Trésor de Misrata

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Trésor de Misrata
Image illustrative de l’article Trésor de Misrata
Type nummi
Période 294 et 333
Culture
Date de découverte 17 février 1981
Lieu de découverte Misrata
Conservation Musée archéologique national de Leptis Magna

Le trésor de Misrata est la plus importante découverte de pièces de monnaie datant de l'Empire romain[1],[2]. Il a été mis à jour le 17 février 1981[3] et comporte 108 000 pièces[1]. Son nom fait référence à Misrata, ville côtière située à 200 km à l'est de la capitale libyenne, Tripoli à proximité de laquelle il a été retrouvé. Le trésor y a été caché au IVe siècle, une période troublée de l'Empire romain, à l'intérieur d'un bâtiment en ruines. Ce trésor, analysé par une équipe de recherche italienne et conservé au musée archéologique de Leptis Magna, donne des informations sur la Libye antique et la période de la Tétrarchie.

Composition et période de constitution[modifier | modifier le code]

Le trésor de Misrata est constitué de plus de 108 000 items de nummi de la période impériale, frappées entre les années 294 et 333. Elles sont composés d'alliages de cuivre, de plomb et d'étain, enrichis d'argent dans la patine superficielle. Certains de ces nummi sont de type inconnu, inédit ou très rare.

Le monnayage remonte donc aux périodes de la Tétrarchie (fin du IIIe siècle) et des guerres civiles de la Tétrarchie (306-324), une phase très mouvementée de l'époque impériale de l'histoire romaine, déjà marquée par l'anarchie militaire et la Crise du troisième siècle.

Le trésor de Misrata dans le contexte d'instabilité politique et économique entre les IIIe et IVe siècles[modifier | modifier le code]

Le contexte d'instabilité politique et économique de l’époque a eu un profond impact sur la vie de l’empire, fidèlement reflété par les nummi de Misrata.

L'instabilité économique est visible dans les caractéristiques extérieures des pièces monétaires, dont le poids, initialement de 12 grammes, diminue à 2,5 grammes, et s'accompagne d'une diminution de leur teneur en argent, qui se réduit au cours de la période, passant d'un taux initial de 4,5% à 1,5% pour les pièces de monnaie les plus récentes. Les deux phénomènes témoignent des graves effets que la forte inflation qui sévit alors dans l’Empire romain a dû avoir pendant les années d’accumulation du trésor.

L'objectif même de constitution du trésor est lié au contexte politique de cette période et aux difficultés de maintien des frontières de l'Empire : il est en effet jugé probable que sa constitution visait à financer les troupes mercenaires utilisées pour défendre le Limes africain[3].

Les nummi de Misrata reflètent également d'autres problèmes politiques essentiels. On y retrouve les traces des visées sécessionnistes de Domitius Alexander, qui gouverne un temps la province d'Afrique en tant que vicaire du préfet du prétoire : certaines monnaies sont en effet frappées à son nom.

Découverte et analyse scientifique[modifier | modifier le code]

Le trésor a été découvert à 18 km à l'ouest de Misrata, dans la localité de Rimal Zariq, à hauteur de Dafniya (en) le . Les pièces de monnaie étaient placées dans des amphores ensevelies dans la cour d'un bâtiment abandonné qui avait subi un incendie comme en témoignent les couches de cendres retrouvées[3].

Il est conservé au Musée archéologique national de Leptis Magna, a été restauré et étudié in situ, via des techniques non destructives et selon des protocoles spécifiques, par une équipe italienne de chercheurs de l'Institut de technologies appliquées au patrimoine culturel du Conseil national de la recherche, sous la direction de Salvatore Garraffo, directeur de l'Institut. Ont également participé au chantier l'IBAM-CNR (Institut du patrimoine archéologique et monumental) de Lecce - Potenza - Catane, l'Istituto nazionale di fisica nucleare, et les départements de chimie des universités de Catane et de Gênes[2].

Une base de données de pièces monétaires a été créée à l'Institut de technologies appliquées au patrimoine culturel, elle comporte des images en 2D[4] et, il est également prévu d'en générer en 3D  : l'archive, en cours de réalisation, couvre 68 000 des 108 000 pièces du trésor[4].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) Olivier Hekster et Erika Manders, « Coinage in the Roman Provinces: the RPC and CHRE projects », Journal of Roman Studies, vol. 112,‎ , p. 199–213 (ISSN 0075-4358 et 1753-528X, DOI 10.1017/S0075435822000326, lire en ligne, consulté le )
  2. a et b (it) « Le monete del tesoro di Misurata: studio delle tecnologie di fabbricazione (2002) », sur Consiglio nazionale delle ricerche
  3. a b et c Salvatore S. Garraffo, M. Mazza, Il tesoro di Misurata (Libia). Produzione e circolazione monetaria nell'età di Costantino il Grande. Atti del Convegno Internazionale di Studi. Roma, Istituto Nazionale di Studi Romani. 19-20 aprile 2012. Testi e Studi di Storia Antica 27., Edizioni del Prisma, (ISBN 978-88-86808-50-7, lire en ligne), p. 33-39.
  4. a et b (it) « Tesoro monetale di Misurata (Libya) », sur Istituto per le tecnologie applicate ai beni culturali.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « La storia dei nummi di Misurata », Le Scienze, n. 493 (septembre 2009)

Liens externes[modifier | modifier le code]