Phacusa

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Phacusa
Ville d'Égypte antique
Noms
Nom égyptien ancien Phakos
Nom grec Φάκουσα et Φάκουσαι
Nom arabe فاكوسا
Nom autre Phacuse, Phakusa
Nom actuel Faqous, Tell-Faqous
Administration
Pays Drapeau de l'Égypte Égypte
Région Basse-Égypte
Nome 20e : Nome arabique (pr-spdw)
Géographie
Coordonnées 30° 43′ 41″ nord, 31° 47′ 49″ est
Localisation
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Phacusa
Géolocalisation sur la carte : Égypte
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Phacusa

Phacusa ou Phacuse est une ancienne ville d'Égypte antique, évoquée par plusieurs géographes de l'Antiquité. Selon Ptolémée, elle était la capitale du 20e nome.

Sa situation géographique exacte a été débattue à l'époque moderne. Si celle-ci est actuellement assimilée à la ville de Faqus (ou Tell-Faqus), les égyptologues Henri Édouard Naville et Heinrich Karl Brugsch l'ont située à plus d'une vingtaine de kilomètres de là, à proximité du village de Saft el-Henneh[1].

Ancien siège épiscopal durant l'Antiquité tardive, Phacusa est depuis 1885 un siège titulaire de l'Église catholique.

Situation géographique[modifier | modifier le code]

Dans les sources antiques[modifier | modifier le code]

Ptolémée situe la ville de Phacusa au nord de la ville de Bubaste[2]. Le géographe grec indique sa situation de capitale du nome arabique (qui correspond au nome de Soped) ; l'adjectif arabique désignant la partie de l'Égypte située entre la branche pélusiaque du Nil et la chaîne arabique[3].

La position de la ville est indiquée de manière vague par Étienne de Byzance qui la situe « entre l'Égypte et la mer Rouge »[3].

Strabon affirme que le canal qui joignait le Nil à la mer Rouge commençait à Phacusa[4].

Dans les sources arabes et persanes[modifier | modifier le code]

Les géographes arabes Qudama Ibn Jaafar, Ahmad al-Maqrîzî, Ibn Hawqal et Al-Maqdisi et les géographes persans Ibn Khordadbeh et Istakhri mentionnent l'existence de la ville[5].

Selon Jean-François Champollion, les géographes arabes placent Faqous dans le district de Tarabia, faisant lui-même partie du Hlauf oriental. Cette région comprenait toute la partie de la Basse-Égypte au sud de Fosthath, entre la branche bubastique, la montagne arabique et le désert de Syrie[3].

Selon l'archéologie moderne[modifier | modifier le code]

La ville était placée sur la rive orientale de la branche pélusiaque du Nil. Champollion affirme dans son ouvrage L'Égypte sous les Pharaons, publié en 1814, que ses ruines étaient visibles en aval de Bubaste. L'archéologue français rapporte également que le lieu de leur emplacement était appelé dans les environs « Tall-Faqous, la colline de Phakous, ou simplement Faqous »[3]. Cet emplacement correspondrait à la ville égyptienne moderne du même nom.

Une campagne de fouilles, menée en 1884 par l'égyptologue suisse Henri Édouard Naville sur place, a mis au jour les vestiges d'une ville antique sous ce village, dont plusieurs monuments du pharaon Nectanébo Ier et plusieurs naos[6].

Naville s'appuie sur une inscription hiéroglyphique retrouvée sur un sanctuaire au dieu Sopdou datant du pharaon Nectanébo II pour affirmer que la ville serait le chef-lieu du pays de Goshen, que la Bible désigne comme le lieu de résidence des Hébreux en Égypte. Phacusa, dont la deuxième syllabe, Kos, serait proche selon Naville de « Goshen » ou « Gessen », et étant de surcroît la capitale du 20e nome, correspondrait selon lui aux découvertes qu'il a effectuées sur place[7]. Il note également que la mention par Strabon du commencement à Phacusa du canal des pharaons joignant la mer Rouge au Nil exclurait la localisation de la ville à l'emplacement de l'actuelle ville de Faqous, mais plaiderait en faveur du village de Saft el-Henneh[1].

L'égyptologue britannique Alan Henderson Gardiner a cependant contesté la lecture du hiéroglyphe retrouvé par Naville, remettant ainsi en cause son approche toponymique[7]. L'égyptologue français Emmanuel de Rougé a aussi exprimé des réserves sur cette théorie[1],[5].

Histoire[modifier | modifier le code]

L'histoire de la ville durant l'antiquité reste méconnue du fait de sa localisation incertaine.

Ptolémée mentionne la ville comme étant la capitale du nome arabique, nom donné par les géographes gréco-latins au 20e nome[7]. Celle-ci était reliée aux autres grandes villes de la région, Bubaste, Tanis, Péluse, Mendès et Thmuis, par la même branche du delta du Nil, la branche dite « pélusiaque ». Celle-ci offrait une voie de communication sûre pour le commerce[8].

Strabon et Étienne de Byzance considèrent Phacusa selon l'état où elle se trouvait de leur temps et lui donnent seulement le nom de village. Cette distinction pourrait indiquer un certain déclin de son importance au cours de l'Antiquité[3]. À l'époque byzantine, Phacusa n'était plus qu'un bourg de second ordre, absent de la liste de Hiéroclès[5].

Une théorie présentée dans un mémoire publié par la Société royale et centrale d'agriculture en 1846 explique le déclin de la ville par celui de l'irrigation et par la disparition de la branche pélusiaque du Nil[8].

Phacusa demeurait toutefois suffisamment importante pour disposer d'un siège épiscopal durant l'ère chrétienne. Plusieurs listes coptes d'évêchés assimilent la ville d'Arabia, nouveau chef-lieu de la région, à Phacusa, ce qui indiquerait que les deux villes voisines ne formaient qu'un seul évêché dont le siège passa de l'un à l'autre[5].

Toponymie[modifier | modifier le code]

Nom égyptien[modifier | modifier le code]

Le nom de Phacusa (Phakos en égyptien) se décompose en deux syllabes courantes dans les noms de villes égyptiennes : Pha et Kōs[3].

L'égyptologue Henri Édouard Naville, pour qui le village de Saft el-Henneh est l'emplacement de Phacusa, s'appuie sur les fouilles conduites sur ce site pour affirmer que la ville portait deux noms à l'époque pharaonique : Pa-Sopt (du dieu Soped, vénéré dans le 20e nome) et Pa-Kes[5],[6].

Cette dernière syllabe renverrait au nom de la région de Goshen ou Gesem, que la Bible mentionne comme le lieu de résidence des Hébreux en Égypte, dont il affirme avoir lu le nom sur une inscription hiéroglyphique trouvée sur le site. Sur le modèle de la ville de Soukkot, chef lieu de la région de Soukkot, le nom de Phakusa renverrait à la région sur laquelle s'exerçait son autorité de capitale régionale[7].

Le nom du village moderne de Saft el-Henneh dériverait quant à lui de l'autre nom de la ville, Pa-Sopt. Cette transmission indiquerait cependant que les Coptes n'ont jamais donné le nom de Pa-Kes au site de Saft[5].

La théorie d'Henri Édouard Naville a été remise en cause par l'égyptologue Alan Henderson Gardiner qui a exprimé son désaccord sur la lecture du hiéroglyphe retrouvé sur le site[7]. De même, l'égyptologue Emmanuel de Rougé souligne que la ville de Faqous serait un site plus évident pour situer la ville dans une approche toponymique[1].

Nom grec[modifier | modifier le code]

Chez les géographes grecs, la ville de Phacusa a porté plusieurs orthographes[3] :

La dernière orthographe, qu'utilise aussi Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville dans son Mémoire sur l'Égypte ancienne et moderne, serait selon Champollion la plus conforme à l'orthographe égyptienne et au nom de Faqous[3].

L'Anonyme de Ravenne écrit quant à lui Phaguse[5].

Siège épiscopal[modifier | modifier le code]

Durant l'Antiquité[modifier | modifier le code]

Durant l'Antiquité tardive, Phacusa était un ancien siège épiscopal de la province romaine d'Augustamnique Prima dans le diocèse civil d'Égypte. Elle faisait partie du patriarcat d'Alexandrie et était suffragante de l'archidiocèse de Péluse.

Le seul évêque de cet ancien diocèse dont le nom nous est parvenu est Moïse. Son nom apparaît dans la liste, transmise par Athanase d'Alexandrie, des évêques que Mélèce de Lycopolis envoya à l'archevêque Alexandre d'Alexandrie à la suite du concile de Nicée en 325[9],[10].

Parmi les quarante-huit évêques égyptiens qu'Athanase d'Alexandrie a amenés avec lui au concile de Tyr en 335, il y a aussi celui de Moïse ; la liste, rapportée par Athanase lui-même, ne mentionne cependant pas le siège d'appartenance des évêques. Si l'évêque Moïse présent dans cette liste est le même évêque mélétien de 325, on peut conclure qu'entre les deux conciles, l'évêque de Facuse s'était réconcilié avec Athanase revenant à l'orthodoxie[11].

À la fin du IVe siècle, la pèlerine Egérie fit également une halte à Phacusa, dont le siège était occupé par un évêque moine[12]. Égerie ne mentionne cependant pas son nom dans son récit.

Siège titulaire de l'Église catholique[modifier | modifier le code]

Depuis 1885, Phacusa compte parmi les sièges titulaires de l'Église catholique[13].

Le titre d'évêque de Phacusa n'a pas été décerné depuis le décès en 1984 de son dernier titulaire, Mgr Francisco Xavier Elias Pedro Paulo Rey, ordinaire de Guajará-Mirim au Brésil[14].

Liste des évêques de Phacusa[modifier | modifier le code]

Évêques grecs[modifier | modifier le code]

  • Moïse : avant 325 - après 335  ?
  • Anonyme : fin du IVe siècle.

Évêques titulaires[modifier | modifier le code]

Début Fin Nat. Nom Fonction exercée
Drapeau de l'Empire ottoman Empire ottoman Mgr Carlo Giuseppe Testa Évêque auxiliaire de Constantinople
Drapeau des États-Unis États-Unis Mgr Caspar Henry Borgess Ancien évêque de Détroit
Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas Mgr Josephus Hubertus Drehmanns Évêque coadjuteur de Roermond
Drapeau de la France France Mgr Eugène-Marie-Joseph Allys Vicaire apostolique de Hué
Drapeau de Taïwan République de Chine Mgr Fabian Yu Teh Guen Vicaire apostolique de Leshan
Drapeau du Brésil Brésil Mgr Francisco Xavier Elias Pedro Paulo Rey Prélat de Guajará-Mirim

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Vicomte Emmanuel de Rougé, Géographie ancienne de la Basse-Égypte, Paris, J. Rothschild, (lire en ligne), p. 138
  2. Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville, Mémoires sur l'Égypte ancienne et moderne, Paris, Imprimerie royale, (lire en ligne), p. 107
  3. a b c d e f g et h Jean-François Champollion, L'Égypte sous les Pharaons, ou Recherches sur la géographie, la religion, la langue, les écritures et l'histoire de l'Égypte avant l'invasion de Cambyse. Tome 2, Paris, De Bure frères, , 437 p. (lire en ligne)
  4. Eusèbe de Salle, Pérégrinations en Orient, Paris, Pagnerre Editeur, (lire en ligne)
  5. a b c d e f et g Jean Maspero, Matériaux pour servir à la géographie de l'Égypte, Le Caire, Institut français d'archéologie orientale, (lire en ligne), p. 134–135
  6. a et b (en) Henri Édouard Naville, The shrine of Saft el Henneh and the land of Goshen (1885), London, (lire en ligne)
  7. a b c d et e (en) Lester L. Grabbe, The Hebrew Bible and History: Critical Readings, Londres, T&T Clark, , 592 p. (ISBN 978-0567672674, lire en ligne), p. 196
  8. a et b Rapport de M. le Vicompte Héricart de Thury sur l'ouvrage intitulé Recherches sur les arrosages chez les peuples anciens (2e et 3e partie) par M. Jaubert de Passa : Décadence des arrosages du Delta et provinces adjacentes, Paris, Librairie de Mme Veuve Bouchard-Huzard, (lire en ligne), p. 645
  9. Apologia contra Arianos, II, in Athanasius Werke, a cura di Hans Georg Opitz, vol. II, p. 150, no 24. Martin, Athanase d'Alexandrie et l'Église d'Égypte au IVe siècle, p. 52-53 (p. 53 no 24).
  10. (en) Klaas A. Worp, « A Checklist of Bishops in Byzantine Egypt », Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik,‎ , p. 283-318 (lire en ligne)
  11. Annick Martin, « Athanase d’Alexandrie et l’Église d’Égypte au IVe siècle (328-373) [monographie] », Publications de l'École Française de Rome,‎ (lire en ligne)
  12. (en) Hans Barnard et Kim Duistermaat, The History of the Peoples of the Eastern Desert, Los Angeles, The Cotsen Institute of Archaeology Press, , 520 p. (ISBN 978-1931745963, lire en ligne), p. 284
  13. (en) Simon Vailhé, Catholic Encyclopedia, Boston, D. Appleton & Company, (lire en ligne), p. 1913
  14. (en) « Phacusa (Titular See) », sur catholic-hierarchy.org (consulté le )

Articles connexes[modifier | modifier le code]