Parti dahoméen de l'unité

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Parti dahoméen de l'unité
Présentation
Dirigeant Hubert Maga
Fondation
Fusion de RDD
PND
MLN
Disparition
Siège Porto-Novo
Remplacé par PDD
Fondateurs Hubert Maga
Sourou Migan Apithy
Emile Derlin Zinsou
Jean Pliya
Albert Tévoédjrè
Positionnement Gauche
Idéologie Socialisme africain[1]
Nationalisme africain (en)
Panafricanisme
Républicanisme
Affiliation internationale RDA

Le Parti dahoméen de l'unité (PDU), est un parti politique de la République du Dahomey (actuel Bénin) créé le et dissous le .

Historique[modifier | modifier le code]

Naissance[modifier | modifier le code]

Le PDU naît le [2] de la fusion du Rassemblement démocratique dahoméen (RDD) dirigé par Hubert Maga, du Parti des nationalistes dahoméens (PND) mené par Sourou Migan Apithy, du Mouvement de libération nationale (MLN) cofondé par Jean Pliya et Albert Tévoédjrè et de plusieurs petits mouvements dissidents[3],[4]. Hubert Maga devient le dirigeant de la nouvelle formation.

Ce rapprochement permet d'unifier l'électorat et les soutiens des précédents partis qui sont très disparates en termes de régions et d'ethnies. Ainsi, la population islamisée originaire du Nord est plutôt le socle du RDD et la base du PND est yoruba issue du Sud-Est. D'anciens membres de l'Union démocratique dahoméenne (UDD) qui viendront plus tard renforcer les rangs du PDU ont, eux, une assise majoritairement établie au Sud-Ouest et fon[5].

L'unité prônée jusqu'en dans le nom du parti se retrouve également dans les lignes directrices du programme. Le PDU a pour principaux objectifs de lutter contre les divisions ethniques ou régionales, d'assurer le rassemblement national, de parvenir à équilibrer le budget de l'État par un plan d'austérité, de conforter la souveraineté nationale et de poursuivre la voie d’une unité africaine en adhérant au Conseil de l'Entente, à l'Union africaine et malgache et au groupe de Monrovia[5],[6].

Vers le parti unique[modifier | modifier le code]

En amont des élections législatives de 1960, Hubert Maga fait adopter une nouvelle Constitution, avec notamment des modifications quant au système électoral[7],[8], qui permet au PDU de remporter l'ensemble des 60 sièges de l'Assemblée nationale. En tant que dirigeant du parti vainqueur, Hubert Maga est confirmé Président de la République et Sourou Migan Apithy, Vice-président[4].

Début 1961, l'UDD dirigé par Justin Ahomadegbé demeure le principal parti de l'opposition ; des tractations ont lieu entre la formation et le PDU en vue d'un éventuel rapprochement mais celles-ci n'aboutissent pas. L'UDD est, par ailleurs, la section dahoméenne du Rassemblement démocratique africain (RDA) fondé par Félix Houphouët-Boigny[9], alliance mal perçue par les dirigeants du PDU qui estiment que ce statut devrait revenir au parti au pouvoir. Pour eux, cette adhésion aurait comme atouts de continuer d'asseoir la suprématie du parti sur le territoire national et de le légitimer sur le plan continental mais aussi d'affaiblir considérablement l’UDD qui perdrait des éléments souhaitant rester au RDA.

Le , lors de sa première conférence, le PDU décide d'adhérer au RDA. L'affiliation est actée quelques jours plus tard par le Comité directeur du RDA réuni à Yaoundé, le PDU devenant sa nouvelle section locale au Dahomey au détriment de l'UDD[10].

Cette manœuvre entraine, de la part de l'UDD contre le PDU, une violente campagne de dénigrement par voie de presse via son journal, Daho-Matin[11]. Le PDU intente une action en justice contre le quotidien et le fait censurer[12]. Par extension, l'UDD est mise hors la loi, dissoute et interdite sur l'ensemble du territoire le [13]. Une victoire du PDU qui voit de nombreux ralliements de membres du feu parti[12].

Le , Albert Tévoédjrè, secrétaire d'État chargé de l'Information, annonce qu'un complot a été déjoué et que celui-ci visait, en plus de la prise du pouvoir, l'intégrité physique du Président de la République et de plusieurs ministres. Des membres du parti fraîchement dissous sont désignés comme les instigateurs de cette conspiration, dont Justin Ahomadegbé qui est arrêté dès le lendemain[10]. Il est condamné, le , à cinq ans de détention pour complot contre la sûreté de l'État. Mais bénéficiant de la clémence d'Hubert Maga, il est finalement libéré le [12]. Il reprend alors son activité professionnelle de dentiste et se tient à distance de la vie politique[14].

En dissolvant l'UDD et bâillonnant le principal chef de l'opposition, Hubert Maga fait basculer le Dahomey dans l'ère du parti unique, le PDU devenant le seul parti légal du pays[15], et met fin au multipartisme qui ne fera son retour qu'à partir de fin 1990[16].

Disparition[modifier | modifier le code]

En , alors que la rue gronde et les forces syndicales appellent à la grève générale, l’armée menée par le colonel Christophe Soglo intervient et renverse le Président Hubert Maga, le 27 de ce même mois. Le colonel prend la tête d’un gouvernement provisoire et acte par ordonnance la dissolution du PDU[17]. Par la suite, il convie Justin Ahomadegbé à sortir de sa retraite politique. Ce dernier avec Sourou Migan Apithy, tous deux membres du gouvernement, forment un nouveau parti unique, le Parti démocratique dahoméen (PDD)[18],[19].

Résultats électoraux[modifier | modifier le code]

Élections législatives[modifier | modifier le code]

Année Voix % Rang
(en voix)
Sièges Gouvernement
1960 468 679 68,70 1er
60  /  60
Majorité présidentielle

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Maurice A. Glélé, Naissance d'un état noir, l'évolution politique et constitutionnelle du Dahomey : de la colonisation à nos jours, p. 198
  2. (en) Central Intelligence Agency, Daily Report, Foreign Radio Broadcasts, N°171, (lire en ligne), p. I1
  3. (en) Mathurin C. Houngnikpo et Samuel Decalo, Historical Dictionary of Benin (lire en ligne), « Pliya, Jean (1931 -) », p. 289
  4. a et b (en) Mathurin C. Houngnikpo et Samuel Decalo, Historical Dictionary of Benin (lire en ligne), « Parti dahoméen de l’unité (PDU) », p. 282
  5. a et b Philippe Decraene, Tableau des partis politiques de l'Afrique au sud du Sahara (présentation en ligne), p. 52
  6. Robert Cornevin, Le Dahomey
  7. Les élections se déroulent au scrutin de liste majoritaire à un tour
  8. « Loi n° 1960-36 », sur sgg.gouv.bj, (consulté le )
  9. Philippe Decraene, Tableau des partis politiques de l'Afrique au sud du Sahara (présentation en ligne), p. 119
  10. a et b Maurice A. Glélé, Naissance d'un état noir, l'évolution politique et constitutionnelle du Dahomey : de la colonisation à nos jours, p. 230
  11. Daho-Matin est un quotidien tiré à 1 000 exemplaires à partir de 1958
  12. a b et c Robert Cornevin, Revue de droit des pays d'Afrique, La Documentation Africaine, p. 23
  13. « Décret n° 1961-99 », sur sgg.gouv.bj, (consulté le )
  14. Maurice Vaïsse, Documents diplomatiques français : 1968 - (1er Janvier - 29 Juin), p. 816
  15. « Un champion de l'unité dahoméenne : Hubert Maga », sur lemonde.fr, (consulté le )
  16. La nouvelle Constitution du 2 décembre 1990, adoptée par référendum, ramène le multipartisme comme système politique au Bénin
  17. « Ordonnance N°1963-12 », sur sgg.gouv.bj, (consulté le )
  18. « Ordonnance N°1963-1 », sur sgg.gouv.bj, (consulté le )
  19. (en) Mathurin C. Houngnikpo et Samuel Decalo, Historical Dictionary of Benin (lire en ligne), « Parti démocratique dahoméen (PDD) », p. 284

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Philippe Decraene, Tableau des partis politiques de l'Afrique au sud du Sahara, Paris, Presses de Sciences Po, , 141 p. (ISBN 978-2724600100)
  • Maurice A. Glélé, Naissance d'un état noir, l'évolution politique et constitutionnelle du Dahomey : de la colonisation à nos jours, Librairie Générale de droit et de Jurisprudence, , 537 p.
  • Robert Cornevin, Le Dahomey, Paris, Presses universitaires de France, , 128 p. (ISBN 978-2705902827)
  • Maurice Vaïsse, Documents diplomatiques français : 1968 - (1er Janvier - 29 Juin), t. 1, P.I.E. Peter Lang SA, , 1087 p. (ISBN 978-90-5201-537-8)
  • (en) Mathurin C. Houngnikpo et Samuel Decalo, Historical Dictionary of Benin, Lanham, Toronto, Plymouth, The Scarecrow Press, , 4e éd., 488 p. (ISBN 978-0810871717)