Répression financière

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La répression financière est l'encadrement et la réglementation du système financier d'un pays afin d'en restreindre les mouvements et diminuer sa volatilité. Elle passe par un contrôle des taux d'intérêt par l'État ou encore des normes obligeant le système bancaire à acheter des titres de dette publique.

Concept[modifier | modifier le code]

Bruno Théret définit la répression financière comme une « situation où les activités des banques commerciales et des institutions financières privées sont étroitement encadrées par la puissance publique ou le trésor public »[1]. Les pays riches et développés seraient passés d'une situation de répression financière à une situation de répression monétaire, qui serait caractérisée par l'interdiction de la monétisation de la dette publique par les banques centrales[1].

La répression financière est théorisée par McKinnon et Shaw en 1973, sur la base de travaux de Gurley et Shaw de 1956 et 1960. Elle se manifeste par des mesures de restriction et de régulation, de la part des pouvoirs publics, de l'activité financière. La fixation administrative des taux d'intérêt, le contrôle de changes, font partie de telles mesures[2].

La fin d'une période de répression financière est souvent marquée par la libéralisation des taux d'intérêt, dont la fixation est laissée aux marchés financiers[3].

Débats et critiques[modifier | modifier le code]

Roubini et Sala-i-Martin montrent, en 1995, les conséquences négatives de la répression financière. Ils montrent également que les pays en développement pratiquent cette répression[4].

Historique[modifier | modifier le code]

Reinhart et Sbrancia (2011) considèrent que la répression financière a été, historiquement, l'une des trois grandes méthodes de réduction de la dette publique, aux côtés du défaut de paiement et de la monétisation de la dette publique[5].

La répression financière a été particulièrement pratiquée par les pays riches durant les Trente Glorieuses. L'époque y était propice car les taux de change étaient à l'époque fixes[6].

Plus récemment, la politique macroprudentielle a été assimilée par Carmen Reinhart (2012) à une forme nouvelle de répression financière[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (de) Anne Isla, Histoire des faits et des idées économiques. Le pluralisme des idées, Editions Ellipses, (ISBN 978-2-340-05767-8, lire en ligne)
  2. Frédéric Kalala Tshimpaka, La restructuration de l'espace microfinancier du Kivu (Est R D Congo): Pistes d'une intermédiation efficace, Presses univ. de Louvain, (ISBN 978-2-87463-052-1, lire en ligne)
  3. Collectif, 40 ans de libéralisation financière, Association d'économie financière, (ISBN 978-2-37647-044-1, lire en ligne)
  4. Pascal de Lima, Economie bancaire et croissance économique: Cours, Dunod, (ISBN 978-2-10-058629-5, lire en ligne)
  5. M. Belen Sbrancia et International Monetary Fund. Research Department, The liquidation of government debt, International Monetary Fund, (ISBN 1-4843-6923-8 et 978-1-4843-6923-4, OCLC 900612937, lire en ligne)
  6. Carine Bouthevillain, Gilles Dufrénot, Philippe Frouté et Laurent Paul, Les politiques budgétaires dans la crise: Comprendre les enjeux actuels et les défis futurs, De Boeck Superieur, (ISBN 978-2-8041-7674-7, lire en ligne)
  7. (en) C. M. Reinhart, « The return of financial repression », Financial Stability Review, no 16,‎ , p. 37–48 (lire en ligne, consulté le )