Sociologie analytique

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La sociologie analytique est un courant de sociologie quantitative né dans les années 1990 et promouvant la volonté d'expliquer des phénomènes sociaux par des mécanismes microsociaux, c'est-à-dire à des principes causaux à l'échelle individuelle. Les principales figures de ce courant sont Peter Bearman, Peter Hedström, Michael Macy ou encore Gianluca Manzo, qui s'inspirent eux-mêmes des travaux, notamment, de James Coleman, Jon Elster, Robert Merton, Thomas Schelling et Raymond Boudon.

Principes[modifier | modifier le code]

La sociologie analytique émerge en réaction à deux limites de l'analyse sociologique : la dépendance aux approches centrées sur des variables, qui induit un écart entre la réalité sociale et le matériau empirique ; et l'utilisation exclusive de phénomènes macrosociaux pour expliquer d'autres phénomènes macrosociaux. La sociologie analytique se donne ainsi pour but d'expliquer les phénomènes sociaux par des mécanismes sociaux à l'échelle individuelle et par l'utilisation de modèles computationnels[1],[2]. Elle est en cela très proche de la sociologie mathématique des années 1950 et 1960[3]. Dans le manifeste de la sociologie analytique, Handbook of Analytical Sociology, Peter Bearmen et Peter Hedström établissent les cinq étapes du raisonnement sociologique analytique[4] : «

  1. Nous commençons par clairement délimiter un fait social qu'il s'agit d'expliquer
  2. Nous formulons différentes hypothèses à partir de mécanismes à l'échelle individuelle
  3. Nous traduisons les hypothèses théoriques en modèles computationnels
  4. Nous simulons les modèles pour comprendre quel type de faits sociaux est issue des mécanismes à l'échelle individuelle
  5. Nous comparons les faits sociaux générés par chaque modèle avec les valeurs effectivement observées. »

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Gianluca Manzo, « Analytical Sociology and Its Critics* », European Journal of Sociology / Archives Européennes de Sociologie, vol. 51, no 1,‎ , p. 129–170 (ISSN 1474-0583 et 0003-9756, DOI 10.1017/S0003975610000056, lire en ligne, consulté le )
  2. Gianluca Manzo, « Variables, mécanismes et simulations : une synthèse des trois méthodes est-elle possible ? », Revue française de sociologie, vol. 46, no 1,‎ , p. 37 (ISSN 0035-2969 et 1958-5691, DOI 10.3917/rfs.461.0037, lire en ligne, consulté le )
  3. Nicolas Berger, « Sociologie analytique, mécanismes et causalité : histoire d'une relation complexe », L'Année sociologique, vol. 60, no 2,‎ , p. 419 (ISSN 0066-2399 et 1969-6760, DOI 10.3917/anso.102.0419, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) The Oxford Handbook of Analytical Sociology, Oxford University Press, , 772 p. (ISBN 978-0-19-185173-5, DOI 10.1093/oxfordhb/9780199215362.001.0001/oxfordhb-9780199215362, lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • P. Hedström and P. Bearman (Eds.) The Oxford Handbook of Analytical Sociology. Oxford: Oxford University Press, 2009.
  • P. Hedström Dissecting the Social: On the Principles of Analytical Sociology. Cambridge University Press, 2005.
  • P. Hedström and R. Swedberg (Eds.) Social Mechanisms: An Analytical Approach to Social Theory. Cambridge: Cambridge University Press, 1998.
  • P. Hedström and P. Ylikoski. 2010. "Causal Mechanisms in the Social Sciences". Annual Review of Sociology 36: 49–67.
  • León-Medina, F.J., 2017. Analytical Sociology and Agent-Based Modeling: Is Generative Sufficiency Sufficient?. Sociological Theory, 35(3), pp.157-178.
  • G. Manzo "Analytical Sociology and Its Critics". European Journal of Sociology (Archives Européennes de Sociologie), 2010, 51(1): 129‐170.
  • T. Kron and T. Grund (Eds.) Die Analytische Soziologie in der Diskussion. Wiesbaden: VS Verlag, 2010.
  • P. Y.-z. Wan "Analytical Sociology: A Bungean Appreciation." Science & Education, 2011, Online First Version. DOI 10.1007/s11191-011-9427-3.

Lien externe[modifier | modifier le code]