Symphonie Monoton-Silence

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La Symphonie Monoton-Silence est une œuvre musicale de l'artiste français Yves Klein. Elle est composée de deux parties: d'abord une séquence continue d'un seul accord, un majeur répété pendant une durée de vingt minutes, puis un silence absolu de même durée[1].

Historique[modifier | modifier le code]

Yves Klein déclare avoir eu l'idée de l’œuvre en 1947 ou 1949. La première représentation publique a lieu en sa présence le dans le grand salon de la Galerie Internationale d'Art Contemporain de Maurice d'Arquian à Paris, devant un parterre d'une centaine d'invités[2]. La partie musicale est accompagnée à cette occasion d'une prestation scénique avec trois modèles nues, qui s'enduisent le corps de « bleu de Klein », et s'impriment sur du papier, comme des pinceaux vivants.

La compositrice Eliane Radigue, amie d'Yves Klein et alors mariée à Arman, a raconté comment Klein, de nuit sur une plage de Nice en 1954 et peu après sa découverte des lettristes, s'était mis à improviser en glossolalie en compagnie d'un groupe d'amis. Tout le groupe s'y était finalement mis et l'idée leur serait venu d'effectuer un son continu. Radigue, seule musicienne du groupe, aurait naturellement pris le soin d'accorder les voix ensemble. Yves Klein aurait, quelques années plus tard, demandé à Radigue de lui écrire cette Symphonie Monoton-Silence, mais Radigue avait refusé, "pour de nombreuses raisons", puis redirigé Klein vers le compositeur Louis Saguer, à qui Klein confie finalement la mise en œuvre de la symphonie[3].

Représentations[modifier | modifier le code]

La symphonie a ensuite été déclinée en des versions de durée variable, mais toujours sur le même principe. Programmée dans le cadre du Festival Manca 2005 à Nice, sous la direction de Philippe Arrii Blachette, elle est proposée sous une version raccourcie, de 15 minutes du ton continu, suivi de 5 minutes de silence avec les musiciens et le chef en position de jeu[4].

Du au , elle est jouée à l'église Saint-Merri à Paris[5].

Le New York Times rapporte la représentation de l’œuvre à Manhattan en . Outre la critique du point de vue artistique de l’œuvre, bien plus difficile à réaliser qu'on ne l'imagine, il revient aussi sur le travail de l'orchestre: pour la première partie de la symphonie, les chanteurs et musiciens (10 violoncellistes, 10 violonistes, 3 bassistes, 3 flûtistes, 3 hautboïstes et 3 cornistes) doivent produire l'accord sans vibrato ou variation, respirer et s'incliner de manière à créer un son sans interruption audible[6].

En novembre 2014, dans le cadre du festival Rainy Days, la symphonie est jouée à la Philharmonie de Luxembourg, sous la direction de Roland Dahinden, par le chœur INECC et les musiciens du Conservatoire de la Ville de Luxembourg, avec une mise en lumière par l'artiste Éric Michel[7].

Le , la symphonie est jouée devant plus de mille personnes à la Grace Cathedral de San Francisco, sous la direction de Petr Kotik (en)[8],[9].

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

Dans le roman Origine de Dan Brown, l’œuvre est décrite au professeur Robert Langdon lors de sa visite du musée Guggenheim de Bilbao[10],[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. L'Esthétique musicale de Terry Riley, Steve Reich et Philip Glass, éd. Presses Sorbonne Nouvelle, 2010, (ISBN 2878544943), page 31.
  2. Première représentation de la symphonie Monoton-Silence à Paris en 1960, sur www.yvesklein.com, consulté le 13/07/2018.
  3. Au-delà du son avec Eliane Radigue, entretien avec Guillaume Kosmicki, France Culture, 30 septembre 2017
  4. Représentation de la symphonie à Nice en 2005, sur le site du Centre international de création musicale, consulté le 13/07/2018.
  5. Représentation de la symphonie à Paris en 2006 et 2007, sur le site du centre Georges Pompidou, consulté le 13/07/2018.
  6. (en) « Yves Klein's Monotone-Silence Symphony Comes to Manhattan », The New York Times, paru le 17/09/2013, consulté le 13/07/2018.
  7. Vincent Laganier, « Bleu Klein pour la Philharmonie Luxembourg », sur Light ZOOM Lumière - Portail de la Lumière et de l'Éclairage, (consulté le )
  8. (en) « Yves Klein’s Monotone-Silence Symphony Makes Noise », sur le site de la Grace Cathedral, paru le 18/01/2017, consulté le 15/03/2019.
  9. [vidéo] Disponible sur YouTube
  10. La Symphonie décrite dans le roman Origine de Dan Brown, éd. JC Lattès, 2017, (ISBN 978-2709659802), page 55.
  11. (en) « The Keys to Dan Brown's Origin » sur sites.middlebury.edu (Middlebury College), consulté le 07/09/2018.

Liens externes[modifier | modifier le code]

La partition de la Symphonie Monoton-Silence sur le site officiel www.yvesklein.com, consulté le 13/07/2018.