Siphon de Lucelle

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Siphon de Lucelle
Entrée du Siphon de Lucelle
Localisation
Coordonnées
Pays
France
Département
Massif
Vallée
Vallée de la Lucelle
Localité voisine
Voie d'accès
D21bIII
Caractéristiques
Altitude de l'entrée
560 m
Longueur connue
75 m
Cours d'eau
présence d'une circulation d'eau pérenne
Localisation sur la carte du Haut-Rhin
voir sur la carte du Haut-Rhin
Localisation sur la carte de France
voir sur la carte de France

Le siphon de Lucelle – aussi appelé Drachenloch (« trou du dragon ») en alsacien – est une grotte située dans le département français du Haut-Rhin.

Localisation[modifier | modifier le code]

La grotte du Siphon de Lucelle se trouve sur le territoire de la commune de Lucelle, dans le Haut-Rhin.

Elle est située au nord de la route départementale D21bIII qui relie les communes de Lucelle et Kiffis[1].

Topographie[modifier | modifier le code]

La grotte est une exsurgence temporaire : en période de crue, il sort de la grotte un ruisseau qui va se jeter dans la Lucelle après un parcours d'environ 40 mètres[1]. En période sèche, le lit du ruisseau, formé de grosses pierres, est clairement visible.

L'entrée est étroite (largeur d'environ 70 cm) et basse (environ 30 cm) ; elle se continue par une galerie plus large mais aussi basse, où la progression doit se faire « à quatre pattes »[2]. Le sol, lissé par l'érosion, est couvert de dépôt argileux déposés par les crues. Plus loin, la galerie s'élargit et s'incurve vers la droite jusqu'à un plan d'eau long de 2 à 3 mètres que l'on atteint au bout d'une douzaine de mètres[2]. Ce plan d'eau est le premier siphon qui, à la suite des travaux du Groupe Spéléologique Alsacien, est fréquemment désamorcé[3].

Après le siphon, on accède à une portion de galerie aux dimensions plus importantes (maximum 4 mètres de haut, pour 1 à 2 mètres de large) [2]. Cette galerie constitue la galerie principale de la grotte : elle porte le nom de « galerie Georges Kuster ».

Huit mètres après le premier siphon, la galerie devient plus étroite et est occupée par deux profonds bassins, longs chacun de cinq mètres, séparés par une courte voûte mouillante; au-delà des bassins, la galerie reprend ses grandes dimensions et se prolonge sur une dizaine de mètres. Au milieu de cette troisième section de galerie, à droite depuis l'entrée, le deuxième siphon barre l'entrée d'une deuxième galerie, nommée « galerie des Shadoks », qui se développe perpendiculairement à la galerie Georges Kuster. La galerie des Shadoks est longue d'environ 11 mètres ; à son extrémité, elle s'ouvre à gauche sur une deuxième galerie perpendiculaire, plus courte et presque entièrement occupée par le troisième siphon. À la sortie du troisième siphon, l'exploration bute sur un éboulis de blocs calcifiés, terminus de la grotte[4].

Géologie[modifier | modifier le code]

La grotte est creusée dans les calcaires du Séquanien supérieur[5].

La galerie principale est creusée aux dépens d'une diaclase orientée approximativement dans la direction sud-est/nord-ouest ; la fissuration du calcaire explique la disposition des galeries, dont certaines (galerie Georges Kuster, galerie des Shadoks) se croisent presque à angle droit[4].

Historique des explorations[modifier | modifier le code]

  • En 1936, l'abbé Glory explore la grotte. Il est arrêté par un plan d'eau : le premier siphon[2].
  • En 1954 et 1957, le Groupe spéléologique alsacien tente de franchir l'obstacle, d'abord par pompage de l'eau, puis par plongée en apnée. Ces tentatives échouent[2].
  • Le , deux hommes-grenouilles de la Fédération française de sauvetage et de secourisme plongent dans le siphon, le traversent et prennent pied dans une galerie sèche de l'autre côté[2].
  • Le , A. Burgunder et Georges Kuster, équipés d'un matériel rudimentaire (masques de plongée fabriqués à partir de masques à gaz, combinaisons rembourrées avec des lainages et serrées par des élastiques[6]), franchissent le siphon et dressent une première topographie de la grotte.
  • De 1966 à 1976, la voûte du premier siphon est démantelée par des tirs d'explosifs, afin de faciliter le passage en diminuant la profondeur du siphon[2].
  • Le , Jean-François Brouillard, Vincent Froehly et François Baur découvrent que le deuxième siphon s'est désamorcé à la suite de la forte sécheresse. Ils parcourent une nouvelle galerie jusqu'au troisième siphon. La galerie entre le deuxième et le troisième siphon sera plus tard appelée « galerie des Shadoks » en référence aux pompages entrepris pour vider les siphons qui barrent ses extrémités[4].
  • En 1984 et 1985, le Groupe spéléologique d'Alsace mène de nouveaux travaux de démantèlement de la voûte du premier siphon : la hauteur au-dessus de l'eau à l'étiage passe de 20 cm à un mètre[4].
  • Le , le troisième siphon est vidé par pompage. Au-delà, les spéléologues s'arrêtent au bout de quelques mètres sur un éboulis de blocs calcifiés, terminus actuel de la grotte[3].

Galerie d'images[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Géoportail », sur geoportail.gouv.fr (consulté le )
  2. a b c d e f et g « Grotte du Siphon de Lucelle », Sous Terre n°19,‎ 1972-1977
  3. a et b François Baur, « Sous terre en Alsace : le Drachenloch ou Siphon de Lucelle », Sous Terre n°23,‎
  4. a b c et d Jean-François Brouillard, « Topographie du Dranchenloch ou Siphon de Lucelle », Sous Terre n°23,‎
  5. D. Kuster, « Topographie du Siphon de Lucelle (Drachenloch) », Sous Terre n°19,‎ 1972-1977
  6. Georges Kuster, « Petite histoire de la spéléologie locale ou...techniques GSCA : Toujours le Siphon de Lucelle », Sous Terre n°10,‎