Thérèse Sita-Bella

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Thérèse Sita-Bella
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Thérèse Sita-Bella, née Thérèse Bella-Mbida en 1933 et morte le à Yaoundé, est une journaliste et une réalisatrice camerounaise. Elle est considérée comme la première femme d'Afrique subsaharienne à avoir exercé cette profession de réalisatrice.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et formation[modifier | modifier le code]

Thérèse Bella-Mbida naît en 1933 au sud du Cameroun, dans l'ethnie des Betis. Elle reçoit son éducation de missionnaires catholiques[1]. Dans les années 1950, après avoir obtenu son baccalauréat dans une école de Yaoundé, elle part à Paris pour poursuivre ses études, en lettres classiques[1]. Diplômée de la Société de radiodiffusion de la France d'outre-mer (SORAFOM), elle rencontre la Béninoise Géraldine Faladé, qui vient, elle aussi, d'être diplômée en journalisme et qui devient une amie[2].

Journaliste, réalisatrice et féminisme[modifier | modifier le code]

C'est en France qu'elle développe un intérêt pour le journalisme et le cinéma. À Paris, en 1959, elle participe à la création de La Vie africaine, mensuel destiné aux Africains du continent et de la diaspora, dont elle est la seule femme africaine parmi les rédacteurs[2]. Dans un de ses textes publié dans le premier numéro, elle écrit : « Pourquoi les emplois d’encadrement sont-ils réservés aux hommes ? Les femmes doivent y accéder ! Mais encore faudrait-il que nous sachions vaincre notre timidité, qui fait que nous restons jusqu’à présent tenues en laisse par l’élite masculine ! »[2]. Elle voyage, couvrant par exemple l'indépendance du Togo en 1960, l'apartheid en Afrique du Sud ou encore la situation à Berlin-Ouest en 1961. À Paris, elle devient la correspondante de Deutsche Welle, Voice of America et BBC Africa[2]. En 1963, elle réalise le documentaire Tam-Tam à Paris, un reportage de 30 minutes sur les danses traditionnelles, qui suit également une tournée de la compagnie de danse nationale du Cameroun dans la capitale française[1]. En 1969, Tam Tam à Paris est présenté à la première semaine du Cinéma africain, un festival qui deviendra plus tard le FESPACO[2].

Thérèse Sita-Bella est une militante féministe qui a ouvert la voie à de nombreuses autres femmes camerounaises et africaines de sa génération. Cependant, elle ne prône pas un féminisme de rupture mais « une émancipation féminine fondée certes sur l’accès aux mêmes opportunités que les hommes, mais aussi sur les institutions du mariage et de la maternité » note Le Monde[2]. Elle met aussi en avant dans ses papiers des personnalités féminines africaines (« architectes, députées, actrices »), afin qu'elles puissent servir de modèles[2]. Thérèse Sita-Bella a pour sa part été l'une des premières journalistes femmes de son pays, et la première à piloter un avion[1]. Elle était considérée comme un phénomène en travaillant dans des domaines jusque-là réservés à la gent masculine. Elle a déclaré :

« Dans les années 1970, nous étions très peu à être des femmes cadreurs. À cette époque, nous étions très peu, il y avait quelques Antillaises, une femme du Sénégal appelée Safi Faye et moi. Mais vous savez, le cinéma n'était pas l'affaire des femmes[3]. »

Retour au Cameroun[modifier | modifier le code]

Rentrée en 1967 au Cameroun, désormais indépendant, elle se voit apposer une réputation de grande-gueule : « Ses articles lui ont coûté cher. Elle avait critiqué certains de ces hommes devenus influents. Une fois au Cameroun, ils ne l’ont pas aidée à mettre en valeur ses compétences et à se hisser. Par ailleurs, sa famille n’était pas puissante et ne pouvait donc pas l’insérer dans les réseaux de pouvoir »[2]. Elle travaille au service de presse du ministère de l'Information puis comme fonctionnaire, bénéficiant à partir de 1996 d'une petite pension de retraite. Elle a créé une revue culturelle et souhaite réaliser un nouveau film, mais ses projets avortent pour des raisons financières[2].

Thérèse Sita-Bella meurt dans la solitude, la misère et l'anonymat le . Elle souffrait d'un cancer du côlon. Son décès est provoqué par des complications à la suite d'une opération pour retirer la tumeur[4]. Elle est enterrée au cimetière Mvolyé de Yaoundé[2].

Postérité et hommages[modifier | modifier le code]

Elle est considérée comme une pionnière du journalisme[5] et du cinéma en Afrique[6].

En 2015, une salle du ministère de la Communication camerounais est nommée en son honneur, ainsi qu'un centre culturel de Yaoundé[2].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • DeLancey, Mark W., and Mark Dike DeLancey (2000): Historical Dictionary of the Republic of Cameroon (3rd ed.). Lanham, Maryland : The Scarecrow Press.
  • Pallister, Janis L. (1997). French-Speaking Women Film Directors: A Guide. Fairleigh Dickinson University Press.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Dorine Ekwé, « Sita-Bella, Thérèse [Yaoundé 1933 – Id. 2006 ] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Le Dictionnaire universel des créatrices, Éditions des femmes, , p. 4015.
  2. a b c d e f g h i j et k Coumba Kane, « Au Cameroun, l’héritage méconnu de Thérèse Sita-Bella, pionnière du journalisme africain », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  3. (en) « Sita Bella: The Final Journey of a Renaissance Woman », Scribbes from the Den,‎ (lire en ligne).
  4. Jean-François Channon, « La grande Sita Bella est morte », sur bonaberi.com, (consulté le ).
  5. « Au Cameroun, l’héritage méconnu de Thérèse Sita-Bella, pionnière du journalisme africain », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. Rédaction, « 27 février 2006 | Thérèse Sita-Bella, la première femme cinéaste africaine s’en allait », sur Tambour, (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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