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Utilisateur:Leonard Fibonacci/Faustinus des épigrammes de Martial

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Pour André Balland, le Faustinus des épigrammes est Q. Petilius Cerialis, pour lui c'est le père d'un Pétilius Clemens qui serait Clément de Rome :
La nomenclature de Cerialis atteste qu'il a été adopté.
Pour la patrie du père génétique de Faustinus, il propose Aquileia en Vénétie (p. 43). Il remarque que Aquileia a été proposée comme origine des Petilii par E. Svoboda.

Faustinus de Martial[modifier | modifier le code]

Ce Faustinus est un riche patron de Martial (p. 39). Mais dont on ignore l'identité et la nomenclature (p. 39). André Balland s'interroge « Faustinus est-il un cognomen, un signum, ou un pseudonyme créé par Martial ? (p. 39) » On ignore aussi son origine géographique et s'il était sénateur (p. 39). C'était en tout cas un poète. André Balland soutient que c'est le même que l'auteur de l'épigramme que l'on trouve dans la grotte "de Tibère" à Sperlonga (p. 39). Certains critiques partagent le POV de A. Balland tandis que d'autres en doute.

Faustinus de l'épigramme de la grotte de Sperlonga[modifier | modifier le code]

  • Texte du poème p. 159

Pour André Balland, le Faustinus des épigrammes de Martial est le même que l'auteur de l'épigramme que l'on trouve dans cette grotte appelée grotte "de Tibère" située à Sperlonga. En signant dans son dernier vers, il se dit Faustinus felix dominis manifestant son bonheur d'être lié au couple impérial (p. 45 et p. 48). Il indique qu'il a composé son poème dans "l'antre même" de la grotte (p. 159). L'empereur a autorisé qu'il soit gravé sur la pierre et placé dans cette grotte, ce qui confirme la proximité de ce Faustinus avec l'empereur. André Balland en conclut — peut-être avec raison — qu'il était lié par mariage à un membre de la famille de Domitien.

La grotte naturelle de la Villa de Tibère a été emménagée en salle à manger estivale avec plusieurs œuvres remarquables à l'intérieur.

Par ailleurs André Balland estime que Faustinus est aussi l'auteur de l'Iliade latine (voir plus bas).

Problème chronologique[modifier | modifier le code]

Ce Faustinus est florissant à Rome alors que Domitien est empereur. Le règne de ce dernier commence en 81. Pour plus de précision nous n'avons que la date de publication des épigrammes qui le mentionne. Une date de publication est naturellement différente d'une date d'écriture.

L'un d'entre-eux implique toutefois fortement que Faustinus était vivant lorsqu'il a été publié, c'est le V.36 qui dit: « J'ai loué dans mon livre un quidam, Faustinus, et il fait semblant de ne rien devoir. Il a triché. » Balland le date de l'année 90, il appartient au livre V qui d'après ce que je comprends est donné comme ayant été publié cette année là[1]. Faustinus semble florissant de 85 à 93, le dernier épigramme qui le cite se trouve dans le livre X, publié en 95, indique peut-être qu'il était mort.

Puisqu'il est vivant au début des années 90, Faustinus ne peut pas être Quintus Petilius Cerialis, comme le propose André Balland. D'ailleurs Cerialis naît aussi trop tard pour être Cerialis, si on se fie aux indications fournies par la littérature pseudo-clémentine. En revanche, avec les mêmes arguments utilisés par André Balland (Clemens, proximité avec les Flaviens, ...), Faustinus de Martial pourrait être Faustinus/Nicétas, fils de Faustinus, évêque des églises d'Asie avec son frère Faustus/Aquila.

Auteur de l'Iliade latine ?[modifier | modifier le code]

André Balland estime que le Faustinus des épigrammes de Martial est l'auteur de l'Iliade latine. L'identification de l'auteur est basée sur deux acrostiches imparfaits qui se trouvent l'un vers le début, l'autre vers la fin de cette "Iliade" en latin. L'un indique à une lettre près ITALICUS, mais il est en fait écrit ITALICPS. L'autre indique SCRIPSIT, mais il est en fait écrit SCQIPSIT. ITALICUS SCRIPSIT se traduit par « Italicus a écrit ». Il a été proposé d'identifier l'auteur à Publius Baebius Italicus (de), mais c'est une identification qui ne se fonde que sur le nom. Dans ces acrostiches André Balland propose de ne retenir que les 4 lettres concernées par les anomalies, "UPRQ", pour donner Qintus Petilius Cerialis RUfus. Il ignore ainsi totalement Italicus, ce qui a priori n'est guère convaincant. Il en fait le père de Clément de Rome, ce qui est difficilement compatible chronologiquement. Un Faustinus florissant à cette époque serait plus facilement le Faustinus qui est le frère de Clément de Rome, mais visiblement André Balland n'a pas lu la littérature pseudo-clémentine et s'est laissé impressionner par toutes les préventions disant qu'il n'y avait là que légendes, alors que ces textes sont beaucoup moins légendés que les évangiles par exemple.

Outre la littérature pseudo-clémentines, André Balland ignore totalement des sources comme les Actes du martyr de la vierge Flavia Domitilla, les extraits du talmud à propos d'Onqelos/Aquila, fils de la soeur de Titus dont le père s'appelle vraisemblablement Clemens, ou les écrits de Philostrate à propos de l'exécution d'un Clemens de rang consulaire peu avant le meurtre de Domitien à qui ce dernier avait donné sa soeur en mariage. En tenant compte de tous ces éléments, il est assez clair que le demi-frère du Faustinus père de l'évêque Clément de Rome, mais aussi père d'Aquila et de Faustinus/Nicétas, appelé « Consul Clemens » dans plusieurs sources, est Cnaeus Pinarius Cornelius Clemens (mais il est vrai que nous sommes les seuls à le savoir).

Sachant cela nous disposons d'un bien meilleur candidat pour appartenir à la branche familiale d'un Faustinus auteur de l'Iliade latine. C'est A. PLATORIUS A. F. SERG. NEPOS APONIUS ITALICUS MANILIANUS C. LICINIUS POLLIO[2]. Le nom correspond aussi bien que Publius Baebius Italicus. mais en plus, il est originaire de Bétique[2], alors que son éventuel demi-frère est de la région d'Emerita Augusta, située à moins de 100 km au nord d'Italica. Une des villes de Bétique est Italica, dont un de ses parents — si ce n'est Cornelius Clemens lui-même — était un centurion de la cohorte d'Italica aux alentours de l'an 40 à Césarée maritime, que l'apôtre Simon Pierre a converti. Il est lié à Aquileia dont il est le patron, ce qui pourrait expliquer les noms Aquila donnés dans cette branche familiale. D'après H. Krahe, le lignage des Platorii est originaire d'Illyrie[2]. Françoise Des Boscs-Plateaux remarque que « cette considération est intéressante quand on voit que Platorius Nepos est patron d'Aquilée. Cela voudrait dire que tout comme Hadrien se souvenait de sa patrie primitive Hadria[3], certaines de ces familles immigrées en Espagne auraient gardé non seulement le souvenir, mais également des liens avec leur région d'origine[2]. »

Selon A. E. Gordon, son nom d'origine aurait été C. Licinius Pollio. À une date indéterminée — peut-être vers 108/109 — il aurait été adopté par un A. Platorius Nepos Aponius Italicus Manilianus. A priori c'est plutôt celui-là qui nous intéresse. Licinius Pollio serait mentionné (après son adoption) dans l'Histoire Auguste en 115/117 sous le nom de Platorius Nepos[2]. (le reste est malheureusement inaccessible)

Il tombe ensuite en disgrâce, peut-être dès le milieu du règne d'Hadrien[4] et il est peut-être un de ceux qui sont éliminés dans la purge de fin de règne[5],[6].

Publius Baebius Italicus[modifier | modifier le code]

Généalogie d'Italicus qui pourrait être le père (adoptif ou non) de Publius Baebius Italicus.

Publius Baebius Italicus (de) est lui même intéressant comme éventuel auteur de l'Iliade latine. Il est moins probable qu'il soit Faustinus/Nicétas. Il pourrait être un fils naturel ou adopté d'Italicus (de), fils de Flavus . Italicus est le frère cadet d'Arminius et le petit-fils du prince Chérusques Segimerus. Élevé à Rome, il a été fait roi des Chérusques en 47.

L'adoption de Publius Baebius Italicus (de) (Nicetas/Faustinus) avec son frère Aquila/Faustus par des princes ou rois du Pont serait logique, puisqu'ils seraient eux-même membres d'une dynastie royale. Dans cette hypothèse Italicus (de) serait le Faustinus, père de Clément de Rome et père "naturel" d'Aquila/Faustus et Nicetas/Faustinus. Il faudrait déterminer si c'est lui ou sa femme Mathidie qui serait un des parents de Cnaeus Pinarius Cornelius Clemens.

Comme il est indiqué dans l'article en:Lucius Caesetius Flavus, le nom gentilice Flavius est dérivé du cognomen (surnom) Flavus. Flavus veut dire "le blond". Il s'agit donc d'une piste à explorer.

Flavus est contemporain de Titus Flavius Petro qui semble un petit peu plus âgé que lui. Il faudrait tenter de vérifier s'ils pourraient avoir un[e] ascendant[e] commun[ne]. À noter un Flavus qu'André Balland qualifie de « bien curieux ami (p. 147) » qui part en compagnie de Maternus « pour Tarrasco, et de là pour Bilbilis ». Martial demande de « saluer en son nom les amis non revus depuis 34 ans (ép. X.37 écrite en 98), rappeler à Flavus de lui trouver à Bilbilis un logement — pas trop onéreux. »

Faustinus et Silius Italicus chez Martial[modifier | modifier le code]

À noter que Martial parle de Faustinus un poète qui est son protecteur, mais il parle aussi d'un [autre ?] poète appelé Silius Italicus[7]. Silius Italicus dont le nom complet est Tiberius Catius Asconius Silius Italicus, est né vers 25 et mort en 101 apr. J.-C.. C'est un poète et homme politique romain, auteur des Punica ou Guerre punique[8], épopée en 17 chants et 12 000 hexamètres en latin racontant la Deuxième guerre punique. S'il est le Faustinus des épigrammes, c'est peut-être cette oeuvre que Martial l'invite à plusieurs reprises à enfin publier. Ses dates et son profil, rendent tout à fait possible qu'il soit l'auteur de l'Iliade latine, dont l'auteur indique dans un acrostiche qu'il s'appelle Italicus.

Il a eu deux fils, dont l'un, Severus, est mort jeune. L'autre, Decianus, devint consul[9].

Un Faustinus lui aussi viré du Calendrier Romain en 1969[modifier | modifier le code]

Faustinus et Jovita ont été retirés du Calendrier romain général en 1969 car « their Acts are completely fabulous, treating Jovita as a preacher, although she was a woman and a man was Faustinus[10]. » C'est le neuvième martyr de l'époque apostolique dont je repère qu'il a été viré du Calendrier romain en 1969, au moment où les travaux sur les Flaviens chrétiens se resserrent suffisamment pour que ces personnages soient finalement clairement identifiés. Même si ces travaux sont menés par des critiques plutôt en marge des critiques ayant pignon sur rue (ou dirigeant un des secteurs de l'école pratique des hautes études). Le prétexte invoqué pour virer ce saint et martyr est d'autant plus surprenant que les noms Jovita ou Giovita étaient aussi portés par des hommes à cette époque. Dans les "Actes" qui leurs sont consacrés, il est explicitement dit que ce sont deux frères et donc Jovita n'est pas une femme, même si aujourd'hui c'est un prénom féminin.

Les huit autres qui ont été virés (ou pour 4 d'entre-eux transformés par un coup de baguette magique en personnage du IVe siècle dont on ne sait rien et au sujet desquels il n'existe aucune source) étaient tous mentionnés dans les Actes du martyr de Flavia Domitilla, qui était liée indirectement par un demi-frère de sa mère Plautilla au père de l'évêque Clément de Rome. Là on vire un Faustinus qui porte le même nom que le père de Clément de Rome et qui pourrait être le frère (ou demi-frère) de l'évêque de Rome, plus connu sous le nom de Nicétas, le frère d'Aquila du Pont.

La date qui est traditionnellement donnée pour la mort de Faustinus et Jovita est 120 ou 118. Toutefois dans les "Actes" qui leurs sont consacrés, ils sont soutenus par l'évêque de Rome Évariste qui succède à Clément de Rome (m. v. 99) et qui meurt lui même en 108. Ils auraient survécus à plusieurs mises à mort à Rome et dans d'autres villes, puis ramenés à Brescia (~120 km de Padoue) au commencement de l’empire d’Hadrien (117), ils eurent la tête tranchée.

Rien ne s'oppose toutefois à ce que ce soit le Faustinus des Épigrammes de Martial, même si naturellement c'est loin d'être prouvé.

Encyclopédies un brin confessionnelles[modifier | modifier le code]

Décédé à Brescia, Lombardie, Italie, c. 121. Deux frères appartenant à la noblesse de Lombardie, prédicateurs zélés du christianisme - contrairement à l'évêque de Brescia, qui se cacha sous la "persécution" de l'empereur Hadrien. On ne peut pas en dire beaucoup plus à leur sujet, sauf qu'ils ont été décapités. La tradition rapporte que Julien, un seigneur païen, les a appréhendés; et l'empereur lui-même passant à Brescia, a commandé leur exécution quand les menaces et les tourments n'ont pu ébranler leur constance. Ils sont les principaux patrons de Brescia, où leurs reliques sont enchâssées et une très ancienne église porte leurs noms (Bénédictins, Encyclopédie, Husenbeth).

Les saints Faustinus et Jovita sont représentés comme deux frères chevaliers tenant les paumes des martyrs. Parfois: (1) Faustinus peut être seul, richement vêtu et à cheval; (2) un ange peut être montré les sauvant de la noyade; (3) ils sont représentés avec l'évêque Saint Faustinus de Brescia (Roeder).

L'association avec Faustinus de Brescia témoigne une fois de plus de l'association et de la mise en parallèle des personnages de l'époque apostolique (ou des personnages fondateurs) avec un évêque du IIIe ou IVe siècle portant le même nom. Première étape du "recouvrement" des personnages de l'époque apostoliques par celui dont forcément la biographie est mieux connue. D'où, l'affirmation à l'époque des Bollandistes et des Jésuites, que les personnages de l'époque apostoliques sont des personnages légendaires construits par les chrétiens locaux sur la base des personnages du IVe siècle. C'est-à-dire l'exacte inversion de ce qui s'est passé permettant de déclarer "légendaire" et donc sans intérêt historique des centaines de personnages. Ce qui permet aussi de construire un tout autre tableau du développement du mouvement chrétien à ses débuts que ce qui a historiquement eu lieu.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

  • Félix de Nole, exécuté à Nola en 95, pendant la Persécution de Domitien. Felix me fait penser aux descendants de Sylla qui portent ce nom et aussi à Claudius Felix curieusement confondu avec Antonius Felix par Flavius Josèphe.
  • Avec la tentative de confusion habituelle avec un écclésiastique du IIIe ou IVe siècle (Félix prêtre de Nole), qui cette fois ci n'a pas marché et n'a pas permis de "recouvrir" celui de la période apostolique par celui du IIIe ou IVe siècle.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • André Balland, Essai sur la société des épigrammes de Martial, Ausonius Éditions, , 257 p. (ISBN 978-2-35613-029-7).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le livre I a vraisemblablement été publié en 85-86, le livre III en 88 (ou sept. - octobre 87), le livre IV en 89, le livre V en 90, le livre VI en 91, le livre VII en 92, le livre VIII en 93, le livre X en 95.
  2. a b c d et e Françoise Des Boscs-Plateaux, Un parti hispanique à Rome?: ascension des élites hispaniques et pouvoir, p. 552.
  3. Actuelle Adria ou plutôt actuelle en:Atri, dans les Abruzes.
  4. Histoire Auguste, Vie d'Hadrien, 14.
  5. F. Des Boscs-Plateaux, op. cit., pp. 554-555.
  6. Histoire Auguste, Vie d'Hadrien, 22.
  7. Séverine Clément-Tarantino, La représentation du « couple » Virgile-Ovide dans la tradition culturelle, p. 97.
  8. Voir aussi l'article en anglais qui est plus détaillé : en:Punica (poem).
  9. Martial 8.66.
  10. Calendarium Romanum, Libreria Editrice Vaticana (1969), p. 117.