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Utilisateur:Dragonbleuroro/Brouillon

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La crypte[modifier | modifier le code]

Histoire de la crypte[modifier | modifier le code]

Sous l'autel de la basilique, dans son alignement, est disposée la crypte, accueillant le sarcophage de saint Seurin, quatrième évêque de Bordeaux. Le développement de l'église médiévale se fait à partir de la nécropole du IVe s préexistante et dont on conserve les vestiges, [1]connus depuis le XIXe siècle au moins.

A l'époque médiévale, la présence de sarcophages antiques tardifs au sein de la collégiale a largement participé à l'élaboration de légendes autour de ce premier lieu saint d'Aquitaine. Ces récits englobent également et surtout le reliquaire du corps de saint Seurin.

Entre 1834 et 1841, de nombreuses fouilles archéologiques sont réalisées dans la basilique. Deux sarcophages sont mis au jour et l'espace est largement aménagé par l'abbé Cirot de la Ville, le transformant en un cimetière chrétien.[2]

La fouille menée par Paul Courteault au sud de la collégiale, motivée par les membres de la Société Archéologique de Bordeaux, a révélé le cimetière de Saint-Seurin dans son intégrité médiévale et près de 160 sarcophages ont été extraits de ce chantier. L'écrivain s'est cependant heurté à des difficultés d'interprétation. Le projet ne s'est achevé qu'à moitié et les opérations archéologiques sont reprises en 1960 par Raymond Duru. Ce chantier, de plus grande envergure tend à révéler et interpréter de nouveaux éléments actuellement exposés dans la crypte ouverte au public encore aujourd'hui.

La crypte ne prend ses fonctions funéraires qu'au Ve s ap. J.-C. lors de l'acquisition de sarcophages des trois premiers évêques de la ville canonisés : saint Delphin, saint Amand et saint Seurin. Avant cela, elle marquait l'emplacement d'un lieu de rassemblement des premiers chrétiens avant l'instauration de l'Edit de Milan. Le culte des saints depuis la réforme catholique à Bordeaux jusqu'au XIIe siècle élève le lieu en un "pôle de sacralité" sans équivalent dans le diocèse. [3]

Aujourd'hui, la crypte sert d'écrin protecteur à de nombreux sarcophages : parmi eux, on retrouve les sarcophages des saints évêques mais aussi ceux des saintes Véronique et Bénédicte ainsi que le tombeau de saint Fort. Ce nombre important de sépultures s'explique par la superposition des époques et des activités attestées lors des fouilles archéologiques. De tels travaux impliquent la relecture des récits historiographiques et hagiographiques dans un contexte où les enjeux reposent sur la volonté de faire du lieu un berceau du christianisme en Aquitaine et plus largement en Gaule. Malgré tout, de nombreuses incertitudes perdurent concernant les relations entre la nécropole, certains de ses sarcophages et la génèse du lieu de culte. Un autre enjeu aujourd'hui se révèle: un paradoxe important demeure entre l'exposition des reliques et la conservation de la crypte.

Distribution des espaces[modifier | modifier le code]

Crypte de la basilique Saint-Seurin

On accède à la crypte par un escalier coudé, accessible depuis le collatéral Sud de la nef.

L'ensemble est construit en petit appareil de pierres et est vouté en berceau.Ses retombées sont soutenues par deux rangées de colonnes de porphyre. Elle est divisée en trois vaisseaux: une nef centrale composée de la chambre centrale et se terminant par une exèdre accueillant le mausolée de saint Fort, la nef latérale Nord se terminant par une abside accueillant le sarcophage de sainte Véronique et la nef latérale Sud se terminant également par une abside accueillant le sarcophage de sainte Bénédicte.

La chambre du vaisseau central, plus large que les vaisseaux latéraux dispose également d'une fosse quadrangulaire creusée contenant trois sarcophages en calcaire, de cuve rectangulaire disposés les uns à côté des autres. Ceux-ci sont protégés par une grille placée au-dessus de la fosse et accessible aux visiteurs.

Le mobilier funéraire de la crypte[modifier | modifier le code]

Une dizaine de tombeaux ont été extrait et sont visibles dans la crypte, mais tous ne sont pas attitrés précisément, parfois contenant des restes de plusieurs défunts et martyrs. Ils se répartissent sur quatre à cinq niveaux sous le sol. Le travail de ces tombeaux demeure conséquent pour leur richesse architecturale et leur précision.

Reliquaire de saint Amand[modifier | modifier le code]

Reliquaire de saint Amand
Tombeau de saint Fort, nef centrale de la crypte

A la suite de la redécouverte des os de saint Amand dans une boîte à chaussures en 2017, la paroisse commande au sculpteur Augustin Frison Roche la réalisation d'un petit reliquaire pour y entreposer les restes du saint, archevêque de Bordeaux et successeur de saint Seurin. Disposé dans le collatéral sud de la crypte, le reliquaire reprend les formes architecturales des sarcophages : une boite rectangulaire fermée par un couvercle et décoré de lignes circulaires sculptées en bas-relief. Le décor représente le saint couché coiffé de sa mitre, les mains jointes en position de prière perpétuelle et placé à côté de sa crosse épiscopale. Il est entouré de l'inscription en latin "Sanctus Amandus". La foi chrétienne est rappelée par le symbole de la croix grecque sculptée sur le couvercle du reliquaire.

Tombeau de saint Fort[modifier | modifier le code]

Sarcophage de sainte Véronique, abside du vaisseau latéral sud de la crypte

Figure majeure de la crypte, le tombeau de saint Fort demeure le plus imposant et le mieux mis en valeur dans l'espace. Réalisé au XVIIe s[4], il est situé dans l'alcôve de la nef centrale et son architecture est surélevée par six colonnettes couronnées d'un entablement en demi-lune.

Tombeau de saint Delphin[modifier | modifier le code]

Disposé dans le vaisseau latéral Sud, en face de l'entrée de la crypte, le tombeau de saint Delphin témoigne des dégradations de l'Histoire. Son couvercle à double pentes (allusion à la symbolique chrétienne de la montagne) a largement perdu son aspect initial du fait du piétinement des visiteurs qui l'ont érodé au fil des années. Il est recouvert de décors d'écailles de poisson en référence au premier symbole de représentation et de ralliement du christianisme "Ichtus"; le sarcophage marque ainsi la foi chrétienne de son propriétaire. Le marbre de Saint-Béat utilisé pour sa réalisation témoigne de la richesse du propriétaire. La découverte du tombeau a révélé la présence d'un corps auquel il manque un bras.

Tombeau de sainte Véronique[modifier | modifier le code]

Connue pour avoir nettoyé le visage de Jésus lors du Portement de Croix, sainte Véronique est une figure importante de l'évangélisation de l'Aquitaine. Son tombeau repose dans la nef latérale Nord de la crypte. Il dispose de formes architecturales simples : une cuve en pierre de taille recouverte d'un entablement en pierre plus claire surmonté d'un élément de forme pyramidale. Elle sont considérées avec sainte Bénédicte comme les deux saintes femmes de Bordeaux.

Tombeau de Bénédicte[modifier | modifier le code]

Son tombeau fait écho à celui de Véronique par sa disposition dans la nef latérale opposée (sud) et par sa simplicité architecturale: une simple cuve rectangulaire au couvercle pentu. Son sarcophage est disposé au premier plan de l'alcôve, avec deux autres sarcophages davantage dans le renfoncement de l'espace.

Autres sarcophages[modifier | modifier le code]

Sarcophage aux chrisme et rinceaux, vaisseau latéral sud
Gisant de pierre

Un grand nombre de ces tombeaux présents dans la crypte sont datés du VIe s et demeurent aujourd'hui anonymes. Ils présentent une grande richesse décorative, caractéristique d'un premier art chrétien. Parmi ces sarcophages, y serait présent celui du saint patron de l'Aquitaine : saint Martial, marquant la mémoire chrétienne bordelaise par son attribut : un bâton miracle faisant la pluie et le beau temps.

De nombreux tombeaux sont recouverts des symboles chrétiens que sont le chrisme, anagramme du Christ accompagné des lettres alpha et oméga, des rinceaux, des réseaux de vignes, des couronnes de laurier, des entrelacs et la représentation de la main de Dieu sortant d'un nuage.

Dans la nef latérale nord est également disposé le tombeau qui contiendrait les crânes des Douze sœurs catholiques, martyres guillotinées sur la place Gambetta. Sous la période de la Terreur, le président de la Commission militaire révolutionnaire de Bordeaux, Jean-Baptiste-Marie Lacombe, ordonne l'exécution des douze religieuses, choix arbitraire dirigé contre la religion catholique.

Parmi les discours composant la mémoire des reliques de la crypte, certains s'alimentent autour d'une potentielle présence du tombeau contenant deux corps se chevauchant, les mains sur le buste et les doigts entrelacés. Il semblerait qu'il soient les restes de deux évêques du VIe s : saint Léonce le Vieux et saint Bertrand.

Gisant[modifier | modifier le code]

Un gisant est représenté en haut-relief sur le mur occidental de la crypte, à l'origine placé dans les ouvertures percées au XVIIe s. Il s'agit de la représentation d'un homme vêtu d'une longue tunique et à la tête voilée, les mains croisées sur la poitrine. Le modelé de son visage est fortement dégradé, ne laissant visible que le tracé de ses yeux.

Réemplois architecturaux[modifier | modifier le code]

Remploi de pierre en forme d'entrelacs
Carreaux de terre cuite aux formes géométriques encastrés dans la maçonnerie

Sans cesse modifiée par l'activité humaine depuis l'Antiquité jusqu'au XIXe s, la crypte possède également des éléments de réemplois architecturaux dont leur datation a fait l'objet d'une récente étude[5]. Accolés au gisant de pierre sur le mur occidental, des éléments d'architecture rapportés constituent des réemplois architecturaux aux formes géométriques d'entrelacs et de fleurs, symboles d'un premier art chrétien sculptés en bas-relief.

Ancrés dans le mur maçonné séparant l'alcôve de la nef centrale et celle de la nef latérale Sud, des carreaux de terre cuite sont les témoignages d'un premier âge de la crypte, datés entre le milieu du IVe et le milieu du Ve s. L'analyse de leur de tuileau a permis d'en donner une datation plus précise que l'analyse seule des carreaux de terre cuite. Même partiellement dégradés, ceux-ci présentent toujours des formes géométriques diverses aux teintes ocres s'intégrant parfaitement dans le petit appareil de pierre de la maçonnerie.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Anne Michel, « Autour de l'identification des mausolées : le cas de Saint-Seurin de Bordeaux », Hortus Artium Medievalium, vol. 18, no 2,‎ , p. 283–292 (ISSN 1330-7274 et 1848-9702, DOI 10.1484/j.ham.1.102813, lire en ligne, consulté le )
  2. Anne Michel, « Autour de l'identification des mausolées : le cas de Saint-Seurin de Bordeaux », Hortus Artium Medievalium, vol. 18, no 2,‎ , p. 283–292 (ISSN 1330-7274 et 1848-9702, DOI 10.1484/j.ham.1.102813, lire en ligne, consulté le )
  3. (en + fr) Isabelle Cartron, Dany Barraud, Patrick Henriet et Anne Michel, Autour de Saint-Seurin : lieu, mémoire, pouvoir. Des premiers temps chrétiens à la fin du Moyen-Age, Bordeaux, Ausonius Editions, 12-14 octobre 2006, 351 p. (ISBN 9782356130129), p.87 à 116
  4. Jean-Pierre-Albert Cirot de la Ville, Origines chrétiennes de Bordeaux ou Histoire et description de l'église de Saint-Seurin, Bordeaux, Justin Dupuy et Comp., , 500 p. (lire en ligne Accès libre), p. 162
  5. Petra Urbanová et Pierre Guibert, « La mesure du temps par luminescence : datation de réemplois dans la crypte de Saint-Seurin à Bordeaux », Mélanges de l’École française de Rome - Moyen Âge, nos 129-1,‎ (ISSN 1123-9883, DOI 10.4000/mefrm.3633, lire en ligne, consulté le )


Seurin Catégorie:Église romane en Gironde Catégorie:Monument historique classé en 1840 Seurin Bordeaux Bordeaux