Théorie unifiée de la croissance

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La théorie unifiée de la croissance est une théorie de la croissance économique qui explique la croissance par l'augmentation du capital humain. Elle est parfois considérée comme une théorie de la croissance endogène. Créé par Oded Galor en 2011, et fait partie des plus récentes tentatives d'explication endogène de la croissance.

Histoire[modifier | modifier le code]

La théorie unifiée de la croissance est proposée par Oded Galor en 2005, sur la base de plusieurs travaux antérieurs rédigés par plusieurs économistes[1]. Il cherche à synthétiser les théories de la croissance en se basant sur des données empiriques. Galor conçoit la croissance économique par étapes successives, à l'instar de Walt Whitman Rostow ou encore Angus Maddison[2]. Si la théorie peut être qualifiée d'endogène, car la croissance de long terme est explicable par les variables du système économique, cette théorie vise à dépasser le cadre des théories de la croissance endogène[3].

Théorie[modifier | modifier le code]

La théorie de la croissance unifiée se base sur une analyse de l'évolution du capital humain, c'est-à-dire de l'enrichissement radical du facteur travail, autour de la Révolution industrielle[2]. En tant qu'elle s'intéresse à l'histoire longue, aux grands mouvements pluriséculaires, la théorie unifiée de l'histoire est une forme de macrohistoire.

La théorie dispose que, dans les premières phases du développement économique, les économies sont restées bloquées dans une trappe malthusienne. Avant la Révolution industrielle, en effet, la croissance démographique était plus élevée que la croissance de la richesse, ce qui avait pour conséquence une stagnation de la richesse par tête. La phase post-malthusienne a lieu lorsque la révolution et l'urbanisation se conjuguent ; les entreprises souhaitent recruter plus de travailleurs qualifiés, ce qui incite les écoles à former de manière plus approfondie leurs étudiants. Cela augmente la formation de capital humain, et stimule par la suite le progrès technique[2].

Vérification empirique[modifier | modifier le code]

La théorie unifiée de la croissance a fait l'objet de vérifications empiriques qui ont, en grande partie, confirmé plusieurs de ses intuitions et affirmations. Ainsi, la croissance du progrès technologique à l'ère pré-industrielle a bien eu un effet stimulant sur la démographie, mais pas sur le revenu[4]. Aussi, l'effet positif du progrès technologique sur la formation de capital humain est prouvé dans le cas de l'Angleterre et de la France[5]. L'effet de l'augmentation de la demande en capital humain sur le déclin de la fertilité a été prouvé dans les cas de l'Angleterre, de la France, de la Chine, de l'Irlande et de la Prusse[6]. La théorie a aussi fait l'objet de vérifications qualitatives[7].

Débats et critiques[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Bouamrane Meriem, Antona Martine, Cormier-Salem Marie-Christine et Robert Barbault, Rendre possible: Jacques Weber, itinéraire d’un économiste passe-frontières, Quae, (ISBN 978-2-7592-1975-9, lire en ligne)
  2. a b et c Jean-Marie Le Page et Jean-Didier Lecaillon, Économie politique contemporaine, De Boeck Supérieur, (ISBN 978-2-8073-2345-2, lire en ligne)
  3. Collectif, L’Histoire économique en mouvement: entre héritages et renouvellements, Presses Universitaires du Septentrion, (ISBN 978-2-7574-2168-0, lire en ligne)
  4. Quamrul Ashraf et Oded Galor, « Dynamics and Stagnation in the Malthusian Epoch », American Economic Review, vol. 101, no 5,‎ , p. 2003–2041 (PMID 25506082, PMCID 4262154, DOI 10.1257/aer.101.5.2003)
  5. Raphaël Franck et Oded Galor, « Technology-Skill Complementarity in the Early Phase of Industrialization », IZA Discussion Papers 9758 - Institute for the Study of Labor (IZA),‎ Alexandra de Pleijt, Alessandro Nuvolari et Jacob Weisdorf, « Human Capital Formation during the First Industrial Revolution: Evidence from the Use of Steam Engines », CEPR Discussion Papers 12987,‎
  6. Sascha Becker, Francesco Cinnirella et Ludger Woessmann, « The trade-off between fertility and education: evidence from before the demographic transition », Journal of Economic Growth, vol. 15, no 3,‎ , p. 177–204 (DOI 10.1007/s10887-010-9054-x, hdl 1893/1598 Accès libre, S2CID 16014490, lire en ligne)Tommy Murphy, « Old habits die hard (sometimes) », Journal of Economic Growth, vol. 20, no 2,‎ , p. 177–222 (DOI 10.1007/s10887-015-9111-6, S2CID 154506639)Alan Fernihough, « Human capital and the quantity–quality trade-off during the demographic transition », Journal of Economic Growth, vol. 22, no 1,‎ , p. 35–65 (DOI 10.1007/s10887-016-9138-3 Accès libre)Marc Klemp et Jacob Weisdorf, « Fecundity, Fertility and the Formation of Human Capital », Economic Journal, vol. (forthcoming),‎ Carol H. Shiue, « Human capital and fertility in Chinese clans before modern growth », Journal of Economic Growth, vol. 22, no 4,‎ , p. 351–396 (DOI 10.1007/s10887-017-9148-9, S2CID 73715675, lire en ligne)
  7. Nils-Petter Lagerlöf, « The Galor-Weil Model Revisited: A Quantitative Exercise », Review of Economic Dynamics, vol. 9, no 1,‎ , p. 116–142 (DOI 10.1016/j.red.2005.07.002)