Quadrans

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Les quadrans (qui signifient littéralement « un quart ») ou teruncius (« trois unciae ») étaient une monnaie romaine de faible valeur d'un quart d'as, émise en bronze puis en cuivre.

Quadrans moulé sous la République romaine[modifier | modifier le code]

Quadrans moulé, vers 225-217 av. J.-C.

Dans la première moitié du IIIe siècle av. J.-C., les quadrans sont des sous-multiples de l'as romain, constitués de pièces en bronze moulées avec trois granulés représentant trois uncia comme marque de valeur[1]. Le type d'avers, après quelques variations précoces, a présenté la tête d'Hercule, alors que le revers présentait la proue d'une galère[2]. Des monnaies ayant la même valeur ont été émises dans d'autres villes d'Italie centrale, en utilisant un processus de distribution.

Quadrans frappé républicain[modifier | modifier le code]

Le quadrans républicain frappé garde sa marque de valeur sous la forme de trois globules[3].

Après , lorsque la monnaie en bronze a été réduite au standard semuncial, les quadrans sont devenus la pièce en production de la plus faible valeur. Les émissions locales de quadrans de bronze d'environ 1 gramme se poursuivent au Ier siècle av. J.-C. en Gaule narbonnaise, à Nîmes et Cavaillon, jusqu'à la réforme d'Auguste et au-delà[4].

Quadrans impérial[modifier | modifier le code]

La mise en place du système monétaire d'Auguste reprend le quadrans, comme menue monnaie de cuivre d'environ 3,1 grammes[5],[6]. Il n'apparaît que tard dans le système augustéen, pas avant 9 av. J.-C.[5] ou à partir de 7 av. J.-C.[7]. Ils sont produits en grandes quantités avec les as et les semis par les ateliers officiels de Lugdunum et de Rome, et sporadiquement par les ateliers itinérants des légions pour leurs besoins financiers courants[8] jusqu'à l'époque d'Antonin le Pieux. Ainsi Caesaraugusta en Espagne frappe la série sesterce, dupondius, semis et quadrans sous Auguste et Tibère[9].

Contrairement à d'autres pièces de monnaie datant de l'Empire romain, les quadrans portent rarement l'image de l'empereur. Les émissions locales en Gaule montrent au revers le taureau cornupète, reprise du motif des petits bronzes de MArseille[7].

Équivalent oriental[modifier | modifier le code]

Le mot grec pour les quadrans était κοδράντης (kodrantes), qui a été traduit dans la version de la Bible du Roi Jacques comme "farthing". Dans le Nouveau Testament, une pièce de monnaie égale à la moitié du chalcus attique valait donc environ 3/8 de quadrans. Dans l'évangile de Marc, quand une pauvre veuve a donné deux λεπτα (lepta) au Trésor du Temple, l'évangéliste a noté que cela représentait un seul quadrans[10].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Depeyrot 2006, p. 11.
  2. Depeyrot 2006, p. 14.
  3. Arnanud 1998, p. 63.
  4. Arnanud 1998, p. 64 et suiv..
  5. a et b Amandry 1997, p. 138.
  6. Depeyrot 2006, p. 33.
  7. a et b Arnanud 1998, p. 71.
  8. Depeyrot 2006, p. 36.
  9. Amandry 1997, p. 139.
  10. Marc, 12, 42

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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  • Michel Amandry, « Les colonies romaines ont-elles été le vecteur de l'introduction des dénominations romaines au pourtour de la Méditerranée ? », Topoi, vol. 7/1,‎ , p. 137-148 (lire en ligne).
  • Pascal Arnaud, « Sur la chronologie et la valeur des petits bronzes en Narbonnaise orientale dans la seconde moitié du Ier siècle av. J.-C. », Revue numismatique, 6e série, t. 153,‎ , p. 61-74 (lire en ligne).
  • Georges Depeyrot, La monnaie romaine : 211 av. J.-C. - 476 apr. J.-C., Paris, Éditions Errance, , 212 p. (ISBN 2-87772-330-5)