Sylvie Laurent

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Sylvie Laurent
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Pierre-Yves Pétillon (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Sylvie Laurent, née Bocquaire-Bouche le 18 août 1974, est une historienne et américaniste française, maître de conférences à Sciences-Po et chercheur associé à l'université Harvard. Ses publications portent principalement sur les questions sociales et raciales aux États-Unis.

Biographie[modifier | modifier le code]

Parcours universitaire[modifier | modifier le code]

Sylvie Laurent est agrégée d'histoire (1998)[1], titulaire d'une maîtrise de lettres modernes (2002) et d'un DEA d'études anglophones (2003) à l'université Paris-IV Sorbonne.

En 2004, elle est diplômée du cycle supérieur d'études américaines de l'Institut d'études politiques de Paris[2].

Sa thèse de littérature américaine, soutenue en 2007 à l'université Paris IV sous la direction de Pierre-Yves Pétillon, s'intitule "Du pauvre blanc au «poor white trash» dans le roman américain et son arrière-plan depuis 1920"[3].

Carrière professionnelle[modifier | modifier le code]

Elle a enseigné cinq ans dans un lycée de zone urbaine sensible dans l’Oise[4].

Elle est maîtresse de conférences à Sciences-Po[5], où elle enseigne l’histoire politique et littéraire des Africains-Américains, et chercheuse associée à Harvard et invitée à Stanford[6],[7].

Elle a présenté des chroniques sur la société américaine dans l'émission 28 minutes sur Arte, participé à des émissions culturelles à la radio France Culture[8], et a publié des articles dans le journal Le Monde. Elle est présentée par les médias comme étant « historienne » et « américaniste »[9],[10],[11],[12].

Analyses politiques[modifier | modifier le code]

Élection de Bill Clinton[modifier | modifier le code]

Contrairement aux médias dominants américains, Sylvie Laurent considère que Bill Clinton est un symbole d'une alliance entre néolibéralisme et néoracisme[note 1]. En effet, selon elle, si Bill Clinton a effectivement fait des discours antiracistes, il a aussi mis en place des réformes sociales et soutenu la peine de mort pendant la campagne de l'élection présidentielle. Sous sa présidence, les incarcérations des Noirs américains s'envolent, tandis que les dépenses publiques diminuent de 22 % à 18 % du PIB[13].

Travaux[modifier | modifier le code]

Sylvie Laurent est l'auteur de plusieurs essais, traitant notamment de divers aspects des évolutions sociales et politiques aux États-Unis depuis 1945.

En 2011, dans Poor white trash, la pauvreté odieuse du Blanc américain, elle ausculte la peur du déclassement d'une Amérique blanche, représentée par la figure littéraire du « white trash » et accrochée à des privilèges fondés sur un ordre racial contesté par des revendications de justice sociale portées par divers mouvements sociaux[14]. En 2013, avec le journaliste Thierry Leclère, elle publie un essai sur la blanchité : De quelle couleur sont les Blancs ?. L'ouvrage, composé de contributions de spécialistes de diverses disciplines (histoire, sociologie, anthropologie, littérature, etc.), confronte le républicanisme à la française à un impensé de sa représentation de l'universel : la blancheur comme facteur déterminant de la condition sociale. Il expose en particulier la construction historique de l'équivalence entre être blanc et être français[15].

Son Martin Luther King, sous-titré Une biographie intellectuelle et politique et paru en 2015, dresse un portrait contrasté du prix Nobel de la paix. L'icône mondialement connue de la non-violence se double d'un révolutionnaire. Le cheminement intellectuel de Martin Luther King et son observation d'un système politique jugé corrompu le conduisent à considérer que, plus que des réformes, des changements socio-économiques et politiques radicaux sont nécessaires pour parvenir à l'idéal d'une société véritablement égalitaire. Dans ce livre, elle étudie également la crainte de certains Blancs d'être dépossédés de leurs privilèges raciaux[16],[14],[17].

En 2016, son livre la La Couleur du marché est sous-titré Racisme et néolibéralisme aux États-Unis : elle y estime que le néolibéralisme met en place un système structurellement raciste, alors que les préjugés racistes et la discrimination visant des individus s'affaiblit. Données socio-économiques à l'appui, Sylvie Laurent démontre l'accentuation des inégalités économiques et la permanence d'une structuration raciale de la société américaine, entretenues par l'idéologie néolibérale dominante. Celle-ci promeut l'illusion d'un accès égalitaire au pouvoir politique et à toutes les opportunités économiques. Mais les populations noires sont défavorisées par le désengagement de l'état et la diminution des ressources sociales découlant d'une baisse de la fiscalité. Et les minorités, qui représentent 40% de la population américaine, n'ont que 6% des élus[13],[18],[14].

Dans Pauvre Petit Blanc : le mythe de la dépossession raciale, publié en 2020, Sylvie Laurent approfondit son exploration des angoisses socio-économiques des classes populaires américaines blanches, entamée, depuis 2009, avec sa thèse sur le personnage littéraire du « pauvre blanc »[19]. Dans sa critique, le magazine Marianne lui reproche de ne pas tenir compte des travaux de Thomas Frank, David Goodhart ou Christophe Guilluy, et de compiler dans son livre « presque tous les concepts les plus creux de la sociologie contemporaine », notamment en assimilant à du racisme la crainte d’être mis en minorité culturelle par les flux migratoires[12]. A contrario, le journal Le Monde diplomatique et Radio France internationale soulignent que, en historienne, Sylvie Laurent met en lumière les origines, les évolutions discursives et la permanence de ce qu'elle démontre être un mythe, celui d'un processus en cours ou d'une menace à venir : le déclassement des Blancs américains au profit des minorités et des immigrants. La fabrication du « pauvre petit Blanc » est celle d'un stéréotype instrumentalisé à des fins politiques : le maintien d'un ordre établi[20],[21].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Homérique Amérique, Seuil, 2008
  • Poor white trash, la pauvreté odieuse du Blanc américain, Paris, Presses Université Paris-Sorbonne, 2011
  • Martin Luther King. Une biographie intellectuelle et politique, Paris, Seuil, 2015
  • La Couleur du marché. Racisme et néolibéralisme aux États-Unis, Paris, Seuil, 2016
  • Pauvre Petit Blanc. Le mythe de la dépossession raciale, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, 2020
  • Capital et Race. Histoire d'une hydre moderne, Paris, Seuil, 2024, 560 p., (ISBN 978-2-02-149888-2)

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le sociologue américain Eduardo Bonilla-Silva (en) parle de « racisme sans racistes », le racisme existant toujours alors même que les préjugés raciaux sont en perte de vitesse. Pierre Guerlain écrit : le « problème du racisme [...] n’est plus tant affaire de préjugés personnels que de forces économiques et historiques ».

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Biographie de Sylvie Laurent », sur franceinter.fr
  2. « Sciences Po Alumni », sur Sciences Po Alumni (consulté le )
  3. Sylvie Laurent, Du pauvre blanc au «poor white trash» dans le roman américain et son arrière-plan depuis 1920, Université Paris 4, (lire en ligne)
  4. « Sylvie Laurent - La Vie des idées », sur www.laviedesidees.fr (consulté le ).
  5. « Sylvie Laurent - Sciences Po Département d'histoire », sur www.sciencespo.fr (consulté le ).
  6. « Site personnel de Sylvie Laurent »
  7. « Stanford Center for the Study of Poverty and Inequality - Bio Page », sur web.stanford.edu (consulté le ).
  8. « Sylvie Laurent : biographie, actualités et émissions France Culture », sur France Culture (consulté le ).
  9. « Sylvie Laurent, historienne: "On a trop voulu croire que Donald Trump était un accident de l'Histoire" », sur www.franceinter.fr, (consulté le )
  10. « Sylvie Laurent : face à Trump, « un nouvel âge de la dissidence » », sur Le Monde.fr (consulté le ).
  11. Sonya Faure et Catherine Calvet, « Sylvie Laurent : «Le pauvre petit Blanc américain est un fantasme qui sert un projet politique» », sur Libération.fr, (consulté le )
  12. a et b Laurent Ottavi, « Quand Sylvie Laurent utilise la sociologie pour nier l'existence de Blancs pauvres aux États-Unis (et en France) », sur www.marianne.net, (consulté le )
  13. a et b « Notes de Lecture, Sylvie Laurent, La Couleur du marché » [PDF], sur Recherches internationales no 107, (consulté le ).
  14. a b et c Marion Lary, Caroline Izambert, Quentin Ravelli et Sylvie Laurent, « La couleur de l'argent », Vacarme, no 78,‎ , p. 88-101 (lire en ligne, consulté le ).
  15. Céline Mouzon, « De quelle couleur sont les blancs ? », extrait du no 254, Sciences Humaines, (consulté le ).
  16. Marianne Dautrey, « Martin Luther King contre sa légende », Le Monde, (consulté le ).
  17. Xavier Mauduit et Sylvie Laurent, « Les interminables combats pour l'égalité aux États-Unis : Épisode 1 : Les pans oubliés de l'héritage de Martin Luther King », émission radiophonique Le Cours de l'histoire, sur France Culture, (consulté le ).
  18. Florian Laporte, « La couleur du marché », extrait du no 287, Sciences Humaines, (consulté le ).
  19. Sonya Faure, Catherine Calvet et Sylvie Laurent, « Sylvie Laurent : «Le pauvre petit Blanc américain est un fantasme qui sert un projet politique» », Libération, (consulté le ).
  20. Charlotte Recoquillon, « Pauvre petit blanc. Le mythe de la dépossession raciale », sur Le Monde diplomatique, (consulté le ).
  21. Sylvie Noël, « Livre international - «Pauvre petit Blanc. Le mythe de la dépossession raciale», de Sylvie Laurent », RFI, (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]