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Facteurs cognitifs[modifier | modifier le code]

La compréhension de l’adhérence ou non d’un individu à des théories du complot passe par la compréhension du rôle de la cognition sociale dans le processus de croyance. L’idée centrale derrière le concept de cognition sociale est qu’il y aurait deux systèmes complémentaires et nécessaires qui permettraient aux individus de traiter les informations auxquelles ils sont confrontés. Le premier de ces systèmes, le système 1, traiterait l’information « à chaud » et permettrait un traitement rapide de l’information notamment par le biais d’heuristiques de jugement tandis que le système 2 permettrait un traitement plus raisonné, analytique des informations. Ce deuxième système serait plus lent et nécessiterait plus d’efforts de la part de l’individu. Ces deux systèmes sont adaptatifs et permettent donc à l’être humain de fonctionner efficacement dans ces interactions sociales quotidiennes. Toutefois, ils peuvent être source d’erreurs qui seront discutées plus loin dans cet article. Selon les adeptes de la cognition sociale, ce sont les mécanismes du système 1 qui engendreraient l’adhésion à une théorie du complot tandis que le système 2 serait mis à contribution pour maintenir et justifier cette adhésion.

Insertion d'image dans le texte[modifier | modifier le code]

Représentation de l'expérience menée en 1944 par Heider et Simmel






Brouillon du texte[modifier | modifier le code]

5.5. Explications psychologiques

   Facteurs cognitifs
   Facteurs motivationnels

Facteurs cognitifs :

Biais d'intentionnalité

Selon Brotherton et French (2015), le biais d'intentionnalité serait une des causes expliquant la croyance de certains individus dans une théorie du complot. Hacquin (2018) définit le biais d'intentionnalité comme étant un mécanisme de pensée provoquant une erreur de jugement. Cette erreur de jugement amènerait la personne a expliqué par des causes intentionnelles la survenue d'un événement.

En fait, Rosset (2008) a montré que l'être humain tendrait de façon automatique à inférer une origine intentionnelle à un comportement. Le fait de ne pas juger une action comme intentionnelle nécessitant, selon lui, plus de ressources cognitives. C'est cette tendance à attribuer des causes intentionnelles à un comportement, à un événement qui est qualifié de biais d'intentionnalité.

Or, selon la définition des théories du complot de B.L. Keeley citée plus haut, une théorie du complot met en scène des individus qui ont intentionnellement causé l'évènement cible de la théorie.

Comme le précise Taguieff (2013), le biais d'intentionnalité est inconscient. La personne développant ce biais n'en est donc pas consciente. C'est d'ailleurs le cas pour tous les biais cognitifs qui sont inconscients et systématiques, c'est-à-dire, qu'ils ne sont pas évitables puisqu'il s'agit d'erreurs apparaissant lors du traitement instantané de l'information, de manière à rendre possible une prise de décision rapide.

Rosset et Rottman (2014) précisent que ce biais serait surtout observable chez les enfants de moins de 5 ans bien qu'il puisse également être observé chez les adultes.

L'existence du biais d'intentionnalité est toutefois contestée puisque certains chercheurs tels que Hughes, Sandry et Trafimow (2012) ne sont pas parvenus à reproduire l'expérience dans laquelle Rosset (2008) a initialement mis en évidence le biais d'intentionnalité. Ils considèrent, que les résultats obtenus par Rosset (2008) ont été biaisés par le fait que dans son expérience, les sujets étaient testés en grand groupe, et non, individuellement.

Croyez-vous à tout ce qu'on vous dit ?[modifier | modifier le code]

Vous souvenez-vous de ce que vous faisiez le mercredi 13 décembre 2006 aux environs de 20h 20 ? Probablement pas.

Cependant, si vous avez été spectateur du docu-fiction [1] diffusé par la RTBF, à cette même date et heure, annonçant l’Indépendance de la Flandre et in fine la séparation de la Belgique, peut-être le souvenir de cette soirée reviendra à la surface...


Fichier:Bye bye belgium
- Extrait du docu-fiction du 13 décembre 2006, source : Google Image-

Il y a de cela presque 12 ans, la scène politique belge était animée par des vigoureux débats autour de la question d’une éventuelle Indépendance des Régions (Flamande, Wallonne et Bruxelles-Capitale) les unes par rapport aux autres. Dans ce contexte, la RTBF décida alors de diffuser un documentaire imaginant le fonctionnement d’une Belgique éclatée. Cependant, entre le climat anxiogène créé par ces débats et la manière dont l’information fut présentée, la diffusion du reportage « Bye Bye Belgium » aura marqué de nombreux esprits.

D’abord, le reportage a débuté alors qu’une autre émission était déjà en cours de diffusion. Nous pouvions lire sur les écrans qu’il s’agissait d’une « Edition Spéciale ». Dans un second temps, au plateau, on voyait apparaître François de Brigode, présentateur emblématique de la chaîne. Dans un troisième temps, aux premières minutes de ce journal exceptionnel, rien – a contrario de l’image d’illustration ci-dessus – n’indiquait qu’il s’agissait en réalité d’une fiction. Après 30 minutes d’antennes et des milliers d’appels à son call-center, la RTBF fut bien obligée de calmer les esprits et confirmer qu’il s’agissait purement et simplement d’un canular !

Pourquoi une information d’une telle importance, uniquement relayée par la RTBF et elle seule, aura été aussi aisément acceptée par le grand public ? Notre hypothèse est la suivante : la RTBF, première chaîne télévisée belge, est réputée être une chaîne d’informations – et non de divertissement – et avant tout, comme étant fiable. De là, nous avons tendance à prendre pour vraie l’information que la chaîne nous présente. Le public aurait-il été plus sceptique si l’information avait été diffusée sur une chaîne telle que Club-RTL, qui est d’avantage axée sur le divertissement ? Nous supposons que oui.

En ayant lu les précédents billets, vous nous soupçonnez peut-être maintenant de diffuser des informations non seulement fausses mais aussi sans fondement ? Soyez rassurés, ceci n’est pas le style de la maison. Pour appuyer notre hypothèse, deux études.

La première étude (2013) [2] a investigué l’impact de l’exposition à de fausses informations sur le souvenir d’un événement stressant, vécu personnellement et récemment. Les chercheurs avaient comme hypothèse de départ que l’exposition individuelle ou en groupe, à des informations fausses concernant une expérience vécue seul(e) ou avec des pairs, influerait sur le souvenir de la dite expérience.

Le contexte de recherche était un centre de formation militaire basé aux Etats-Unis. Au total, 861 recrues ont participé à l’expérience. L’événement stressant était l’expérience vécue par le sujet dans le cadre de son emprisonnement fictif dans un camp de guerre tenu par un ennemi imaginaire.

Durant la période d’emprisonnement, chaque recrue a d’abord été soumise à un interrogatoire d’une trentaine de minutes. Et là, tout a été pensé afin de rendre l’expérience plus vraie que nature…

Fichier:Salle d'interrogation
Salle d'interrogation

D’abord, la pièce était partiellement éclairée, de sorte que l’étudiant puisse voir et entendre son bourreau. Qui était en réalité un instructeur du centre, mais que la recrue ne connaissait pas. Pendant toute la durée de l’échange, le sujet devait maintenir le regard avec son interrogateur. Aussi on lui demandait de toujours avoir une taille inférieure à celui de l’instructeur. Il devait donc se redresser et s’agenouiller en permanence. S’il ne répondait pas aux diverses exigences de l’instructeur, il subissait des violences physiques. Cela pouvait aussi bien aller d’une gifle, un coup de poing dans le ventre à se retrouvé plaquer au mur ! Ou même plus … En effet, certaines informations ont été classées "confidentielles" par les chercheurs!

Fichier:Illustration de l'expérience
(© 2017 John Holmes pour Human Rights Watch)

Une fois l’interrogatoire fini, la recrue était isolée dans une pièce durant 4 heures. Ensuite, accompagnée des autres sujets, elle a assisté à une séance d’endoctrinement d’une durée de 30 minutes. La séance était menée par un Commandant du camp, vantant les mérites du système politique mis en place par sa nation, ennemie aux Etats-Unis.

Fichier:Illustration

Par la suite, les sujets, répartis en différents groupes, ont été soumis à des informations fausses concernant les événements qu’ils venaient de vivre. Les informations ont, notamment, été présentées sous format vidéo, dans laquelle la recrue pouvait y reconnaître une personne familière ou une figure d’autorité. Ou encore sous format photo ou directement dans le questionnaire qui visait à faire ressortir le souvenir que le sujet avait gardé de sa période de captivité. Les réponses de chacun des sujets ont été comparées à un groupe contrôle, c’est-à-dire un groupe qui n’a été exposé à aucune fake news et qui sert alors de point de comparaison au groupe expérimental, ayant lui été soumis à de fausses informations.


A l’issue de l’analyse des résultats, les auteurs ont confirmé leur hypothèse de départ : l’exposition à des informations fausses à la suite d’un événement stressant déforme le souvenir de l’événement. Qui plus est, l’expérience a démontré que lorsque l’information fausse est présentée sous un format vidéo, la présence d’un visage familier et/ou d’une figure d’autorité renforce l’influence de l’information fausse sur la mémoire.


De fait, dans les vidéos, l’une des fausses informations était que le Commandant, lors de sa séance de propagande, avait exprimé un avis positif quant aux armes à feu. Ici un tableau récapitulatif du taux de réponses positives à la question « Était-il pour le port d’armes ? » :

Fichier:Résultat de la recherche

Cependant, nous doutant bien que certains d’entre vous ne seraient pas encore totalement convaincus de ce que l’on avance, nous avons décidé de vous présenter une seconde étude qui, normalement, devrait plus faire écho à votre expérience …

La seconde étude (2013)[3] s’est en fait intéressée au processus d’inférence. C’est-à-dire sur base d’une information reçue, que pouvons-nous déduire ? Dans le cadre de l’étude, l’information reçue était fausse. Les auteurs ont alors étudié quel usage le sujet a de l’information fausse dans ses inférences, lorsque l’information a été corrigée par une source crédible ou non.

La crédibilité se décline ici selon deux axes : la fiabilité et l’expertise. La fiabilité est la volonté de la source à fournir des informations précises et fiables. L’expertise est l’évaluation que nous faisons quant à la capacité de la source à fournir des informations correctes sur un sujet.

On peut résumer l’hypothèse des auteurs de la manière suivante : pour inférer sur l’évolution de l’économie mondiale, les chercheurs estiment que vous aurez d’avantage tendance à utiliser une information validée par la revue « Le Monde » que le magazine people « Closer ! ». Ou si vous préférez : vous aurez moins tendance à utiliser l’information originale, fausse, dans vos inférences si cette dernière a été corrigée par une source ayant un haut niveau de crédibilité.

Au préalable, les chercheurs ont en fait réalisé une étude auprès de 34 étudiants d’une université texane, afin d’établir quelles sources étaient jugées comme crédibles ou non, dans un contexte particulier. Ici, le contexte en question était celui de la politique. De cette première étude, il est ressorti que sont crédibles : des rapports gouvernementaux, un Procureur du Roi (« a district attorney ») et un représentant de l’Etat. A l’inverse, dans un tel contexte, ne sont pas jugés crédibles : un blogueur politique, un acteur célèbre ou un groupe de partisans politique.

Fichier:Billet

Pour l’expérience a proprement parlé, 81 sujets ont là été recrutés. Chacun d’entre eux a été invité à lire une histoire au sujet d’un politicien souhaitant se représenter pour un second mandat. Dans l’histoire, l’information fausse était que le candidat en question avait été vu acceptant un pot-de-vin. La source de l’information était quant à elle anonyme.

Dans un premier groupe, la correction de l’information fausse venait de sources ayant un haut ou bas niveau de crédibilité général (fiabilité et expertise), dans le deuxième groupe, seul le niveau d’expertise a varié, dans le troisième, uniquement le niveau de fiabilité. Enfin, un quatrième groupe de contrôle n’a quant à lui était exposé à aucune correction de l’information fausse.

A la suite de l’histoire et la correction des informations, les sujets ont été amenés à remplir un questionnaire de 20 questions. La première moitié comportait des questions de connaissances quant à l’histoire lue. Pour la seconde, afin de répondre aux questions, le sujet devait nécessairement réaliser des inférences à partir des informations reçues. La formulation des questions étant de cet ordre-là : « Y a-t-il une raison de croire que le candidat ne sera pas réélu »

Fichier:Vote

Pour rappel, l’information fausse et par la suite corrigée, était que le politicien avait été vu acceptant un pot-de-vin. Dans un contexte politique et qui plus est d’élections, ceci peut diminuer les chances de réélection d’une personne.

Les résultats de l’expérience sont les suivants :

Ø Lorsque la source a un haut niveau de crédibilité générale, le sujet a moins tendance à utiliser l’information fausse pour réaliser ses inférences. Ø Le niveau d’expertise, seul, n’est pas suffisant que pour diminuer l’usage d’une information fausse. Ø Le niveau de fiabilité, seul, est suffisant que pour diminuer l’usage d’une information fausse.

En résumé, fiabilité, à savoir la volonté de la source à fournir des informations correctes, est un élément déterminant dans l’appréciation des informations délivrées par une source.

EN BREF ...

Si nous reprenons notre exemple de départ, celui de la RTBF et de son canular au sujet de la Belgique, on peut, à juste titre, supposer que c’est à la fois l’usage d’un visage familier (François de Brigode) et la fiabilité que l’on accorde à la chaîne qui ont pu favoriser la croyance des téléspectateurs en la fake news.

Lutfiye Dogramaci, Pauline Maquestiau & Divine Ndahabonimana

Références[modifier | modifier le code]

Hazlett, G., Loftus, E., Morgan, C. A., Southwick, S., & Stefffian,G. (2013). Misinformation can influence memory for recently experienced, highly stressful events. International Journal of Law and Psychiatry, 36 (1), 11-17. En ligne https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S016025271200088X

Geraci, L. & Guillory, J. (2013). Correcting erroneous inferences in the memory : The role of source credibility. Journal of Applied Research in Memory and Cognition, 201-209. En ligne https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2211368113000752?via%3Dihub