubârak. Il étudie auprès d’eux des ouvrages de littérature, de linguistique, de rhétorique, de droit, d’exégèse et de philosophie. Il domine ainsi l’héritage culturel arabe et peut s’en faire une idée très précise.

Il ne néglige pas non plus de lire les plus grands auteurs français comme Voltaire, Rousseau et Montesquieu, ou d’autres auteurs européens comme Bentham ou Spencer[réf. nécessaire]. Il est par ailleurs particulièrement assidu à la consultation des périodiques français qui parviennent jusqu’à Damas.

Après avoir achevé ses études secondaires, il entre dans l’administration en 1892 où il occupe un poste de secrétaire au Ministère des Affaires étrangères. Il n’a que 17 ans. Mais sa maîtrise du français et du turc l’aide à rester à ce poste pendant six ans, au cours desquels il rédige des articles pour les journaux locaux. Tout en travaillant, il poursuit des études en français pendant deux ans à l’école des Lazaristes, et étudie la physique et la chimie dans cette langue étrangère, afin d’y gagner en aisance. Il apprend par ailleurs le persan mais faute d’exercice régulier, il oublie par la suite cette langue.

Le journaliste[modifier | modifier le code]

En écrivant pendant plusieurs années dans la presse, Muhammad Kurd `Alî acquiert de l'expérience et de la maturité. Son style d’expression est assuré et ses analyses précises. Ces qualités journalistiques lui ouvrent les portes de la rédaction de la revue hebdomadaire Ash-Shâm (Syrie), qui est la première revue ayant vu le jour à Damas. Il travaille pour cette revue à partir de 1897 pendant trois ans, au cours desquels il noue des liens avec la revue égyptienne Al-Muqtataf (Citations), dont le patron s’est plaint à Shakîb Arslân, célèbre émir libanais et autorité incontestée de la littérature arabe, d’être seul à la rédaction, exprimant le besoin de recruter un journaliste. Shakîb Arslân lui indique de contacter Muhammad Kurd `Alî. Ce dernier travaille dès lors pour la revue égyptienne, propulsant ainsi sa renommée dans tout le monde arabe.

Le voyage en Égypte[modifier | modifier le code]

Muhammad Kurd `Alî souhaite partir en France pour y poursuivre sa formation. Il quitte alors la Syrie en 1901 et se rend en Egypte d’où il projette de rejoindre l’Europe. Au cours de son séjour sur les rives du Nil, il visite le pays, découvre son patrimoine et rencontre ses hommes de lettres et ses penseurs. L’un de ses amis parvient à le convaincre de rester en Egypte et de ne pas partir à l’étranger. Il lui propose un poste au journal Ar-Râ’id Al-Misrî (Le Pionnier égyptien), qu’il accepte. Le jeune journaliste fréquente les écrivains et les milieux intellectuels. Il est ainsi assidu aux leçons d’exégèse coranique que donnent deux fois par semaine le Sheikh Muhammad `Abduh à la Mosquée Al-Azhar. Son séjour en Egypte est cependant écourté, puisqu’un peu moins de dix mois après son arrivée, il doit retourner à Damas, fuyant la peste qui a pris ses quartiers en Egypte durant cette période.

Après quelques années passées à Damas, au cours desquelles il est inquiété par les autorités politiques et par les menées de ses ennemis, il revient une deuxième fois en Egypte en 1905 où il décide de s’établir. Il y fonde la revue mensuelle Al-Muqtabas (Extraits), qui propose à ses lecteurs les plus belles pages de littérature et poésie ancienne et contemporaine. Il travaille par ailleurs pour le quotidien Adh-Dhâhir (Le Premier). Lorsque ce journal disparaît, le Sheikh `Alî Yûsuf, directeur du journal Al-Mu’ayyid (Le Supporteur), à cette époque le plus grand journal du monde musulman, l’invite à rejoindre sa rédaction. Muhammad Kurd `Alî y travaille jusqu’en 1908, date à laquelle il quitte Le Caire pour rentrer à Damas, après le rétablissement de la Constitution ottomane de 1876.

Le retour à Damas[modifier | modifier le code]

Les intellectuels égyptiens ne sont pas les seuls acteurs de la renaissance intellectuelle musulmane au début du XXe siècle. L'élite culturelle d'autres pays arabes a également participé à cette renaissance, y compris en Syrie.

Muhammad Kurd `Alî poursuit le parcours de son maître à penser, Sheikh Tâhir Al-Jazâ’irî, en menant le mouvement intellectuel en Syrie. A Damas, Muhammad Kurd `Alî fonde, avec l’aide de son frère Ahmad, une imprimerie et un quotidien qu’il nomme une nouvelle fois Al-Muqtabas. Il reprend par ailleurs la publication de la revue mensuelle éponyme qu’il a fondée au Caire, pour en faire un témoin de la haute culture arabe. Le quotidien Al-Muqtabas se veut être le porte-voix de la liberté et l’instrument de la douleur contre l’injustice et le despotisme. Ses articles combattent l'obscurantisme ; ils appellent à la libération des esprits de toutes les chimères, parlent de réforme et de renouveau, d’assimilation des techniques modernes, de remise au goût du jour des aspects bénéfiques du patrimoine arabo-musulman, de connaissance de l’histoire glorieuse de la nation, afin que celle-ci s’en inspire pour ressusciter et se redresser[réf. nécessaire].

Le journal Al-Muqtabas acquiert ainsi une grande notoriété[réf. nécessaire], ses lecteurs se font de plus en plus nombreux, au point qu’il est craint voire redouté par les hauts fonctionnaires de l’Etat et les grandes personnalités. L’audace d’Al-Muqtabas cause des difficultés à Muhammad Kurd `Alî. Les autorités ottomanes lui créent des ennuis, le poursuivent en justice et font fermer son journal, après qu’un dignitaire turc l’ait accusé de porter atteinte à la famille sultanienne dans l’un de ses articles. Ainsi, et à de multiples reprises, des plaintes sont déposées contre lui pour le museler, mais à chaque fois, il est acquitté, la justice estimant que ses articles et ses critiques sont motivés par une volonté authentique de réforme. Lorsque les campagnes de diffamation et les accusations portées contre lui s’intensifient, il quitte Damas pour Paris, où il réside pendant trois mois dans le Quartier Latin. Il y prend la mesure de l’activité intellectuelle en Europe et y rencontre des hommes politiques et des intellectuels, parmi lesquels le philosophe Emile Boutroux, avec qui il se lie d’amitié. Il fait part de ses impressions de ce voyage à Paris dans une série de trente-cinq articles publiés dans son livre Gharâ’ib Al-Gharb (L’Occident au singulier), qui, à cette époque, écrit Muhammad Kurd `Alî, "ne contenait en réalité que les singularités de Paris, sans plus" 1.

Après son retour à Damas en 1910, les ennuis reprennent de plus belle, et il doit faire face à de nombreuses plaintes, qui le contraignent à revenir une nouvelle fois en Europe.

Lorsqu'éclate la Première Guerre mondiale, ses tourments atteignent leur paroxysme lors d’une vague d’arrestations orchestrée par les Ottomans contre les indépendantistes arabes, soupçonnés par les autorités d’être à la solde de la Grande-Bretagne. Il ferme alors sa revue et son journal, et manque de peu d’être conduit, comme le furent nombre de détracteurs du despotisme, vers la potence. Toutefois, un compte-rendu trouvé au consulat français à Damas lui permet d’être épargné. Ce compte-rendu a été rédigé avant la guerre par un fonctionnaire français, qui avait rendu visite à Kurd `Alî chez lui, et qui, exploitant la rancœur de celui-ci vis-à-vis des Unionistes turcs, lui proposa de rallier la politique française en Orient. Kurd `Alî lui opposa alors une fin de non recevoir, lui suggérant plutôt de modifier la politique française en Algérie et en Tunisie.

De même, dans un bulletin officiel secret envoyé par l’ambassadeur français à Istanbul aux consuls français au Proche-Orient, et retrouvé lors de la perquisition des consulats occidentaux au début de la guerre, il était fait mention d’une mise en garde contre Muhammad Kurd `Alî, considéré comme un pro-turc.

Blanchi de l’accusation de collusion avec l’ennemi, le gouverneur militaire ottoman et despote de Syrie, Ahmad Jamâl Pacha, lui demande, au cours de la guerre, de reprendre la publication d’Al-Muqtabas, avec une ligne éditoriale alignée sur la politique ottomane. Muhammad Kurd `Alî, craignant de nouvelles accusations de collaboration avec l’Occident s’exécute. Il est ainsi instrumentalisé par les autorités militaires qui lui dictent ses articles de presse, espérant influencer par sa plume, les masses arabes. On lui fait écrire des ouvrages de propagande pro-ottomane censés participer à l’effort de guerre. En 1915, les autorités turques créent, avec la participation des autorités allemandes, le journal arabophone Ash-Sharq (L’Orient), dont la direction est confiée à Muhammad Kurd `Alî, qui est sommé de ne plus signer d’articles dans Al-Muqtabas, et de signer de manière exclusive dans Ash-Sharq, afin que la renommée de ce quotidien grandisse au sein du monde arabo-musulman. Pour Muhammad Kurd `Alî, ce n’est là rien de plus qu’un organe de presse germano-turc créé à des fins de propagande.

Las de ses activités politiques et journalistiques pour lesquelles il consacre près de vingt ans de sa vie et éprouvant une certaine humiliation après avoir été instrumentalisé par Ahmad Jamâl Pacha, Muhammad Kurd `Alî décide de se tourner vers le champ de la recherche académique et littéraire. En Europe, il fréquente les plus grandes bibliothèques d’Italie, de Suisse et de Hongrie, où il amasse la matière bibliographique pour son livre Khutat Ash-Shâm (Cartes de Syrie), dans lequel il souhaite écrire l’histoire de la Syrie, y décrire sa géographie et sa culture.

Fondation de l’Académie arabe[modifier | modifier le code]

Après la défaite de l’Empire ottoman lors de la Première Guerre mondiale, un royaume arabe voit le jour en Syrie sous l’impulsion du roi Faysal Ibn Al-Husayn. Ce changement de régime est accompagné par l’institution d’administrations civiles, parmi lesquelles figure le Bureau des Savoirs, dont la mission est, entre autres, d’arabiser l’administration (fortement turcisée) et de rédiger les manuels scolaires. La direction de ce bureau est confiée à Muhammad Kurd `Alî, qui est assisté de quelques grands savants syriens.

En 1919, et avec l’accord du gouverneur militaire Ridâ Pacha Ar-Rukâbî, ce bureau devient l’Académie arabe de Damas, première académie du monde arabe. Muhammad Kurd `Alî consent de nombreux efforts pour la fondation de cette institution, sur le modèle de ce qui se faisait dans les nations civilisées pour préserver leur patrimoine culturel et leur langue. Il doit ensuite se battre pour la maintenir à l’abri des courants politiques et partisans, afin qu’elle demeure au service exclusif de la langue et de la littérature arabes. Il crée ainsi une revue littéraire publiée par l’Académie, et dont le premier numéro est édité le . Au total, Muhammad Kurd `Alî écrit dans cette revue quarante et un articles ayant trait à la littérature et à l’histoire. Il ouvre en outre au public les portes de l’Académie, pour que celui-ci puisse assister aux diverses conférences données par les intellectuels qui s’y pressent. Muhammad Kurd `Alî donne ainsi lui-même soixante-deux conférences.

Muhammad Kurd `Alî demeure au poste de président de l’Académie arabe tout au long de sa vie, malgré les autres fonctions qu’il a pu être amené à occuper par ailleurs. L’Académie est sa principale préoccupation, pour laquelle il se dépense sans compter et pour laquelle il a dédié toute sa vie.

Le Ministre de l’Éducation nationale[modifier | modifier le code]

Outre ses fonctions à la présidence de l’Académie arabe, Kurd `Alî est désigné en 1920 au poste de ministre de l’Education nationale, après que les forces françaises aient mis la main sur la Syrie. Pendant son ministère, il part avec une délégation de dix étudiants qui vont poursuivre leurs études universitaires en France. Il visite ainsi la France pour la troisième fois et s’engage dans sa tournée en Europe à la rencontre des orientalistes et des savants occidentaux, se rendant en Belgique, en Hollande, en Angleterre, en Espagne, en Allemagne, en Suisse et en Italie. Il consigne cette tournée à but académique dans son ouvrage susmentionné Gharâ’ib Al-Gharb, dans lequel il intègre les observations de ses trois voyages en Europe.

À la suite d'un conflit avec les autorités françaises dirigées par le général Henri Gouraud, qui cherchent elles aussi à l’instrumentaliser pour faire accepter le mandat français sur la Syrie à la population locale, Muhammad Kurd `Alî quitte son poste de ministre pour se reconcentrer pleinement sur l’Académie arabe. Quelque temps plus tard, en 1924, on lui propose un poste de professeur de lettres arabes à l’Institut du Droit de Damas, qu’il accepte.

En 1928, Muhammad Kurd `Alî revient au gouvernement dirigé par le Sheikh Tâj Ad-Dîn Al-Hasanî, toujours au poste de ministre de l’Education nationale. Il fonde alors l’Ecole Supérieure de Lettres, qu’il rattache à l’Université syrienne, et prépare le terrain à la création de la Faculté de Théologie, elle aussi rattachée à l’Université. L’Université compte ainsi quatre facultés : la Faculté de Médecine, la Faculté de Droit, la Faculté de Lettres et la Faculté de Théologie, auxquelles il souhaite ajouter la Faculté de Sciences.

Lorsqu’il quitte définitivement le gouvernement, il se consacre à la lecture, à l’écriture et à l’Académie qu’il a fondée. A la fin de sa vie, il publie ses mémoires en quatre volumes, lesquels ont un vif retentissement, tout en créant la polémique.

Héritage intellectuel[modifier | modifier le code]

Muhammad Kurd `Alî écrivit des dizaines de livres et des centaines d’articles ayant trait à l’histoire, à la sociologie, à la littérature, à la religion, à la politique ou à la réforme. Son style d’écriture a été décrit comme un style aisé et précis : Kurd `Alî s’exprimait avec finesse, en des termes profonds, avec des mots seyant au sens qu’il souhaitait véhiculer. En toutes situations, il se refusait au style pompeux ou grandiloquent : il cherchait à viser juste dans le fond, sans prêter grande attention à la forme, imitant en maints endroits le style d’Ibn Khaldûn dans sa Muqaddimah.

Parmi les livres qu’il laissa à la postérité, citons :

  1. Khutat Ash-Shâm (Cartes de Syrie), publié en 1925 en trois volumes, et qui est l’une de ses œuvres maîtresses ;
  2. Al-Islâm wal-Hadârah Al-`Arabiyyah (L’Islam et la civilisation arabe), publié en 1934 au Caire en deux volumes ;
  3. Umarâ’ Al-Bayân (Les Princes de l’éloquence), publié en 1937 ;
  4. Aqwâlunâ wa Af`âlunâ (Nos Paroles et nos actes), publié au Caire en 1946 et qui contient un certain nombre de ses articles réformistes ;
  5. Gharâ’ib Al-Gharb (L’Occident au singulier) ;
  6. Dimashq Madînat As-Sihr wash-Shi`r (Damas, ville de poésie et de magie) ;
  7. Ghâbir Al-Andalus wa Hâdiruhâ (L’Andalousie, hier et aujourd’hui) ;
  8. Al-Qadîm wal-Hadîth (Tradition et modernité), qui est une sélection d’articles qu’il avait écrit ;
  9. Kunûz Al-Ajdâd (Trésors de nos ancêtres), qui consiste en des biographies de personnalités célèbres ;
  10. Al-Idârah Al-Islâmiyyah fî `Izz Al-`Arab (L’Administration islamique à l’apogée arabe) ;
  11. Ghûtat Dimashq (La Ghûta de Damas) ;
  12. Al-Mudhakkirât (Mémoires) en quatre volumes ;
  13. Rasâ’il Al-Bulaghâ’ (Epîtres des maîtres de l’éloquence) ;
  14. Riwâyat Al-Mujrim Al-Barî’ (Récit du criminel innocent) ;
  15. Qissat Al-Fadîlah war-Radhîlah (Histoire de la vertu et du vice) ;
  16. Yatîmat Az-Zamân (L’Orpheline du temps), un roman qui est le premier livre publié par l’auteur, en 1894 ;
  17. Muktashafât Al-Ahfâd (Découvertes contemporaines) ;
  18. Akhlâq Al-Mu`âsirîn (Ethique de nos contemporains).

Muhammad Kurd `Alî édita et publia par ailleurs des livres anciens extraits du patrimoine arabe, tels que :

  1. Sîrat Ahmad Ibn Tûlûn (Biographie d’Ahmad Ibn Tûlûn) de `Abd Allâh Al-Balawî (Xe siècle), publié en 1939 à Damas ;
  2. Al-Mustajâd min Fa`alât Al-Ajwâd (Les Actes de bien des gens de bien) d’Al-Muhassin al-Tanûkhî (Xe siècle), publié en 1946 à Damas ;
  3. Târîkh Hukamâ’ Al-Islâm (Histoire des philosophes de l’Islam) de Dhahîr Ad-Dîn Al-Bayhaqî (XIIe siècle), publié en 1946 à Damas ;
  4. Kitâb Al-Ashribah (Le Livre des boissons) de `Abd Allâh Ibn Qutaybah (IXe siècle), publié en 1947 à Damas.

Muhammad Kurd `Alî traduisit également de nombreux ouvrages de langue étrangère, tels que :

  1. Histoire de la civilisation (Târîkh Al-Hadârah) de l’historien français Charles Seignobos ;
  2. La Liberté politique (Al-Hurriyyah As-Siyâsiyyah) du philosophe français Jules Simon ;
  3. La Liberté de conscience (Hurriyat Al-Wijdân) du même auteur ;
  4. La Liberté civile (Al-Hurriyah Al-Madaniyyah) du même auteur.

Décès[modifier | modifier le code]

Muhammad Kurd `Alî fut un homme intègre, affable et aimant. Il dit de lui-même dans son autobiographie, qu’il a insérée à la fin de son livre Khutat Ash-Shâm (Cartes de Syrie) : "Je suis quelqu’un de nerveux dont le sang ne fait qu’un tour. Je suis passionné par la musique arabe ; j’aime la chanson, la bonne compagnie et les plaisanteries ; je suis un amoureux de la nature et des voyages. [...] Je suis un amoureux de l’ordre et de la précision ; j’aime la liberté et la franchise. Je suis un inconditionnel du renouveau, et j’ai pour habitude, lorsque je traite ce thème, de ne pas outrepasser les limites fixées par les fondements sacrés. J’appelle à une réforme intellectuelle progressive, non à une révolution des idées. Je clame la vérité haut et fort. J’attaque sans la moindre compassion les hypocrites, et j’affronte les corrompus et les destructeurs, ce pourquoi, mes ennemis, issus de cette caste, sont nombreux. [...] Je déteste le chaos, et je me sens blessé par l’injustice. Je combats le sectarisme et j’abhorre l’ostentation. Lorsque je mène un combat pour les opprimés, et que j’attaque le clan des sectaires, je combats et j’attaque en règle générale, avec goût et intelligence. J’ai une tendance à la sévérité, qui frise parfois à l’exagération, afin que l’éloquence agisse sur l’esprit de ceux que je souhaite guider, ou au contraire, abattre." 1

Après une longue vie active d’écrivain et d’académicien, Muhammad Kurd `Alî retourna auprès de Dieu le , après 76 ans de combat intellectuel et d’œuvres bienfaitrices. Il fut enterré près de la tombe du Compagnon du Prophète Mu`âwiyah Ibn Abî Sufyân, à Damas. Puisse Dieu lui faire miséricorde[1].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (ar) « مركز الشرق العربي ـ رجال الشرق ـ محمد كرد علي », sur www.asharqalarabi.org.uk,‎ (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]