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René Guénon

Introduction[modifier | modifier le code]

René Guénon (15 novembre 1886 à Blois - 7 janvier 1951 au Caire) est un penseur français, auteur d'une trentaine d'ouvrages (pour certains d'entre eux publiés à titre posthume) ayant trait, principalement, à la métaphysique et à l'ésotérisme.
Cette œuvre, qui s'oppose à la modernité au nom de la « Tradition », sagesse immémoriale et transcendante, a modifié en profondeur la réception de l'ésotérisme en Occident dans la seconde moitié du XXème siècle[1], et a eu une influence marquante sur des auteurs aussi divers que Mircea Eliade, Raymond Queneau ou encore André Breton .

Biographie[modifier | modifier le code]

Premières années et premiers maîtres[modifier | modifier le code]

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René Guénon

René Guénon est né le 15 novembre 1886 à Blois, dans une famille catholique issue de la petite bourgeoisie.[2]. En dépit de sa santé fragile, c'est un excellent élève, aussi bien en sciences qu'en lettres. En 1904 il est inscrit au collège Rollin, à Paris, en classe préparatoire de mathématiques élémentaires.

Selon Jean-Pierre Laurant, c'est à cette époque que le jeune Guénon fait deux rencontres importantes pour son parcours intellectuel ultérieur[3] :

L'abbé Gombault (1858-1947) : docteur en philosophie, celui-ci était l'auteur de divers ouvrages dans lesquels « on trouvait un écho des combats d'arrière-garde pour défendre la littéralité des textes sacrés[4] », ainsi qu'une dénonciation des méfaits du spiritisme (L'Avenir de l'hypnose...) dont certains éléments, d'après J.P. Laurant, trouveront un écho direct dans L'Erreur spirite que Guénon publie en 1923[5]. Le futur auteur des Aperçus sur l'initiation aurait notamment retenu des leçons de l'abbé sa vision de la mystique exclusivement caractérisée comme étant un état passif[6].

Albert Leclère, son professeur de philosophie au collège Rollin, dont René Guénon suit les cours entre 1904 et 1906. Leclère, spécialiste des philosophes présocratiques, évoquait avec sympathie l'hypothèse d'une transmission ininterrompue d'un savoir métaphysique, de maitre à disciple, depuis Parménide jusqu'à Socrate, savoir portant notamment sur les rapports entre l'Être et le Non-Être[7]. Guénon aurait surtout repris les développements de Leclère sur la continuité de la matière, dont certains aspects seraient repris dans ses Principes du calcul infinitésimal (1946)[8].

La Découverte de l'occultisme[modifier | modifier le code]

Sa santé, toujours précaire, l'oblige à de fréquentes absences, et il échoue au concours d'entrée aux grandes écoles en 1905[9]. C'est à cette époque qu'il s'inscrit dans une école d'une nature toute différente : l'École hermétique de Papus.

Papus, de son vrai nom Gérard Encausse (1865-1916), médecin de formation, est alors l'un des « papes » de l'ésotérisme parisien : ce « Balzac de l'occultisme[10] », auteur de deux cent soixante ouvrages[11], fut notamment : Grand Maitre de l'ordre de Memphis-Misraïm, président de l'ordre kabbalistique de la Rose-Croix, fondateur de l'ordre martiniste, fondateur du Groupe indépendant d'études ésotériques, fondateur des revues L'Initiation, Le Voile d'Isis, L'Almanach du magiste, etc[12].

René Guénon est rapidement intégré dans les « réseaux » de Papus : il est initié dans l'ordre Martiniste[13], au sein duquel il accède rapidement au grade de « Supérieur Inconnu », puis est introduit dans les loges maçonniques Humanidad et INRI. Papus lui ouvre également les portes de la revue L'Initiation, dans laquelle le jeune homme publie ses premiers articles au début de 1909.

Au cours de cette même année, deux évènements vont toutefois précipiter la rupture avec les groupes papusiens : d'une part, l'initiation de Guénon à L'Église gnostique, organisation non-liée à Papus dont Guénon devient rapidement patriarche sous le nom de Palingenius (Re-né). D'autre part, la formation l'année précédente d'un mystérieux « Ordre du Temple rénové », dont Guénon devient le chef suite à une décision obtenue par « écriture automatique[14] ». L'ordre attire plusieurs membres de l'Ordre Martiniste, ce qui alerte l'entourage de Papus, qui, à tort ou à raison, y voit une entreprise dirigée contre le maitre : les « conjurés » sont mis en accusation devant la loge Humanidad, et trois d'entre eux, dont Guénon, sont exclus de la Franc-Maçonnerie papusienne, ainsi que de l'Ordre martiniste[15].
L'Ordre du Temple rénové est officiellement dissout en 1911.

La Gnose et les contacts orientaux[modifier | modifier le code]

À la suite de son éviction des cercles papusiens, Guénon consacre l'essentiel de ses activités à l'Église gnostique, et crée en novembre 1909 la revue La Gnose, « organe officiel de l'Église gnostique universelle », dans laquelle il publie des articles sous son nom d'initié : Palingenius. Mais, à partir de 1910, les champs d'investigation sont étendus aux « études ésotériques et métaphysiques » en général, ainsi qu'à des collaborateurs qui n'appartiennent pas à la mouvance gnostique. Apparait notamment dans la liste des collaborateurs, sous le nom d'Abdul Hadi, un peintre suédois initié au soufisme et lié à la Société Théosophique : Ivan Aguéli (1869-1917)[16]. On trouve aussi Matgioi (Albert de Pouvourville, 1861-1940), plusieurs fois déserteur de l'armée française au Tonkin, ami de Victor Segalen, initié au Taoïsme (ainsi qu'à l'usage de l'opium[17]) au Viet-Nâm[18].

René Guénon affirmera plus tard avoir eu un accès direct aux traditions hindoue, taoïste et islamique. Mais, si l'on sait que c'est par l'intermédiaire d'Ivan Aguéli qu'il est initié au soufisme en 1912 (il prend alors le nom d'Abdel Wahid Yahia), en revanche, pour les deux premières, le doute subsiste, et les commentateurs de Guénon se sont perdus en conjectures à ce sujet : par la connaissance directe du Taoïsme[19], faut-il entendre la fréquentation de Matgioi[20] ? Le nom d'un Viet-nâmien (Nguyen Van Cang), qu'avait connu ce dernier, est parfois avancé[21], mais sans qu'aucun élément probant ne vienne confirmer cette hypothèse.
Il en est de même pour ce qui concerne la connaissance de l'Hindouisme (et plus précisément du Vêdânta), pour laquelle Guénon aurait bénéficié de l'apport de mystérieux maitres orientaux, avec lesquels il serait resté en contact épistolaire jusqu'en 1927. Néanmoins, ces contacts avec des représentants de la tradition hindoue semblent vraisemblables [22].

L'Ésotérisme chrétien et la Franc-Maçonnerie[modifier | modifier le code]

Guénon écrit également des articles pour la revue La France antimaçonnique, qui avait abandonné sa croisade [23] pour se concentrer sur les « déviations » de la Franc-Maçonnerie contemporaine par rapport à ses origines ainsi que sur l'occultisme et les religions non-chrétiennes[24]. Il rencontre alors le catholique anti-maçon Olivier de Frémont (1854-1940), avec lequel il sera en correspondance jusqu'à la mort de ce dernier[25], qui le mettra plus tard en relation avec l'iconographe chrétien Louis Charbonneau-Lassay. Celui-ci fera part à Guénon de l'existence d'une organisation initiatique chrétienne dont les actes fondateurs auraient remonté au tout début du XVIème siècle : La « Fraternité du Paraclet »[26].

La collaboration à cette revue devient régulière[27], notamment après la disparition de la revue La Gnose (en 1912). Guénon y aborde des questions relatives au symbolisme maçonnique, sans cacher sa qualité de Franc-Maçon : en effet, outre son ancienne appartenance à la maçonnerie papusienne, il intègre en octobre 1911 la Loge Thebah, rattachée à la Grande Loge de France, par l'intermédiaire d'Oswald Wirth, ancien secrétaire de l'occultiste Stanislas de Guaïta. Il la quitte en 1913 ou en 1914.

Plus hypothétique en revanche est son rattachement à un très secret « groupement de maitres à tous grades dont la tradition orale remontait à l'époque artisanale de la maçonnerie française » dont il aurait fait part à un ami hollandais, Franz Vreede[28].

La Vie profane[modifier | modifier le code]

L'année 1912 est une année décisive pour René Guénon : non seulement il est initié au soufisme, mais il se marie, suivant le rite catholique. Il reprend des études à la Sorbonne et obtient sa licence de lettres en 1915 avant d'obtenir un Diplôme d'études supérieures en philosophie des sciences avec un « Examen des idées de Leibnitz sur la signification du calcul infinitésimal[29].» Il sera en revanche refusé à l'oral de l' agrégation de philosophie en 1918.

Il enseignera néanmoins la philosophie dans divers établissements privés de 1916 à 1929, dont une année à Sétif, en Algérie (1917).

En parallèle, Guénon fréquente le cercle des philosophes et théologiens thomistes regroupé autour de Jacques Maritain, à qui il tentera, vainement, de faire accepter l'idée de la possibilité de l'existence d'un ésotérisme chrétien[30]. C'est grâce à l'intercession de Maritain que le jeune homme trouve à publier ses premiers ouvrages : L'Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues et Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion, en 1921[31].

Premières publications et premières ruptures[modifier | modifier le code]

L'Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues devait servir à ouvrir à René Guénon les portes de l'Université : le projet, soumis à l'indianiste Sylvain Lévi, avait reçu l'accord de principe de ce dernier, qui se rétractera en prenant connaissance de son contenu et des méthodes d'approche retenues : dans son rapport, Lévi reproche à l'auteur de cette thèse d'« exclure tous les éléments qui ne correspondent pas à sa conception (Bouddhisme et Protestantisme) » et d'être « tout prêt à croire à la transmission mystique d'une vérité première apparue au génie humain dès les premiers âges du monde[32] ». Ce rejet de l'Institution universitaire est très mal accepté par Guénon[33].

La parution de L'Introduction... en librairie devait lui permettre en revanche de se faire de nouveaux contacts dans les milieux intellectuels et artistiques parisiens : il fait ainsi la connaissance du peintre cubiste Albert Gleizes (qui lui ouvre les portes du salon qu'il tient à Paris avec sa femme) ainsi que de l'écrivain et éditeur Gonzague Truc, qui devient alors « son principal conseiller en matière éditoriale[34] ».

C'est pourtant par l'intermédiaire des catholiques thomistes que René Guénon publie, la même année, une étude minutieuse, très documentée[35]et mordante[36] de la Société Théosophique fondée par Héléna Blavatsky en 1875, sous le titre évocateur de : Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion.

Cet ouvrage était susceptible de plaire aux milieux catholiques conservateurs et cultivés : on y dénonçait, notamment, les antécédents révolutionnaires et anti-chrétiens d'Annie Besant[37], présidente en exercice de la société théosophiste[38], ainsi que, plus généralement, la prétention de l'organisation à renverser les religions établies, et notamment le Christianisme[39]. Mais ces points de convergence circonstanciels ne pouvaient masquer longtemps le désaccord profond entre la conception guénonienne de la « Tradition » et le traditionalisme catholique : les relations avec le cercle Maritain se distendent à partir de 1923, tandis que la collaboration de Guénon à Regnabit, « revue universelle du Sacré-Cœur », s'interrompt brutalement en 1927, sous la pression de l'Archevêché[40].

A partir de 1925, René Guénon, dont les ouvrages déjà publiés lui ont attiré une certaine notoriété[41], publiera ses articles dans la revue : Le Voile d'Isis, qui sous son impulsion perd son orientation occultiste, jusqu'à devenir, à partir de 1936, les Études traditionnelles.

Le Départ pour l'Orient[modifier | modifier le code]

En 1928, suite à des deuils familiaux dont la mort de sa femme, la santé de Guénon se détériore, et il se plaint de souffrir de maux étranges, dont il décèle l'origine dans des « attaques psychiques » dirigées contre lui[42]. Il se rendra cependant en Égypte, à la recherche de textes ésotériques soufis et restera au Caire, subsistant dans des conditions très précaires jusqu'à sa rencontre avec le cheik Mohammad Ibrahim, dont il épousera la fille, en 1934[43].

René Guénon vit au Caire sous le nom qui lui avait été donné lors de son initiation soufie : Abdel Wahid Yahia, adoptant le costume égyptien traditionnel, parlant Arabe et et ne fréquentant pas la communauté française d'Égypte (il sera naturalisé Égyptien en 1949). Il passe le plus clair de son temps à écrire dans sa maison[44] du faubourg de Dukki (face aux pyramides : ses articles et ses ouvrages, tout d'abord, mais également une volumineuse correspondance avec ses lecteurs[45], grâce à laquelle il suit l'évolution des idées en Occident, et qui lui permet de recueillir suffisamment d'informations pour soutenir plusieurs controverses, notamment avec le directeur de la revue Atlantis, Paul Le Cour[46], ou encore avec deux rédacteurs de la revue antijudaïque et antimaçonnique de Monseigneur Jouin : La Revue Internationale des sociétés Secrètes. De 1929 à 1933, Guénon écrit plusieurs comptes-rendus et articles dénonçant les tentatives de la RISS pour exhumer et tenter de faire passer pour authentique un document dévoilant les prétendus dessous secrets de la Franc-Maçonnerie (dans la lignée du canular de Taxil)[47].

Ces polémiques n'empêchent pas Guénon de poursuivre la rédaction de ses ouvrages, dont l'intérêt qu'ils éveillent chez Jean Paulhan permet à certains d'entre eux d'être publiés aux éditions Gallimard, dans une collection dont le nom, « Tradition », renvoie directement au lexique guénonien[48].

Les Fidèles[modifier | modifier le code]

Au fil des années et des publications, un groupe de fidèles et de proches se constituera autour de René Guénon. Outre l'iconographe chrétien Louis-Charbonneau-Lassay et l'éditeur Paul Chacornac, déjà mentionnés, on peut citer le Sri-Lankais Ananda K. Coomaraswamy (1877-1947), spécialiste de l'art bouddhique, qui entretient une correpondance régulière avec Guénon entre 1935 et 1947. C'est lui qui convainc l'auteur de L'homme et son devenir selon le Vêdânta que le Bouddhisme est une tradition à part entière, avec sa légitimité propre, et non une hérésie de l'Hindouisme.

On y rencontre également des Européens islamisés vivant au Caire : l'Anglais Martin Lings (1909-2005), qui y enseigne la littérature anglaise à l'Université, et surtout le diplomate roumain Michel Vâlsan (1907-1974), qui deviendra de 1960 à sa mort le directeur des Études traditionnelles (succédant à un autre fidèle de la première heure : Jean Reyor, qui avait connu Guénon alors que ce dernier vivait encore à Paris).

L'artiste alsacien Frithjof Schuon (1907-1988) a lui aussi vu sa destinée bouleversée par la rencontre avec l'œuvre de Guénon (découverte dès 1924, avec Orient et Occident), qui le pousse à se rendre en Algérie recevoir l'initiation soufie. Il devient par la suite le moqadem (représentant) du cheikh qui l'a initié, et se voit autorisé à fonder une nouvelle branche de la tariqa (confrérie) en Europe : c'est vers elle que Guénon renverra une centaine de lecteurs (ainsi que Michel Vâlsan) qui entreront ainsi dans la voie soufie[49].

Les relations entre Schuon et Guénon se détérioreront suite à une controverse d'ordre doctrinal : Schuon estime en effet (et il l'écrit dans les Études traditionnelles) que les sacrements chrétiens peuvent être considérés comme des sacrements initiatiques. Guénon écrit en réponse plusieurs articles sur l'initiation, dont une part est recueillie en volume en 1946 sous le titre Aperçus sur l'initiation. Un dernier article de Schuon dans les Études traditionnelles, en juillet 1948[50], consomme la rupture entre les deux hommes[51]. Michel Vâlsan restant fidèle à Guénon, la tariqa européenne se divise alors en deux branches.

Il faut enfin citer l'écrivain italien Julius Evola , avec lequel Guénon entretient une correspondance cordiale et personnelle, malgré les divergences théoriques qui séparent le chantre de l'action[52] et le défenseur de la contemplation[53].

Mort et survivances de René Guénon[modifier | modifier le code]

René Guénon meurt le 7 janvier 1951, après avoir prononcé le nom d'Allah[54]. Il en est largement rendu compte dans la presse de la communauté francophone du Caire (une cinquantaine d'articles publiés), et dans la presse française : il en sera fait mention dans Le Figaro, Combat, Rivarol, etc. La Radio nationale commente également l'évènement[55].

Après la mort de Guénon, ses fidèles poursuivront la publication de son œuvre (un peu plus d'une dizaine d'ouvrages posthumes - essentiellement des recueils d'articles et de comptes-rendus - verront le jour) et se consacreront à l'exégèse des différentes traditions religieuses et initiatiques, au sein des Études traditionnelles (essentiellement, à partir de 1959 et sous l'impulsion de Michel Vâlsan, à l'étude des doctrines ésoteriques de l'Islam[56]) et ailleurs.

Les principaux ouvrages de René Guénon ont été traduits dans toutes les langues européennes et l'influence de sa pensée n'a, depuis sa disparition, cessé de s'étendre[57].

L'oeuvre[modifier | modifier le code]

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René Guénon à son bureau au Caire (v. 1948)

L'œuvre de René Guénon, telle que la concevait son auteur, ne doit pas être comprise comme l'expression d'une pensée individuelle qui se serait construite au fil des années et des ouvrages, encore moins comme un système philosophique[58], mais comme une exposition des « doctrines traditionnelles[59] », corpus de connaissances d'origine transcendante qui constituent le noyau (l'ésotérisme) des différentes religions et traditions authentiques de l'humanité[60]. Guénon ne revendiquait à cet égard qu'une fonction de transmission de ces doctrines à destination exclusive de ceux qui, selon lui peu nombreux, sont aptes à les comprendre et à en tirer profit[61]. Cette volonté de ne pas se voir attribuer la paternité des idées qu'il exposait allait de pair avec la volonté de conserver la plus grande discrétion sur sa vie privée qui de toute façon, ajoutait-il, ne peut aider en rien à la compréhension de ses ouvrages[62].

L'œuvre de René Guénon peut se diviser en quatre grands axes :

  • Les exposés de principes métaphysiques (L'Introduction Générale à l'Etude des Doctrines Hindoues, L'homme et son Devenir selon le Vêdânta, Le Symbolisme de la Croix et Les États multiples de l'être, Les Principes du Calcul infinitésimal);
  • Les études sur le symbolisme (notamment les nombreux articles qu'il écrivit pour les « Études traditionnelles », plus tard compilés par Michel Vâlsan sous le titre Symboles [Fondamentaux] de la Science Sacrée ; ou encore La Grande Triade);
  • Les études relatives à l'initiation (L'Ésotérisme de Dante, Aperçus sur l'Initiation, Initiation et Réalisation spirituelle, etc.)
  • La critique du monde moderne (Orient et Occident, La Crise du Monde moderne, Autorité spirituelle et Pouvoir temporel, Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, etc.).

Le cloisonnement entre ces quatre axes n'est toutefois pas hermétique, Guénon rappelant que « la diversité des sujets que nous traitons dans nos études n'empêche point l'unité de la conception qui y préside et [que] nous tenons aussi à affirmer expressément cette unité qui pourrait ne pas être aperçue de ceux qui envisagent les choses trop superficiellement. »[63]. Cette « unité de la conception » étant garantie par le rattachement des différents points traités avec les « principes métaphysiques », qui en constituent à la fois le cœur et le sommet[64].

La métaphysique[modifier | modifier le code]

Quelques précisions[modifier | modifier le code]

Guénon insista souvent sur le fait que le mot de « métaphysique », dans le sens où il l'entendait, « n'est en rien assimilable à des conceptions scientifiques ou philosophiques[65] », mais qu'il lui paraissait légitime de l'utiliser, parce qu'il l'employait dans son sens premier et selon lui étymologique[66] : ce qui est « au-delà de la physique[67]. »

Selon Guénon, la métaphysique véritable n'existe plus qu'en Orient, tandis qu'elle est en Occident « chose oubliée, ignorée en général, perdue à peu près entièrement[68] », même s'il a pu exister, au Moyen-âge, une doctrine purement et véritablement métaphysique réservée à une élite restreinte et fermée[69]. Il faut dire que, déjà chez Aristote, cette connaissance n'était envisagée que « d'une façon partielle et incomplète », comme « la connaissance de l'être en tant qu'être », et donc réduite à l'ontologie[70]. Or, si cette dernière est effectivement partie intégrante de la métaphysique, elle ne saurait selon Guénon en constituer la totalité, ni même la partie principale : la métaphysique étant « véritablement et absolument illimité[e][71] », son domaine dépasse largement celui de l'Être, incluant également ce que Guénon propose d'appeler le « Non-Être[72]. »

L'Être et le Non-Être[modifier | modifier le code]

Le terme de Non-Être ne doit pas être pris dans un sens privatif, comme l'indice d'un manque ou d'une absence, mais au contraire comme signifiant l'au-delà de l'Être[73] : l'Être n'est en effet que le principe de la « manifestation universelle », le substrat de tout ce qui existe. Mais l'Infini ne peut être réduit à ce qui est manifesté, car « il ne peut rien y avoir qui soit en dehors de l'Infini, puisque ce serait une limitation, et qu'alors il ne serait plus l'Infini[74]. » Or, la manifestation universelle n'épuise pas tous les possibles de l'Infini, car à côté des possibilités de manifestation, il faut envisager les possibilités de non-manifestation[75], et « si l'on demandait cependant pourquoi toute possibilité ne doit pas se manifester, c'est-à-dire pourquoi il y a à la fois des possibilités de manifestation et de non-manifestation, il suffirait de répondre que le domaine de la manifestation, étant limité par là même qu'il est un ensemble de mondes ou d'états conditionnés [...], ne saurait épuiser la Possibilité universelle dans sa totalité : il laisse en dehors de lui tout l'inconditionné, c'est-à-dire précisément ce qui, métaphysiquement, importe le plus[76]. »

Le Non-Être représente donc l'ensemble des « possibilités de non-manifestation, avec les possibilités de manifestation elles-mêmes en tant qu'elles sont à l'état non-manifesté ; et l'Être lui-même s'y trouve inclus, car, ne pouvant appartenir à la manifestation, puisqu'il en est le principe, il est lui-même non-manifesté[77]. » Guénon prend comme métaphore les rapports du silence et de la parole pour illustrer son propos :

«  Comme le Non-Être, ou le non-manifesté, comprend ou enveloppe l'Être, ou le principe de la manifestation, le silence comporte en lui-même le principe de la parole ; en d'autres termes, de même que l'Unité (l'Être) n'est que le Zéro métaphysique (le non-Être) affirmé, la parole n'est que le silence exprimé ; mais, inversement, le Zéro métaphysique, tout en étant l'Unité non-affirmée, est aussi quelque chose de plus (et même infiniment plus), et de même le silence, qui en est un aspect au sens que nous venons de préciser, n'est pas seulement la parole non-exprimée, car il faut y laisser subsister en outre ce qui est inexprimable, c'est-à-dire non susceptible de manifestation... (Les États multiples de l'Être, p. 29)  »

Connaissance et réalisation[modifier | modifier le code]

Le but ultime de la connaissance métaphysique n'est donc rien de moindre que la réalisation de cet au-delà de l'Être, « l'état absolument inconditionné, affranchi de toute limitation », que les doctrines hindoues appellent la « Délivrance[78] ». Il s'agit bien d'une réalisation effective, et non pas seulement théorique, puisque toute connaissance véritable « implique une identification du sujet avec l'objet, ou, si l'on préfère considérer le rapport en sens inverse, une assimilation de l'objet par le sujet[79]. »

En l'occurence, cette connaissance ne peut s'acquérir par le biais de la raison, faculté purement humaine et individuelle qui, n'étant qu'une « connaissance par reflet », ne peut servir que de préparation théorique (mais indispensable) à la compréhension des doctrines traditionnelles dont la connaissance effective ne peut être réalisée que par le moyen de « l'intuition intellectuelle pure », que Guénon appelle aussi « l'intellect transcendant » : au contraire des facultés rationnelles de l'homme, « cet au-delà de la raison est véritablement "non-humain" », il n'est plus une « faculté individuelle » mais est véritablement « d'ordre universel[80] ».

Tradition et transmission[modifier | modifier le code]

L'Initiation[modifier | modifier le code]

L'accession à cet « intellect transcendant », qui seul permet la réalisation spirituelle, est conditionnée au rattachement du postulant à une lignée initiatique traditionnelle : celles-ci sont en effet les dépositaires d'une « influence spirituelle » qu'elles transmettent à l'initié (ce qui constitue la transmission initiatique proprement dite[81], qui est comparable à celle qui est mise en œuvre dans certains rites religieux, par exemple celui de l'ordination des prêtres dans la religion catholique[82]). En l'absence d'une telle transmission, il est impossible « d'arriver à s'affanchir jamais des entraves et des limitations du monde profane[83]. » En effet,

«  ... les aptitudes ou possibilités incluses dans la nature individuelle ne sont tout d'abord, en elles-mêmes, qu'une matiera prima, c'est-à-dire une pure potentialité, où il n'est rien de développé ou de différencié ; c'est alors l'état chaotique et ténébreux, que le symbolisme initiatique fait précisément correspondre au monde profane, et dans lequel se trouve l'être qui n'est pas encore parvenu à la seconde naissance. Pour que ce chaos puisse commencer à prendre forme et à s'organiser, il faut qu'une vibration initiale lui soit communiquée par les puissances spirituelles, que la Genèse hébraïque désigne comme les Elohim ; cette vibration, c'est le Fiat Lux qui illumine le chaos, et qui est le point de départ nécessaire de tous les développements ultérieurs ; et, au point de vue initiatique, cette illumination est précisément constituée par la transmission de l'influence spirituelle... (Aperçus sur l'initiation, pp. 33-34)  »

Il faut donc au postulant être rattaché à une organisation authentiquement initiatique et véritablement détentrice de l'influence spirituelle, « ce qui exclut immédiatement toutes les formations pseudo-initiatiques, si nombreuses à notre époque[84] » (par exemple, la « multitude de groupements, d'origine toute récente, qui s'intitulent "rosicruciens", sans avoir jamais eu le moindre contact avec les Rose-Croix, bien entendu, fût-ce par quelque voie indirecte et détournée[85] ».) Une telle organisation ne peut être constituée par la simple volonté de quelques individus : pour être véritablement « traditionnelle », elle doit en effet , au même titre que les religions, être rattachée à un principe supérieur, « non-humain » et « transcendant[86]. » Qui plus est, à ce rattachement « vertical » s'en superpose un autre, « horizontal » et historique, qui relie l'organisation inititatique aux origines de l'humanité :

«  ce à quoi s'applique le nom de tradition, c'est ce qui est en somme, dans son fond même, sinon forcément dans son expression extérieure, resté tel qu'il était à l'origine ; il s'agit donc bien là de quelque chose qui a été transmis, pourrait-on dire, d'un état antérieur de l'humanité à son état présent. (Aperçus sur l'initiation, p. 63)  »

De l'initiation virtuelle à l'initiation effective[modifier | modifier le code]

Si le fait d'être intégré dans une organisation traditionnelle constitue l'initiation proprement dite, celle-ci n'est au départ que virtuelle : c'est le travail intérieur de l'initié qui doit « permettre le développement "en acte" des possibilités auxquelles l'initiation virtuelle donne accès[87]. » Ce travail, « effort constant d'assimilation[88] », (qui fait de la voie initiatique une voie « active », que Guénon oppose au mysticisme, qui serait une voie purement « passive[89]. »), et les résultats qui en découlent pour l'initié constituent « l'initiation effective » : « entrer dans la voie, c'est l'initiation virtuelle ; suivre la voie, c'est l'initiation effective[90]. » Le travail initiatique est essentiellement constitué par la « concentration », qui doit tendre vers « l'unification de tous les éléments de l'être dans le travail intérieur, nécessaire pour que s'opère la "descente" de l'influence spirituelle au centre de cet être[91] ». La méditation sur les symboles et la participation aux rites ont pour fonction de faciliter cette concentration et peuvent être comparés « à un cheval à l'aide duquel un homme parviendra plus vite et plus facilement au terme de son voyage, mais sans lequel il pourrait aussi y parvenir[92]. »

Malheureusement, observe Guénon, « beaucoup restent sur le seuil[93] », et ne parviennent jamais au moindre commencement de réalisation spirituelle. Les obstacles qui l'empêchent peuvent venir de l'organisation initiatique auquel l'individu est rattaché, « surtout dans les conditions actuelles du monde occidental » :

«  par suite de la dégénérescence de certaines organisations qui, devenues uniquement spéculatives [...] ne peuvent par là même les [les initiés qui y sont rattachés] aider en aucune façon pour le travail opératif, fût-ce dans ses stades les plus élémentaires, et ne leur fournissent rien qui puisse même leur permettre de soupçonner l'existence d'une réalisation quelconque. (Aperçus sur l'initiation, p. 198)  »

Mais les obstacles peuvent également venir de la personne même de l'initié, qui ne possède pas les qualifications requises pour actualiser son initiation : en effet, de même que dans le domaine des « activités profanes », « ce qui est possible à l'un ne l'est pas à l'autre, et que, par exemple, l'exercice de tel ou tel métier, exige certaines aptitudes spéciales, mentales et corporelles à la fois », il faut posséder « les aptitudes requises » pour accéder à la réalisation initiatique[94]. Celles-ci peuvent être variables suivant les organisations initiatiques : chacune d'elles possédant sa « "technique" particulière »,

«  ... elle ne pourra naturellement admettre que ceux qui seront capables de s'y conformer et d'en retirer un bénéfice effectif, ce qui suppose, quant aux qualifications, l'application de tout un ensemble de règles spéciales, valables seulement pour l'organisation considérée, et n'excluant aucunement, pour ceux qui seront écartés par là, la possibilité de trouver ailleurs une initiation équivalente, pourvu qu'ils possèdent les qualifications générales qui sont strictement indispensables dans tous les cas. (Aperçus sur l'initiation, p. 99)  »

Parmi ces qualifications générales, « la qualification essentielle, celle qui domine toutes les autres, est une question d'« horizon intellectuel » plus ou moins étendu[95]. » Mais il en existe d'autres, qui ont également leur importance, et Guénon mentionne à ce propos la nécessité de ne pas être atteint par certaines infirmités (par exemple, le bégaiement, ou « les dissymétries notables du visage ou des membres[96] ») qui sont « le signe extérieur de défauts correspondants dans les éléments subtils de l'être[97]. »

Petits mystères et grands mystères[modifier | modifier le code]

La voie initiatique telle que la décrit Guénon peut se diviser en deux grandes étapes, qui sont parfois considérées, selon lui à tort, comme deux types d'initiation différents : « l'initiation royale » et « l'initiation sacerdotale », encore appelés, par référence aux doctrines antiques, les « Petits mystères » et les « Grands mystères[98] ». En réalité, explique Guénon, ces deux voies sont complémentaires, la première étant subordonnée à la seconde.

Les Petits mystères, auxquels appartiennent les « sciences traditionnelles » (par exemple, l'alchimie ou l'astrologie) ont pour but de rétablir l'individu dans « l'état primordial », l'état qui était celui de l'humanité aux origines et que Guénon, s'appuyant sur l'œuvre de Dante, rapproche du « Paradis terrestre[99] ». Celui qui a atteint ce stade atteint ainsi « la plénitude de l'état humain[100] », qui est en même temps le « centre » de cet état[101].

Ce n'est qu'une fois parvenu à ce centre qu'il peut « communiquer directement avec les états supérieurs de l'être[102] » et accéder ainsi aux états supra-individuels qui, seuls, « ont pour domaine la connaissance métaphysique pure[103] » et peuvent être véritablement qualifiés de « spirituels ». À la fin de son cheminement, l'initié, libéré de toutes les contingences, réalise ce que l'ésotérisme islamiques nomme « l'Identité Suprême », qui pour Dante est « le Paradis céleste » , et qu'il devient ainsi « l'Homme Universel[104] ».

Ésotérisme et exotérisme[modifier | modifier le code]

L'Écorce et le noyau[modifier | modifier le code]

Reprenant la distinction « qui existait, dans certaines écoles philosophiques de la Grèce antique, sinon dans toutes [...] entre deux aspects d'une même doctrine, l'un plus extérieur et l'autre plus extérieur[105] », Guénon définit les domaines respectifs de l'exotérisme et de l'ésotérisme : le premier, accessible au plus grand nombre, constitue, d'après une métaphore utilisée par Ibn Arabi, l'« écorce » de la doctrine, tandis que le second en est le « noyau » et est réservé à une « élite », seule apte à en tirer véritablement profit[106].

Cette distinction entre ésotérisme et exotérisme, si elle se recontre dans la plupart des traditions orthodoxes, n'est pas pour autant universelle : les doctrines hindoues, par exemple les Upanishads, ne connaissent pas cette distinction, celles-ci étant purement métaphysiques (et donc ésotériques) sans que l'on puisse y déceler quoi que ce soit qui tiendrait lieu d'exotérisme[107]. En revanche, la tradition islamique est « peut-être celle où est marquée le plus nettement la distinction de [...] l'exotérisme et de l'ésotérisme[108] », la voie exotérique, « commune à tous », étant figurée par la shariyah, tandis que la "vérité" intérieure, réservée à l'élite (les mutaçawwuf, que l'on désigne généralement, à tort selon Guénon, sous le nom de "soufis"[109]), est appelée haqîqah. Cet ésotérisme « n'est point quelque chose de "surajouté" à la doctrine islamique, quelque chose qui serait venu s'y adjoindre après coup et du dehors », mais « en est au contraire une partie essentielle puisque, sans lui, elle serait manifestement incomplète, et même incomplète par en haut, c'est-à-dire quant à son principe même[110] ».

Ce cœur de la doctrine est en même temps ce qui est commun à toutes les traditions spirituelles authentiques, « le fond qui demeure toujours rigoureusement identique à lui-même[111] », alors que l'exotérisme, qui constitue la forme « dans [laquelle] cette doctrine est en quelque sorte incorporée[112] », est susceptible d'adaptations diverses suivant les lieux et les époques, donnant à ceux qui se tiennent à la surface des choses l'impression de se trouver face à des traditions différentes, voire antagonistes[113]

L'ésotérisme, en tant qu'il constitue le fond de vérité commun à toutes les traditions spirituelles authentiques de l'humanité, est donc hiérarchiquement supérieur à l'exotérisme. Il ne s'ensuit pourtant pas que l'initié, qui a accès au domaine ésotérique d'une tradition donnée, puisse se dispenser de la pratique de l'exotérisme correspondant, ne serait-ce que parce que « le "plus" doit forcément comprendre le "moins"[114] » et que c'est par l'exotérisme que l'on accède à l'ésotérisme :

«  ... là où l'exotérisme et l'ésotérisme sont liés directement dans la constitution d'une forme traditionnelle, de façon à n'être en quelque sorte que comme les deux faces extérieure et intérieure d'une seule et même chose, il est immédiatement compréhensible pour chacun qu'il faut d'abord adhérer à l'extérieur pour pouvoir ensuite pénétrer à l'intérieur, et qu'il ne saurait y avoir d'autre voie que celle-là. (Initiation et réalisation spirituelle, p. 73)  »

Catholicisme et Franc-Maçonnerie[modifier | modifier le code]

En Occident, l'exotérisme a revêtu une forme religieuse : celle du Christianisme, et plus précisément du Catholicisme, qui d'après Guénon est la seule organisation exotérique authentiquement traditionnelle, à l'exclusion donc du Protestantisme[115]. Néanmoins, les représentants de la tradition catholique lui semblent avoir perdu de vue sa signification profonde :

«  il est assez douteux que le sens profond en soit encore compris effectivement, même par une élite peu nombreuse, dont l'existence se manifesterait sans doute par une action ou plutôt par une influence que, en fait, nous ne constatons nulle part (La Crise du monde moderne, p. 115 ).  »

Qui plus est, l'Occident a depuis longtemps rompu avec l'organisation sociale traditionnelle dont la religion catholique était la clé de voûte :

«  La date précise de cette rupture est marquée dans l'histoire extérieure de l'Europe, par la conclusion des traités de Westphalie, qui mirent fin à ce qui subsistait encore de la "Chrétienté" médiévale pour y substituer une organisation purement "politique", au sens moderne et profane de ce mot. (Aperçus sur l'initiation, p. 243, note 3)  »

À cet affaiblissement de « l'esprit traditionnel » dans le catholicisme, où il n'est plus conservé qu'à « l'état latent[116] » correspond la disparition quasi-totale des organisations authentiquement initiatiques en Occident, avec d'une part, la destruction de l'Ordre du Temple, et d'autre part le départ pour l'Orient des véritables Rose-Croix[117]. Ceux-ci étaient en réalité les initiés à l'ésotérisme chrétien qui, « d'accord avec les initiés à l'ésotérisme islamique [s'étaient réorganisés] pour maintenir, dans la mesure du possible, le lien qui avait été rompu par cette destruction[118]. » Si l'on excepte quelques groupes très restreints et très fermés qui peuvent subsister encore, l'occidental moderne qui voudrait accéder à l'initiation, si toutefois il ne se tourne pas vers les traditions orientales, n'a pas d'autre choix que d'accéder à la seule organisation initiatique encore en activité en Occident : la franc-maçonnerie.

L'équerre et le compas, symboles maçonniques étudiés par René Guénon dans La Grande Triade

Celle-ci est néanmoins considérée par Guénon comme étant une « dégénérescence[119] » de la Franc-Maçonnerie originelle, qui n'était pas seulement « spéculative », mais également « opérative. » Guénon conteste en effet l'opinion selon laquelle « les Maçons "opératifs" étaient exclusivement des hommes de métier », qui peu à peu « "acceptèrent" parmi eux, à titre honorifique en quelque sorte, des personnes étrangères à l'art de bâtir[120]», ce qui aurait marqué le passage d'une Maçonnerie opérative à une Maçonnerie spéculative. Loin d'être un progrès, explique-t-il, il s'agit d'un amoindrissement qui « consiste dans la négligence et l'oubli de tout ce qui est "réalisation", car c'est là ce qui est véritablement "opératif", pour ne plus laisser subsister qu'une vue purement théorique de l'initiation[121]. »

Les conséquences de cet amoindrissement sont l'impossibilité pour l'initié de passer de l'initiation virtuelle à l'initiation effective :

«  ... la transmision initiatique subsiste bien toujours, puisque la "chaîne" traditionnelle n'a pas été interrompue ; mais, au lieu de la possibilité d'une initiation effective toutes les fois que quelque défaut individuel ne vient pas y faire obstacle, on n'a plus qu'une initiation virtuelle, et condamnée à demeurer telle par la force même des choses, puisque la limitation "spéculative" signifie proprement que ce stade ne peut plus être dépassé, tout ce qui va plus loin étant de l'ordre "opératif" par définition même. Cela ne veut pas dire, bien entendu, que les rites n'aient plus d'effet en pareil cas, car ils demeurent toujours, et même si ceux qui les accomplissent n'en sont plus conscients, le véhicule de l'influence spirituelle ; mais cet effet est pour ainsi dire "différé" quant à son développement "en acte", et il n'est que comme un germe auquel manquent les conditions nécessaires à son éclosion, ces conditions résidant dans le travail "opératif" par lequel seul l'initiation peut être rendue effective. (Aperçus sur l'initiation, pp. 95-196)  »

Cette dégénérescence n'est toutefois pas inéluctable, puisque la « nature essentielle » de l'organisation reste la même tant que la « continuité de la transmission » initiatique est assurée : une restauration est toujours possible, « cette restauration devant alors nécessairement être conçue comme un retour à l'état "opératif"[122]. »

Le Pseudo-ésotérisme contemporain[modifier | modifier le code]

Quoiqu'il en soit de l'état actuel de la Franc-Maçonnerie, Guénon refuse de la mettre sur le même plan que les organisations « pseudo-initiatiques » qui, n'étant rattachées à aucune « chaîne » authentique, ne sont pas même aptes à transmettre une initiation virtuelle[123] : il en est ainsi des divers courants occultistes, de la « théosophie » anglo-saxonne contemporaine ou encore de tous les mouvements qui prétendent se rattacher au courant rosicrucien : le point commun entre toutes ces organisations est qu'elles ne bénéficient d'aucun rattachement réel à une tradition spirituelle régulière[124] et qu'elles ont une tendance marquée au « syncrétisme », c'est-à-dire à juxtaposer de l'extérieur « des notions fragmentaires empruntées à différentes formes traditionnelles, et généralement mal comprises et plus ou moins déformées[125] [...] mêlées à des conceptions appartenant à la philosophie et à la science profane[126] ».

René Guénon, qui utilise aussi dans ses exposés des exemples tirés de différentes traditions (Hindouisme, Islamisme et Taoïsme principalement) tenait à bien marquer la différence fondamentale qui existe entre la « synthèse » à laquelle il se livrait, et le « syncrétisme » qu'il attribuait aux organisations « pseudo-initiatiques » :

«  Tout ce qui est réellement inspiré de la connaissance traditionnelle procède toujours "de l'intérieur" et non "de l'extérieur" ; quiconque a conscience de l'unité essentielle de toutes les traditions peut, pour exposer et interpréter la doctrine, faire appel, suivant les cas, à des moyens d'expression provenant de formes traditionnelles diverses, s'il estime qu'il y a là avantage ; mais il n'y aura jamais là rien qui puisse être assimilé de près ou de loin à un syncrétisme quelconque... (Aperçus sur l'initiation, p. 47)  »

Qui plus est, selon Guénon, ces organisations se proposent généralement de développer des « pouvoirs psychiques » latents chez l'homme ordinaire. Or, ces pouvoirs (dont la réalité n'est pas niée), en tant qu'ils appartiennent au domaine « psychique », restent par là-même individuels, et n'ont rien à voir avec la véritable spiritualité, qui dans son essence est supra-individuelle. Qui plus est, la recherche de ces pouvoirs n'est pas sans présenter des dangers de toutes sortes :

«  ... soit quant aux troubles psychiques et même physiologiques qui sont l'accompagnement habituel de ces sortes de choses, soit quant aux conséquences plus éloignées, encore plus graves, d'un développement désordonné de possibilités inférieures qui [...] va directement au rebours de la spiritualité. (Aperçus sur l'initiation, p. 149)  »

Guénon est revenu à plusieurs reprises sur « l'expansion de ces théories diverses qui ont vu le jour depuis moins d'un siècle, et que l'on peut désigner, d'une façon générale, sous le nom de "néo-spiritualisme"[127] », en lesquelles il voyait un symptôme inquiétant de la « crise du monde moderne ».

La critique du monde moderne[modifier | modifier le code]

L'Origine de la « déviation » moderne[modifier | modifier le code]

Selon Guénon, l'Occident moderne est une « prodigieuse anomalie[128] » au regard des autres civilisations, passées et présentes (en Orient), en ce qu'il se caractérise essentiellement par l'oubli (ou le rejet) de sa tradition, autrement dit des principes qui doivent normalement organiser toute société suivant une hiérarchie précise et invariable, dont les castes hindoues fournissent un modèle clair :

  • Au sommet de la hiérarchie sociale, les Brâhmanes (la caste sacerdotale), représentant « l'intellectualité pure », à laquelle tous les autres domaines doivent être subordonnés[129].
  • Les Kshatriyas (la caste des rois et des guerriers), représentant l'action, sont les garants de la protection de l'autorité spirituelle qui, en retour, fonde la légitimité de leur pouvoir et à laquelle ils doivent être subordonnés[130].

Guénon s'est moins intéressé aux deux dernières castes (les Vaisyas et les Sudras), puisque c'est selon lui dans la « révolte des Kshatriyas », autrement dit dans la volonté du pouvoir temporel de s'affranchir de la tutelle de l'autorité spirituelle que réside l'origine de la « déviation » moderne[131]. À partir du moment où ce lien de subordination fut rompu en Occident, celui-ci perdit de plus en plus son caractère traditionnel, jusqu'à en arriver à cette « anomalie » que Guénon ne cessa de dénoncer.

Caractéristiques de « l'anomalie » occidentale[modifier | modifier le code]

La rupture du lien de dépendance avec l'autorité spirituelle a pour corollaire la rupture avec les principes transcendants dont celle-ci était la garante : la société occidentale ainsi privée de principes véritables est donc dans la situation d'un « organisme décapité qui continuerait à vivre d'une vie à la fois intense et désordonnée[132] ».

Ce corps sans tête, qui a perdu tout principe directeur, est caractérisé avant tout par son « besoin d'agitation incessante » :

«  ...besoin d'agitation incessante, de changement continuel, de vitesse sans cesse croissante comme celle avec laquelle se déroulent les évènements eux-mêmes. C'est la dispersion dans la multiplicité, et dans une multiplicité qui n'est plus unifiée par la conscience d'aucun principe supérieur... (La Crise du monde moderne, p. 71 de l'édition Folio Gallimard)  »

Qui plus est, ayant oublié ce qu'est l'intellectualité véritable, l'Occident en est venu à priviégier uniquement le progrès matériel, qu'il considère à tort comme le signe de la supériorité de la société occidentale : « développement matériel et intellectualité pure sont vraiment en sens inverse ; qui s'enfonce dans l'un s'éloigne nécessairement de l'autre[133] ». Le domaine intellectuel étant considéré comme le domaine supérieur et le domaine matériel comme le domaine inférieur, il s'ensuit que le « progrès » occidental est en réalité une « déchéance », et que la prétention de l'Occident à imposer sa domination sur le reste du monde, au nom de cette illusoire supériorité, est aussi absurde qu'injustifiée[134].

Enfin, l'Occident moderne est individualiste et démocratique. Par individualisme, il faut entendre « la négation de tout principe supérieur à l'individu et, par suite, la réduction de la civilisation, dans tous les domaines, aux seuls éléments purement humains[135] », ce qui conduit à « la négation de l'intuition intellectuelle, en tant que celle-ci est essentiellement une faculté supra-individuelle[136] ».

L'individualisme impliquant « nécessairement [le] refus d'admettre une autorité supérieure à l'individu[137] », l'Occident en est venu naturellement à ériger l'idée de l'égalité entre les individus en principe, ou plutôt en « pseudo-principe[138] », à partir duquel il a fondé la légitimité démocratique, qui selon Guénon est un leurre pour deux raisons. D'une part parce que « le supérieur ne peut émaner de l'inférieur », que « le pouvoir véritable ne peut venir que d'en haut, et c'est pourquoi [...] il ne peut être légitimé que par la sanction de quelque chose de supérieur à l'ordre social, c'est-à-dire d'une autorité spirituelle[139]. » D'autre part parce que la notion d'un peuple se gouvernant lui-même est une impossibilité logique : « il est contradictoire d'admettre que les mêmes hommes puissent être à la fois gouvernants et gouvernés[140]. »

Ainsi, l'idée selon laquelle le peuple se gouvernerait lui-même ne peut être qu'une illusion que les dirigeants parviennent à lui faire admettre que parce « qu'il en est flatté et que d'ailleurs il est incapable de réfléchir assez pour voir ce qu'il y a là d'impossible[141] ».

La Contre-initiation et le Kali-Yuga[modifier | modifier le code]

Ces dirigeants qui impriment leur marque au développement de l'Occident moderne ne sont pas seulement ceux qui se présentent comme tels, et qui sont généralement inconscients de la portée antitraditionnelle de leur action : il en est d'autres, qui agissent dans l'ombre, tout en sachant très bien que la voie dans laquelle est engagé l'Occident (et dans laquelle ils le poussent à persévérer) ne peut que le mener à la catastrophe et à la ruine. Guénon appelle ces individus les émissaires de la « contre-initiation » : véritables agents au service des forces du mal (personnifié en Occident dans la figure Satan, auquel est attribué une existence réelle et pas simplement symbolique[142]), ces hommes et ces femmes œuvrent dans le but de remplacer la spiritualité authentique par sa parodie et de préparer l'avènement de celui que les Chrétiens et les Musulmans nomment l'Antéchrist[143]. Ce sont eux les responsables et les instigateurs véritables de la déviation occidentale[144].

La déesse hindoue Kâlî, qui symbolise le dernier âge de l'humanité dans la tradition hindoue

La victoire finale de la contre-initiation est à la fois inéluctable et illusoire. Elle est inéluctable car elle est inscrite dans le mouvement même de l'histoire : reprenant le vocabulaire de la conception cyclique de l'histoire des doctrines hindoues (où un cycle historique est appelé Manvantara), Guénon affirme que nous sommes parvenus au dernier des quatre âges de l'humanité actuelle : le Kali Yuga[145]. Au cours de cette période, explique-t-il :

«  ... les vérités qui étaient autrefois accessibles à tous les hommes sont devenues de plus en plus cachées et difficiles à atteindre ; ceux qui les possèdent sont de moins en moins nombreux, et, si le trésor de la sagesse "non-humaine", antérieure à tous les âges, ne peut jamais se perdre, il s'enveloppe de voiles de plus en plus impénétrables, qui le dissimulent aux regards et sous lesquels il est extrêmement difficile de le découvrir. (La Crise du monde moderne, pp. 21-22)  »

Cette déchéance progressive de l'humanité, qui s'oppose radicalement à toute notion de progrès historique, est la conséquence nécessaire de « [l']éloignement de plus en plus grand du principe dont elle procède ». En effet,

«  ... partant du point le plus haut, elle tend forcément vers le bas, et, comme les corps pesants, elle y tend avec une vitesse croissante sans cesse croissante, jusqu'à ce qu'elle rencontre enfin un point d'arrêt. (ibid.)  »

Ce mouvement descendant, s'il n'est pas linéaire (il existe également un mouvement inverse qui tend vers un retour au principe[146]), n'en est pas moins inéluctable, et son aboutissement marquera la victoire de la contre-initiation, ou de la « spiritualité à rebours[147]. »

Mais cette victoire de la contre-initiation sera à ce point éphémère qu'elle peut à bon droit être qualifiée d'illusoire : en effet, la catastrophe finale, marquant le point d'arrêt de la chute de l'humanité, marquera également, dans le même temps, la réintégration intégrale et instantanée de l'humanité dans son « état primordial », c'est-à-dire la restauration d'un nouvel « Âge d'Or », et la défaite complète des forces de la contre-initiation[148].

C'est dans le but de contribuer à freiner cette irrémédiable chute, en prévenant ses contemporains des dangers qui les guettent, que Guénon affirme avoir écrit son œuvre. Et quand bien même il serait trop tard pour l'éviter, le destin de l'humanité la conduisant nécessairement à la catastrophe finale,

«  ...le travail accompli dans cette intention ne serait pas inutile, car il servirait en tout cas à préparer, si lointainement que ce soit, cette "discrimination" dont nous parlions au début, et à assurer ainsi la conservation des éléments qui devront échapper au naufrage du monde actuel pour devenir les germes du monde futur." (La Crise du monde moderne, pp. 60-61)  »

La Réception de l'œuvre de René Guénon[modifier | modifier le code]

Continuateurs et exégètes[modifier | modifier le code]

La « Boussole infaillible » et la « cuirasse impénétrable »[modifier | modifier le code]

René Guénon avait écrit dans Orient et Occident, que la doctrine traditionnelle pouvait être qualifiée de « boussole infaillible » et de « cuirasse impénétrable ». Il ne faudra guère attendre longtemps après sa mort pour que ces qualificatifs soient repris et associés à son œuvre : c'est ainsi que dès la parution du numéro spécial des Études traditionnelles paru en novembre 1951 à l'occasion de la mort de Guénon, Michel Vâlsan devait conclure son article initulé « La fonction de René Guénon et le sort de l'Occident. » Dans celui-ci, il donnait une signification providentielle à l'existence de l'auteur du Roi du monde :

«  Les matrices de la Sagesse avaient prédisposé et formé son entité selon une économie précise et sa carrière s'accomplit dans le temps par une corrélation constante entre ses possibilités et les conditions cycliques extérieures[149].  »

Devenu à partir de 1960 directeur des Études traditionnelles, Michel Vâlsan contribuera à développer et à fixer cette image providentielle de René Guénon, parallèlement à la publication d'articles consacrés essentiellement à l'approfondissement des doctrines soufies telles qu'elles sont présentées dans l'œuvre d'Ibn Arabî. Il en viendra à considérer comme une atteinte à l'intégrité de l'œuvre guénonienne toute approche critique universitaire, invitant les chercheurs à travailler à partir de l'œuvre plutôt que sur l'œuvre[150].

Cette direction que Vâlsan avait imprimé à la réception de l'œuvre guénonienne sera reprise et accentuée par Charles-André Gillis qui, en tête de son Introduction à l'enseignement et au mystère de René Guénon placera cet avertissement :

«  L'enseignement de René Guénon est l'expression particulière, révélée à l'Occident contemporain, d'une doctrine métaphysique et initiatique qui est celle de la Vérité unique et universelle. Il est inséparable d'une fonction sacrée, d'origine supra-individuelle, que Michel Vâlsan a définie comme un «rappel suprême» des vérités détenues, de nos jours encore, par l'Orient immuable, et comme une «convocation » ultime comportant, pour le monde occidental, un avertissement et une promesse ainsi que l'annonce de son « jugement »[151].  »

Dans ces conditions, toute approche « profane » de l'œuvre devient suspecte, notamment celle qui rechercherait des sources historiques pour expliquer l'œuvre :

«  ... une méthode dont les limites sont connues de tous pour l'interprétation des textes littéraires est utilisée, sans discernement mais non sans arrière-pensée, pour rendre compte d'écrits dont l'inspiration est essentiellement autre[152].  »

La « même volonté d'unifier vie et œuvre dans une geste sacrée », pour reprendre une expression de Jean-Pierre Laurant[153], est manifeste dans les écrits de Jean Robin, notamment dans René Guénon témoin de la Tradition, dans lequel sont assignés une fonction magique aux différents pseudonymes sous lesquels écrivit René Guénon, en rapport avec la doctrine tibétaine des Tulkous[154]. On peut citer également Muhammad Vâlsan, qui met en correspondance les prénoms de Jean-Marie René Joseph Guénon avec l'acronyme christique INRI[155].

Les Catholiques guénoniens[modifier | modifier le code]

Mircea Eliade faisait observer que la plupart des « adeptes » de l'œuvre de Guénon « sont des convertis à l'Islamisme ou se livrent à l'étude de la tradition indo-tibétaine[156]. » Ils ont été moins nombreux en revanche à tenter de concilier l'étude de l'œuvre guénonienne et la pratique du Christianisme, notamment en raison des réserves importantes exprimées par les milieux catholiques sur cette œuvre, déjà du vivant de Guénon (Jacques Maritain qui écrivit que « l'hyperintellectualisation ésotérique [de la Connaissance] n'est qu'un spécieux mirage [qui] mène la raison à l'absurde, l'âme à la seconde mort[157] »), mais également après sa mort, qu'il s'agisse des catholiques « intégristes » ou progressistes[158].

Quelques tentatives ont été faites pourtant, à l'intérieur même de l'Église catholique, pour concilier le Christianisme et la « doctrine traditionnelle » : on peut citer notamment un ouvrage intitulé Doctrine de la non-dualité (Advaita-vada) et Christianisme[159] et publié en 1982 « avec la permission des supérieurs » par un « moine d'Occident » anonyme, qui représente une tentative de conciliation entre le Vêdânta (en reprenant les analyses de L'homme et son devenir selon le Vêdânta, publié par Guénon en 1925) et la théologie chrétienne.

Mais l'on retiendra surtout les travaux de l'abbé Henri Stéphane qui, ayant découvert les ouvrages de Guénon semble-t-il en 1942[160], écrivit de nombreux textes recuillis en deux volumes publiés sous le titre très guénonien de : Aperçus sur l'ésotérisme chrétien[161].

Le cas de l'abbé Stéphane reste néanmoins isolé, comme le fut celui-ci, qui n'exerça officiellement aucun ministère, si ce n'est, après le Concile Vatican II, mais « de façon presque clandestine », à destination d'un « groupe de chrétiens soucieux de conserver la tradition latine dans l'Église [qui] avait demandé à l'abbé de dire chaque semaine une messe du rite ancien et de prononcer l'homélie[162] ».

Un Guénonien critique : Frithjof Schuon[modifier | modifier le code]

Le même numéro spécial des Études traditionnelles dans lequel Michel vâlsan analysait la fonction providentielle de l'œuvre de René Guénon accueillait une autre contribution, beaucoup plus nuancée dans l'éloge : celle de Frithjof Schuon. Cet article, initulé « L'Esprit d'une œuvre », commençait par rappeler le caractère « universel » et surtout « traditionnel » de cette œuvre « en ce sens que les données fondamentales qu’elle transmet sont strictement conformes à l’enseignement des grandes traditions, ou de l’une d’elles quand il s’agit d’une forme particulière[163]. » Néanmoins, il tenait à marquer ses distances avec la position défendue par Michel Vâlsan : « l'unicité » de l'œuvre guénonienne ne saurait être tenue pour « prophétique[164]. » Qui plus est,

«  c’est dans l’énonciation des principes que son génie intellectuel s’exerce avec une maîtrise incontestable; mais qu’on admette sans réserve tous les exemples et toutes les déductions que l’auteur nous propose au cours de ses nombreux écrits, cela nous paraît être une question d’opinion, voire de foi, d’autant plus que ta connaissance des faits dépend de contingences qui ne sauraient intervenir dans la connaissance principielle (ibid.)  »

De fait, Frithjof Schuon relèvera par la suite dans l'œuvre de Guénon plusieurs points de détails qui lui semblent erronnés, qu'il s'agisse de l'affirmation selon laquelle l'Hindousime n'est pas une religion, de la définition guénonienne des modalités de l'existence corporelle, ou encore de sa présentation de la doctrine hindoue des « cycles cosmiques[165]. » Plus fondamentalement, sur plusieurs points doctrinaux importants, Frithjof Schuon s'est écarté des analyses guénoniennes, affirmant que les rites chrétiens possédaient un caractère indubitablement initiatique, ou encore que l'initiation soufie n'était pas incompatible avec l'appartenance à une religion autre que l'Islam[166] : une telle interprétation, observe Jean-Pierre Laurant, « ruin[e] l'édifice guénonien bâti sur la séparation stricte de l'ésotérisme et de l'exotérisme[167] ».

Enfin, une « Note » consacrée à René Guénon, parue dans les Cahiers de l'Herne, précise la position de Schuon vis-à-vis de l'individualité de l'auteur des États multiples de l'Être : Guénon aurait selon lui été un « "pneumatique" du type "gnostique" », autrement dit qu'il serait né « avec un état de connaissance qui, pour d'autres, serait précisément le but et non le point de départ[168] ». C'est ainsi que Guénon, « personnification, non de la spiritualité tout court, mais de la seule certitude intellectuelle », aurait été conduit, « en partie [en raison de] traumatismes, renforcés par l'absence de facteurs compensatoires dans l'âme et dans l'ambiance », à sous-estimer « et les valeurs esthétiques et les valeurs morales, surtout sous le rapport de leurs fonctions spirituelles[169]. »

Universitaires[modifier | modifier le code]

À plusieurs reprises dans ses ouvrages, René Guénon a raillé les prétentions de l'Occident moderne à posséder un ensemble de sciences qui le mettrait à l'avant-garde de la connaissance du monde : ces sciences « profanes », affirme l'auteur de La Crise du monde moderne, ne sont que les « résidus » des sciences sacrées dont le sens s'est perdu[170], résidus incapables de faire accéder celui qui les étudie à quelque certitude que ce soit concernant le monde qui l'entoure[171]. La totalité du savoir enseigné dans les universités, depuis la philosophie jusqu'à la sociologie, en passant par l'histoire, la géographie, l'ethnologie ou encore la psychologie est ainsi disqualifiée au profit des « savoirs traditionnels », seuls aptes à transmettre la connaissance véritable[172].

Ces critiques radicales n'empêcheront pas les universitaires de s'occuper de l'œuvre et de la démarche de Guénon, de manière plus ou moins critique.

Umberto Eco[modifier | modifier le code]

C'est ainsi que pour Umberto Eco, René Guénon fait preuve d'« un mépris souverain pour tout critère historique et philologique »[173]. Il explique son propos dans Les limites de l'interprétation, où il se livre à une étude critique de la pensée hermétique en général :

«  Presque toutes les caractéristiques de la pensée hermétique sont réunies dans les procédés d'argumentation d'un de ses épigones contemporains: René Guénon[174]  »

Eco appuie son propos par une étude critique de l'ouvrage de Guénon: Le roi du Monde qu'il étudie selon l'approche de la sémiotique et dans lequel il relève en particulier l'usage très fréquent, et selon lui abusif, d'affirmations sans sources, de "on dit", d'étymologies présumées souvent fondées sur de simples proximités phonologiques et d'analogies vagues qui forment au final un discours visant davantage à conforter le lecteur dans ses convictions qu'à démontrer rationnellement ses affirmations:

«  En somme, Guénon suggère un système, mais un système qui n'autorise aucune exclusion [...] à travers un entrelacs d'associations, certaines fondées sur la similitude phonétique, d'autres sur une étymologie présumée, en un relais incessant entre synonymies, homonymies et polysémies, en un continuel glissement de sens où toute nouvelle association délaisse ce qui l'a provoquée pour pointer vers de nouveaux rivages, et où la pensée coupe en permanence les ponts derrière elle[175].  »

Ces analyses d'Umberto Eco ont été contestées par Patrick Geay qui, dans sa thèse de doctorat publiée sous le titre de Hermès Trahi (1996), reproche au sémioticien italien d'avoir manqué de rigueur dans sa démarche et de prudence dans ses conclusions[176].

Mircea Eliade[modifier | modifier le code]

En revanche, l'historien des religions Mircea Eliade s'est montré plutôt réceptif aux thèses guénoniennes, considérant « que cette doctrine est considérablement plus rigoureuse et valable que celle des occultistes et hermétiques des XIXe et XXe siècles[177]. » Il remarque par ailleurs l'antithèse radicale et paradoxale à laquelle l'historien des religions est confronté, entre, d'un côté :

«  une explosion d'occultisme, sorte de religion "pop" caractéristique surtout de la contre-culture de la jeunesse américaine, qui proclame le grand renouveau consécutif à l'âge du Verseau  »

et de l'autre :

«  la découverte et [l']acceptation de l'ésotérisme traditionnel, tel que l'a reformulé René Guénon par exemple, un ésotérisme qui rejette l'espoir optimiste d'un renouveau cosmique et historique sans la préalable désagrégation catastrophique du monde moderne  »

Cette dernière tendance étant encore modeste mais « progressivement croissante[178] ».
Il est à noter que Mircea Eliade a été en contact avec Guénon, à qui il envoya un exemplaire de son ouvrage Techniques du yoga. Guénon écrivit à cette occasion qu'Eliade était « en réalité beaucoup plus près des idées traditionnelles que ses écrits n'en donnent parfois l'impression », mais que son « grand défaut » était « de ne pas oser se mettre trop nettement en opposition avec les idées officiellement admises »[179].

Artistes et écrivains[modifier | modifier le code]

L'oeuvre atypique de René Guénon, développement polysémique d'une pensée critique du monde moderne, a marqué plusieurs artistes et écrivains[180], qu'ils aient été en guerre contre leur époque et les valeurs de l'Occident, ou bien attirés par une exposition de la spiritualité distincte de la morale chrétienne en même temps qu'opposée à toutes les formes d'occultisme en vogue au début du XXe siècle : on ne s'étonnera pas d'y retrouver plusieurs auteurs qui ont participé, ou ont été des « compagnons de route », du mouvement surréaliste.

Albert Gleizes[modifier | modifier le code]

René Guénon fréquenta dans les années 1920 le salon parisien qu'Albert Gleizes tenait avec sa femme, et suivit avec sympathie les tentatives du peintre cubiste de retrouver la « tradition dans le métier[181] » et commenta avec bienveillance les essais théoriques de ce dernier, qui tentaient de concilier les approches artistiques de l'avant-garde avec l'art sacré en se libérant des contraintes perspectivistes et mimétiques héritées de la Renaissance[182].

Il se montra toutefois plus réservé dans sa correspondance privée, estimant que les travaux de Gleizes, s'ils étaient plein de bonnes idées, restaient désordonnés[183]. Il semble en effet que Gleizes, au moment où il rencontre Guénon, a déjà achevé sa formation intellectuelle (il a quarante-six ans en 1927) et que si ses théories concernant l'art et l'artisanat rejoignent souvent celles défendues par René Guénon, il n'en reste pas que cet accord s'est fait en suivant « des voies radicalement différentes[184] », bien que dans une certaine mesure parallèles.

André Breton[modifier | modifier le code]

André Breton a manifesté à plusieurs reprises l'intérêt que lui inspirait l'œuvre de René Guénon, en particulier Les États multiples de l'Être, dont un long passage est cité à la fin du texte Du Surréalisme en ses œuvres vives, daté de 1953[185]. La même année, dans un article intitulé « René Guénon jugé par le surréalisme[186] », l'auteur d'Arcane 17 précisait la position du mouvement à l'égard de l'auteur de La Crise du monde moderne :

«  Sollicitant toujours l'esprit, jamais le coeur, René Guénon emporte notre très grande déférence et rien d'autre. Le surréalisme, tout en s'associant à ce qu'il y a d'essentiel dans sa critique du monde moderne, en faisant fond comme lui sur l'intuition supra-rationnelle (retrouvée par d'autres voies), voire en subissant fortement l'attrait de cette pensée dite traditionnelle que, de main de maitre, il a débarrassée de ses parasites, s'écarte autant du réactionnaire qu'il fut sur le plan social que de l'aveugle contempteur de Freud, par exemple, qu'il se montra. Il n'en honore pas moins le grand aventurier solitaire qui repoussa la foi par la connaissance, opposa la délivrance au SALUT et dégagea la métaphysique des ruines de la religion qui la recouvraient.  »

En revanche, dans les quelques occasions où il s'exprima sur le sujet, Guénon devait fermement condamner l'entreprise surréaliste basée sur une forme d'intuition qui, faisant largement appel aux théories alors récentes de la psychanalyse, ne pouvait que s'appuyer sur « le domaine psychique inférieur », c'est-à-dire sur « ce qu'il y a de plus éloigné de toute spiritualité[187]. »
Aussi Guénon jugea-t-il que les surréalistes étaient partie-prenante du plan général de subversion de l'authentique spiritualité traditionnelle, autrement dit qu'ils étaient « des agents d'exécution du plan luciférien. » Même si, à ses yeux, ils constituaient avant tout un « petit groupe de jeunes gens qui s'amusent à des facéties d'un goût douteux[188] ».

Antonin Artaud[modifier | modifier le code]

Guénon se montra toutefois plus réceptif aux thèses exposées par Antonin Artaud sur le théâtre oriental et sur la distance qui le sépare du théâtre occidental. Rendant-compte d'un article publié dans la N.R.F. sous le titre « La mise en scène et la métaphysique[189] », dans lequel il était d'ailleurs cité[190] Guénon, bien que déplorant que les propos d'Artaud soient parfois confus, y voit « en quelque sorte comme une illustration de ce [que lui-même disait] sur la dégénerescence qui a fait du théâtre occidental quelque chose de purement "profane", tandis que le théâtre oriental a toujours conservé sa valeur spirituelle[191]. »

S'il faisait « grand cas des ouvrages de René Guénon », « Orient et Occident et Les États multiples de l'Être [ayant] plus particulièrement attiré son attention[192] », il est difficile de savoir précisément quel impact a eu cette œuvre dans le cheminement d'Antonin Artaud, qui expliquera quelques années plus tard avoir voulu « fuir la civilisation européenne, issue de sept à huit siècles de culture bourgeoise[193] » afin de se rendre au Mexique, « le seul endroit de la terre qui nous propose une vie occulte, et la propose à la surface de la vie »[194].

René Daumal[modifier | modifier le code]

Le poète René Daumal, que sa quête spirituelle amena à apprendre le Sanskrit et à traduire des textes sacrés hindous, ne pouvait passer à côté de l'œuvre de René Guénon : non seulement ils partagent un même intérêt pour la métaphysique orientale, mais on trouve dans les essais de Daumal un vocabulaire proche de celui utilisé par Guénon (l'adjectif « traditionnel » est ainsi utilisé dans un sens proche, sinon identique, par l'un et l'autre[195]. On s'étonne même de ne pas trouver chez le premier des références plus nombreuses aux travaux du second.

Le poète du Grand Jeu écrivit tout de même un article en forme d'hommage en 1928 (« Encore sur les livres de René Guénon »[196]), dans lequel sont précisés les points de convergence et les limites de son adhésion. Après avoir constaté que « les mains occidentales changent l'or en plomb », et qu'entre ces mains la métaphysique hindoue « s'émiette [...] en curiosités de mythologie et d'exotisme, en recherches bien consolantes de paradis précis, en conseils salutaires que ne désavouerait pas un clergyman...[197] », Daumal loue en Guénon celui qui « ne trahit jamais la pensée hindoue au profit de besoins particuliers de la philosophie occidentale » :

«  S'il parle du Véda, il pense le Véda, il est le Véda[198].  »

Cette justice rendue à la « pensée hindoue » a toutefois selon Daumal comme corrolaire l'incompréhension de la philosophie occidentale :

«  Ce qu'il y a de plus profond dans des penseurs d'Europe comme Spinoza, Hegel ou les post-kantiens allemands, lui échappe tout à fait[199].  »

Cette incompréhension, néanmoins, est dans le fond de peu d'importance, Daumal avouant préférer voir Guénon « garder cette dure loi, palpable dans le ton de ses phrases, qui le défend de tout compromis[200] ». Là où en revanche l'auteur du Mont Analogue se détache du métaphysicien, c'est dans le refus de ce dernier de se mêler aux luttes de son époque contre l'ordre établi et dans son choix de se placer exclusivement sur le plan des principes doctrinaux :

« René Guénon, je ne sais rien de votre vie proprement humaine ; je sais seulement que vous espérez peu convaincre des multitudes. Mais je crains que le bonheur de penser ne vous détourne de cette loi - historique au sens le plus large - qui pousse nécessairement ce qu'il y a d'homme en nous vers la révolte ; révolte que nous considérons non comme une tâche que nous sommes chargés d'exécuter, mais comme une œuvre que nous laissons s'accomplir par le moyen des enveloppes humaines qu'abusivement nous nommons "nôtres"[201].  »

Raymond Queneau[modifier | modifier le code]

Raymond Queneau fut un lecteur attentif et assidu de l'œuvre de René Guénon, qu'il découvre avec étonnement[202] dès la parution de l'Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues, en 1921. À partir de cette date et jusqu'à la fin des années 1920, Queneau se procure les ouvrages de Guénon dès leur parution[203], et n'omet pas de lire les articles publiés dans la revue Le Voile d'Isis, se disant qu'il devrait chercher à faire la connaissance de leur auteur[204], et échangera même une brève correspondance avec lui en 1936[205].

Cette influence de la pensée « traditionnelle », telle que l'expose Guénon, sur l'œuvre de Raymond Queneau, est nettement perceptible dans un curieux essai inachevé écrit vers 1936-1937, et qui ne sera publié qu'à titre posthume en 1993 : Le Petit traité des vertus démocratiques, dans lequel est proposé « un autre monde, une autre civilisation », dont la fin dernière est « la Paix sur terre - et ailleurs - pour tous les Hommes de bonne Volonté et tout homme sera de bonne volonté[206]. » Cette société, qui aurait pris acte de la « trahison » de la social-démocratie, qui se défierait du Fascisme comme du Communisme, sans pour autant verser dans l'anarchisme, devra aller voir du côté de l'Orient ou de l'Occident médiéval, dont il décrit ainsi la « démocratie » : « égalité de tous les hommes devant Dieu, liberté de la Grâce ; fraternité : société basée sur l'amour. Discipline, hiérarchie, rigueur[207]. »

L'évolution personnelle et intellectuelle de Raymond Queneau lui fera abandonner ce projet de traité, qui restera à l'état de brouillon, et il relativise également la portée de l'œuvre de Guénon[208], continuant toutefois à s'intéresser aux conceptions mathématiques de l'auteur des Principes du calcul infinitésimal[209]
Queneau retournera à la lecture des ouvrages de Guénon à partir de 1969 et ce jusqu'à la fin de sa vie, reprenant dans Morale Élémentaire (1975) des développements issus de L'Homme et son devenir selon le Vêdânta[210]. Il aurait vers cette époque confié à son fils Jean-Marie : « J'ai trop lu René Guénon.[211] »

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Œuvres de René Guénon[modifier | modifier le code]

Sont indiquées ici les références des éditions originales. Les rééditions ultérieures ne sont mentionnées que dans la mesure où elles ont été utilisées dans la rédaction de l'article.

  • Introduction générale à l'Étude des doctrines hindoues, Rivière, 1921
  • Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion, Nouvelle librairie nationale, 1921. (rééd. éd. Traditionnelles, Paris, s.d.)
  • L'Erreur spirite, Rivière, 1923 (rééd. éd. Traditionnelles, Paris, s.d.)
  • Orient et Occident, Payot, 1925(rééd. éd. Véga, Paris, 1976)
  • L'Ésotérisme de Dante, Charles Bosse, 1925
  • L'Homme et son devenir selon le Vêdânta, Bossard, 1925 (rééd. éd. Traditionnelles, Paris, s.d. )
  • La Crise du monde moderne, Bossard, 1927 (rééd. Gallimard, coll. Folio essais, Paris, 1973)
  • Le Roi du Monde, Charles Bosse, 1927
  • Autorité spirituelle et pouvoir temporel, Librairie Vrin, 1929 (rééd. éd. Véga/Guy Trédaniel, Paris, 1984)
  • Saint Bernard, Publiroc, 1929
  • Le Symbolisme de la Croix, Véga, 1931 (rééd. éd. Véga/Guy Trédaniel, Paris, 1984)
  • Les États multiples de l'Etre, Véga, 1932
  • La Métaphysique orientale, Éditions Traditionnelles, 1939
  • Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Editions Gallimard, 1945. (ISBN 2-07-023003-1).
  • La Grande Triade, Editions de la Table Ronde, 1946
  • Les Principes du Calcul infinitésimal, Editions Gallimard, 1946. (ISBN 2-07-023004-X).
  • Aperçus sur l’initiation, Editions Traditionnelles, 1946. (ISBN 2-7138-0064-1).

Posthumes:

  • Initiation et réalisation spirituelle, Editions Traditionnelles, 1952.
  • Aperçus sur l’ésotérisme chrétien, Editions Traditionnelles, 1954.
  • Symboles de la Science sacrée, Editions Gallimard, 1962. (ISBN 2-07-029752-7).
  • Études sur la franc-maçonnerie et le compagnonnage, vol.1, Editions Traditionnelles, 1964. (ISBN 2-7138-0066-8).
  • Études sur la franc-maçonnerie et le compagnonnage, vol.2, Editions Traditionnelles, 1967. (ISBN 2-7138-0067-6).
  • Études sur l’Hindouisme, Editions Traditionnelles, 1967.
  • Formes traditionnelles et cycles cosmiques, Editions Gallimard, 1970. (ISBN 2-07-027053-X).
  • Aperçus sur l’ésotérisme islamique et le Taoïsme, Editions Gallimard, 1973. (ISBN 2-07-028547-2).
  • Mélanges, Editions Gallimard, 1976. (ISBN 2-07-072062-4).
  • Comptes rendus, Editions Traditionnelles, 1986.
  • Écrits pour Regnabit, Editions Arché, 1999.
  • Notes de cours de philosophie (1917-1918) attribuées à René Guénon, Editions Arché, 2001.
  • Articles et Comptes-Rendus, vol. 1, Editions Traditionnelles, 2002.

Ouvrages collectifs consacrés à René Guénon[modifier | modifier le code]

  • (Collectif), Études Traditionnelles n. 293-295 : Numéro spécial consacré à René Guénon. Sans ISSN.
  • (Collectif), René Guénon : colloque du centenaire Domus Medica, Le cercle de lumière. (ISBN 2-909972-00[à vérifier : ISBN invalide]).
  • (Collectif), Quelle humanité ? demain..., Vers la Tradition, Châlons-sur-Marne (France). Sans ISSN.
  • (Collectif), 2001, il y a cinquante ans, René Guénon..., Éditions Traditionnelles, Paris. (ISBN 2-7138-0180-X).
  • Alleau, René et Scriabine, Marina (éds.) René guénon et l'actualité de la pensée traditionnelle, actes du colloque de Cerisy-la-Salle, 13-20 juillet 1973, Archè, Milan.
  • Laurant, Jean-Pierre et Barbanegra, Paul (éds.) : Cahiers de l'Herne 49 : René Guénon, Éditions de l'Herne, Paris, 1985. (ISBN 2-85197-055-0).
  • Sigaud, Pierre-Marie (éd.) : Dossier H René Guénon, L'Âge d'Homme, Lausanne. (ISBN 2-8251-3044-3).

Autres ouvrages consacrés à René Guénon et aux « doctrines traditionnelles »[modifier | modifier le code]

  • Accart, Xavier : L'Ermite de Duqqi, Archè. (ISBN 88-7252-227-7). (Notes.)
  • Allemand, Jean-Marc : René Guénon et les Sept Tours du Diable, Guy Trédaniel/Éditions de la Maisnie, Paris. (ISBN 2-85707-347-X).
  • Batache, Eddy : Surréalisme et Tradition, Éditions Traditionnelles. Sans ISBN.
  • Chacornac, Paul : La Vie simple de René Guénon, Éditions Traditionnelles, Paris. Sans ISBN.
  • Gattegno, David : Guénon: qui suis-je ?, Pardès, Puiseaux (France). (ISBN 2-86714-238-5) .
  • Geay, Patrick : Hermès Trahi: Impostures philosophiques et néo-spiritualisme d'après l'œuvre de René Guénon Dervy. (ISBN 2-85076-816-2).
  • Gilis, Charles-André : Introduction à l'enseignement et au mystère de René Guénon, Les Éditions de l'Œuvre, Paris. (ISBN 2-904011-03-X).
  • Gilis, Charles-André : Les sept Étendards du Califat, Éditions Traditionnelles. (ISBN 2-7138-0141-9).
  • Gilis, Charles-André: René Guénon et l'avènement du troisième Sceau. Éditions Traditionnelles, Paris. (ISBN 2-7138-0133-8).
  • Grossato, Alessandro: Psychologie (attribué à René Guénon), Archè. (ISBN 88-7252-231-5).
  • Hapel, Bruno : René Guénon et l'Archéomètre, Guy Trédaniel, Paris. (ISBN 2-85707-842-0).
  • Hapel, Bruno : René Guénon et l'esprit de l'Inde, Guy Trédaniel, Paris. (ISBN 2-85707-990-7).
  • Hapel, Bruno : René Guénon et le Roi du Monde, Guy Trédaniel, Paris. (ISBN 2-84445-244-2).
  • James, Marie-France : Ésotérisme et Christianisme autour de René Guénon, Nouvelles Éditions Latines, Paris. (ISBN 2-7233-0146-X).
  • Laurant, Jean-Pierre, Le Sens caché dans l'œuvre de René Guénon, L'Âge d'homme, Lausanne, 1975.
  • Laurant, Jean-Pierre, René Guénon, Les enjeux d'une lecture, Dervy, Paris, 2006
  • Maxence, Jean-Luc : René Guénon, le Philosophe invisible, Presses de la Renaissance, Paris. (ISBN 2-85616-812-4).
  • Montaigu, Henry, René Guénon ou la mise en demeure. La Place Royale, Gaillac (France). (ISBN 2-906043-00-1).
  • Prévost, Pierre : Georges Bataille et René Guénon, Jean Michel Place, Paris. (ISBN 2-85893-156-9).
  • Robin, Jean : René Guénon, la dernière chance de l'Occident, Guy Trédaniel/Éditions de la Maisnie. (ISBN 2-85707-102-7).
  • Robin, Jean : René Guénon, témoin de la Tradition, 2e édition, Guy Trédaniel Éditeur. (ISBN 2-85707-026-8).
  • Sérant, Paul : René Guénon, Le Courrier du livre, Paris. (ISBN 2-7029-0050-X).
  • Tourniac, Jean : Présence de René Guénon, t. 1: L'œuvre et l'univers rituel, Soleil Natal, Étampes (France). (ISBN 2-905270-58-6).
  • Tourniac, Jean : Présence de René Guénon, t. 2: La Maçonnerie templière et le message traditionnel, Soleil Natal, Étampes (France). (ISBN 2-905270-59-4).
  • Ursin, Jean : René Guénon, Approche d'un homme complexe, Ivoire-Clair, Lumière sur..., Groslay (France). (ISBN 2-913882-31-5)
  • Vâlsan, Michel : L'Islam et la fonction de René Guénon, Les Éditions de l'Œuvre, Paris. (ISBN 2-904011-06-6[à vérifier : ISBN invalide]).
  • Vivenza, Jean-Marc : Le Dictionnaire de René Guénon, Le Mercure Dauphinois, 2002. (ISBN 2-913826-17-2)
  • Vivenza, Jean-Marc : La Métaphysique de René Guénon, Le Mercure Dauphinois, 2004. (ISBN 2-913826-42-3)

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Dans son Anthologie de l'ésotérisme occidental (publiée aux éditions robert Laffont, coll. Bouquins), Pierre A. Riffard, dont le regard qu'il porte sur l'œuvre de Guénon est pourtant critique, écrit néanmoins : « Au XXème siècle, l'ésotérisme, d'une façon ou d'une autre, renvoie à Guénon. Il y a l'avant et l'après Guénon. Il y a les pro- et les anti-Guénon ». (p. 842)
  2. Cette biographie s'appuie sur les travaux de Jean-Pierre Laurant, René guénon, Les enjeux d'une lecture (Dervy éditeur, 2006), ainsi que sur les « Repères biographiques et bibliographiques », du même auteur, publiés dans le Cahier de l'Herne consacré à René guénon (pp.17-22). Ces « Repères » sont souvent repris sur les sites internet consacrés à René Guénon, sans qu'en soit toujours mentionnée la provenance.
  3. L'importance de ces rencontres est toutefois toutefois discutée par d'autres commentateurs, notamment par Jean Robin (René Guénon, Témoin de la tradition).
  4. J.P. Laurant, op. cit., p. 47. Citons parmi ces ouvrages un Accord de la Bible et de la science dans les données fournies par la cosmographie et la physique du globe, publié en 1894.
  5. J.P. Laurant, op. cit., pp. 48-49 : des exemples identiques sont donnés dans les deux ouvrages, qui dénoncent l'un et l'autre le « progressisme » des doctrines spirites et entendent démontrer l'impossibilité de la communication avec les morts et de la réincarnation.
  6. J.P. Laurant, op. cit., p. 47. Guénon opposera par la suite la « passivité » mystique, à « l'effort constant d'assimilation, qui est bien quelque chose d'essentiellement actif », auquel doit se livrer l'initié (Aperçus sur l'initiation, chap. XXXV, « Initiation et "passivité" », p. 226.)
  7. Le chapitre III des États multiples de l'Être, publié en 1932 est intitulé « L'Être et le Non-Être. »
  8. concernant l'influence de Leclère sur Guénon, voir J.P. Laurant, op. cit., pp.38-46. Laurant affirme que l'on « trouve dans les écrits du philosophe certains thèmes fondamentaux de la pensée que son élève développa par la suite, joints à un réel "air de famille" dans la manière d'argumenter. » (p. 39)
  9. Il sera réformé l'année suivante pour les mêmes raisons (cf. Laurant, op. cit., p. 52)
  10. Pierre A. Riffard, Anthologie de l'ésotérisme occidental, Robert Laffont, coll. "Bouquins", p. 807
  11. Dont les plus importants sont, selon Pierre A. Riffard (op. cit.) Le Traité élémentaire de science occulte (1888) et le Traité méthodique de science occulte (1891)
  12. Pierre A. Riffard, op. cit., p. 807
  13. qui se réclamait de l'esprit de « l'illuminé » du XVIIIème siècle Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803), et à travers lui, à la figure énigmatique de Martines de Pasqually (1727-1779), fondateur en 1758 de « l'Ordre des chevaliers maçons Élus cohens de l'Univers » (Cf. Pierre A. riffard, Anthologie de l'ésotérisme occidental, pp. 788-789.)
  14. Autrement dit, « dans des conditions assez banales pour les occultistes. » (J.P. Laurant, op. cit., 68)
  15. Pour le détail de cette affaire, cf. J.P. Laurant, op. cit., pp 69-71
  16. Sur ce personnage haut en couleurs, lié un temps au mouvement anarchiste, qui vécut sept ans au Caire, mêlant « les intigues politiques, carrefour des intérêts italiens et de ceux des nationalistes arabes et turcs, à une vie d'extravagances, déambulant dans les rues de la ville en turbans fastueux et pistolet à a ceinture », par ailleurs admirateur de l'œuvre d'Ibn Arabi, cf. J.P. Laurant, op. cit., pp. 90-93
  17. il publie en 1908 une plaquette au titre évocateur : L'Opium, sa pratique
  18. J.P. Laurant, op. cit., pp. 86-90. À la différence d'Aguéli, Matgioi était lié à l'Église gnostique.
  19. Affirmée très clairement en 1934 (cf. Jean Reyor, De quelques énigmes dans l'œuvre de René Guénon, Cahier de l'Herne René Guénon, pp. 136-137)
  20. Ce dont doutent beaucoup de guénoniens. Par exemple, Pierre Grison, qui remarque que Guénon ne se réfère « qu'avec circonspection » aux travaux de Matgoï, « qui ne connaissait pas beaucoup la Chine, et rien de la langue chinoise » (« L'Extrême-Asie dans l'œuvre de René Guénon », cahier de l'Herne René guénon, p. 145)
  21. Par exemple, par Paul Chacornac, éditeur et premier biographe de guénon, dans La vie simple de René Guénon (éditions traditionnelles, 1956)
  22. « En définitive, il parait assez naturel que de savants voyageurs orientaux soient entrés en contact en priorité avec ceux qui contestaient l'Occident dans les principes mêmes de sa pensée et cela au moment où l'envahissement de la colonisation avait pris une dimension planétaire. Plusieurs écrivains occultistes [...] avaient été contactés entre 1880 et 1910 ». 'J.P. Laurant, op. cit., p. 62)
  23. La revue avait en effet été fondée par Léo Taxil, auteur notamment de La Franc-maçonnerie dévoilée (1887).
  24. J.P. Laurant, op. cit., p80.
  25. De Frémont, également collaborateur de la Revue Internationale des Sociétés Secrètes, sera l'un des informateurs privilégiés de Guénon lors de la longue polémique qui l'opposera à cette revue.
  26. Celle-ci sera « réactivée » en 1938 et de nouveau mise en sommeil en 1951. Charbonneau-Lassay avait également fait part à René guénon de l'existence d'une confrérie ésotérique très secrète et très fermée : « L'Estoile Internelle », limitée à douze membres. (Cf. J.P. Laurant, op. cit., pp. 213-215, 306)
  27. Jusqu'en 1914, date de la mort de son directeur, Abel Clarin de La Rive (cf. J.P. Laurant, op. cit., p. 113)
  28. Cité par Jean Reyor, « De quelques énigmes dans l'œuvre de René Guénon », Cahier de l'Herne René Guénon, pp. 140-141. Jean Reyor voit dans ce rattachement l'une des sources possibles de son ouvrage sur L'Ésotérisme de Dante (1925). Édouard Rivet, quant à lui, est sceptique quant à la réalité de ce rattachement : « ou bien Guénon a divulgué un secret, ou bien Vreede a pu interpréter ou rapporter d'une manière inexacte une conversation qui aurait pu avoir lieu une cinquantaine d'années plus tôt » (« René Guénon Franc-Maçon », Cahier de l'Herne, p. 329)
  29. J.P. Laurant, op. cit., p. 107. (L'orthographe du nom de Leibniz est celle de René Guénon). Ce mémoire constituera la matière des Principes du calcul infinitésimal, publiés en 1946.
  30. « Guénon était persuadé que les oppositions apparentes entre la théologie et l'ésotérisme tenanient pour beaucoup à des questions de formulation. » (J.P. Laurant, op. cit., p. 120)
  31. Le second est d'ailleurs publié dans la collection « Bibliothèque française de philosophie », de la Nouvelle Librairie nationale, dirigée par Jacques Maritain. (Cf. J.P. Laurant, op. cit., pp. 117-121, pour tout ce paragraphe.)
  32. J.P. Laurant, op. cit., p. 109. Les principes méthodologiques défendus dans l'ouvrage qui parait la même année sous le titre d'Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues sont définis ainsi par Pierre A. Riffard : « refus de la méthode historico-critique, respect de la Tradition et de l'orthodoxie des idées, de la régularité des rites, opposition et complémentarité de l'exotérisme et de l'ésotérisme... » (Anthologie de l'ésotérisme occidental, p. 857)
  33. « L'université résuma désormais pour lui tous les travers intellectuels de l'Occident et focalisa une grande partie de ses critiques. » (J.P. Laurant, op. cit., p. 110)
  34. J.P. Laurant, op. cit., p.127. La matière de La Crise du monde moderne, publié en 1927, sera largement issue des conversations de Guénon avec Truc, selon les dires de ce dernier (op. cit., p. 116)
  35. À cette occasion, Guénon ne dédaigne pas d'utiliser les méthodes « historico-critiques. »
  36. « Ces affirmations [selon lesquelles la Société Théosophique aurait été l'héritière de sociétés secrètes du XVIIe siècle] sont peut-être encore moins fondées, et ce n'est pas peu dire, que celles par lesquelles les théosophistes essaient de se rattacher aux néo-platoniciens, sous prétexte que Mme Blavatsky a effectivement adopté quelques théories fragmentaires de ces philosophes, sans d'ailleurs se les être vraiment assimilées », lit-on par exemple dans l'Avant-Propos (pp. 9-10 de l'édition de 1965)
  37. « Très anticonformiste, elle avait été liée aux libre-penseurs et aux milieux socialistes révolutionnaires [...] C'est après 1889 seulement qu'elle se tourna vers le spiritualisme » (J.P. Laurant, op. cit., p. 123, note 46)
  38. Ce néologisme, emprunté à l'Anglais, est forgé par Guénon afin de différencier la Théosophie telle que l'entendent les membres de la société fondée par Héléna Blavatsky des doctrines d'un Jacob Boehme, d'un Eckartshausen ou d'un Louis-Claude de Saint-Martin, qui, au XVIIe et au XVIIIe siècle, revendiquaient déjà cette appellation (« L'organisation qui s'intitule actuellement "Société Théosophique" [...] ne relève d'aucune école qui se rattache, même indirectement, à quelque doctrine de ce genre. » Le Théosophisme..., p. 8)
  39. Cf. Les chapitres XIII (« Le Théosophisme et les religions ») et XVIII (« Le Christianisme ésotérique ») du Théosophisme...
  40. « Le directeur de Regnabit, inspiré par l'archevêque de Reims, aurait réagi vivement à l'affirmation de la perte par l'Eglise de sa tradition initiatique. » (J.P. Laurant, op. cit., p. 182)
  41. Il avait participé à une table ronde radiophonique en 1924, peu après la parution d'Orient et Occident, ouvrage qui attirera l'attention d'André Malraux (J.P. Laurant, op. cit., pp. 133-134)
  42. « Si on s'est proposé de continuer mon travail (et au fond il n'y a pas autre chose là-dedans), je dois reconnaitre que l'on n'y réussit que trop bien, du moins pour le moment », écrit-il le 6 avril 1929 (J.P. Laurant, op. cit., pp. 184-185)
  43. Avec laquelle il aura quatre enfants : Khadija (née en 1944), Leila (1947), Ahmed (1949), enfin Abdel Wahid, fils posthume né en mai 1951.
  44. Qui contient une bibliothèque de 4000 volumes (J.P. Laurant, op. cit., p. 29)
  45. Guénon aura eu, au cours de sa vie, plus de trois cents correspondants réguliers (J.P. Laurant, op. cit., p. 27).
  46. Que Pierre A. Riffard surnomme le « souffre-douleur de René Guénon » (Anthologie de l'ésotérisme occidental, p. 215)
  47. Guénon verra derrière cette affaire la marque des forces du mal : la « contre-initiation. » (Cf. J.P. Laurant, op. cit., pp. 176-177)
  48. Collection d'aileurs dirigée par un « fidèle » de Guénon : Luc Benoit. (Cf. J.P. Laurant, op. cit., p. 192). Le premier livre de Guénon à être publié aux éditions Gallimard est Le Règne de la Quantité et les signes des temps , en 1945.
  49. Cf. J.P. Laurant, p. 205
  50. Article intitulé « Mystères christiques » (Cf. J.P. Laurant, p. 217)
  51. Cette rupture doctrinale n'empêcha pas la poursuite d'une correspondance cordiale entre les deux hommes (Cf. J.P. Laurant, p. 278).
  52. Ce culte de l'action qui conduira Évola à se rapprocher du fascisme italien, puis du National-Socialisme.
  53. En 1929 déjà, Guénon avait évoqué la supériorité de la contemplation sur l'action dans son ouvrage Autorité spirituelle et pouvoir temporel, qui avait marqué la fin d'un rapprochement esquissé avec l'Action Française de Léon Daudet.
  54. Cf. J.P. Laurant, p. 287.
  55. J.P. Laurant, op. cit., p. 288. Les articles publiés dans le Figaro et dans Combat sont reproduits sur le site soufisme.org.
  56. Les Études traditionnelles ont cessé de paraitre en 1992.
  57. En 2005, on comptait déjà huit cent cinquante titres de livres, articles ou compte-rendus consacrés à Guénon (Xavier Accart, Guénon ou le renversement des clartés..., cité par J.P. Laurant, op. cit., p. 331). En France, l'ensemble de ses ouvrages a fait l'objet d'au moins trois ou quatre rééditions (J.P. Laurant, op. cit., p. 327)
  58. « ... il ne s'agit pas d'histoire, nous l'avons déjà dit, et il ne s'agit pas d'avantage de philologie ou de littérature ; et nous ajouterons encore [...] qu'il ne s'agit pas non plus de philosophie. » (L'Homme et son devenir selon le vêdânta, Éditions traditionnelles, p. 10)
  59. « Nous n'avons point "d'opinions", mais quelques connaissances que nous exprimons de notre mieux à l'intention de ceux qui sont capables d'en profiter » (in Comptes Rendus, p. 137) ; « "nos doctrines" n'existent pas, pour la bonne raison que nous n'avons jamais fait autre chose que d'exposer de notre mieux les doctrines traditionnelles, qui ne sauraient être la propriété de personne » (ibid., p. 141)
  60. « Naturellement les formes changent d'une civilisation à une autre, puisqu'elles doivent être adaptées à des conditions différentes ; mais [...] ce ne sont en somme que des expressions diverses de la même chose. » (La Métaphysique orientale, Éditions traditionnelles, p. 7)
  61. « ... il serait ridicule de vouloir "mettre à l aportée de tout le monde", comme on dit si souvent à notre époque, des conceptions qui ne peuvent être destinées qu'à une élite... » (L'Homme et son devenir selon le vêdânta, p. 11)
  62. « Il est [...] inutile de nous demander des renseignements "biographiques" sur nous-mêmes, attendu que rien de ce qui nous concerne personnellement n'appartient au public, et que d'ailleurs ces choses ne peuvent avoir pour personne le moindre intérêt véritable : la doctrine seule compte, et, devant elle, les individualités n'existent pas. » (compte-rendu d'article de revue de novembre 1932, repris en annexe au Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion
  63. Orient et Occident, éditions Véga, p. 14.
  64. « ... ces études ne risqueront jamais de devenir ce que les érudits et les "spécialistes" appellent des monographies, car les principes fondamentaux n'y seront jamais perdus de vue, et les points secondaires eux-mêmes n'y devront apparaître que comme des applications directes ou indirectes de ces principes dont tout dérive... » (L'Homme et son devenir selon le vêdânta, p. 8)
  65. La Métaphysique orientale, p. 11
  66. Selon Guénon en effet, le mot métaphysique signifiait originellement ce qui est « au-delà de la physique » (op. cit., p. 7) et non, comme il est couramment admis aujourd'hui, « ce qui vient après la physique » (dans l'enseignement d'Aristote).
  67. « ...en prenant "physique" dans l'acception que ce terme avait toujours pour les anciens, celle de "science de la nature" dans toute sa généralité » (La Métaphysique orientale, p. 7).
  68. La Métaphysique orientale, p. 5
  69. Op. cit., p. 6
  70. op. cit., p. 10
  71. op. cit., p. 10
  72. Le chapitre III des États multiples de l'Être est justement intitulé « L'Être et le Non-Être ».
  73. Cf. Les États multiples de l'Être, pp. 25-26
  74. op. cit., p. 17
  75. « On peut encore dire que toute possibilité de manifestation doit nécessairement se manifester par là-même et que, inversement, toute possibilité qui ne doit pas se manifester est une possibilité de non-manifestation. » (Les États multiples de l'Être, p. 21)
  76. op. cit., pp. 21-22
  77. Op. cit., p. 25
  78. La Métaphysique orientale, pp. 19-20.
  79. Les États multiples de l'Être, p. 87
  80. Cf. La Métaphysique orientale, p. 11, pour tout ce paragraphe.
  81. Cf. Aperçus sur l'initiation, p. 33
  82. Cf. Initiation et réalisation spirituelle, p. 48
  83. Aperçus sur l'initiation, p. 39
  84. Aperçus sur l'initiation, p. 40
  85. Ibid.
  86. Cf. Aperçus sur l'initiation, chap. VIII, « De la transmission initiatique »
  87. Aperçus sur l'initiation, p. 198
  88. Op. Cit., p. 226
  89. Cf. aperçus sur l'initiation, chap. I, « Voie initiatique et voie mystique. » Dans ce chapitre, Guénon critique le fait de qualifier de "mystiques" les doctrines ésotériques orientales : « le mysticisme proprement dit, explique-t-il, est quelque chose d'exclusivement occidental et, au fond, de spécifiquement chrétien. » (op. cit., p. 15)
  90. op. cit., p. 198
  91. Initiation et réalisation spirituelle, p. 184, note 1
  92. La Métaphysique orientale, p. 16.
  93. Ibid.
  94. Cf. Aperçus sur l'initiation, p. 96, d'où sont extraites les citations précédentes.
  95. op. cit., p. 98
  96. op. cit., p. 107
  97. op. cit., p. 105
  98. cf. aperçus sur l'initiation, chap. XXXIX et XL
  99. Op. cit., p. 249
  100. La Grande triade, p. 153
  101. Op. cit., p. 155
  102. op. cit., p. 156
  103. Aperçus sur l'initiation, p. 252
  104. Cf. Aperçus sur l'initiation, chap. XXXIX
  105. Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues, p. 133
  106. Aperçus sur l'ésotérisme islamique et le Taoïsme, chap. II, « L'Écorce et le noyau »
  107. Cf. L'Homme et son devenir selon le Vêdânta, p. 23
  108. Aperçus sur l'ésotérisme islamique et le Taoïsme, p. 13
  109. « ... le çûfî, au vrai sens de ce mot, est seulement celui qui a atteint le degré suprême », ce qui constitue « un "secret" (sirr) entre [lui] et Allah » (op. cit., p. 16
  110. op. cit., pp. 18-19
  111. op. cit., p. 106
  112. ibid.
  113. cf. Initiation et réalisation spirituelle, chap. XII, À propos de "conversions".
  114. op. cit., p. 71
  115. Auquel Guénon reprochait de vouloir "humaniser" la religion, et donc de perdre de vue l'élément « supra-humain» constitué par la Révélation (Cf. La Crise du monde moderne, p.112)
  116. La Crise du monde moderne, p. 115
  117. Qui doit essentiellement être entendu dans un sens symbolique pour signifier qu'ils se sont retirés dans le « centre spirituel suprême, où sont en effet conservées à l'état latent [...] toutes les formes traditionnelles, qui pour une raison ou pour une autre, ont cessé de se manifester à l'extérieur. » (Aperçus sur l'initiation, p. 243, note 4)
  118. Aperçus sur l'initiation, p. 243
  119. Aperçus sur l'initiation, p. 194
  120. op. cit., p. 192
  121. op. cit., pp. 194-195
  122. op. cit., p. 196
  123. Aperçus sur l'Initiation, p. 196
  124. Le rattachement idéal avec une tradition disparue (par exemple le D ruidisme, ou l'ancienne tradition égyptienne n'est que « vanité » (op. cit., p. 40)
  125. Ainsi par exemple de la croyance en la réincarnation, qui selon Guénon est une invention moderne et n'a aucun rapport avec ce que les anciens nommaient « transmigration » et « métempsychose » même s'il y a « des expressions plus ou moins symboliques qui peuvent donner lieu à des malentendus, mais seulement quand on sait pas ce qu'elles veulent dire » (L'Erreur spirite, p. 206). Cette croyance est qualifiée d'« absurdité pure et simple » (op. cit., p. 196)
  126. op. cit., p. 44
  127. L'Erreur spirite, p. 3
  128. Orient et Occident, p. 148
  129. cf; autorité spirituelle et pouvoir temporel, Éditions Véga, chapitres II (« Fonctions du sacerdoce et de la royauté ») et III (« Connaissance et action »).
  130. Cf. autorité spirituelle et pouvoir temporel, chap. V, « Dépendance de la royauté à l'égard du sacerdoce », pp. 61-63 notamment.
  131. Autorité spirituelle et pouvoir temporel, p. 81. Guénon voit dans Philippe Le Bel un des principaux auteurs de cette déviation, dont le point de départ « fut marqué très nettement par la destruction de l'Ordre du Temple. » (ibid., pp. 81-82)
  132. Orient et Occident, p. 149
  133. Orient et Occident, p. 31
  134. « Quoi qu'il en soit, ce que les Occidentaux appellent civilisation, les autres l'appelleraient plutôt barbarie [...] de quel droit les Occidentaux prétendraient-ils imposer à tous leur propre appréciation ? » (Orient et Occident, pp. 37-38)
  135. La Crise du monde moderne, p. 101. guénon précise que la définition qu'il donne de l'individualisme en fait l'équivalent de ce qui est désigne depuis la Renaissance sous le nom d'humanisme (ibid.)
  136. op. cit. p. 101
  137. op. cit., p. 110
  138. op. cit., p. 125
  139. op. cit., p. 130
  140. op. cit., p. 130
  141. op. cit., p. 131
  142. Cf. L'Erreur spirite, IIe partie, chap. X, « La question du satanisme ».
  143. cf. Le Règne de la quantité et les signes des temps, chap. XXIX, « La grande parodie ou la spiritualité à rebours »
  144. La nature et le rôle de la contre-initiation sont principalement évoqués dans la seconde moitié du Règne de la quantité et les signes des temps.
  145. Que Guénon fait correspondre à « l'Âge de fer » tel qu'il était décrit par l'Antiquité occidentale (Cf. La crise du monde moderne, p.21).
  146. cf. La Crise du monde moderne, pp. 23-24.Ce mouvement est représenté notamment par les « descentes » du principe divin sous la forme « d'envoyés du ciel ».
  147. cf. Le Règne de la quantité et les signes des temps, chap. XXIX, « La grande parodie ou la spiritualité à rebours »
  148. cf. Le règne de la quantité et les signes des temps, chap. XXX, « La fin d'un monde ».
  149. Cité par J.P. Laurant, op. cit., p. 291
  150. C'est la réponse qu'il fit à J.P. Laurant qui lui présentait un projet de travail sur René guénon (cité par J.P. Laurant, op. cit., p. 311
  151. Cité par J.P. Laurant, op. cit., p. 314
  152. Ibid. Guénon avait en effet écrit : « Nous n'avons point à informer le public de nos "sources" et [...] d'ailleurs celles-ci ne comportent point de "références" » (réponse à un article qui lui était consacré dans la revue Les Etudes de juillet 1932 et reprise dans le recueil Comptes Rendus, p. 130)
  153. op. cit., p. 317
  154. René Guénon témoin de la Tradition, éd. Guy Trédaniel, pp. 291-292.
  155. L'initiale de Marie se substituant à celle du Nazaréen. Les initiales concordent si l'on prend les initiales des prénoms de Guénon en sens inverse (cf. J.P. Laurant, op. cit., p. 319)
  156. Occultisme, sorcellerie et modes culturelles, cité dans le Cahier de l'Herne René Guénon, p. 240
  157. Les Degrés du Savoir, 1932, cité par François chenique, in Cahier de l'Herne René Guénon, p. 246
  158. « L'Église "intégriste" ne veut pas entendre parler d'ésotérisme, et l'Église "moderniste" se moque éperdument de Guénon, de l'intégrisme, etc. », commente Jean Tourniac, dans un entretien reproduit dans le Cahier de l'Herne Guénon (p. 437)
  159. sous-titré Jalons pour un accord doctrinal entre l'Église et le Védânta, Dervy-Livres, Paris, 1982, préfacé par Jean Tourniac.
  160. C'est du moins ce que suppose François Chenique, qui l'a connu personnellement, dans l'article qu'il lui consacre dans le Cahier de l'Herne René Guénon (« La vie simple d'un prêtre guénonien : l'abbé Henri Stéphane », p. 417)
  161. éd. Dervy-Livres, Paris, 1979 et 1983
  162. François Chenique, art. cit., p. 418
  163. Études traditionnelles, numéro spécial René Guénon, 1951, p. 256
  164. « supposition exclue que Guénon lui-même a déjà rejetée par avance », affirme même Schuon (ibid.)
  165. Ces critiques sont développées dans l'article initulé, justement, « Quelques critiques » paru dans le Dossier H consacré à René Guénon (1984).
  166. C'est à ce dernier point que répond l'article de René Guénon intitulé « Nécessité de l'exotérisme traditionnel », recueilli par la suite dans le recueil Initiation et Réalisation spirituelle.
  167. J.P. Laurant, René Guénon, Les enjeux d'une lecture, p. 276
  168. « Note sur René Guénon », Cahier de l'Herne René Guénon, p. 366
  169. Ibid., p. 367
  170. Cf. La crise du monde moderne, p. 89 de l'édition Folio "Essais".
  171. « La science moderne, procédant d'une limitation arbitraire de la connaissance à un certain ordre particulier, et qui plus est le plus inférieur de tous, celui de la réalité matérielle ou sensible, a perdu, du fait de cette limitation et des conséquences qu'elle entraîne immédiatement, toute valeur intellectuelle, du moins si l'on donne à l'intellectualité la plénitude de son vrai sens... » (La Crise du monde moderne, p. 99 de l'édition Folio "Essais".)
  172. Michel Michel (« Sciences et tradition », Cahier de l'Herne Guénon, p. 48) remarque à ce propos que, « retournant, avec verve, les reproches d'obscurantisme que l'esprit rationaliste faisait aux sciences traditionnelles, René Guénon dévoile au contraire le caractère "empirique" de la science profane ».
  173. Préface à l'édition de 1990 de Histoire des Rose-Croix et les origines de la franc-maçonnerie de Paul Arnold
  174. Umberto Eco, Les limites de l'interprétation, Grasset, Paris, 1992, p.118
  175. U. Eco, op.cit., p. 122
  176. Patrick Geay, Hermès trahi, Impostures philosophiques et néospiritualistes selon l'œuvre de René Guénon, Dervy, Paris, 1996.
  177. Mircea Eliade, Occultisme, Sorcellerie et Modes culturelles, Gallmiard, 1978, cité dans le Cahier de l'Herne René Guénon, p. 241, note 3.
  178. Pour ces trois citations, cf. Cahier de l'Herne René Guénon, p. 240
  179. Lettre à Pierre Pulby du 17/07/1948, citée par J.P. Laurant, René Guénon, les enjeux d'une lecture, pp. 260-261.
  180. L'influence de Guénon sur les milieux littéraires a été étudiée en détails par Xavier Accart, dans sa thèse publiée sous le titre : Guénon ou le renversement des lumières, influence d'un métaphysicien sur la vie littéraire et intellectuelle française (1920-1970), Edidit, Paris, 2005
  181. « La tradition retrouvée dans le métier » est le titre d'un article que signe Guénon en janvier 1937 dans les Études traditionnelles pour soutenir l'entreprise de Gleizes de fonder une communauté d'artistes et d'artisans à Moly-Sabata (cf. J.P. Laurant, René Guénon, Les enjeux d'une lecture, p. 259).
  182. Cf. albert Gleizes, La Signification humaine du cubisme (1939) et le compte-rendu qu'en fit Guénon dans les Études traditionnelles (repris dans le recueil Comptes-rendus, pp. 30-31)
  183. Cf. J.P. Laurant, op. cit., p. 259
  184. Pierre Alibert, « Albert Gleizes-René Guénon », in cahier de l'Herne René Guénon, p. 398.
  185. Mentionné par Eddy Batache, « René Guénon et le surréalisme », in Cahier de l'Herne René guénon, p. 379.
  186. Publié dans la N.R.F. de juillet 1953, et cité par Eddy Batache, op. cit., p. 380
  187. Symboles fondamentaux de la science sacrée, p. 366, cité par Eddy Batache, op. cit., p. 385.
  188. Études sur la Franc-Maçonnerie et le compagnonnage, T.I, p. 188, cité par Eddy Batache, op. cit., p. 390
  189. Texte d'une conférence donnée en Sorbonne le 10 décembre 1931 et publié dans la N.R.F. deux mois plus tard, recueilli à partir de 1964 dans le recueil Le Théâtre et son double.
  190. Le point de vue qui fait voir en la métaphysique une idée « inhumaine », « inefficace et morte » « tient, comme dit René Guénon, à notre façon purement occidentale, à notre façon antipoétique et tronquée de considérer les principes (en dehors de l'éat spirituel énergique et massif qui leur correspond)" » (« La Mise en scène et la métaphysique », in Le théâtre et son double, Gallimard, Folio "Essais", p. 66.) La phrase citée, sans référence, est apocryphe, et Guénon se montrera surpris de se la voir attribuée, même s'il n'en désapprouve pas l'idée. « Pour autant que nous la comprenons », ajoute-t-il toutefois prudemment (appendice au Théosophisme..., p. 450).
  191. « Comptes-rendus d'articles de revue », mai 1932, recueillis en appendice au Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion, pp. 449-450.
  192. Ainsi qu'il est écrit dans la note 5 de la p. 236 de l'édition Folio du Théâtre et son double (note de Paule Thévenin ?)
  193. « Je suis venu au Mexique pour fuir la civilisation européenne... », texte de 1936, recueilli dans Messages révolutionnaires, Gallimard, Folio "Essais", Paris, 1971, p. 139.
  194. Le théâtre et les dieux, conférence prononcée le 29 février 1936 à Mexico, recueilli dans Messages révolutionnaires, p. 48.
  195. Selon Daumal, une civilisation traditionnelle est une civilisation dans laquelle « l'ordre du monde, l'ordre des institutions et l'ordre de la vie humaine sont soumis à une idée centrale qui a forme et force, tous les savoirs et toutes les techniques concourent cet ordre, selon une hiérarchie de sciences sacrées et d'arts sacrés (le « sacré » étant défini par là même.) » (Dictionnaires et encyclopédies (1936), recueilli dans Chaque fois que l'aube paraît, Essais et notes I, Gallimrd, N.R.F., Paris, 1953, p. 165.)
  196. Repris dans le recueil Chaque fois que l'aube paraît, op. cit., pp. 31-33
  197. Pour ces deux citations : op. cit., p. 31
  198. Op. cit., p. 32
  199. op. Cit., p. 32
  200. Ibid.
  201. Ibid. Il est à noter que si Daumal aimait « Guénon et ses vitupérations », il n'en allait pas de même avec ceux qu'il nommait les « guénonistes », expliquant que ceux qu'il avait pu connaitre « étaient des fanatiques intolérants et, en général, assez étroits d'esprit. » (lettre à Geneviève Lief du 16/09/1942, citée par Jean-Pierre Laurant, op. cit., p. 325)
  202. Ainsi qu'il le note dans son journal le 5 décembre 1921 (cité par Michel Lécureur, Raymond queneau, biographie, Les belles Lettres/Archimbaud, Paris, 2002, p. 59.
  203. Qu'il lit et relit : cinq fois entre 1922 et 1927 pour l'Introduction générale..., L'Erreur spirite, Le Théosophisme..., trois fois pour Orient et Occident, etc. (Cf. M. Lécureur, op. cit., p. 58)
  204. « Il y a deux hommes dont je devrais chercher à faire la connaissance : René guénon et Picasso » (Journal du 2 janvier 1927, cité par M. Lécureur, op. cit., p. 93)
  205. M.Lécureur, op. cit., p. 176.
  206. Le Petit traité des vertus démocratiques, cité par M. Lécureur, p. 175.
  207. Queneau, cité par Lécureur, op. cit., p. 183
  208. Qui est, sinon à « compléter, du moins [à] comprendre », et que de toute façon, on ne peut, en tant que « profane », qu'« assimiler rationnellement ». (Queneau, cité par Lécureur, op. cit., p. 228
  209. Voir, selon M. Lécureur (op. cit., p. 430) les articles de mathématiques réunis dans Bords (1963).
  210. M. Lécureur, op. cit., p. 513.
  211. Cité par M. Lécureur, op. cit., p. 60