Pierre Mazel

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Pierre Mazel, né le à Anduze et mort le à Lyon est un médecin et résistant français.

Professeur de médecine légale et de médecine du travail, il crée, à Lyon, le premier Institut universitaire de médecine du travail français. Il siège à l'Organisation internationale du Travail, à l'Organisation mondiale de la Santé et est membre correspondant de l'Académie nationale de médecine.

Incarcéré à la prison Montluc pendant l'été 1944 et témoin d'exactions des allemands, il est, à sa libération, en tant qu'attaché au cabinet de Yves Farge, Commissaire régional de la république pour la Région Rhône-Alpes, chargé du Service de recherche des crimes de guerre ennemis et de la rédaction du Mémorial de l'oppression.

Biographie[modifier | modifier le code]

Médecin et professeur de médecine[modifier | modifier le code]

Pierre Mazel passe l'ensemble de sa carrière à Lyon ; il est, en 1908, interne des hôpitaux de cette ville[1] et en 1913, titulaire du doctorat de médecine[2].

Dès la première guerre mondiale, il pose le jalons de la médecine du travail à travers la co-écriture de deux textes fondateurs de cette discipline : La main-d’œuvre nationale après la guerre (Mazel et Leclercq), Le rôle du médecin dans l'industrie après la guerre (Mazel, Leclercq, Dujarric de la Rivière). Mazel et Leclercq développent que la pénurie de main-d’œuvre prévisible, après guerre, pourra être compensée par l'emploi de l'ensemble des forces masculines en y incluant les individus de moindre « valeur sociale » qu'ils soient « tarés, mutilés, accidentés », l'inspiration eugéniste est modérée : il ne s’agit pas d’éliminer les déficients, mais de mieux les utiliser[3]. Pendant sa campagne de mobilisation, il mène également des enquêtes sur les attaques par les gaz de combat[4] (lors des attaques par vagues chlorées en 1915 et avec le nouveau toxique hypérite en 1917)[1].

En 1930, Pierre Mazel crée, à Lyon, le premier Institut universitaire de médecine du travail français (IUMTL)[5]. Pendant le conflit 1939-1940, il est affecté au Ministère de l'armement en qualité d'inspecteur médico-social[4]. En 1942, le médecin constitue la Société de médecine et santé au travail de Lyon[6] dont il sera président[1].

Pierre Mazel est professeur de médecine légale à la Faculté de médecine de 1939 à 1945, de médecine légale et du travail de 1945 à 1946. Après avoir créé la chaire de médecine du travail, il en sera titulaire de 1946 à 1954[7],[8]. De 1951 à 1954, il est président de la Commission Internationale pour la médecine du travail[1]. Il siège à l'Organisation internationale du Travail, à l'Organisation mondiale de la Santé et est élu, en 1955, membre correspondant de l'Académie nationale de médecine, au sein de la division de médecine[7].

Incarcéré par l'occupant à la prison Montluc[modifier | modifier le code]

Pierre Mazel est arrêté par la Gestapo le lors d'une séance du Conseil de la Faculté de médecine de Lyon, vraisemblablement parce qu'en tant que médecin légiste il « avait trop vu et trop retenu »[4] ou pour avoir aidé la résistance[9], en dehors de tout groupement[1]. Incarcéré à la prison Montluc il y restera jusqu'à la libération de Lyon, le , échappant de peu à la tuerie de Saint Genis-Laval[9] et témoignera des sévices subis par ses camarades de captivité[4].

Mémorial de l'oppression[modifier | modifier le code]

À la suite des massacres de la gestapo au fort de Saint Genis-Laval et du départ de l'occupant, Yves Farge, Commissaire régional de la république pour la région Rhône-Alpes, charge, le [4], Pierre Mazel de diriger la Délégation régionale du service de recherche des crimes de guerre ennemis, parfois également appelée Mémorial de l’oppression[10] et de la rédaction du Mémorial de l'oppression. Pour ces fonctions, Pierre Mazel est attaché au cabinet du Commissaire de la république[1]. Les travaux du Mémorial, consistant en un inventaire rigoureux des forfaits de l'occupant, avaient vocation à faire l'objet d'une large diffusion[4]. Toutefois, bien que les enquêtes approfondies aient été conduites sur les départements de la région pour près de mille deux cents dossiers, seul le fascicule 1 (Lyon et département de l'Ain) sera finalement publié, en 1945[9].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Pierre Mazel est chevalier du Mérite social, officier de l'Instruction publique, titulaire de la Croix de guerre 1914-1918[1].

Chevalier de la Légion d'honneur par décret du , Pierre Mazel sera élevé à la dignité de Grand-officier de la Légion d'honneur le [1],[11].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Pierre Mazel est auteur ou préfacier de nombreux ouvrages, ne sont listés ici que quelques exemples significatifs pour la biographie[12].

Auteur[modifier | modifier le code]

Préfacier[modifier | modifier le code]

  • Atrocités nazies en France, (1944), préfacé par Yves Farge et Pierre Mazel[8]
  • À Montluc, prisonnier de la Gestapo: Souvenirs de Raymond Leculier, 25 novembre 1943-25 août 1944, (1944), réédition (2006)[16]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h « Base de données Léonore - Mazel Pierre Alphonse », culture.gouv.fr (consulté le )
  2. « Mazel, Pierre (1884-1965) », IdRef (consulté le )
  3. Philippe Davezies, La prise en charge de la santé au travail en France : Aperçu historique sur les fondements idéologiques de l'institution, (lire en ligne), p. 4
  4. a b c d e et f Conservé par IMT Nuremberg Archives H - Stacks are the Stanford - Préface de Monsieur Yves Farge Commissaire régional de la république in Pierre Mazel, Mémorial de l'oppression : Région Rhône-Alpes, vol. 1, Commissariat de la république - Région Rhône-Alpes, , 188 p. (lire en ligne), p. 3
  5. « Lyon dans l’histoire mondiale de la santé, de l’Antiquité à l’ère des bio-puces », Millénaire 3 : Le centre de Ressources Prospectives du Grand Lyon,‎ , p. 37 (lire en ligne)
  6. « Société de Médecine et Santé au Travail de Lyon- La Société- Historique », Société de Médecine et Santé au Travail de Lyon (consulté le )
  7. a et b Martine François, Bruno Delmas, Charles Gernez-Rieux, « Mazel Pierre », Comité des travaux historiques et scientifiques, 2012-2019 (consulté le )
  8. a et b « Charniers de l'aérodrome de Bron, 30 septembre 1944 », Bibliothèque municipale de Lyon (consulté le )
  9. a b et c Préface du Professeur René Guillet in Pierre Mazel, Mémorial de l'oppression : Région Rhône-Alpes, vol. 1, Commissariat de la république - Région Rhône-Alpes, , 2e éd., 269 p. (lire en ligne), p. 21
  10. Franck Tison, « Viols nazis en Drôme (1944) », Revue Hypermédia - Histoire de la justice des crimes et des peines,‎ (lire en ligne)
  11. Pierre Mazel, Mémorial de l'oppression : Région Rhône-Alpes, vol. 1, Commissariat de la république - Région Rhône-Alpes, , 2e éd., 269 p. (lire en ligne), p. 19
  12. Pour une liste plus exhaustive voir « Mazel, Pierre (1884-1965) », IdRef (consulté le )
  13. « Notice détaillée », Sudoc, (consulté le )
  14. « Notice détaillée », Sudoc, (consulté le )
  15. Pierre Mazel, Mémorial de l'oppression : Région Rhône-Alpes, vol. 1, Commissariat de la république - Région Rhône-Alpes, , 2e éd., 269 p. (lire en ligne), p. 21
  16. Raymond Léculier, À Montluc, prisonnier de la Gestapo : souvenirs de Raymond Léculier, 25 novembre 1943-25 août 1944, Lyon, BGA Permezel, , 1re éd., 104 p. (lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]