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André Mutter, né le à Troyes et mort le à Annemasse, est un homme politique et résistant français.

Relativement peu connu avant la Seconde Guerre mondiale, en dehors des milieux nationaux et de son département d'origine, cet avocat de formation acquiert une dimension nationale après son passage à la direction de l'un des plus importants mouvements de résistance. Au lendemain de la Libération, il participe à la reconstruction des appareils politiques conservateurs puis, sous la IVe République, devient ministre à deux reprises. André Mutter est aussi une figure notable dans la vie politique d'après-guerre dans le département de l'Aube. Il en a été le député entre 1946 et 1958 et est l'un des fondateurs du principal quotidien aubois, L'Est-éclair. Le retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958 participe à sa mise en retrait progressive du jeu politique.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille et formation[modifier | modifier le code]

André Mutter est né à Troyes dans un milieu modeste.

En 1926, il entre à la rédaction d'un journal local, L'Express de l'Aube. Parallèlement à ses activités de publiciste, il reprend ses études. Il passe le baccalauréat puis obtient une licence en droit ce qui lui permet de s'inscrire comme avocat au barreau de Troyes en 1929. En 1945, il retrouve cette activité d'avocat, non plus à Troyes mais près la Cour d’appel de Paris.

Une carrière politique commencée dans l'Entre-deux-Guerres[modifier | modifier le code]

Ses écrits dans la presse locale font état d'une sensibilité nationaliste et catholique-sociale. A partir de la fin des années 1920, il gravite dans plusieurs mouvances de droite. Il est successivement secrétaire des Jeunesses patriotiques de Taittinger dans l'Aube puis l'un des organisateurs du mouvement dorgériste dans son département. Lors des élections de 1936, il est d'ailleurs candidat malheureux du Comité d'action et de défense paysanne. Alors que les précédents mouvements auxquels il a pris part connaissent une phase descendante, il se rapproche de ce qui en train devenir la principale formation conservatrice d'avant-guerre, le Parti social français, tout juste créé en 1936. Jusqu'à la veille de la guerre, André Mutter n'en continue pas moins à fréquenter des réunions du Parti républicain national et social (qui a succédé aux Jeunesses patriotes) mais aussi de la Fédération républicaine, vieille formation de la droite parlementaire dont il est membre du conseil national.

La Seconde Guerre mondiale et la Résistance[modifier | modifier le code]

Officier de réserve dans l'intendance, André Mutter est mobilisé en août 1939 en Alsace (secteur fortifié de l'Ill) puis à partir d'avril 1940 au Grand Quartier Général. Replié à Vichy, il quitte cette ville en septembre puis est démobilisé. Il parvient à revenir à Troyes en novembre et le mois suivant s'engage dans la Résistance.

Membre du réseau Hector, il est dénoncé puis arrêté par la Gestapo en octobre 1941 à la suite d'une vaste opération d'infiltration de l'Abwehr dans les réseaux de résistance liés à l'Angleterre. Il est successivement emprisonné à Troyes puis à Fresnes. Après trois mois d'internement en France, il est déporté en Allemagne à Nuremberg puis dans un camp près de Trèves. Libéré en août 1942, il est de nouveau recherché ce qu'il l'oblige à quitter, en novembre 1943, Troyes, où il était rentré, pour Paris. Le même mois, il y prend contact avec Roger Coquoin, chef de Ceux de la Libération. A la suite de cela, il est désigné responsable, pour ce mouvement de résistance, de la zone P3, qui regroupe l'Aube, la Nièvre et l'Yonne. En février 1944, de nombreuses arrestations décapitent la tête du réseau ce qui permet à André Mutter d'en prendre la direction nationale. Cette responsabilité lui vaut de siéger au Conseil national de la Résistance.

Nommé secrétaire général par intérim du ministère des Colonies fin août 1944, il assume ses nouvelles fonctions dès la libération de Paris. Ses actions dans la Résistance lui permettent de siéger au Comité de Libération de l'Aube.

Délégué à l’Assemblée consultative provisoire en 1944-1945, il reprend son engagement politique à la Libération.

Une importante figure de la droite non-gaulliste sous la IVe République[modifier | modifier le code]

Il est l’un des fondateurs du Parti de rénovation républicaine (PRR) qui fusionne rapidement au sein du PRL,

André Mutter incarne au PRL une ligne qui souhaite l'union de toutes les droites au sein de ce parti et ce au nom de la lutte contre le communisme et le dirigisme. Cette position l'incite à prendre part à la campagne d'amnistie qui en 1947 demande le retour en grâce de personnalités condamnées lors de l'épuration. En mars, il est l'orateur principal d'une conférence donnée par un cercle vichyste. Cette participation provoque de vifs débats au sein du PRL et conduit le bureau politique du parti à l'en exclure le mois suivant. La disgrâce d'André Mutter ne dure qu'un temps. Comme le PRL, il finit par rejoindre le Centre national des indépendants.

Après avoir un temps revendiquer l'étiquette "gaulliste", Mutter ne parvient à s'entendre localement avec le RPF. Fort de son ancrage et des réseaux tissés depuis l'avant-guerre chez les modérés, Mutter a été l'un des principaux obstacles à l'implantation du gaullisme dans l'Aube au début de la IVe République.

Activités politiques[modifier | modifier le code]

Il se fait élire aux deux Assemblées nationales constituantes, puis à l’Assemblée nationale de 1945 à 1958 comme député PRL, puis CNI, de l’Aube. Il est vice-président de l’Assemblée nationale de 1951 à 1953.

André Mutter est député à l’Assemblée commune de la Communauté européenne du charbon et de l'acier, puis dès 1957 à l'Assemblée parlementaire européenne (aujourd'hui Parlement européen) du 11 juillet 1952 au 17 juillet 1953 et du 23 février 1956 au 9 décembre 1958.

Il est ministre des Anciens combattants et victimes de guerre dans le premier gouvernement Joseph Laniel du au , puis ministre de l’Algérie du 14 mai au 1er juin 1958 dans le gouvernement Pierre Pflimlin.

Battu en 1958, il se représente à nouveau en 1962 et en 1968 sans parvenir à se faire réélire.

Homme de presse[modifier | modifier le code]

Il est aussi, à partir de 1945, directeur du quotidien L'Est-Éclair dont il est le co-fondateur.

Au nom de la lutte et du rassemblement des droites contre le communisme, il fait entrer à la rédaction du journal du PRL, Paroles françaises, qu'il dirige, plusieurs anciens collaborateurs, notamment Pierre Boutang ou François Brigneau, qui donnent un ton extrémiste à cet organe, provoquant plusieurs scandales.

Écrits[modifier | modifier le code]

  • Face à la Gestapo, Librairie Ancienne H. Champion Paris VI, 1944.
  • Histoire de la guerre 39-45 Résistance, Librairie Ancienne H. Champion 5 Paris, 1945.

Reconnaissance[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Odonyme[modifier | modifier le code]

  • Une rue de la ville de Troyes porte son nom.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Richard Gilles et Sainclivier Jacqueline (dir.), La recomposition des droites en France à la Libération (1944-1948), « Histoire », Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2004.
  • Girard Pascal, « Le RPF dans l'Aube » dans Audigier François et Schwindt Frédéric (dir.), Gaullisme et Gaullistes dans la France de l'Est sous la IVe République, « Histoire », Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2009, pp.147 à 163.

Notes et références[modifier | modifier le code]