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La Foire aux gangsters
50e histoire de la série Spirou et Fantasio
Scénario André Franquin
Dessin André Franquin
Jidéhem

Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Langue originale Français
Éditeur Dupuis
Première publication no 1034 de Spirou (1958)

La Foire aux gangsters est la cinquantième histoire de la série Spirou et Fantasio d'André Franquin et Jidéhem. Elle est publiée pour la première fois dans Spirou du no 1034 au no 1045.

Univers[modifier | modifier le code]

Synopsis[modifier | modifier le code]

Personnages[modifier | modifier le code]

  • Spirou
  • Fantasio
  • Spip
  • Marsupilami
  • Soto Kiki
  • Lucky Caspiano
  • Gaston Lagaffe
  • Bertrand, est caractéristique des méchants inventés par André Franquin où les méchants ne sont jamais complètement mauvais. Il se voit confier la garde du petit Honeysuckle par ses collègues gangsters, mais est attendri par le bébé. Spirou finit par le convaincre de changer de camp et il se sacrifie pour que le bébé soit sauvé. Une fois de plus, l'intervention de Spirou permet de révéler ce que ses ennemies ont de meilleurs en eux[1].
  • Jo la Java

Historique[modifier | modifier le code]

Dans les années 1950, Charles Dupuis souhaite que la série vedette soit présente chaque semaine dans les pages de son journal. Entre chaque grande aventure, André Franquin peut se détendre avec une histoire courte et fantaisiste. Ainsi Le voyageur du Mésozoïque est suivis par l'histoire plus courte Vacances sans histoires. Mais a la fin de publication de celle-ci en janvier 1958, c'est une autre histoire courte qui lui succède intitulée La Foire aux gangsters.

L'année 1958, voit André Franquin transformé sa vie professionnel. Il ouvre un atelier avenue du Brésil à Ixelles et recrute des assistants comme Jidehem ou Jean Roba. André Franquin est alors très occupé, en plus de la série vedette du journal Spirou, il dessine les animations et la chronique auto. Pour le journal Tintin il anime Modeste et Pompon depuis plusieurs années. Dupuis a aussi l'idée de fournir des histoires inédites à des journaux français pour mieux faire connaitre le personnage dans le pays.

Ce n'est pas la première fois que Franquin réalise une histoire avec des intrigue policière comme dans La Corne de rhinocéros publiée en 1952. L’intérêt de cette histoire est dans le moyen de parvenir au dénouement et pas à l’énigme elle-même. Le bébé intégré à l'histoire, est probablement, même inconsciemment, du au fait que Franquin et sa femme viennent d'avoir une fille[2].

Le judo, est à l'époque un des premiers arts martiaux asiatiques à percer en Europe. Arrivé en Belgique en 1930, c'est dans les années 1950 que les clubs se créés. La même année, que la publication de l'histoire, un occidentaux gagne pour la première fois une médaille lors des championnats du Monde à Tokyo (le français Bernard Pariset en bronze). Qu'un occidental puisse battre les japonais sur la terre même de ce sport, provoque l'engouement des médias pour ce sport[3].

1958 est l'année de l'expo universelle à Bruxelles dont le thème, matraqué tout au long de l'année, est « Bilan du monde pour un monde plus humain ». Franquin semble y répondre de manière ironique en mettant en scène des américains, italiens et japonais[4].

Analyse[modifier | modifier le code]

Ambiance et décor[modifier | modifier le code]

L'histoire commence comme dans un film noir, pour bien coller à son titre. Avec un personnage mystérieux, une grosse voiture américaine, des gorilles avec un pardessus et une bagarre[5]. Le décor urbain du début de l'aventure, oscille entre la banlieue et le centre-ville, il est inspiré du Bruxelles de l'époque qui est alors en plein bouleversement architectural entre les quartiers populaires et les modernes[6]. Le décor intérieur chez Spirou et Fantasio est inspiré directement du propre intérieur de Franquin. Celui-ci et Jidéhém avaient une passion pour le design contemporain. On trouve des meubles Arflex, dans la planche 2A Spirou renverse en tombant un fauteuil dessiné par Marco Zanuso en 1951 et baptisé Lady. Dans la planche 2B2 Fantasio se retourve coincé dans un fauteuil D70 d'Osvaldo Borsani édité par Tecno en 1957. Alors que dans la planche 3B1 Soto Kiti s'assoie dans un fauteuil P40 du même créateur de 1951. On trouve aussi une lampe à pied danoise d'Arne Jacobsen, une armoire néerlandaise de Pastoe, ou encore un vase de Vallauris. Sur la table, on aperçoit un exemplaire du journal Spirou et du magazine américain Life qui est l'une des sources d'inspirations de Franquin pour sa documentation[7]. Le côté précieux du mobilier permet un gag à la planche 3B1 puisque Spirou gronde la Marsupilami de casser le mobilier plutôt que de s'en être prit au japonais. Dans l'entretien avec Numa Sadoul, Franquin trouvera marrante les compositions graphiques sur les murs.[8]

Les immeubles présent dans l'histoire sont haussmanniens, à cette époque le rédacteur en chef Yvan Delporte voulait que Spirou soit de plus en plus « français ». Ainsi la ville ou évolue l'histoire est un mélange entre Paris et Bruxelles, avec des policiers habillés à l'américaine[9]. Par la foire, est totalement inspiré de la foire du Midi à Bruxelles. Jidéhem a fait plusieurs croquis sur place des baraques, des auto tamponneuses, ainsi que l'intérieur d'une roulotte. En insistant sur les petits éléments qui plaisent beaucoup à Franquin. Ce n'est pas la première fois que Franquin représente la foire puisqu'on en trouve dans la Quick Super et plus tard Spirou et les Petits Formats. Franquin adorait l'ambiance des foires[10].

Ce n'est pas la première fois non plus que Franquin représente la boxe notamment dans Spirou sur le ring. Franquin a même été initié à la boxe, avec Morris, par un ancien garçon livreur ancien professionnel. Franquin peut alors représenter assez facilement la boxe dans ses histoires. Dans cette histoire, Franquin représente plutôt les coulisses de la boxe que la boxe elle-même. Ainsi que de s'amuser en confrontant la boxe avec le judo et réaliser des scènes d'actions avec un ton nouveau[11].

Dans la planche 8A, Franquin joue avec les aplats sombres et les avants-plans dans la pénombre. La chemise noire de Bertrand amplifie le physique du gangster. Franquin réalise plusieurs cadrages osés surtout avec l'avant dernière case ou trois personnes sont placés dans un tout petit espace fessant ressentir aux lecteurs la promiscuité de l'action et toute sa tension. Il termine la planche par un cliffhanger ou l'on voit Jo la Java s'approcher de la roulotte portant son regard sur Bertrand sur le Bertrand de la case précédente. C'est un nouveau personnage qui apporte le danger, alors que le dénouement de la scène arrivera à la planche suivante[12].

Dessin[modifier | modifier le code]

Dans la planche 10A, Jo la Java fonce en direction de Spirou avec toute sa puissance et bien qu'il soit un poids moyen (entre 69.8 et 72.5 kgs) son dessin en pleine course laisse penser qu'il père plus. André Franquin se moque du colosse qu'il dessine, en le faisant battre par l'écureuil Spip dans un combat inégal qui le fait tomber avec un pneu. C'est une des bases du judo de ce servir de la force de son adversaire pour le vaincre. André Franquin représente bien le mouvement du boxeur, dans la première case celui-ci court en étant représenté le bras gauche en arrière et la jambe droite en avant. Dans la seconde case, la projection est encore plus impressionnante avec le point bien en avant. Les lignes de vitesse, qui démarre des omoplates amplifie cette projection. Sa tête ne bouge pas démontrant sa détermination, mais elle l'empêche aussi de voir l'obstacle dressé par Spip. La chute est en off et on comprend parfaitement que le malfrat est tombé après que son pied se soit empêtrer dans le pneu[13].

Couleurs[modifier | modifier le code]

C'est Jidéhem qui donne les indications de couleur sur papier calque aux coloristes de Dupuis. Chaque semaine, Franquin était mécontent en recevant l'exemplaire du journal contre l'interprétation qui avait été fait des indications[14]. En 2012, l'histoire est remise en couleur par Frédéric Jannin pour l'édition commenté de l'histoire. Pour le faire, il se base sur les planches originales de Franquin[15].

Influences[modifier | modifier le code]

Description de l'image.

Maurice Tillieux pionnier du polar humoristique avec ses séries Gil Jourdain et Félix dont la première parait dans Spirou à la même époque. André Franquin aimait la façon que Tillieux avait de raconter les histoires, ainsi que son sens du dialogue, du rythme et de l'ellipse[16].

Au cinéma, des films comme Quand la ville dort de John Huston, Règlement de comptes de Fritz Lang, En quatrième vitesse de Robert Aldrich, L'Ultime Razzia de Stanley Kubrick, Touchez pas au grisbi de Jacques Becker, Razzia sur la chnouf de Henri Decoin[17].

Les romans policiers de la série noire publiées à partir de 1945 chez Gallimard avec des auteurs comme Raymond Chandler, Dashiell Hammett, David Goodis, Peter Cheyney ou encore James Hadley Chase. Et des auteurs francophones comme Albert Simonin ou Auguste Le Breton[18].

L'histoire du bébé enlevé est peut-être inspiré de l’enlèvement du fils de Charles Lindbergh en 1932 et qui a été qualifié de « crime du siècle »[19].

Narration[modifier | modifier le code]

La planche charnière est la 5A, elle permet de lancer complètement l'histoire car en faisant disparaitre Soto Kiki, il transmet la quête à Spirou. Pour l'occasion, Franquin invente le téléphone portable, il réalise ainsi un tour de force narratif en transmettant l'information instantanément, car la transmission d'infos pour faire avancer l'intrigue est toujours un problème pour les scénaristes de l'histoire. Pourtant son rédacteur en chef, Yvan Delporte, était contre l'utilisation du téléphone qu'il trouve être une trop grosse facilité. Ici, Franquin est prit dans l'urgence du moment puisque Soto Kiki comprend que le taxi dans lequel il est va être ratatiné par la grosse américaine. Il faut une bulle au japonais pour transmettre les pistes et indices décisives à Spirou. Cette bulle plus longue que les autres dans l'histoire permet aux lecteurs de rester plus longtemps sur cette image où il comprend que la voiture américaine va faire un acte de kamikaze en percutant celle de Soto Kiki. Les trois cases suivantes ne sont qu'une suite d’onomatopées et de tôle froissées, même si la chute finale est masqué par un cliffhanger sur Spirou qui entend avec étonnement les bruits de l'accident[20].

La planche suivante 5B1 et 5B2 sert de transition entre l'ordre de mission et le début de l'enquête. Elle fait baisser le rythme de narration, mais maintien la tension dramatique. La première bande conclut l'action précédente. Les deux bandes suivantes, sont consacrés au départ de Spirou et a expliqué l'absence de Fantasio dans la suite de l'histoire. La quatrième bande, plonge Spirou dans l'histoire tout en terminant l'action de la page précédente. Dans son taxi Spirou, croise sans savoir l'ambulance transportant Soto Kiki et son chauffeur, la séquence précédente se termine ici, le héros peut rentrer en action. L'action se termine avec un texte off comme dans les romain noir[21].

Dans la planche 7B1, Gaston Lagaffe s'essaye à l'argumentation logique. Si Spirou dit, pour rester incognito, à Gaston qu'il ne le connait pas, celui ci ce lance dans une réflexion qui ne peut aboutir logiquement qu'au fait que Spirou lui fait une farce. Alors que la tension est a son paroxysme, l'arrivé de de la naïveté de Gaston, qui révèle l'identité de Spirou alors que celui-ci tente d'être incognito, dédramatise le récit en confrontant le polar au monde réel[22].

Dans la planche 8A, la « caméra » suit Bertrand qui est en proie à deux actions. Préparer le repas du bébé et vérifier d'où vient le bruit (survenu dans la planche précédente) dans la cour. Il s'agit d'un exercice essentiel de l'apprentissage cinématographique, suivre un personnage, en choisissant le choix du cadrage, le raccord, le rythme. Tous ces éléments, Franquin démontre qui les maitrises parfaitement, probablement appris au sein du studio CBA. Dans la bande 2, Franquin met une nouvelle fois le tiraillement intérieur de Bertrand entre le monde réel (faire à manger pour le bébé) et son rôle de gangster (rattraper l'intrus)[23].

Les planches 8B1 et 8B2 sont les planches clés de l'histoire. Le polar bascule pour devenir une aventure de Spirou avec le sens du chevaleresque du héros. Au début de cette scène, Bertrand et Jo la Java se dispute, cette scène est destiner à faire comprendre aux lecteurs qu'un des gangsters est mois méchant que l'autre puisque Bertrand prend des risques pour bien s'occuper du bébé alors que Jo la Java ne pense qu'à la sécurité. Spirou intervient alors dans la suite du récit pour exploiter avec grand talent la corde de sensibilité de Bertrand, prenant le risque au passage d'être frappé par Bertrand. Franquin termine sa planche par le cris du bébé qui empêche les points de Bertrand de s'abattre sur Spirou[24].

Dans la planche suivante (9A), Franquin alterne l'action pour faire monter la tension dramatique. Il débute donc cette planche en rompant la scène précédente, en montrant Jo la Java se méfier de Bertrand, car un gangster qui aime les enfants est forcement suspect. Dans la seconde bande, une ellipse montre Bertrand entrain de nourrir le bébé et ne pense plus à écraser Spirou. Spirou n'a plus qu'à argumenter pour convaincre Bertrand de changer de camp. C'est en trois cases que Spirou va faire une tirade pour le convaincre, une longueur inhabituelle dans les BD de Franquin. L'absence de Fantasio tout au long de l'histoire est compréhensible ici, les deux hommes sont dans une posture intime, pour marquer le coup Franquin opère un travelling qui resserre les deux protagonistes dans le cadre de la case pour les rapprocher. Fantasio aurait du jouer le rôle du trublion et anéantir l'empathie entre les deux hommes, où alors se taire et être inutile à l'histoire. La planche ce termine par un retour sur le ring qui annonce une nouvelle menace[25].

Scénario[modifier | modifier le code]

Contrairement aux autres histoire de Spirou par André Franquin, l'histoire commence sans savoir exactement qui sont les gentils et les méchants, en particulier pour le personnage de Soto Kiki. Ainsi Spirou et Fantasio, se font manipuler par se personnage qui n'est qu'un bandit concurrent par des ravisseurs et se retrouve à travailler pour un bandit. La moral est sauve puisque l'enfant est quand même rendu à ses parents et les deux héros sont récompensés d'un gros chèque[26].

L'équipe autour de André Franquin[modifier | modifier le code]

Le décors est de Jidéhem, qui se sent à l'aise pour dessiner l'urbanisme. Il a commencé en effet à Héroic-Albums et a rejoint le studio de Franquin peu de temps auparavant. A Héroic-Albums il animait la série Ginger, un polar noir très urbain[27].

Publication[modifier | modifier le code]

Revues[modifier | modifier le code]

Album[modifier | modifier le code]

Le remontage des planches pour l'album fait disparaitre les « suspenses de bas de page » mis au point pas l'auteur lors de la publication dans le journal Spirou[28].

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]

  1. commenté p70
  2. commenté p46
  3. commenté p48
  4. commenté p48
  5. commenté p36
  6. commenté p38
  7. commenté p40
  8. commenté p46
  9. commenté p52
  10. commenté p56
  11. commenté p58
  12. commenté p65
  13. commenté p72
  14. commenté p56
  15. commenté p4
  16. commenté p36
  17. commenté p36
  18. commenté p36
  19. commenté p46
  20. commenté p52
  21. commenté p54
  22. commenté p62
  23. commenté p64
  24. commenté p66
  25. commenté p68
  26. commenté p74
  27. commenté p38
  28. commenté p72