Renaud Victor

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Renaud Victor
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 45 ans)
AvignonVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom de naissance
Marcel Louis Victor RenaudVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Conjoint
Monic Parelle (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Cyrill Renaud (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Renaud Victor, né le à Paris et mort le à Avignon[1], est un réalisateur, scénariste et acteur français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Marcel Louis Victor Renaud[2] (dit Renaud Victor, du nom de son grand-père maternel) naît à Paris le . Son demi-frère, Charles, est autiste[3]. Il est très jeune lorsque son père quitte le foyer familial[4].

Il fréquente beaucoup les salles obscures dans sa jeunesse, avant de partir vivre trois ans au Dahomey aux côtés de son père adoptif militaire[5]. Quoique ne se jugeant pas « cinéphile », il confie en 1984 avoir été particulièrement inspiré par trois films : Les Amants de la nuit de Nicholas Ray, Baby Doll, et La Fièvre dans le sang d'Elia Kazan[6].

De retour en France en 1961, alors qu'il a 15 ans, aucun établissement scolaire ne l'admet[5]. Il intègre une classe de fin d'études, débouchant sur un centre d'apprentissage[5]. Devenu plombier, puis pompiste[7], il suit à partir de 1969[8], en auditeur libre, des cours de sociologie, d'ethnologie et d'études cinématographies au centre universitaire de Vincennes, et est proche des milieux maoïstes[9].

Après avoir vu Le Moindre Geste, qui le laisse « impressionné et bouleversé », il entre en contact avec son réalisateur, Fernand Deligny[5]. Entre 1972 et 1975, il s'intéresse au lieu de vie de jeunes autistes sous la responsabilité de Deligny à Monoblet[6]. Il s'installe aussi près de Monoblet et loue avec une amie une maison où il accueille un enfant autiste[5] ; devenu « gardois d'adoption »[6], il s'installe longtemps dans ce département[10].

Devant à Deligny une « rupture radicale » avec son idée initiale du cinéma et « une certaine forme de société »[5], promouvant désormais un cinéma « du réel », il tire de l'initiative de celui-ci Ce gamin, là, film expérimental évoquant le cas de Janmari : il rencontre un succès d'estime[6]Jacques Siclier jugeant par exemple dans Le Monde qu'il « révèle l'essentiel » quant au mode de vie de ces jeunes autistes, avec un résultat « beau, émouvant, sensible »[7]. Aidé sur le plan de la production par François Truffaut, qui obtient des coupes claires et un changement de titre[9], il est formé par Richard Copans (qui devient un proche ami[8],[3]) à la maîtrise de la caméra.

En 1980, il donne avec Hé ! Tu m'entends ? une enquête (basée sur un ouvrage de Charly Boyadjian[8]) sur le milieu ouvrier à Grenoble qui convoque sa femme Monique Parelle[11] et leur fils Cyril[9], et qui, restant boudée par le public[6], suscite cette fois la sévérité de la critique[3]. Dans Le Meilleur de la vie (1985), qu'il juge « capital », il campe (pour la première fois avec des acteurs professionnels) l'histoire d'un couple amoureux mais miné par les « contingences extérieures »[6]. En dépit de sa « flamme », le tournage pâtit de conflits au sein de l'équipe et d'un budget faible[3]. C'est, selon Édouard Waintrop, un nouvel échec[8].

Il est ensuite directeur de production de plusieurs longs métrages, pour la société Les Films du passage fondée par Copans[8]. Il participe aussi au collectif Cinélutte, cofondé par le même[9]. En parallèle, il forme plusieurs projets d'adaptations avec Deligny, comme Rue de l'Oural (sur une expérience théâtrale durant les années 1950) ou Peau d'argile (dont l'intrigue se déroule à la Préhistoire). Vers 1989, il filme Fernand Deligny, à propos d'un film à faire, qui donne la parole à l'éducateur alors dans ses dernières années, à propos du rapport entre images et mots[3].

Avec l'aide d'un journaliste de Libération, il retrouve ensuite un détenu évadé, Jean-Yves Beck[3], avec lequel il sympathise et qu'il convainc de se rendre pour purger sa peine et pouvoir ensuite se réinsérer[8]. Il projette un documentaire inabouti, Un homme de trop[4]. Mais cela l'amène à fréquenter la prison des Baumettes, où il filme sa dernière réalisation, De jour comme de nuit (1991), qui traite de l'enfermement à travers un documentaire sur le monde carcéral[12]. En « immersion totale », il n'hésite pas à dormir dans une cellule, seul ou en compagnie de prisonniers[4].

Peu après avoir achevé de réaliser De jour comme de nuit[9], il se trouve « physiquement épuisé »[3]. Il meurt à Avignon le [13], âgé de 45 ans, des suites d'un cancer foudroyant déclaré trois mois auparavant[8]. Il ne peut adapter Yanoama, l'autobiographie d'Ettore Biocca, comme il le projetait[4].

Il repose au cimetière de Monoblet[9].

Postérité[modifier | modifier le code]

Un prix Renaud-Victor, doté par le CNC est remis lors du Festival international de cinéma documentaire[14].

Bernard Bastide et Jacques-Olivier Durand estiment qu'il

« laisse le souvenir d'un homme tourmenté, qui avait besoin d'être personnellement impliqué dans ses films et n'était vraiment heureux que quand il tournait[3]. »

Selon les mêmes, une constante parcourt son œuvre (hétérogène en apparence seulement) : la « fragilité de l'espèce humaine »[3].

Pour sa part, Anne Baudry, monteuse de De jour comme de nuit, voit dans « la question de l'enfermement — et de la liberté » une « problématique permanente » pour Renaud Victor[15]. Et d'ajouter qu'il n'a cessé de chercher à

« fuir la vie dans le cinéma, comme si la vie s'était réfugiée dans les films et que la seule vie qui en valait la peine était celle qu'on trouvait dans la projection d'images tremblotantes[16]. »

Filmographie[modifier | modifier le code]

Acteur[modifier | modifier le code]

Réalisateur[modifier | modifier le code]

Scénariste[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. [1], sur deces.matchid.io
  3. a b c d e f g h et i Bastide et Durand 1999.
  4. a b c et d Delorme 1992.
  5. a b c d e et f Grelier 1975.
  6. a b c d e et f Bastide 1984.
  7. a et b JACQUES SICLIER., « La " tentative Deligny " mise en cinéma », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  8. a b c d e f et g Waintrop 1991.
  9. a b c d e et f [2], sur cineclubdecaen.com
  10. Bastide et Durand 1999.
  11. [3], sur nouvelobs.com
  12. Joshka Schidlow, « La critique lors de la sortie en salle », Télérama,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. [4], sur cinema-francais.fr
  14. [5], sur fidmarseille.org
  15. Baudry et al. 2019, p. 12.
  16. Baudry et al. 2019, p. 15.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Grelier 1975] Robert Grelier (conducteur), « Entretien avec Renaud Victor », Image et Son, no 298,‎ .
  • « Ce gamin-là, un film de Renaud Victor », L'Avant-scène Cinéma, no 165,‎ , p. 56-58.
  • [Grant 1976] Jacques Grant (conducteur), « Renaud Victor : le rôle du cinéma n'est pas d'entériner la réalité... », Cinéma, no 206,‎ , p. 76-91 ; [Amiel 1976] Mireille Amiel, « Ce gamin, là », ibid., p. 157-159.
  • [Bastide 1984] Bernard Bastide, « Impressions de tournage : Le Meilleur de la vie, un film de Renaud Victor », Calades, no 49,‎ , p. 15-18 — comprend un entretien.
  • [Waintrop 1991] Édouard Waintrop, « Renaud Victor jusqu'au bout », Libération,‎ .
  • [Delorme 1992] Christine Delorme, « Renaud Victor, la prison de l'intérieur », Libération,‎ , p. 53-54.
  • [Bastide et Durand 1999] « Renaud, Victor », dans Bernard Bastide et Jacques-Olivier Durand, Dictionnaire du cinéma dans le Gard, Montpellier, Les Presses du Languedoc, (ISBN 2-85998-215-9), p. 268-271.
  • [Baudry et al. 2019] Anne Baudry, Bruno Muel, Jean-François Neplaz, Richard Copans, Caroline Caccavale et José Césarini, Renaud Victor présence proche, Marseille, Commune, coll. « Cinéma hors capital(e) » (no 7), , 123 p. (ISBN 979-10-91248-18-1) — contient un DVD avec Fernand Deligny, à propos d'un film à faire et De jour comme de nuit.

Liens externes[modifier | modifier le code]