Peter Marino

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Peter Marino
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (74 ans)
Nationalité
Formation
Cornell University College of Architecture, Art, and Planning (en)
Francis Lewis High School (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Autres informations
Site web
Distinction
Œuvres principales
Americana Manhasset (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Peter Marino, né le , est un architecte américain. Il est membre de l'American Institute of Architects. En 1978, il fonde l’entreprise d'architecture et de design Peter Marino Architect PLLC, qu'il dirige aujourd’hui. Basée à New York, elle compte 160 employés. Elle est également présente à Philadelphie et Southampton[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et études[modifier | modifier le code]

Son grand-père est un boucher originaire du sud de l'Italie. Son père, catholique et autoritaire, est ingénieur et sa mère standardiste. Il a plusieurs sœurs. Atteint d'une maladie osseuse, il ne peut pas marcher avant l'âge de sept ans. Ayant deux ans de retard, il termine pourtant le lycée avec deux ans d'avance. Il grandit dans le Queens et commence à dessiner à l'école. Chaque samedi, il se rend à Manhattan afin de suivre des cours d'art public. En 1966, le maire de New York John Lindsay lui remet la médaille d'or d'un concours de jeunes artistes. Sa sœur aînée lui conseille de suivre des études d'architecture[2].

Boutique Armani, Madison Avenue (New York).

Il est diplômé en architecture de l'université Cornell en 1975[2] (école d’architecture Cornell University College of Architecture, Art, and Planning ou AAP[3]).

Carrière[modifier | modifier le code]

Il se désole du manque de créativité des architectes américains des années 1950-1960 et commence à travailler pour des grands cabinets new-yorkais[2].

Il commence sa carrière d’architecte chez Skidmore, Owing & Merrill, George Nelson et I.M. Pei[4].

Entre 1975 et 1978, il travaille pour Andy Warhol (réalisant sa troisième et dernière Factory à Union Square et sa townhouse de six étages dans l'Upper East Side)[5],[4],[3], Pierre Bergé et Yves Saint Laurent (s'occupant de leur appartement new-yorkais) et l'hôtel The Pierre[2].

Il dessine des boutiques chics avant d'être contacté en 1984 par la famille Pressman, propriétaire du grand magasin Barneys (New York) afin de dessiner leur boutique pour femmes[6]. Il s'agit de son premier projet dans le monde de la distribution et c'est un succès. Cela lui permet ensuite de réaliser 17 autres centres commerciaux Barneys aux États-Unis et au Japon entre 1986 et 1993[7],[8]. Il est par la suite engagé par Calvin Klein, Donna Karan, Giorgio Armani, Marella Caracciolo di Castagneto, Valentino, Carla Fendi et le grand magasin de Tokyo Isetan, apprenant le japonais pour l'occasion. Il réalise sept maisons pour les Wertheimer, dont la restauration du manoir de la Pipardière (France)[2].

En 1994, Bernard Arnault lui confie le chantier de la boutique Dior avenue Montaigne (Paris). Il la rénove ensuite plusieurs fois[2].

Boutique Louis Vuitton à Rodeo Drive (Los Angeles, États-Unis).
Boutique Chanel à Ginza (Tokyo, Japon).
Boontheshop à Séoul.

En 2004, The New York Times honore Peter Marino, saluant sa capacité à faire de l'architecture un élément important dans l'identification du consommateur à une marque. Le journal fait ici référence à la boutique phare de Giorgio Armani qu’il a conçue en 1996 sur Madison Avenue, à New-York, celle-ci rendant compte du caractère minimaliste de la marque. L’article citait également la tour Chanel créée en 2004 dans le district de Ginza au Japon[9]. Le bâtiment reprend la signature Coco Chanel, le tweed noir et blanc, la transformant en trois dimensions. La tour de 56 mètres de haut arbore un mur-rideau de verre encapsulant un bloc d’aluminium en motif tweed. C’est l'un des premiers bâtiments comprenant une façade de verre interactive, avec 700 000 diodes électroluminescentes intégrées et un système de 1 120 m2 de stores en toile. La façade de verre est également dotée d’un dispositif électronique permettant aux employés de voir à travers la glace le jour durant tout en assurant un fond noir pour l’affichage numérique de nuit[10].

En 2007, il travaille pour la première fois sur un gratte-ciel de copropriétés de luxe, qui se situe au 170 East End Avenue à New-York. Le spacieux hall d’entrée, fait de marbre, donne sur un jardin avec cascade[11],[12].

En , il conçoit à Séoul (Corée du Sud), dans le quartier de Cheongdam-dong, la boutique phare de BoonTheShop. Cette marque est détenue par Shinsegae, enseigne sud-coréenne de grands magasins de luxe[13]. Ce projet de 5 100 m2 comprend deux bâtiments anguleux recouverts de marbre blanc, rejoints par des ponts de verre. Pour Peter Marino, ce fut la première boutique multimarque depuis ses travaux pour Barneys[14],[15].

En , il achève la boutique phare de Louis Vuitton sur Rodeo Drive, à Beverly Hills (Californie). Le design du bâtiment repose sur une façade à trois niveaux : des persiennes en acier inoxydable recouvrant du verre avec des carrés de toile blanche par-dessous. Cette association repose, d'après le journaliste de mode du L.A. Times Adam Tschorn, sur une ambiance autant d'intérieur que d'extérieur[16]. En 2016-2018, il rénove la boutique de Bulgari sur la Cinquième Avenue (New York)[17] mais aussi 180 des 300 points de vente de la marque italienne[18]. Juste après le rachat par LVMH effectif début 2021, il est chargé de rénover la boutique-phare de Tiffany, encore sur la 5e avenue[18]. Par la suite, après s'être occupé de l'établissement de Courchevel, il est responsable de l'architecture intérieure de l'hôtel Cheval Blanc Paris, également propriété de LVMH[19].

Il a également eu pour clients de grandes fortunes américaines et asiatiques[2].

Mode de travail[modifier | modifier le code]

En 2015, il travaille avec 180 collaborateurs[2].

Lors de son travail pour des enseignes, transformant les lieux sans rien évoquer d'ancien, il commande des œuvres à des artistes, consacrant entre 300 000 et 3 millions de dollars par boutique, ce qui en fait un producteur d'art majeur[2].

Ses créations se distinguent par « une architecture ostentatoire, étalage de matériaux luxueux hors de prix, où la vulgarité affleure souvent » estime Vanity Fair. Il se revendique à la fois maximaliste et minimaliste. « Le fonctionnel pur est chiant mais le super-fonctionnel est must. Nous sommes là pour simplifier la vie des gens », dit-il[2].

Style vestimentaire[modifier | modifier le code]

Adepte pendant longtemps du style costume-cravate, il change de look au début des années 2000 (sur les conseils de son épouse, qui lui dit « chéri, dans ta profession, c'est sûrement mieux pour toi d'avoir l'air gay », après que Peter Marino se soit vu remplacé par un décorateur homosexuel par Giorgio Armani), arborant des vêtements inspirés du dessinateur de porno gay Tom of Finland[2]. Il qualifie son style personnel, qui s'apparente à celui d'un « motard tatoué », de leurre. Ce look comprend principalement des vêtements noirs, du cuir accompagné de clous et boucles ainsi que d’une casquette en cuir[20].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Peter Marino en 2012.

En 1983, il se marie à Jane Trapnell, femme issue de la bourgeoisie (elle descend de pèlerins du Mayflower, grandit en Californie où son père est scénariste pour Hollywood, décroche un doctorat en sciences politiques à l'université Stanford puis devient costumière pour la télévision) qu'il a rencontrée à la fin des années 1970. Ils ont une fille[2].

Il possède une propriété à South Hampton (New Hampshire), achetée en 1996, rasant la maison originelle pour en construire une nouvelle à côté, où il peut garer ses sept motos et une Ferrari[2].

Collectionneur d'art, il acquiert de la porcelaine française[21], des peintures contemporaines[22], de l'art moderne[23] ou encore des sculptures de bronze italiennes et françaises datant des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Sa collection de sculptures a été exposée au musée londonien Wallace Collection en 2010[24].

Dans son appartement de l'Upper East Side (New York), il possède des toiles du Quattrocento, de Pablo Picasso, de Max Ernst ou encore de Rothko ; dans son bureau new-yorkais, deux toiles d'Andy Warhol ainsi que d'autres de Christopher Wool, Rudolf Stingel (en) ou encore Tom Sachs et des portraits de lui par Steven Meisel, David LaChapelle, Erwin Wurm et Damien Hirst ; et dans son chalet à Aspen, une peinture monumentale d’Anselm Kiefer dans chaque pièce[2].

Décoration[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en-US) « Peter Marino: 1992 Hall of Fame Inductee », sur interiordesign.net, (consulté le ).
  2. a b c d e f g h i j k l m et n Marion Vignal, « L'archi cuir », Vanity Fair n°19, janvier 2015, pages 110-119 et 157-159.
  3. a et b (en-US) Spencer Bailey, « Peter Marino (interview) », Surface, no 105,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. a et b (en) Matt Tyrnauer, « Peter Marino's Edgy Style », Architectural Digest,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. (en) Andrew Goldman, « Peter Marino Likes Playing Bad Cop », The New York Times Magazine,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. (en) Sharon Edelson, « Peter Marino, Leader of the Pack », sur wwd.com, (consulté le ).
  7. (en) « About Us », sur Barneys New York, Barneys New York (consulté le ).
  8. (en) Sheryl Garratt, « Peter Marino: the flagship fashion man », The Daily Telegraph,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) William L. Hamilton, « The Palace Maker », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. (en) C. C. Sullivan, « Chanel Ginza, Tokyo », sur archlighting.com, (consulté le ).
  11. (en) Anna Bahney, « Building 'Suburban' Luxury in the Sky », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. (en) Jill Gardiner, « Über-Wealthy Flock to Soon-To-Open East End Avenue Tower », The New York Sun,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. (en) « Boontheshop Opens Seoul Flagship », sur vmsd.com, (consulté le ).
  14. (en-US) « Boontheshop / Peter Marino Architect », sur archdaily.com, (consulté le ).
  15. (en) « Fashion’s Go-To Architect on the Downfall of Department Stores and the Problem With Marketers », sur vogue.com, (consulté le ).
  16. (en-US) James Tschorn, « Louis Vuitton's Rodeo Drive renovation a mix of classic and cool », sur latimes.com, (consulté le ).
  17. (en) Bénédicte Burguet, « Gold rush », Vanity Fair n° 54, février 2018, pages 102-107.
  18. a et b Anne-Marie Rocco, « LVMH impose son rythme à Tiffany », Challenges, no 731,‎ , p. 56 à 77 (ISSN 0751-4417).
  19. Marion Tours, « Paris-ci, par là – Enfourcher la Seine au nouveau Cheval blanc », sur lepoint.fr, (consulté en ).
  20. (en) « Living And Dressing Out of the Box », CBS,‎ (lire en ligne).
  21. (en) Whitney Robinson, « Peter Marino’s Southampton Retreat Puts His Passion for French Porcelain on Full Display », Elle Decor,‎ (lire en ligne).
  22. (en) Samuel Cochran, « We Go Inside Peter Marino’s Art-Filled Manhattan Office », Architectural Digest,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  23. (en) Steve Kroft, « Peter Marino, architect, calls his tattooed biker look "a decoy" », sur CBS News, (consulté le ).
  24. Fabrice Léonard, « Peter Marino, monarque du design », Lepoint.fr,‎ (lire en ligne).
  25. (en) Scarlett Kilcooley-O'Halloran, « Fashion Architect Peter Marino Honoured », Vogue UK,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]