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L'extase[note 1] désigne un état mental et spirituel. « Terme de la vie mystique. Élévation extraordinaire de l'esprit, dans la contemplation des choses divines, qui détache une personne des objets sensibles jusqu'à rompre la communication de ses sens avec tout ce qui l'environne ».[1]

Circonstances[modifier | modifier le code]

Cet état peut advenir lors d'une méditation religieuse ou athée, d'un jeûne, d'une transe créatrice, d'un effort sportif, avec l'ascétisme (chasteté), l'enfermement, la virtuosité[2]. L'état peut être animé par une douleur sociale ou érogène, On retrouve donc l'extase tant chez les flagellants, les martyrs chrétiens, les suppliciés, les religions paiennes exemple : le chamanisme, le tantrisme, ainsi que dans l'érotisme et chez les masochistes sociaux ou érogènes.

Le chamanisme[modifier | modifier le code]

Selon Mircéa Eliade[3] le chamanisme est relié aux techniques archaïques de l'extase. Et d'après Marc-Alain Descamps[4] le chaman est le grand maître de l'extase.

Le tantrisme[modifier | modifier le code]

Le Tao[modifier | modifier le code]

Jeûne[modifier | modifier le code]

Entretien avec le Dŗ Vigne à propos de l'anorexie[5]

Le sexe et le sacré[modifier | modifier le code]

L'humain a toujours eu besoin d'idoles, de messes, de cérémonies. « Le masochisme est une expérience mystique » pour André Pieyre de Mandiargues[6]. Le jeu masochiste lui permet de rentrer dans un autre état de conscience. Et, l'espace d'un moment devenir l'esclave qu'il n'est pas dans la vie réelle, une sorte de saturnales moderne. De même que Clifford Bishop confirme que « la flagellation, ou tout autre procédé semblable est utilisée pour unir l'esprit humain au divin. On peut l'employer aussi pour unir des esprits humains entre eux. En occident l'obsession d'une extase par la douleur est habituellement classé dans le sadisme ou dans le masochisme[7] ».

L'érotisme de Bataille
Inséparable du sacrilège, d'un sacré fascinant et repoussant
Martyre de sainte Agathe, peinture anonyme du XVIIe siècle

« Le masochiste sexuel est prêt à acheter son plaisir fugace avec la gêne de la torture et même de sa vie. (...) En prévoyant les appréciations futures, sûr des éloges de la postérité, il savoure des extases divines. A un niveau plus élevé, mais relié à celui-ci dans un coin obscur de son âme, le martyr sent comme le masochisme pervers : un moment de paradis n'est pas trop cher payé par la mort. Ils sont tous deux poussés en dernier ressort par l'aspiration du plaisir[8]. »

Les pratiques expiatoires vers l'extase et le plaisir sexuel[modifier | modifier le code]

« La flagellation, qui servait d'abord les fins de l'autopunition pour les premiers moines chrétiens et les ascètes, devient par la suite un moyen d'excitation sexuelle. L'augmentation de la souffrance produit l'extase. L'Église est amenée finalement à défendre des pratiques expiatoires trop sévères parce qu'elles aboutissent fréquemment à la satisfaction sexuelle[9]. »

L'extase religieuse[modifier | modifier le code]

Pour Theodor Reik, La puissance se manifeste dans la transformation de la souffrance en plaisir. Pour lui toujours, le rayon d'action s'étend depuis l'orgasme jusqu'à l'extase religieuse[10].

« Cette sainte avait les yeux levés au ciel, en extase. Toutes ses douleurs parurent suspendues, toute sa vie se rassembla sur sa bouche ; ses lèvres s’entrouvrirent, » […][11]

les mystiques chrétiens[modifier | modifier le code]

Dans ses écrits il cherche à d'accéder à une vie intérieure. Dans La nuit obscure, il décrit ce qu'il appelle la « nuit de l'âme » afin de pouvoir accéder à Dieu

Artistique[modifier | modifier le code]

Écriture[modifier | modifier le code]

Sade[modifier | modifier le code]

Jean Genet[modifier | modifier le code]

Bram Stoker[modifier | modifier le code]

D'après Sara Thornton[12], Dans le roman de Bram Stoker, Dracula, publié en 1897, la rencontre de Dracula avec le corps de sa première victime produit d’abord une extase sensuelle. Tout au long du roman, il ne 'agit que de trous, de plaies, d'aiguille qui percent (transfusion)« elles suggèrent une entrée répétée, des pénétrations multiples ». Pour Sara Thornton « Les marques indiquent donc l’événement préparé et désiré par l’écriture de Stoker – un événement de l’ordre de l’extase au cours de laquelle le sujet se donne, se laisse faire et refaire. » Toujours d'après l'auteur de l'article : « La morsure marque le moment de l'extase. » Et l'extase mutuelle est suivi d'une désir d'écriture.

Les films[modifier | modifier le code]
Nosferatu[modifier | modifier le code]

Dans le film de Murnau, Nosferatu[13] (1922), Thomas Hutter ressent une certaine euphorie en regardant la morsure de Dracula, il s'empresse d'écrire et de décrire à sa femme, la blessure qui orne la chair de son cou.

Dracula[modifier | modifier le code]

Dans le film de Francis Ford Coppola. Coppola insiste sur le lien entre la morsure et l'écriture. Sur « le besoin de produire de l'écrit pour contrer les marques de Dracula »[12]. Le personnage de R.M. Renfield est tout à fait interessant, car il est extasié. Il est perché et n'est pas prêt de redescendre. La scène où Dracula métamorphosé en loup fait l'amour à Lucy ne laissera pas le public intact. C'est au tour du public d'être extasié. Ce qu'il y a d'interessant dans le roman de Bram Stoker, c'est que la scène se situe aux confins de la vie, sur la crête extatique, à la frontière vie/mort. Avec de l'autre coté de la frontière le diable. Et pour Sainte Thérèse d'Ávila,la situation est la même. Elle est extasiée sur la crête vie/mort, mais de l'autre côté, il y a Dieu.

Citations[modifier | modifier le code]

« Je ne me voyais pas commencer ma première journée de non-écriture comme ça, mais plutôt en haut d’un rocher face à la mer déchaînée, en extase masochiste d’avoir renoncé romantiquement à livrer au monde mes superbes proses[14]. » ― Pierre Marcelle, « Marc-Édouard Nabe et son complexe », Le cahier Livres de Libé, sur Libération, . De l'extase masochiste dans la création, Nietzsche, parlait de ce chaos, de cette sortie de soi, « Je vous le dis, il faut avoir encore du chaos en soi pour enfanter une étoile dansante[15] ».

Ce « Devenir » selon Gilles Deleuze et Félix Guattari le « Chaosmos[16] ».

Peinture[modifier | modifier le code]

Mysticisme Athée[modifier | modifier le code]

Selon Philippe Sabot[17] pour comprendre la pensée Bataillienne de l'extase, il faut la replacer dans le mysticisme Athée, ou « athéologique » selon Georges Bataille[18]

Les suppliciés[modifier | modifier le code]

Supplice des cent morceaux en Chine
On peut noter le regard troublant, extasié du supplicié.

Cette photographie a été ramenée par Louis Carpeaux en 1905. Elle a été Publiée par Georges Bataille et représente le supplice de Fou-Tchou-Li. Georges Bataille a pensé être témoin « d'une extase voluptueuse » sur le visage de l’exécuté. Ce qui lui fit dire « Le jeune et séduisant Chinois (…) livré au travail du bourreau, je l’aimais d’un amour où l’instinct sadique n’avait pas sa part : il me communiquait sa douleur ou plutôt l’excès de sa douleur et c’était ce que justement je cherchais, non pour en jouir, mais pour ruiner en moi ce qui s’oppose à la ruine. »[19][20], Fasciné extasié par l’écriture de madame Edwarda, « on comprend que Georges Bataille qui écrit le supplice dans la foulée de madame Edwarda ait tenu à faire remarquer qu’il n’aurait pu écrire le supplice s’il n’en avait donné d’abord donné la clef lubrique » dont l'explication se trouve dans la Somme athéologique[21]. Le texte érotique de Madame Edwarda qui détiendrait la "clef lubrique" de L'Expérience intérieure.

Du sexe et du masochisme[modifier | modifier le code]

Jan Brueghel de Velours

Le jugement de Paris
Avec la courtoisie de Philippe Serieys. Un esclave BDSM extasié chez Patricia Marsh Toronto

Les pratiquants du BDSM sont concernés et connaissent, recherchent cet état extatique. Certains blogs populaires anglo-saxons ont nommé l'extase masochiste[22] du néologisme "subspace" (sous l'espace)[23],[24]

Orgies[modifier | modifier le code]

Cet état transforme la douleur en plaisir. Dans la préparation d'une séance, le dominé s'engloutit dans son univers fantasmatique. Il médite sur ce qu'il va vivre. Il se met seul, où à l'aide d'un dominant dans un monde extérieur à lui-même. Presque tous ont besoin de cette méditation, sorte d'arrêt sur image avant de passer à l'acte. Certains se contenteront de la transe dans laquelle la méditation les pose, et ils quitteront cet état sans passer à l'acte physique. L'état d'extase se caractérise par une confusion qui peut être surprenante pour les non-initiés. Dans le cadre d'une relation BDSM, certains masochistes, souvent les femmes, réclament une attention particulière. Ils ou elles attendent affection et protection physique particulièrement lors de leur sortie de la transe.

Pour Krafft-Ebing « De même que, dans le sadisme, la passion sexuelle aboutit à une exaltation dans laquelle l’excès de l’émotion psychomotrice déborde dans les sphères voisines, il se produit de même, dans le masochisme, une extase dans laquelle la marée montante d’un seul sentiment engloutit avidement toute impression venant de la personne aimée et la noie dans la volupté[25]. »

Vu par Krafft-Ebing à une époque où l'action des endorphines n'était pas encore connue[note 2] : « La proportion n’est pas telle que l’individu éprouve simplement comme plaisir physique ce qui ordinairement cause de la douleur ; mais l’individu se trouvant en extase masochiste, ne sent pas la douleur, soit que, grâce à son état passionnel, (comme chez le soldat au milieu de la mêlée et de la bataille), il n’ait pas la perception de l’impression physique produite sur les nerfs de son épiderme, soit que, grâce à la trop grande abondance de sensations voluptueuses (comme chez les martyrs ou dans l’extase religieuse), l’idée des mauvais traitements n’entre dans son esprit que comme un symbole et sans les attributs de la douleur. »[26]

Endorphines[modifier | modifier le code]

Le plaisir dans la douleur provient, selon les spécialistes, d'une montée d'endorphines. L'endorphine est produite par certaines cellules du système nerveux central. Les endorphines ont des propriétés analgésiques. Elles permettent dans certains cas d'atténuer la douleur et de la transformer en plaisir. L'endorphine serait toujours d'après les spécialistes une sorte de morphine uniquement fabriquée par le corps. L'endorphine intervient dans tous les cas de douleur[27]. Cette montée d'endorphines donne un sens au plaisir du masochiste érogène, à l'extase masochiste, à l'extase des saints martyrs. Elle expliquerait le regard extasié des suppliciés.

D'après le Dr Jacques Vigne : « la découverte des endorphines dans notre organisme depuis une quinzaine d'années ouvre des nouvelles perspectives sur le lien corps esprit, avec des conséquences indirectes sur la compréhension du mode d'action et de la méditation. » « Ce sont des peptides, c'est-à-dire de courtes chaînes d'acides aminés; on les qualifie d'"opioïdes" car ils ont une action similaire à celle de l'opium et de la morphine. »

« Une étude du Dr Levine de l'université de Californie peut être reliée indirectement à la méditation: Levine a montré que les endorphines médiatisaient l'effet placebo, c'est-à-dire que les patients qui suppriment leur propre douleur en croyant avoir reçu un médicament efficace le font par l'intermédiaire des endorphines. »

Le Dr Vigne écrit « qu'il n'est pas absurde de parler de lien entre méditation et endorphines[28] ».

« Lors d'un accouchement les femmes qui ont fait du sport pendant la grossesse produisent plus d'endorphines que les autres[28] ».

L'état extatique est très net après la naissance de l'enfant que l'on nomme délivrance : arrêt net de la douleur et montée d'endorphines.

Les endorphines ont des propriétés de "stupéfiants". Comme le mot stupéfaction revient dans le vocabulaire des mystiques en commun avec un arrêt mental.

L'approche philosophique et psychanalytique[modifier | modifier le code]

«  ... l'âme cesse de tourner sur elle-même (...). Elle s'arrête, comme si elle écoutait une voix qui l'appelle. (...) Vient alors une immensité de joie, extase où elle s'absorbe ou ravissement qu'elle subit : Dieu est là, et elle est en lui. Plus de mystère. Les problèmes s'évanouissent, les obscurités se dissipent; c'est une illumination.»[29]

Chez les créateurs : «  La chasteté et la fraîcheur d'entrevision chez le peintre ne sont-elles pas extase à leur manière? »[30]

« Une seconde vue naît de l'ivresse, et tout l'univers visible soudain n'est plus que le signe d'un monde invisible. L'âme, ravie en extase, déplace les bornes du vrai et en vient à considérer que son rêve intérieur est moins illusoire que le devenir extérieur. »[31]

« La bourgeoisie a « noyé les frissons sacrés de l’extase. »[32]

Ouvrages de référence[modifier | modifier le code]

  • Sainte Thérèse, Château intérieur
  • L'expérience intérieure
  • L'exil intérieur
  • La pensée du dehors

Articles en ligne[modifier | modifier le code]

  • Poétique de l’extase selon sainte Thérèse d’Avila et saint Jean de la Croix.[33]
  • Extase et transgression chez Georges Bataille[17]
  • Les techniques corporelles de l'extase[34]

Performance[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. (Extase. Ek-stasis : « station hors de ». Les Grecs désignaient ainsi à la fois la folie, le délire et le désir. Et c'est l'ubris, la démesure qui en était le moteur), perte des limites, « au-delà du principe de plaisir » du moi. Cité par Jacqueline Schaeffer - Le refus du féminin, éditions PUF.
  2. Découvertes par John Hughes et Hans Kosterlitz en 1975 http://www.independent.co.uk/news/people/obituary-professor-hans-kosterlitz-1350733.html

Références[modifier | modifier le code]

  1. Dictionnaire Emile Littré
  2. Vladimir Jankélévitch Liszt et la Rhapsodie : essai sur la virtuosité, De la musique au silence, t. III, Paris, Plon, 183 p. ; 1989, 2e éd.
  3. Le Sacré et le Profane (Gallimard, 1956
  4. Marc-Alain Descamps, corps et extase, les technique corporelles de l'extase, édition Guy Trédaniel, ISBN 28570751652
  5. Entretien avec le Dŗ Vigne à propos de l'anorexie[1]
  6. André Pieyre de Mandiargues - Le Troisième Belvédère (1971) - La mort mithridatisée - Éditions Gallimard
  7. Clifford Bishop - Éditions Albin Michel - collection Sagesse du monde
  8. "Theodor Reik, Le masochisme op. cit., p. 384 éd 1971
  9. Theodor Reik - La fuite en avant
  10. Theodor Reik - Le masochisme édition de minuit op. cit., p. 384 éd 1971
  11. Chateaubriand - Atala, 1801
  12. a et b Sara Thornton, Écriture et morsure : l'extase de la ponctuation dans Dracula de Bram Stoker », Savoirs et clinique 1/2007 (n° 8), p. 81-86.DOI : 10.3917/sc.008.0081[2]
  13. Nosferatu de Friedrich Wilhelm Murnau, avec Max Schreck
  14. Marc-Edouard-Nabe -L'Homme qui arrêta d'écrire
  15. Friedrich Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.
  16. Gilles Deleuze Félix Guattari -MILLE PLATEAUX Editions de minuit.
  17. a et b Philippe Sabot « Extase et transgression chez Georges Bataille », Savoirs et clinique 1/2007 (n° 8), p. 87-93.[: 10.3917/sc.008.0087.]
  18. Georges Bataille L'experience intérieure Vol 5 et 6 Des œuvres complètes, Paris Gallimard,1970
  19. Michel Surya - « Georges Bataille la mort à l'œuvre, éditions Gallimard ISBN 2-07-072662-02
  20. http://www.blogg.org/blog-26774-billet-203627.html
  21. Vidéo comprenant le récit du texte érotique de Georges Bataille : Madame Edwarda, suivi des photos du supplice de Fou-Tchou-Li
  22. http://fr.wiktionary.org/wiki/extase
  23. http://www.albanypowerexchange.com/Ds/subspace.htm
  24. (en)Baadmaster Special: Spanking and Subspace
  25. Krafft-Ebing[Essai d’explication du masochisme]
  26. Texte établi par www.PSYCHANALYSE-PARIS.COM d’après l’ouvrage de Richard von Krafft-Ebing, Études médico-légales : Psychopathia Sexualis. Avec recherche spéciales sur l’inversion sexuelle, Traduit sur la 8e édition allemande par Émile Laurent et Sigismond Csapo, Éd. Georges Carré, Paris, 1895.
  27. Endorphine (définition et rôle)
  28. a et b Article Dr Jacques Vigne Endorphines et extase
  29. Bergson - Deux sources, 1932, p. 243 Les Deux Sources de la morale et de la religion
  30. Vladimir Jankélévitch - Quelque part dans l'inachevé, Paris, N.R.F., 1977, p. 85
  31. Albert Béguin - Âme romant 1939, p. 333
  32. Karl Marx, Le manifeste du parti communiste, Paris, Poche, 2004
  33. Bernard Sesé « Poétique de l'extase selon sainte Thérèse d'Avila et saint Jean de la Croix », Savoirs et clinique 1/2007 (n° 8), p. 27-35.[: 10.3917/sc.008.0027.]
  34. Marc-Alain Descamps, Les techniques corporelles de L'extase éditions Guy Trédaniel - >[[3]]

Articles connexes[modifier | modifier le code]