Utilisateur:Isère-Domaine de Vizille/Brouillon

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François-Joseph Martin dit Martin de Grenoble (Grenoble 1761- Lyon 1804)[modifier | modifier le code]

Sculpteur actif pendant la période révolutionnaire spécialisé dans l'art du portrait.

François-Joseph Martin est né en 1761 dans une famille d'artisans de la paroisse Saint-Louis à Grenoble. Son père était luthier et son grand-père paternel menuisier. Certainement doué pour les arts, il reçoit l'essentiel de sa formation entre 11 ans et 17 ans à l'école de dessin de la ville avant de partir à Paris où il commence véritablement son parcours de sculpteur en 1779. On le retrouve pourtant dans sa ville natale vingt ans après, en 1799, à l'occasion de son mariage avec une Iséroise. François Martin a donc incontestablement maintenu des liens familiaux et peut-être amicaux sur place. Mais c'est bien à Lyon où il est installé depuis 1795 qu'il a résolu de continuer à travailler. Martin est resté attaché à Grenoble toute sa vie, mais à aucun moment il n'a envisagé de s'inscrire dans le milieu artistique local.

Biographie[modifier | modifier le code]

  • , Naissance à Grenoble, paroisse Saint-Louis ; son père est luthier
  • 1761 à 1778, Formation à l'école de dessin de Grenoble
  • , Premier buste daté connu (Fénelon)
  • , Est installé à Paris en tant que « sculpteur statuaire » ; se fait connaître du public en exécutant de nombreux bustes de grands hommes pour le commerce ; ces bustes seront proposés à la vente en différentes matières jusqu'à sa mort
  • , Buste du botaniste Linné exposé au Salon de la Correspondance
  • , Bustes de Bailly[Qui ?] et de La Fayette ; dès le début de la Révolution, Martin s'engage politiquement en faveur du mouvement et met son art au service de la cause révolutionnaire
  • , Bustes de Marat et de Mirabeau
  • , Demande de secours financier au gouvernement
  • , Payé 2 400 livres pour le monument funéraire de Marat dans la cour des ci-devant Cordeliers à Paris
  • , Participation au concours de l'An II avec Rousseau dévoile la Nature montrant l'Éternel avec un génie et un enfant, oeuvre commune avec Ponchon et La Liberté, figure en pied, modelée en terre ; reçoit une aide de 300 livres
  • Fin 1795-début 1796, il est installé à Lyon. Réalise dans cette ville, de 1795 à 1804, de nombreux portraits vantés pour leur ressemblance avec les modèles
  • , Buste de Pierre Jubié de Lyon (né en 1732 à La Sône, Isère, sans doute apparenté à Pierre-Joseph Jubié né en 1759 qui fut administrateur du département de l'Isère en 1790 et élu député au Conseil des Cinq-Cents)

Mariage à Grenoble avec Thérèse-Françoise Barberoux, native de Saint-Marcellin, habitant rue Saint-Laurent ; domicilié rue Saint-Louis, probablement le logis de ses parents décédés

  • , Recensé à Grenoble comme habitant à Lyon

Buste d'Hippocrate d'après l'Antique ; buste du général Duhesme, commandant en chef de la 19e division basée à Lyon

  • , Bustes de scientifiques et de nombreuses personnalités locales
  • , Décès à l'âge de 43 ans

Martin statuaire et portraitiste à Paris[modifier | modifier le code]

Nous ne savons rien sur les conditions de l'arrivée de Martin dans la capitale, mais il est difficile d'imaginer qu'il ait travaillé, du moins au début, à son propre compte, hors de tout atelier. Pourtant, dès 1779 il réalise un petit buste de Fénelon. À cette époque, les collections de bustes de grands hommes (personnages historiques, philosophes, écrivains, hommes de science étaient à la mode. À l'instar de la plupart des sculpteurs, Martin va se faire connaître par une production de ce type. Après Fénelon, ce sera Linné, mais aussi Rousseau, Voltaire et bien d'autres dans différentes tailles et matières pour satisfaire la clientèle. Cette pratique lui a sans doute permis d'attirer l'attention de particuliers qui lui ont commandé des portraits. Cependant, Martin ne parvient pas à s'imposer à Paris où la concurrence est rude.

L'engagement révolutionnaire[modifier | modifier le code]

La Révolution française dont Martin partage visiblement les idéaux aurait pu être une période plus favorable à sa carrière. Au fil de l'actualité, les personnages célèbres de la Révolution remplacent les hommes illustres : Bailly, La Fayette, Mirabeau, puis les Martyrs de la Liberté et même Brutus. Il exécute en 1791 un impressionnant portrait en terre cuite de Marat et à une date indéterminée celui de Camille Desmoulins. Ces initiatives politiquement engagées ne semblent pas lui rapporter beaucoup d'argent. En 1792, une première requête auprès des autorités, dans laquelle il ne manque pas de faire valoir son patriotisme lui vaut l'année suivante la commande du monument funéraire de Marat dans la cour des ci-devant Cordeliers. Cet édicule très dépouillé et de forme simple ne met pourtant pas particulièrement en relief les talents du sculpteur. En 1794 Martin participe modestement aux concours de l'An II et reçoit une petite aide du Comité de salut public pour son engagement artistique et civique. Aucun de ses projets de statue monumentale de Rousseau ou de la Liberté n'a été retenu. Dépité et certainement tracassé après la chute de Robespierre en juillet 1794, Martin songe à quitter Paris.

Martin portraitiste de la société lyonnaise[modifier | modifier le code]

En dehors de la proximité de sa province natale, Lyon n'était pas le point de chute le plus approprié pour Martin. En 1795, la ville déchirée par plusieurs années de violence était hostile aux Jacobins et son commerce affaibli. De surcroit, deux sculpteurs, dont le fameux Joseph Chinard étaient solidement établis sur place. Forcé par les événements ou motivé par des raisons personnelles que nous ignorons, Martin s'engage courageusement dans ce nouveau défi. Pendant toutes ces années il conquiert peu à peu une clientèle de notables et semble assuré sous le Consulat d'un succès certain. Le préfet du Rhône et sa famille, de hauts magistrats et officiers, des médecins réputés lui commandent des bustes. Martin n'abandonne pas pour autant ses portraits d'hommes illustres pour garnir des cheminées ou des bureaux. D'Hippocrate à Pie VII en passant par Jussieu[Qui ?] et Lalande, son activité est intense. Pourtant son décès survenu en 1804 nous apprend que Martin est mort dans la misère. Il est resté quasiment méconnu depuis. Il sera peut-être un jour possible de lever une partie des nombreuses zones d'ombres qui demeurent sur la vie de Martin de Grenoble. Néanmoins, la première exposition d'une sélection de son oeuvre permet enfin d'évaluer ses talents réels.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Hélène Guicharnaud, « Deux bustes de musiciens : Philidor, par Pajou-Gluck par Martin, Dons et achats récents », Bulletin du musée Carnavalet, no 2,‎ , p. 28 à 41
  • Madeleine Rocher-Jauneau, « Un sculpteur peu connu François-Joseph Martin, à propos d'un buste donné au musée des Beaux-Arts », Bulletin des musées et monuments lyonnais, vol. V, no 3,‎ (1972-1976), 1973, p. 41 à 54 ou 125 à 138
  • Journal d'exposition « Face à face Laneuville et Martin de Grenoble », Musée de la Révolution française

Notes et références[modifier | modifier le code]