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Depuis la publication du Livre de Mormon en 1830, les archéologues des saints des derniers jours (mormons) et de non-mormons ont étudié les affirmations du récit en comparaison avec les informations obtenues de l'archéologie. L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (Église SDJ) et ses membres croient généralement que le livre a été écrit originalement par un peuple d'origine juive ayant vécu en Amérique entre l'an -600 et +400, et dont Joseph Smith a retrouvé les annales gravées en hiéroglyphes égyptiens sur des plaques d'or dans l'État de New York. Selon Smith et l'Église, le Livre de Mormon révélerait donc de véritables événements historiques de l'Amérique précolombienne.

Plusieurs archéologues mormons ont essayé de découvrir des preuves du Livre de Mormon ou d'associer certaines découvertes contemporaines avec le récit du livre. Pour les historiens et archéologues non-mormons, voire même des mormons, rien de ce qui a été trouvé ne prouve le récit du Livre de Mormon. Plusieurs vont jusqu'à rejeter l'historicité du livre en pointant le fait que plusieurs animaux, plantes et technologies n'existaient tout simplement pas dans l'Amérique de cette époque.

Indices archéologiques et anachronismes[modifier | modifier le code]

Il existe une variété de mots et des phrases dans le Livre de Mormon qui sont considérés comme anachroniques puisque leur existence dans le texte du Livre de Mormon est en contradiction avec les découvertes archéologiques. Le texte du Livre de Mormon s'étend sur une période commençant allant de 2500 avant J.-C. à 400 après J.-C. Chacun des anachronismes décrit ici un artefact, un animal, une plante, ou une technologie que les critiques et les archéologues croient qu'il n'existait pas en Amérique au cours de cette période.

La liste ci-dessous résume les anachronismes les plus importants et problématiques dans le Livre de Mormon, ainsi que les perspectives et les réfutations par les apologistes mormons.

Animaux[modifier | modifier le code]

Le Livre de Mormon mentionne les animaux suivants en Amérique: serpent, abeille, porc, bétail/vache/boeuf, chèvre, chèvre sauvage, mouton, brebis, cheval, âne, éléphant, curelom et cumom[1]. À l'exception de l'éléphant et des mystérieux curelom et cunom, tous ces animaux existaient aux États-Unis à l'époque de Joseph Smith. Mais selon les données biologiques et archéologiques, les seuls animaux de la liste à se retrouver dans l'Amérique précolombienne sont les serpents et les abeilles; tout le reste fut introduit durant la colonisation européenne. Les apologistes mormons répondent généralement qu'ils faut donner un sens plus large aux noms d'animaux du Livre de Mormon, mais les critiques font valoir qu'il s'agit bel et bien d'anachronismes et que l'anglais (ou le français) avait déjà au temps de Joseph Smith un vocabulaire bien connu pour nommer la faune d'Amérique: pécari, tapir, opossum, cerf, paresseux, tatou, jaguar, élan, lynx, ours, bison, mouflon, lama, alpaga, couguar, castor, fourmilier, etc.

Chevaux[modifier | modifier le code]

Un tapir - Certains apologistes mormons croient que le mot «cheval» dans le Livre de Mormon se réfère à un tapir pour expliquer l'anachronisme

Les chevaux sont mentionnés onze fois dans les parties du Livre de Mormon qui concerne le Nouveau Monde [2]. Or, il n'existe aucune preuve que les chevaux ont existé sur le continent américain au cours des 3000 ans d'histoire du Livre de Mormon (2500 av. J.-C. - 400 ap. J.-C.). la seule preuve de chevaux sur le continent américain remonte à la préhistoire[3], ( entre 12 500 et 10 000 av. J.-C. [4]). Il est largement admis que les chevaux étaient disparus dans l'hémisphère occidental il y a plus de 10 000 ans, et n'étaient pas réapparus avant que les Espagnols les aient apportés en provenance d'Europe.[5]. Les chevaux ont été réintroduits aux Antilles par Christophe Colomb en 1493[6] et sur ​​le continent américain par Cortés en 1519[7][8].

Les apologistes mormons ont proposé différentes explications pour faire face à cet anachronisme supposé. L'apologiste John L. Sorenson de FARMS[9] affirme qu'il existe des preuves fossiles que certains chevaux ont peut-être survécu en Amérique après la transition Pléistocène - Holocène, [10], même si ces résultats sont contestés par d'autres archéologues[11]. L'apologiste Robert R. Bennett suggère que le mot «cheval» dans le Livre de Mormon fait peut-être référence à un animal différent, comme un tapir[12].

Éléphants[modifier | modifier le code]

Les mastodontes ont déjà existé en Amérique, mais ils ont disparu vers l'an 10 000 av. J.-C.

Les éléphants sont mentionnés deux fois dans un verset du Livre de Mormon, le récit sur les Jarédites[13]. Les mastodontes et les mammouths ont vécu longtemps en Amérique , mais comme avec le cheval préhistorique, les données archéologiques indiquent qu'ils se sont éteints avec la plupart de la mégafaune en Amérique vers 10 000 av. J.-C. La source de cette extinction est probablement le résultat de la prédation humaine, un changement climatique important, ou une combinaison de ces deux facteurs[14][15]. Une très petite population de mammouths a survécu à l'île Saint-Paul (Alaska) jusqu'en 3700 av. J.-C.[16] mais c'est encore plus de mille ans avant la période de temps où les éléphants sont mentionnés dans le Livre de Mormon.

Plusieurs archéologues amateurs et auteurs mormons ont cité des preuves controversées que les Mound Builders d'Amérique du Nord étaient familiers avec l'éléphant[17]. Cette preuve a longtemps été un sujet de débat avec la plupart des archéologues concluant que les restes d'éléphants ont été mal datés, mal identifiés ou frauduleux[18].

Boeufs et vaches[modifier | modifier le code]

Les lamas sont les seuls mammifères connus à avoir été domestiqués en Amérique

Le mot «bétail» revient à plusieurs reprises dans le Livre de Mormon pour traduire souvent des mots anglais qui n'ont pas strictement l'équivalent en français (cattle, herd, flock). Les mots anglais cattle, ox et cow (boeuf et vache) reviennent plusieurs fois dans la version originale du Livre de Mormon, incluant un verbiage qui suggère qu'ils ont été domestiqués[19]. Il n'existe aucune preuve que les boeufs et les vaches aient peuplé l'Amérique avant l'arrivée des Européens au 16e siècle de notre ère. Aussi, il n'existe actuellement aucune preuve archéologique que le bison américain ait été domestiqué autrefois[20]. Il est généralement admis que le seul grand mammifère à avoir été domestiqué en Amériques fut le lama et qu'aucune espèce de chèvres, cerfs, ou des moutons ont été domestiqués avant l'arrivée des Européens sur le continent.

Certains apologistes mormons croient que le terme cattle, tel qu'utilisé dans le Livre de Mormon est plus général et ne signifie pas exclusivement les membres du genre Bos. Ainsi, disent-ils, le terme cattle prend le sens de bétail et peut se référer à la chèvre de montagne, au lama ou au bison d'Amérique[21].

Moutons[modifier | modifier le code]

Les moutons sont mentionnés dans le Livre de Mormon comme ayant été élevés en Amériques par le Jarédites entre 2500 et 600 av. J.-C. Un autre verset mentionne une «peau d'agneau» porté par les armées de brigands vers l'an 21[22], mais il est reconnu que les moutons domestiques ont été introduits en Amériques au cours du deuxième voyage de Christophe Colomb en 1493.

L'apologiste John L. Sorenson affirme par contre que de la laine de mouton a été trouvé en Mésoamérique précolombienne[23]. D'autres suggèrent que le mot «mouton» peut se référer à une autre espèce d'animal qui ressemble au mouton comme le mouflon canadien ou le lama[24], mais les critiques font valoir que le mouflon canadien n'a jamais été domestiqué par l'homme.

Chèvres[modifier | modifier le code]

Les chèvres sont mentionnés trois fois dans le Livre de Mormon [25] vivant au temps des Néphites et des Jarédites (c.-à-d. de 2500 av. J.-C. à 400 av. J.-C.). Dans deux de ces versets, le texte distingue la «chèvre» de la «chèvre sauvage», indiquant qu'il y avait au moins deux variétés, l'une d'entre elles probablement domestiquée ou apprivoisée. Il est généralement reconnu que les chèvres domestiques ont été introduites sur le continent américain par les Européens au 15e siècle, soit mille ans après la conclusion du Livre de Mormon. La chèvre de montagne est indigène aux montagnes Rocheuses, mais il n'y a rien qui indique qu'elle aurait pu avoir été domestiquée.

L'apologiste mormon Matthew Roper de FARMS[9] fait valoir qu'au 16e siècle les moines espagnols ont déjà utilisé le mot chèvre pour parler des mazamas, des cervidés qu'on trouve en Amérique[26].

Porcs[modifier | modifier le code]

Le Livre de Mormon suggère que le porc a existé et a été domestiqué parmi les Jarédites[27]. Il n'y aucun reste, référence, illustration, outil ou toute autre preuve suggérant que le porc ait été présent dans l'Amérique précolombienne.

Certains apologistes suppose que le mot «porc» désigne le pécari[28], un animal d'Amérique qui ressemble au porc. Par contre, les critiques réfutent qu'il n'y a aucune preuve archéologique que les pécaris n'ont jamais été domestiqués[29].

Soie[modifier | modifier le code]

La soie est produite par plusieurs sortes d'araignée ou de chenille, mais la soie utilisée pour le textile est créée à partir du cocon de la chenille du Bombyx du mûrier, une espèce domestique qui n'existe pas à l'état sauvage. La développement de la sériculture s'est fait en Chine et la technique y fut gardée secrète durant l'Antiquité, obligeant les commerçants à parcourir la route de la soie pour l'obtenir. Dans le Livre de Mormon, la soie est présentée comme l'une des richesses des civilisations néphites[30] et jarédites[31]. Or, rien n'indique que la soie fut produite ou utilisée en Amérique précolombienne.

L'apologiste John L. Sorenson croit qu'il y a plusieurs autres matériaux qui auraient pu être utilisés en Mésoamérique précolombienne et identifiable à la «soie» du Livre de Mormon, par exemple du matériel filé à partir de poil de ventre de lapin, le coton des gousses de kapokier, une forme de soie sauvage ou du véritable coton[32] [33].

Plantes[modifier | modifier le code]

Le blé a été domestiqué dans l'Ancien Monde et a été introduit en Amérique par les Européens.

Le Livre de Mormon affirme que les Néphites cultivaient en Amérique le maïs, le blé, l'orge, le néas, le shéum et toutes sortes de fruits[34]. Le maïs est en effet originaire d'Amérique et les Amérindiens l'ont cultivé depuis des milliers d'années, au côté de la courge et du haricot (voir la culture des trois soeurs). Aussi, l'espèce d'orge Hordeum pusillum aurait déjà été cultivée durant la période sylvicole en Amérique du Nord, avant d'être remplacée graduellement par la culture du maïs[35]. En revanche, le blé et l'orge commune ont été domestiqués par des croisements réalisés en Mésopotamie et n'ont fait leur apparition en Amérique qu'après l'arrivée des Européens. Quant au néas et au shéum, ces plantes n'ont jamais été identifiées.

Étant donné que la couche externe en sporopollénine des grains de pollen persiste dans le sol pendant des millions d'années et que les plantes spermatophytes produisent du pollen en grande quantité, les archéologues sont capables en analysant le sol d'identifier les plantes présentes à une certaine époque. La palynologie permet d'obtenir un grand nombre d'informations liées au milieu dans lequel évoluaient les groupes humains du passé. Quand des pollens ont été piégés et conservés dans une structure archéologique, leur analyse et leur comptage apporte des informations sur l'environnement végétal général, sur les pratiques anthropiques et sur l'âge de la structure archéologique en question. Il est donc possible pour les archéologues de vérifier avec assurance si une plante était présente ou non dans le passé.

L'apologiste mormon Robert Bennett soutient[36] que les mots « orge » et « blé » dans le Livre de Mormon réfèrent probablement à d'autres plantes en Amérique, comme Hordeum pusillum en Amérique du Nord[37].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Éther 9:19
  2. 1 Nephi 18:25; Enos 1:21; Alma 18; Alma 20:6; 3 Nephi 3:22; 3 Nephi 4:4; 3 Nephi 6:1; Ether 9:19
  3. R. Dale Guthrie, « Rapid body size decline in Alaskan Pleistocene horses before extinction », Nature (consulté le )
  4. Barry W. Baker, Collins, Michael B., Bousman, C. Britt, « Late Pleistocene Horse (Equus sp.) from the Wilson-Leonard Archaeological Site, Central Texas » [archive du ] [PDF] (consulté le )
  5. R. Dale Guthrie, New carbon dates link climatic change with human colonization and Pleistocene extinctions, Nature 441 (11 May 2006), 207-209.
  6. Jay F. Kirkpatrick, Fazio, Patricia M., « Wild Horses as Native North American Wildlife » [archive du ] (consulté le )
  7. Ben Singer, « A brief history of the horse in America; Horse phylogeny and evolution » [archive du ], Canadian Geographic Magazine (consulté le )
  8. Mitochondrial genomes from modern horses reveal the major haplogroups that underwent domestication, "PNAS" (January 30, 2012).
  9. a et b Foundation for Ancient Research and Mormon Studies
  10. voir références cité par John L. Sorenson, An Ancient American Setting for the Book of Mormon (Salt Lake City: Deseret Book Company, 1996), 295, n.63.
  11. Peterson Daniel C. and Roper, Matthew "Ein Heldenleben? On Thomas Stuart Ferguson as an Elias for Cultural Mormons" FARMS Review: Volume - 16, Issue - 1 [1]
  12. (Robert R. Bennett, "Horses in the Book of Mormon," Foundation for Ancient Research and Mormon Studies (FARMS) Research Report. [2])
  13. «Et ils avaient aussi des chevaux, et des ânes, et il y avait des éléphants et des cureloms et des cumoms, lesquels étaient tous utiles à l'homme, et plus spécialement les éléphants, et les cureloms, et les cumoms.» (Éther 9:19)
  14. Diamond 1999
  15. Sharon Levy, “Mammoth Mystery, Did Climate Changes Wipe Out North America’s Giant Mammals, Or Did Our Stone Age Ancestors Hunt Them To Extinction?, Onearth, winter 2006, pp15-19
  16. Kristine J. Crossen, “5,700-Year-Old Mammoth Remains from the Pribilof Islands, Alaska: Last Outpost of North America Megafauna”, Geological Society of America Abstracts with Programs, Volume 37, Number 7, (Geological Society of America, 2005), 463
  17. Wayne N. May (editor), Ancient American, Archaeology of America Before Columbus, LDS Special Edition III
  18. Dans The Mound Builders, Their Works and Relics, l'auteur Stephen Dennison Peet cite des exemples de restes de mastodonte exhumés et les arguments donnés pour lesquelles les restes ont été soupçonnés d'être contemporain avec les Mound Builders. Stephen Dennison Peet, The Mound Builders, pp. 38–44.
  19. 1 Néphi 18:25, Ether 9:18
  20. Diamond 1999, p. 165, 167, 168
  21. « Plants and Animals in the Book of Mormon: Possible Solutions to Apparent Problems » (consulté le )
  22. 3 Néphi 4:7
  23. Sorenson, John L. An Ancient American Setting for the Book of Mormon. Foundation for Ancient Research and Mormon Studies, 1996. 296.
  24. « Plants and Animals in the Book of Mormon: Possible Solutions to Apparent Problems » (consulté le )
  25. 1 Néphi 18:25, Enos 1:21, Ether 9:18
  26. Matthew Roper, « Deer as "Goat" and Pre-Columbian Domesticate Matthew Roper », Farms.byu.edu (consulté le )
  27. Éther 9:18
  28. Gongora, J., and C. Moran. 2005. Nuclear and mitochondrial evolutionary analyses of Collared, White-lipped, and Chacoan peccaries (Tayassuidae). Molecular Phylogenetics and Evolution; 34: 181-189.
  29. "Nor were there any animals [in the Americas] which could be domesticated for food or milk...the peccary, or American hog, is irreclaimable in its love of freedom." - Brinton, quoted in Roberts 1992, p. 102–103
  30. Alma 1:29 et 4:6
  31. Éther 9:17 et 10:24
  32. Sorenson 1985, p. 232
  33. John L Sorenson, « A New Evaluation of the Smithsonian Institution "Statement regarding the Book of Mormon" », Maxwell Institute, (consulté le )
  34. Mosiah 9:9
  35. Hordeum pusillum, Department of Anthropology, Washington University in St. Louis
  36. « Barley and Wheat in the Book Mormon », Featured Papers, Maxwell Institute, {{Article}} : paramètre « date » manquant (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  37. Bennett cites, Nancy B. Asch and David L. Asch, “Archeobotany,” in Deer Track: A Late Woodland Village in the Mississippi Valley, ed. Charles R. McGimsey and Michael D. Conner (Kampsville, Ill. Center for American Archaeology, 1985), 44, pg. 78