Prix Volta

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Le Prix Volta a été créé en 1852 par Napoléon III pour honorer le physicien italien Alessandro Volta, connu pour avoir développé la batterie électrique [1],[2]. Ce prix international attribuait 50 000 francs français [1],[2],[3] aux auteurs de grandes découvertes scientifiques liées à l'électricité. Le prix a été institué par le ministère de l'Instruction publique avec le financement personnel de l'empereur français[2], le comité de sélection étant généralement constitué de membres de l'Académie française des sciences[1].

Parmi les récipiendaires notables figurent Heinrich Ruhmkorff, qui a commercialisé la bobine d'induction, et Zénobe Gramme, inventeur de la dynamo Gramme et du premier moteur électrique utilisé dans l'industrie.

L'une de ses récompenses les plus remarquables a été décernée en 1880, lorsque Graham Bell a reçu la quatrième édition du Prix Volta pour l'invention du téléphone. Parmi les membres du comité de sélection figuraient Victor Hugo et Alexandre Dumas, fils[4]. Comme Bell avait alors acquis une certaine fortune, il a utilisé l'argent du prix pour créer des institutions aux États-Unis, dont la prestigieuse Volta Laboratory Association en 1880, précurseur des célèbres Bell Labs.

Le prix a été interrompu en 1888[3].

Origine[modifier | modifier le code]

Volta explique le principe de la « colonne électrique » à Napoléon en 1801.

Le prix Volta s'inspire de l'ancien Prix du galvanisme de l'Académie française des sciences créé par Napoléon Bonaparte en 1801[5],[3]. Un Grand Prix de 60 000 francs et une médaille de 30 000 francs à remettre pour des découvertes similaires à celles de Volta et Benjamin Franklin[5],[6]. Le Grand Prix n'a jamais trouvé de récipiendaire méritant[5].

Seuls quatre lauréats ont reçu une récompense secondaire de 30 000 francs du Prix du galvanisme :

De plus, le fondateur du prix Volta et prochain empereur des Français, Louis-Napoléon Bonaparte était lui-même très investi dans le développement de la science électrique. Il présente sa propre pile voltaïque à l'Académie française des sciences en 1843, composée d'un seul métal et de deux solutions acides[7].

Règles de nomination et prix[modifier | modifier le code]

Les règles du Prix Volta ont été édictées par Napoléon III à Paris, le 23 février 1852[1]. Le décret contient cinq articles :

  • Article 1 : Un prix de 50 000 francs français à attribuer aux nouvelles applications de la pile voltaïque dans les domaines de l'industrie et des sources de chaleur, de l'éclairage public, de la chimie, de la mécanique et/ou de la médecine[note 1].
  • Article 2 : Sont admis au concours les scientifiques et inventeurs de toutes nationalités[note 2].
  • Article 3 : Le prix est ouvert à la réclamation pendant cinq ans[note 3].
  • Article 4 : Un comité sera constitué pour analyser l'innovation de chacun des candidats et reconnaître si elle remplit les conditions nécessaires[note 4].
  • Article 5 : Les ministres de France sont chargés de l'exécution du présent décret[note 5].

Le prix de 50 000 francs représentait plus de cinq fois le salaire annuel d'un professeur de la Faculté de Paris à cette époque[2]. Parmi les membres du comité, Edmond Becquerel et Jean-Baptiste Dumas étaient connus comme reporters dans certaines éditions[1],[3].

Lauréats[modifier | modifier le code]

D'autres reconnaissances mineures ont également été décernées à Paul-Gustave Froment pour le moteur électrique, à Auguste Achard pour le frein électrique, à Gaétan Bonelli pour le métier à tisser électrique, à David Edward Hughes pour le télégraphe-imprimerie, à Giovanni Caselli pour le pantélégraphe, à Victor Serrin pour son système d'éclairage, à Léopold Oudry pour la galvanoplastie, à Duchenne de Boulogne pour les applications de l'électricité en médecine, à Gaston Planté pour le développement d'une batterie secondaire, et à Ernest Onimus pour ses recherches sur les courants électriques[1].

Voir également[modifier | modifier le code]

Remarques[modifier | modifier le code]

  1. Un prix de cinquante mille francs est institué en faveur de l'auteur de la découverte qui rendra la pile de Volta applicable avec économie : soit à l'industrie, comme source de chaleur ; soit à l'éclairage ; soit à la Chimie ; soit à la Mécanique ; soit à la Médecine pratique
  2. Les savants de toutes les nations sont admis à concourir
  3. Le concours demeurera ouvert pendant cinq ans.
  4. Il sera nommé une Commission chargée d'examiner la découverte de chacun des concurrents et de reconnaître si elle remplit les conditions requises
  5. Les ministres sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i et j Ernest Maindron, Les fondations de prix à l'Académie des sciences : les lauréats de l'Académie, 1714-1880, vol. 1, , 131–133 p. (lire en ligne)
  2. a b c d e et f John L. Davis. Artisans and savants: The Role of the Academy of Sciences in the Process of Electrical Innovation in France, 1850–1880, Annals of Science, Volume 55, Issue 3, July 1998, pg. 300.
  3. a b c et d Deprouw, « Un héritage des Bonaparte: Le Prix du galvanisme, 1802–1815, et le Prix Volta, 1852–1888. L'Etat et l'encouragement à la recherche sur l'électricité », École Nationale des Chartes, Paris,‎
  4. a et b « The Volta Prize for Electricity - Selected Innovation Prizes and Reward Programs », KEI Research Note, vol. 1,‎ , p. 16–17 (lire en ligne)
  5. a b c d e et f Ernest Maindron, Les fondations de prix à l'Académie des sciences : les lauréats de l'Académie, 1714-1880, vol. 1, , 69–70 p. (lire en ligne)
  6. Maurice Crosland, Science Under Control : the French Academy of Sciences 1795-1914., Cambridge, Cambridge University Press, , 23 p. (ISBN 978-0521413732, OCLC 301128230)
  7. (en) « Reviews: Traité de l'électricité et Magnetisme by Becquerel and Ed. Becquerel », The Medical Times and Gazette,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. a b et c Jules, « Rapport au Président de la République relatif au prix Volta », Bulletin Administratif de l'Instruction Publique, vol. 14, no 269,‎ , p. 474–475 (lire en ligne)
  9. « Electrical Notes », Nature, vol. 38, no 988,‎ , p. 555 (ISSN 0028-0836, DOI 10.1038/038555b0, Bibcode 1888Natur..38R.555.)