Roland Colin

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Roland Colin, né le , est un anthropologue, économiste, écrivain et responsable associatif.

Anthropologue engagé dans l’action politique[modifier | modifier le code]

Roland Colin est né en 1928, en Bretagne. Il entre à l'École nationale de la France d'outre-mer en 1948, où il a Léopold-Sédar Senghor pour professeur. Diplômé de l'École des langues orientales, il est d'abord administrateur au Soudan français (actuel Mali), jusqu'en 1954, puis Chef de cabinet du Délégué pour la Circonscription de Dakar et du Cap Vert, au Sénégal, de à .

Le , il est nommé conseiller technique dans le cabinet de Mamadou Dia, président du Conseil de gouvernement du Sénégal issu de la Loi-cadre Defferre (adoptée le ) puis chef du gouvernement de la République du Sénégal en 1958. Il devient Directeur de cabinet le . Il garde ce poste quand Mamadou Dia devient Vice-président du Conseil de la Fédération du Mali devenue indépendante en juin (1960), puis quand il dirige à nouveau le gouvernement sénégalais qui s’est émancipé de la Fédération en . En 1961, il quitte la direction du Cabinet et est nommé Conseiller personnel du Chef du gouvernement. Roland Colin abandonne toute fonction officielle après la rupture de Mamadou Dia avec le président Léopold-Sédar Senghor et l’arrestation du premier, accusé de coup d’État, en décembre 1962[1].

Pour Roland Colin, « on a vu se poser simultanément la question de la liberté et du développement. L’indépendance était-elle l’outil essentiel du développement ou était-ce l’inverse ? ». Selon la géographe Karine Besses « Roland Colin est l’un des rares « blancs » ayant participé, du côté africain, au processus des indépendances[2]. »

Rentré en France, Roland Colin, après avoir soutenu une thèse de Doctorat d'État en socio-anthropologie, enseigne à l'École des hautes études en sciences sociales, puis aux Universités de Paris VIII (Saint-Denis) et de Paris III (Sorbonne nouvelle), et à la Fondation nationale des sciences politiques.

Dans ses œuvres, et notamment dans Sénégal, notre pirogue (2007), il insiste sur la nécessaire et difficile conciliation entre la démocratie participative et la démocratie représentative qui était, pour lui, l'objet essentiel du débat entre Léopold-Sédar Senghor et Mamadou Dia lors de la crise qui suivit les indépendances des anciennes colonies françaises d'Afrique. De son point de vue, la politique de « participation populaire » mise en place par Mamadou Dia exigeait une véritable « démocratie participative », fondée sur un travail d’information, de formation et d’éducation généralisée[3].

Dans La Toison d'or de la liberté (2018), il établit le bilan de son parcours, en évoquant notamment son dialogue personnel avec Senghor sur l'art africain et les expériences de participation qu'il a contribué à mettre en œuvre, dans la lignée de ses engagements fondateurs sénégalais, à Madagascar, au Niger, au Tchad, au Rwanda, en Guinée-Bissau.

Successeur de L.-J. Lebret[modifier | modifier le code]

De 1964 à 1974, il codirige l'Institut de recherches et d'applications des méthodes de développement (IRAM), fondé par l’Abbé Pierre.

À la mort de L.-J. Lebret, en 1966, Roland Colin devient Directeur de l'Institut international de recherche et de formation éducation et développement (IRFED), tandis que Vincent Cosmao est son adjoint. Il coopère en particulier avec l’universitaire brésilien Héron de Alencar.

L’institut s'organise en trois secteurs : recherche, formation et intervention. L’IRFED et le Centre L.-J. Lebret fusionnent en 2004 pour créer le « Centre International Développement et Civilisations - Lebret-IRFED ». Roland Colin devient président d’honneur de la nouvelle entité, présidée par Yves Berthelot.

Le , à l'initiative de Roland Colin, huit organisations non gouvernementales françaises créent le Centre de recherche et d’information pour le développement (CRID), dont l'IRAM, l'IRFED, le CCFD, la CIMADE, le Collège coopératif, Frères des Hommes et OICS Medicus Mundi[4].

En 1982, Roland Colin, à la demande de Jean-Pierre Cot, Ministre de la Coopération, fonde à Bordeaux le Centre international pour le développement social et la santé communautaire (CIDESSCO), placé sous la tutelle du Ministère de la Coopération, et dont il assure la Direction générale. Il quitte ces fonctions en 1986 et est nommé chargé de mission auprès de Jean-Marcel Jeanneney, Président de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), à la Fondation nationale des sciences politiques de Paris, tout en continuant d'assurer son enseignement universitaire. Il prend sa retraite en 1993, se consacrant alors à son travail d'écrivain. Il est Président d'honneur de la Société des Africanistes.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Agence de Presse Sénégalaise : Sénégal : Au cabinet de Dia, Jean Collin et Roland Colin se regardaient en chiens de faïence, Dakar, 20 août 2008
  2. Karine Besses : Roland Colin, Une histoire singulière des indépendances, in Altermondes, n°10, juin 2007
  3. Roland Colin : entretien avec Karine Besses, in Altermondes, n°10, juin 2007
  4. Jean-Marie Hatton : Note sur la structuration progressive des organisations de solidarité internationales (OSI) dans leur relation avec les pouvoirs publics, Coordination Sud, s. d. (2003)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Roland Colin : L'animation et le développement rural en Afrique noire francophone, CRC, 1966.
  • Roland Colin : L'animation du développement dans la république du Niger, Iram, Paris, 1967.
  • Roland Colin : Les méthodes et techniques de la participation au développement, Unesco, 1978.
  • Roland Colin : Systèmes d'éducation et mutations sociales. Le cas du Sénégal, 2 tomes, Honoré Champion, 1980, thèse de Doctorat d'État, Université de Paris V.
  • Roland Colin : Kènèdougou. Au crépuscule de l'Afrique coloniale : mémoires des années cinquante, suivi de Mémorial de Kélètigui Berté, Présence africaine, 2004, préface de Georges Balandier.
  • Roland Colin : Les Contes noirs de l'Ouest africain : Témoins majeurs d'un humanisme, Présence Africaine, 2005 (rééd.) ; préface de Léopold-Sédar Senghor, postface de Jean-Pierre Jacquemin.
  • Renée Colin-Noguès, Roland Colin et Moussa Sow : Sénoufo du Mali, Revue noire 2006.
  • Roland Colin : Sénégal notre pirogue, au soleil de la liberté, Présence africaine, 2007, préface d'Élikia Mbokolo.
- Prix Robert-Delavignette 2007 de l'Académie des sciences d'outre-mer.
  • Roland Colin : Mémoire de mon enfance bretonne, Éditions Ouest France, 2013.
  • Roland Colin : La Toison d'or de la liberté. En quête de la démocratie en terre d'Afrique et d'ailleurs. Récit, paroles et journal de route, préface de Souleymane Bachir Diagne, professeur à l'université Columbia de New York, Présence africaine, 2018.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]