Noël Carlotti

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Noël Carlotti
Stèle à la mémoire de Noël Carlotti (église d'Esvres).
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Noël Carlotti (1900 à Pietroso - 1966 à Tours) est un prêtre et résistant français.

Issu d'une famille corse, Noël Carlotti exerce les fonctions de vicaire puis de prêtre en Indre-et-Loire. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il devient membre du réseau de Résistance Cohors-Asturies spécialisé dans le renseignement. Arrêté en , il est déporté à Neuengamme en juin suivant. Là, il soutient le moral de ses codétenus en devenant l'aumônier officieux du camp. Libéré en , il revient en Touraine où, reprenant son ministère sacerdotal à Esvres, il s'implique dans plusieurs associations du souvenir de la guerre, jusqu'à sa mort survenue le à Tours. Il est inhumé dans son village natal de Pietroso.

Biographie[modifier | modifier le code]

1900-1939[modifier | modifier le code]

Ancien séminaire Saint-Charles.

Noël Carlotti naît le à Pietroso (Haute-Corse mais son père et sa mère meurent respectivement en 1910 et 1913[N 1]. Dès sa jeunesse, il contracte en Corse le paludisme qui le handicape toute sa vie[N 2]. Il est élevé par un des oncles prêtre en Eure-et-Loir. Après des études au petit séminaire Saint-Charles de Chartres, il est ordonné prêtre à Tours le . Il est nommé vicaire à Fondettes (Indre-et-Loire) la même année[N 3].

Dès lors, ses différentes fonctions religieuses ne l'éloignent plus de la Touraine puisqu'en il est vicaire de Saint-Symphorien[N 4] puis curé de Channay-sur-Lathan le [N 5].

1939-1945[modifier | modifier le code]

Le prêtre[modifier | modifier le code]

Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, l'abbé Carlotti est nommé aumônier du 21e régiment de Zouaves en Algérie[N 6]. Il est démobilisé en et revient à Channay-sur-Lathan. Il y reprend son ministère et, en 1943, se voit également adjoindre la cure de Courcelles-de-Touraine[N 7]. C'est dans cette période que les relations deviennent difficiles, voire tendues, avec le maire et la municipalité de Channay[N 7].

Le résistant[modifier | modifier le code]

Le l'appartenance de Noël Carlotti au réseau de résistance Cohors-Asturies est attestée[N 8]. Carlotti constitue un groupe d'ecclésiastiques résistants et se réserve la mission de collecter des renseignements militaires sur Château-la-Vallière et ses environs[N 9]. Il vient également en aide aux fuyards recherchés par les autorités d'occupation (résistants, aviateurs alliés, évadés des camps, Juifs...)[N 10]. En 1944, sur dénonciation d'un des membres du réseau, Carlotti et une cinquantaine de ses camarades sont arrêtés. Le groupe est décimé mais Carlotti, libéré faute de preuves, reprend immédiatement ses activités[N 11]. Il est arrêté une deuxième fois un peu plus tard mais, comme il est très prudent, les preuves manquent toujours et il est à nouveau libéré[N 12].

Le déporté[modifier | modifier le code]

Neuengamme.

Les précautions que prend Noël Carlotti pour dissimuler ses activités de résistant ne sont pourtant pas suffisantes. Il est arrêté une troisième fois à la sortie d'une messe, le [N 12]. Il est transféré dans les locaux de la Gestapo à Tours où il est interrogé et torturé pendant plusieurs jours[N 13]. Il est ensuite conduit à la prison de Tours[N 14]. Le , il part pour le camp de transit de Royallieu à Compiègne[N 15].

Le , c'est le départ de son convoi pour le camp de camp de concentration de Neuengamme où il arrive trois jours plus tard[N 16]. Il est enrôlé dans le Kommando qui travaille à l'usine Hermann Göring de Watenstedt[N 17]. Bien que la pratique religieuse soit interdite dans les camps, Carlotti arrive, avec la complicité ou tout au moins le silence de certains gardiens, à se fournir en hosties et il devient de fait l'aumônier du camp. Il est un grand soutien moral pour ses codétenus[N 18]. Le camp est évacué début mais Carlotti ne revient en France que fin mai[N 19].

1945-1966[modifier | modifier le code]

Noël Carlotti ne reste que peu de temps à Channay ; il part se reposer à Pietroso[N 20]. Le , il est affecté à Esvres où il remplace le curé Georges Lhermitte, résistant lui aussi et mort en déportation[N 21]. Il est président de la commission départementale d'épuration et s'engage auprès de nombreuses associations d'anciens combattants et déportés[N 22].

Il devient président de la Fédération des amicales des réseaux Renseignement et évasion de la France combattante (FARREFC)[N 23]. Il s'investit dans de nombreuses actions pour transmettre la mémoire de la guerre[1] et œuvre pour le rapatriement des corps des victimes des camps[N 24]. Gaulliste convaincu, c'est un ami personnel de Michel Debré[N 25].

Affaibli par le paludisme dont il souffre toujours et durablement marqué par les privations des camps, sa santé décline. Il est brièvement hospitalisé en 1964 et meurt à Tours le [N 26]. Une messe solennelle est célébrée à sa mémoire le en l'église Saint-Louis des Invalides et il est inhumé à Pietroso le [2],[3].

Distinctions et hommages[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

Différents lieux de mémoire sont consacrés à Noël Carlotti. À Esvres, une rue porte son nom et une stèle à son effigie est placée à l'entrée de l'église. À Fondettes, une rue porte son nom. À Pietroso, la place de l'église s'appelle place Noël-Carlotti. À Tours, une avenue du campus de Grandmont rappelle sa mémoire[N 28].

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Chantal Ciret, « Le chanoine Nöel Carlotti (1900-1966) », Résistances en Touraine, no 6,‎ .
  • Virginie Nicolas, Biographie du chanoine Carlotti (1900-1966) : mémoire de maîtrise en histoire, Tours, Université François-Rabelais, , 196 p.
  • LImore Yagil, Le sauvetage des Juifs dans l'Indre-et-Loire, Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe, et Loire-Inférieure, 1940-1944, Geste éditions, 2014.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • Ressource relative à la vie publiqueVoir et modifier les données sur Wikidata :
  • Biographie de Noël Carlotti sur le site du comité de la Corse-du-Sud de l'Association nationale des anciens combattants de la Résistance.
  • Témoignage par lui-même de l'abbé Carlotti , dans le cadre d'une série de témoignage émis en 1964. "1940-1944 : La Résistance, témoignages et documents pour servir l'histoire" .19/29  : Visages de la Résistance : L'Aumonier de Neuengamme (1ère diffusion : 28/06/1964) . Rediffusion de ce témoignage direct de Noël Carlotti avec une fiction radiophonique sur France-Culture, dans la nuit du Le 16/06/2021.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  • Biographie du chanoine Carlotti (1900-1966), Université François-Rabelais, 2002 :
  1. Nicolas 2002, p. 16-17.
  2. Nicolas 2002, p. 22.
  3. Nicolas 2002, p. 23.
  4. Nicolas 2002, p. 26.
  5. Nicolas 2002, p. 30.
  6. Nicolas 2002, p. 52.
  7. a et b Nicolas 2002, p. 53.
  8. Nicolas 2002, p. 60.
  9. Nicolas 2002, p. 62.
  10. Nicolas 2002, p. 63.
  11. Nicolas 2002, p. 67.
  12. a et b Nicolas 2002, p. 68.
  13. Nicolas 2002, p. 71-74.
  14. Nicolas 2002, p. 74-75.
  15. Nicolas 2002, p. 75-77.
  16. Nicolas 2002, p. 77-78.
  17. Nicolas 2002, p. 84.
  18. Nicolas 2002, p. 91-94.
  19. Nicolas 2002, p. 95.
  20. Nicolas 2002, p. 102-104.
  21. Nicolas 2002, p. 104.
  22. Nicolas 2002, p. 106-108.
  23. Nicolas 2002, p. 110.
  24. Nicolas 2002, p. 112-114.
  25. Nicolas 2002, p. 126-127.
  26. Nicolas 2002, p. 128-129.
  27. a et b Nicolas 2002, p. 132-133.
  28. Nicolas 2002, p. 137-138.
  • Autres références
  1. Olivier Lalieu, « L'invention du « devoir de mémoire » », Vingtième Siècle : Revue d'histoire, no 69,‎ , p. 85 (DOI 10.3406/xxs.2001.1284).
  2. « Guerre de 1939-1945. Archives de la Fédération des amicales de réseaux Renseignements et Évasion de la France combattante (FARREFC) - Répertoire numérique détaillé (72AJ/ 2334-72AJ/2432) » [PDF], sur le site des Archives nationales (consulté le ).
  3. Nicolas 2002, p. 129.
  4. a b et c « Noël Carlotti », base Léonore, ministère français de la Culture.