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Histoire du français au Québec

Souveraineté française[modifier | modifier le code]

Les compagnies à charte[modifier | modifier le code]

L'implantation des colons[modifier | modifier le code]

La langue française s'établit de façon permanente en sol américain avec la fondation de Québec par Samuel de Champlain en 1608. Bien qu'explorée par Jacques Cartier dès 1535, la vallée du St-Laurent, ce n'est qu'avec la construction de l'Habitation de Québec par Champlain que la France parvient à implanter une population française sur le territoire.

La fondation de la Compagnie de la Nouvelle-France par Richelieu en 1627 se traduit par l'arrivage de plusieurs vagues de colons. Entre 1627 et 1663, quelques milliers de colons français débarquèrent en Nouvelle-France, soit à Québec, au Canada. Les provinces françaises les mieux représentées lors de ces migrations sont les celles du nord-ouest, soit la Normandie, l'Aunis, la Perche, la Bretagne, Paris et l'Île-de-France, le Poitou, le Maine, la Saintonge et l'Anjou. Quelque 1250 immigrants s'installeront durant cet intervalle de 35 ans[1].

L'assimilation des Amérindiens[modifier | modifier le code]

Le colonisateur français désire l'intégration des peuples sauvages. En 1618, Champlain dit aux chefs hurons: « Nos jeunes hommes marieront vos filles, et nous ne formerons plus qu'un peuple. » [2] L'Église catholique participera activement aux efforts d'assimilation, croyant ainsi sauver les âmes des ces pauvres être humains nés dans la nature et voués à une vie de péchés qui les mènera certainement en enfer.

Vers 1680, le gouvernement de Versailles autorise une dépense de 3000 livres, soit 60 dots de 50 livres, pour chaque amérindienne qui épousera un Français. Il y eût 120 unions officielles. On envoya aussi plusieurs amérindiens pour les éduquer en France, croyant qu'à leur retour parmi les leurs, ils auraient une grande influence sur la communauté toute entière.

En 1673, Frontenac, s'exprime ainsi devant les représentants des Cinq Nations iroquoises à Cataracoui :

[...] Je vous conjure avec toutes sortes d'instances de faire apprendre à vos enfants la langue française que les Robes-Noires peuvent leur enseigner, cela nous unirait davantage et nous aurions la satisfaction de nous entendre les uns les autres sans interprète.

Mais, comme le dira mère Marie de l'Incarnation, fondatrice des Ursulines et responsable de l'éducation des filles dans la colonie : « On fait plus facilement un Sauvage avec un Français qu'un Français avec un Sauvage. ». Cette phrase souvent cité témoigne du peu d'attrait qu'exerce le mode de vie et la culture française sur les enfants de la nature comparativement à l'attrait fort et bien senti, durant toute l'histoire de la Nouvelle-France, du mode de vie sauvage, synonyme de liberté et d'aventure, sur les Français et plus tard les Canadiens. l'intendant Jean Talon dira même : « Les petits enfants ne pensent qu'à devenir un jour coureur des bois. »[3]

Plusieurs facteurs, dont l'infériorité numérique des colons, le fait que l'on dépend d'une alliance intime avec les Amérindiens pour la défense des colonies contre la puissance britannique, amèneront les Français et les Canadiens à prendre le chemin de l'école des langues et des coutumes amérindiennes. Assez tôt dans l'histoire, les « truchements » (interprètes) de la Nouvelle-France deviennent indispensables au progrès de la colonie laurentienne. De plus, le principal commerce du pays, la traite des fourrure, ne peut se faire sans la participation des autochtones.

La province royale[modifier | modifier le code]

La croissance démographique[modifier | modifier le code]

Il faudra en réalité attendre l'élévation de la Nouvelle-France au statut de province royale en 1663 et la venue de l'intendant Jean Talon pour que le la Nouvelle-France soit dotée d'une véritable politique de population. Ce dernier, ne recevant pas le nombre d'immigrants qu'il demande à Versailles pour le développement du Canada et de l'Acadie, se résout à élaborer des politiques visant 1) à favoriser la rétention des arrivants, qui ont tendance à retourner en France ou à quitter pour les Antilles, et 2) à favoriser la natalité de la population déjà établie, qui se chiffre alors à 2 500 pour le Canada.

D'après l'étude exhaustive effectué par le Programme de recherche en démographie historique (PRDH) de l'Université de Montréal, les immigrants fondateurs du Canada français comptent 8527 personnes, dont 7656 (89,8 %) sont originaires de France. Les autres viennent de la Belgique, de l'Allemagne, de la Suisse, de l'Italie et même de l'Irlande.

Durant la période de 1730 à 1750, on note une diversification des immigrants. On compte des colons du sud de la France, 500 huguenots (dont 125 s'installeront), quelque 1000 fugitifs de la Nouvelle-Angleterre et 300 esclaves noirs. Il est intéressant de noter qu'alors que la Nouvelle-France est perpétuellement menacée par les colonies britanniques qui sont plus peuplées, plus développées et puissantes, celles-ci reçoivent une immigrante de quelque 200 000 français huguenots qui ne sont pas les bienvenus dans les domaines du Roi de France.

Commentaires d'observateurs sur la langue parlée[modifier | modifier le code]

Bacqueville de La Potherie, auteur d'une Histoire de l'Amérique septentrionale, commente la vie coloniale. Dans la dixième lettre de son Histoire, intitulée Gouvernement de Quebec, ville Capitale de la Nouvelle-France. Idée du Commerce. Caractere des Canadiens, & la maniere dont ils font leur établissement par les Castors, il écrit :

On parle ici parfaitement bien, sans mauvais accent. Quoi qu'il y ait un mélange de presque toutes les Provinces de France, on ne sauroit distinguer le parler d'aucune dans les Canadiennes.

Thomas Jefferys, géographe et cartographe:

It is remarked of the Canadians, that their conversation is enlivened by an air of freedom, which is natural and peculiar to them; and that they speak the French in the greatest purity, and without the least false accent. There are few rich people in that colony, though they all live well, are extremely generous and hospitable, keep very good tables, and love to dress very finely. They are reckoned well made, and to have an exceeding fine complexion, witty in their conversation, polite in their behaviour, and most obliging in their manners.[4]

Le naturaliste suédois, Pehr Kalm, qui séjourne au Canada :

Langue française. Tous, ici, tiennent pour assuré que les gens du commun parlent ordinairement au Canada un français plus pur qu'en n'importe quelle Province {sic} de France et qu'ils peuvent même, à coup sûr, rivaliser avec Paris. Ce sont les Français nés à Paris, eux-mêmes, qui ont été obligés de le reconnaître. La plupart des habitants du Canada, hommes et femmes, peuvent lire un texte, mais aussi écrivent assez bien. J'ai rencontré des femmes qui écrivaient comme le meilleur des écrivains publics et je rougis, pour ma part, de n'être pas en mesure de le faire de la sorte. Leur qualité en la matière provient du fait qu'au Canada on n'a qu'une seule sorte de caractères à apprendre à tracer, c'est-à-dire ceux du latin et du français; en outre, toute jeune fille désire volontiers écrire des lettres à son amoureux sans avoir à recourir à quelqu'un d'autre; [5]

De 1743 à 1758, le père Pierre-Philippe Potier consigne quelque 2000 mots et expressions de ses contemporains dans tout le Canada et même jusqu'à Détroit dans les Pays d'en Haut. (Le manuscrit est porté à l'attention du public vers 1904 quand la Société du parler français au Canada décide d'en publier des extraits dans son Bulletin.)

Il émerge de ces constatations le tableau d'un français parlé assez homogène qui n'a pas pu changer beaucoup depuis quant à sa structure grammaticale de base. Cependant, la nature anecdotique de ces commentaires fait en sorte qu'il est impossible d'en tirer des conclusions sur la variété de français parlée ou le niveau de langue observé (acrolecte ou basilecte), ou de savoir quelles sont les caractéristiques morphologiques et syntaxiques de ce français parlé par la majorité des colons installés dans le pays.

La genèse linguistique du français québécois[modifier | modifier le code]

Distribution des immigrants par province d'origine (d'après Charbonneau & Guillemette 1994:169)

Le nombre et l'origine des colons arrivés pendant le régime français sont connue de façon assez détaillée au moins depuis Godbout (1946) et le tableau qui en résultait a été perfectionné énormément avec les travaux de Charbonneau et al. (1987) et Charbonneau & Guillemette (1994). Ainsi, entre 1608 et 1699, 14 393 colons français débarquèrent en Nouvelle-France. D'environ 2500 habitants en 1663, la population de la Nouvelle-France a passé à 20 000 en 1713 et à 55 000 en 1755, soit cinq ans avant la conquête britannique.[6]Les provinces françaises qui ont contribué 80% de ce peuplement sont situées à l'Ouest de Paris et au Nord de Bordeaux. La contribution du reste de la France, notamment la Picardie, la Champagne, la Bourgogne et le Midi, a été très négligeable. La diversité des origines est cependant notable si on considère que les aires dialectales du normand et du poitevin, soit des aires où se parlent des dialectes français qui ne sont pas mutuellement intelligible, ont contribué à elle seules 50% des immigrants. Or, il faut admettre qu'il se parle en Nouvelle-France, à la fin du régime français, un français fortement homogène qui n'a pu que changer relativement peu depuis. Étant donné que la France, à ce moment, est loin de connaître l'unification linguistique, la question se pose comment et où le français québécois basilectal tel que nous le connaissons par la suite s'est formé. Autrement dit, le choc des patois, a-t-il eu lieu en France ou en Nouvelle-France? Deux hypothèses s'affrontent donc relativement à la genèse linguistique du français québécois, celle Philippe Barbaud et celle de Henri Wittmann, s'appuyant chacune pour l'essentiel sur les mêmes données démographiques.

L'hypothèse de Barbaud[modifier | modifier le code]

Selon l'hypothèse de Barbaud (1984, 1996), on doit supposer que les immigrants venant de France parlaient le patois de leur province d'origine avant d'arriver en Nouvelle-France. Les premiers colons étaient donc majoritairement des non-francophones sauf pour les immigrants de la région de Paris qui devaient vraisemblablement parler une forme de français populaire. Le choc des patois en Nouvelle-France et la francisation des patoisants en une population linguistiquement homogène parlant la langue du Roy aurait surtout été l'affaire des femmes de la colonie.

Ainsi, les 900 "filles du Roy" que la France fit passer en Nouvelle-France entre 1665 et 1673 auraient parlé en majorité un français non patoisant proche de la langue du Roy. Bien qu'originaires de milieux modestes, ces jeunes filles auraient reçu une excellente éducation avant de partir. Dans l'hypothèse de Barbaud, elles deviendront par la suite les mères de toute une génération de Canadiens au moment de l'évolution démographique du pays où l'unification linguistique peut se faire naturellement, sans véritable intervention étatique[7].

L'hypothèse de Wittmann[modifier | modifier le code]

Pour soutenir l'hypothèse contraire a celle de Barbaud, Wittmann (1995, 1998) a comparé le français québécois à une vingtaine de variétés de français colonial et l'ensemble des variétés du français colonial au français populaire de Paris, d'une part, et aux différentes variétés du français dialectal, les patois du XVIIe siècle (normand, poitevin, francien, etc.), d'autre part. La comparaison permet de constater:

A) Seul l'acadien conserve les caractéristiques morphosyntaxiques du français dialectal, notamment le suffixe -on pour marquer la 1ère/3e personne du pluriel des verbes, et le proclitique je ou y pour "nous". Ainsi, "nous parlons" est y parlon en poitevin, je parlon en francien, en angevin et en acadien.

B) Le français populaire de Paris, le français québécois et six autres variétés du français colonial ont éliminé la flexion verbal suffixale. Ainsi, "nous parlons" est invariablement (nouzot) on parl, avec nouzot en postion de sujet, et on comme marque d'accord sur le sujet. Ce groupe de parlers partage également un certain nombre de picardismes, comme m'a parlé pour "je parlerai", que les variétés coloniales, vu la quasi-absence d'immigrants picards, n'ont pu hériter que par l'intermédiaire du parler populaire de Paris[8].

C) Dans les 13 variétés restant du français colonial, on assiste à l'élimination de la flexion verbale suffixale et à l'effacement des proclitiques. Ainsi, "nous parlons" est nou [Ø] parl, avec nou en position de sujet, et effacement des marques d'accord.

Cette typologie phylogénétique permet de classer les langues gallo-romanes en trois groupes. Le groupe A représente la diversité linguistique naturelle du Nord de la France au XVIIe siècle. La langue du Roy ainsi que le parisien rural appartenaient à ce groupe. Le groupe B représente la koinè de compromis issue de la diversité linguistique qui s'était formé d'abord dans le Paris urbain pour s'imposer par la suite comme la lingua franca et instrument d'intégration linguistique dans tous les centres urbains de la France. Le groupe C représente les différentes variétés de français créoles, issues de la nativisation accélérées de variétés du groupe B par des majorités de populations non gallo-romanes.

Les candidats à l'émigration du XVIIe siècle ayant généralement fait un long séjour en milieu urbain avant leur départ, c'est une variété de français du groupe B, intelligible à tout locuteur d'une variété du groupe B, qui a été introduit en Nouvelle-France comme langue véhiculaire et qui a fait objet d'une certaine homogénéisation phonologique par la suite. Ainsi, le "choc des patois" était forcément une chose du passé pour tout candidat à l'émigration. Et le michif et le jargon tchinouk témoignent de la réalité que c'est une variété de français du groupe B que les coureurs de bois ont communiquée aux populations amérindiennes.

Souveraineté britannique[modifier | modifier le code]

Le 13 septembre 1759, Québec, capitale politique de la Nouvelle-France, donc du Canada, est prise par l'armée anglaise. Un an plus tard, le gouvernement de la Nouvelle-France capitule à Montréal. Les conséquences de cet événement transformeront la situation linguistique du Canada à jamais.

Selon les termes du traité de capitulation de Montréal de 1760, l'armée française quitte le territoire conquis. L'élite dirigeante, composée de membres de l'aristocratie française et de hauts commerçants français fait de même. Beaucoup partent s'établir en France, d'autres en Louisiane. Ne reste que le peuple, le clergé catholique, la petite bourgeoisie et la noblesse canadienne, pour l'immense majorité nés au Canada et dans l'incapacité donc de « retourner » en France là où la plupart n'ont jamais mit les pieds.

En vertu du traité conclu entre le gouverneur général Pierre de Rigaud de Vaudreuil et le général des troupes britanniques Jeffrey Amherst, les gens qui restent au pays deviennent sujets britanniques. Peu de temps après la Conquête, Amherst met sur pied un gouvernement militaire provisoire. S'en suit une période d'immobilisme politique et social qui perdure jusqu'en 1763, par l'annonce de la fin de la guerre de Sept Ans.

En 1763, par le Traité de Paris, la France cède le Canada à la Grande-Bretagne. Ce traité confirme le transfert du territoire et des personnes qui y habitent d'une puissance monarchique à l'autre. Les Canadiens deviennent donc des sujets britanniques de plein droit. La reconnaissance de ces droits, et des droits particuliers de religion et de propriétés découlant de la capitulation, sera par contre l'objet de querelles politiques pendant des décennies.

Proclamation royale de 1763[modifier | modifier le code]

Très rapidement, le nouveau gouvernement décide du sort des nouveaux sujets, majoritairement francophones et catholiques : ils seront assimilés, c'est-à-dire qu'ils seront amenés à se fondre dans la société anglophone et protestante du royaume britannique. C'est le sort subi par les colons néerlandais suite à la conquête britannique de la Nouvelle-Néerlande en novembre 1674.

Le 7 octobre, la Proclamation royale britannique vient définir les nouvelles conditions politiques du Canada et des autre territoires conquis par l'armée britannique (les Floride, les Carolines, la Guyane). Le territoire de la colonie canadienne, renommée la Province of Quebec, est réduit à la zone habitée le long du fleuve St-Laurent.

James Murray, officier d'origine écossaise, parlant français comme langue seconde, gouverneur de Québec sous le régime militaire, est nommé gouverneur civil et devient responsable d'implanter la politique britannique concernant la colonie. Selon ses [instructions], il doit favoriser l'immigration anglaise, implanter la religion officielle - l'anglicanisme - et les structures administratives et judiciaires anglaises en vue de transformer la colonie en une véritable colonie anglaise.

Le transfert de pouvoir amène l'administration britannique et l'implantation graduelle de colons britanniques anglophones. En remplacement des fonctionnaires français, débarquent des fonctionnaires et des commerçants anglais, écossais et irlandais en provenance des Îles britanniques et des colonies américaines du sud. Le commerce passe d'ailleurs rapidement aux Britanniques qui s'installent à Québec. À cause du serment du test, tous les catholiques sont légalement exclus des fonctions publiques. Il ne reste plus aux habitants canadiens qu'à cultiver leurs terres pour subsister.

La langue française, qui jusqu'alors jouissait du statut de lingua franca dans tous les échelons de la société, se vit reléguée au deuxième rang dans la pratique du commerce et dans les communications d'état. Par nécessité, la classe éduquée se mit à apprendre la langue anglaise et devint graduellement bilingue.

L'immigration britannique est peu forte au commencement. Vers 1765, la Province de Québec ne compte pas plus de 600 anglophones, la plupart sans attache avec le pays. Ce faible nombre d'immigrants fit en sorte que ce sont plutôt les anglophones qui commencèrent à s'assimiler aux francophones.

Loi constitutionnelle de 1774[modifier | modifier le code]

L'Acte de Québec de 1774 répondit à plusieurs des demandes des Canadiens, qui jusque-là, s'étaient activés à pétitionner la couronne britannique afin d'obtenir la restauration des lois civiles française et des garanties quant à l'utilisation de leur langue et de leur foi catholique. Sont par contre ignorées les demandes des Canadiens et des Britanniques qui, dès cette époque, et pour des raisons contradictoires, espèrent l'instauration rapide d'un gouvernement constitutionnel à l'anglaise, avec parlement et un chambre d'assemblée élue.

Par cette loi du parlement britannique, c'est en quelque sorte le compromis qui prévalait déjà dans les rapports entre les Canadiens et les britanniques qui entre dans la loi. Quoi que rien dans la loi ne soit dit sur la langue, la restauration des lois civiles françaises fût à l'époque interprétée comme une reconnaissance officielle du caractère français de la population de la province par les seigneurs et le clergé.

Les articles IV, V, VII, VIII contente le clergé et la noblesse canadienne, ce qui était l'objectif de la loi et visait à assurer le plus grand contrôle possible de la population conquise. Les communications des agents du gouvernement britannique durant la guerre révéleront bien cet objectif, sa nature temporaire et son échec relatif.

Le commencement de la révolution américaine, suivie de la Guerre d'indépendance, ralentira complètement l'effort de colonisation du Canada français par le gouvernement britannique. L'Acte de Québec fait justement partie des lois anglaises qui furent qualifiées d'«intolerables» (Intolerable Acts) par les parlementaires des Treize colonies.

Jusqu'à la reconnaissance de l'indépendance des États-Unis d'Amériques par l'Empire britannique, le status quo linguistique persiste. La population francophone continuera d'augmenter par la natalité alors que population anglophone restera stable.

La fin de la guerre apporta des changements démographiques immédiats. Quelque 7 000 à 8 000 sujets loyalistes viendront s'établir dans la Province du Québec et augmenter l'importance de la population anglophone en plus de forcer le règlement de la question constitutionnelle.

Loi constitutionnelle de 1791[modifier | modifier le code]

L'Acte constitutionnel, adopté au parlement britannique en 1791, divise le territoire de la province Québec suivant un clivage ethnique : à l'Ouest de la rivière des Outaouais naît la Province du Haut-Canada, nouvellement colonisée par des Loyalistes, et à l'Est la Province du Bas-Canada, qui comprend la vallée du St-Laurent, où habitent les Canadiens depuis des générations, ainsi que les nouveaux Eastern Townships britanniques, implantés sur des terres de la couronne concédées aux loyalistes.

Les francophones forment une importante majorité numérique dans le Bas-Canada, surtout le long du St-Laurent, cependant la présence des anglophones se fait sentir dans les principales villes que sont Québec, Trois-Rivières et Montréal. La population initiale du Bas-Canada est estimé à 150 000 personnes, dont environ 140 000 sont francophones, et celle du Haut-Canada à 10 000. Le Haut-Canada abolira les lois françaises sur son territoire et se développera dès lors comme une province essentiellement britannique alors qu'au Bas-Canada subsistera la dualité linguistique et légale.

La langue de l'État[modifier | modifier le code]

(francophones dans les conseils, dans l'appareil judiciaire, dans la fonction publique et l'armée)

L'arrivée du parlementarisme soulève immédiatement la question de la langue des lois, des débats et des procès-verbaux. Les lois civiles héritées de la période française étaient naturellement rédigées en français alors que les nouvelles lois anglais l'étaient en anglais.

Le français devient une langue de traduction : elle est employée dans les débats, les procès-verbaux et la rédaction des lois, cependant seule la langue anglaise a valeur officielle.

Deux tentatives d'union législative avortées[modifier | modifier le code]

Très fortement majoritaire au sein du Bas-Canada, aptes à constituer une majorité des députés dans la chambre élective du parlement provincial du Bas-Canada, les Canadiens seront perçus comme une menace aux intérêts des colons britanniques. La protection légale dont jouissent les habitants des seigneuries, le contrôle théorique de la taxation dont jouit la majorité des représentants du peuple, ralentissent les efforts de peuplement et de développement des colonies canadiennes. En 1810, le gouverneur James Henry Craig, en poste depuis 1807, discute d'un plan d'union législative dont l'objectif est d'assimiler la majorité franco-catholique du Bas-Canada au grand tout protestant et anglophone du Royaume-Uni.

(citation)

Le projet est suspendu par la menace d'une guerre contre les États-Unis qui amènera encore une fois la puissance britannique à promettre un avenir de paix et de justice aux Canadiens.

Un deuxième projet d'union législative est formulé, et cette fois formellement présenté à la Chambre des communes à Londres en 1822. Celui-ci sera retiré sous la pression de pétitions venant des citoyens, de l'Assemblée législative du Bas-Canada et même du Conseil législatif du Bas-Canada.

La langue des écoles[modifier | modifier le code]

En matière d'éducation, la Conquête avait amené principalement une chose : la transformation du Collège de Québec en casernes pour les militaires britanniques. Les jésuites durent donc contourner le problème en construisant le petit séminaire de Québec. En 1790, des citoyens de Québec se mobilisent pour demander une charte royale pour l'implantation d'une Université de la Province de Québec que l'on voulait laïque. La pétition paraît dans La Gazette de Québec le 31 octobre. Le gouverneur Carleton n'y donne pas suite.

Une Loi de l'Institution royale crée un système d'éducation de langue anglaise et de confession anglicane en 1801.

En 1821, le Collège McGill obtient une charte royale et devient alors une université.

En 1824, une Loi des écoles de fabrique est adoptée pour faire suite au boycottage des écoles royales par la population francophone et catholique.

En 1829, une nouvelle loi, la Loi des écoles de syndics, permet l'élection de commissaires ou syndics chargés de l'administration des écoles primaires dans les paroisses catholiques et protestantes.

La langue des médias[modifier | modifier le code]

L'apparition de la presse écrite au Québec date en réalité de la Conquête. ... journaux bilingues, premiers journaux de langues françaises

Les transformations du français[modifier | modifier le code]

(observations des visiteurs et des notables)

Jacques Viger, député au Parlement du Bas-Canada et rédacteur du journal Le Canadien, rédige un ouvrage intitulé Néologie canadienne, ou Dictionnaire des mots créés en Canada & maintenant en vogue. On y trouve quelque 400 mots et changements de sens. L'ouvrage n'est jamais terminé. Les manuscrits seront publiés après sa mort.

Union des Canadas[modifier | modifier le code]

Le vieux projet d'union est finalement mis en application suite aux recommandations du rapport Durham qui considèrent que les causes des insurrections de 1837-38 ne sont pas tant le fait d'une lutte politique entre les différentes branches du parlement mais d'un conflit entre « deux nations en guerre au sein d'un même État ».

L'article 41 de la Loi de l'Union décrète que la langue anglaise était la seule langue officielle du pays. Pour la première fois dans l'histoire, le Parlement britannique proscrit la langue française dans un texte de loi.

Retour au français langue de traduction[modifier | modifier le code]

En 1848, la Loi sur l'usage de la langue anglaise à la Législature du Canada, paragraphes 11-12 Victoria, c. 56 abroge l'article 41 de la Loi de l'Union, ce qui ramène la situation à celle qui prévalait au Bas-Canada à partir de 1793.

La conservation d'un français archaïque dans les campagnes[modifier | modifier le code]

L'anglicisation des francophones dans les milieux urbains[modifier | modifier le code]

Le commencement de l'émigration vers les États-Unis[modifier | modifier le code]

Union fédérale des provinces de l'Amérique du Nord britannique[modifier | modifier le code]

Urbanisation des francophones[modifier | modifier le code]

L'industrialisation, qui transforme le mode de vie de tout l'occident, s'opère via l'élite anglophone, protestante qui arrive de l'Angleterre et de l'Écosse et fait de Montréal la véritable capitale économique non seulement du Québec, mais de tous le Dominion.

Émigration de masse vers les États-Unis[modifier | modifier le code]

La survivance[modifier | modifier le code]

Souveraineté canadienne[modifier | modifier le code]

Les divers Dominion britanniques (Canada, Terre-Neuve, Australie, Nouvelle-Zélande, Irlande) obtiennent leur indépendance politique formelle par le traité de Westminster de 1931.

1931 - 1960[modifier | modifier le code]

Fin de la survivance[modifier | modifier le code]

Reconquête démographique de Montréal[modifier | modifier le code]

1960 - 1977[modifier | modifier le code]

Chute de la natalité[modifier | modifier le code]

Politique fédérale[modifier | modifier le code]

Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme

Loi sur les langues officielles

Politique provinciale[modifier | modifier le code]

Loi pour promouvoir la langue française au Québec.

La Commission Gendron

Loi sur la langue officielle

Charte de la langue française

1977 - aujourd'hui[modifier | modifier le code]

Contestation judiciaire de la Charte de la langue française[modifier | modifier le code]

La francisation des Néo-Québécois[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Jacques Leclerc. Histoire du français québécois - Section 1 : Nouvelle-France (1534-1760) L'implantation du français au Canada, dans le site Web L'aménagement linguistique dans le monde, consulté le 24 février
  2. Jacques Leclerc. Histoire du français québécois - Section 1 : Nouvelle-France (1534-1760) L'implantation du français au Canada, dans le site Web L'aménagement linguistique dans le monde, consulté le 24 février
  3. Jacques Leclerc. Histoire du français québécois - Section 1 : Nouvelle-France (1534-1760) L'implantation du français au Canada, dans le site Web L'aménagement linguistique dans le monde, consulté le 24 février
  4. The Natural and Civil History of the French Dominions in North and South America [...] collected from the best Authorities, and engraved by T. Jefferys, Geographer to his Royal Highness the Prince of Wales, London, Printed for Thomas Jefferys at Charing-Cross, 1760, volume I, page 9.
  5. Voyage de Kalm en Amérique, analysé et traduit par L. W. Marchand, Montréal, T. Berthiaume, 1880.
  6. En comparaison, l'Acadie compte à ce moment 10 000 habitants et la Louisiane 4 000.
  7. En France, l'unification linguistique s'est faite bien plus tard, mais l'échelle de comparaison est bien différentes. On estime que le nombre de Français à parler un français non patoisant au XVIIIe siècle était d'environ trois millions de personnes sur vingt-cinq millions d'habitants, soit de 12 % environ au maximum.
  8. Le peuplement de Paris s'est fait avec un apport notable d'immigrants de la Picardie (Wittmann 1995).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • http://www.toponymie.gouv.qc.ca/CT/a_propos/parcours_1912_2002.html
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  • BARBAUD, Philippe. 1996. "Une «catastrophe» linguistique au 17e siècle en Amérique du Nord." Le français et la culture francophone. Actes du colloque international, ed. Kuklisky, E., Leturcq, B. & Magnuszewska, Z., 7-31. Zielona Góra, Pologne: NKJF.
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  • CHARBONNEAU, Hubert et al. 1987. Naissance d'une population: les français établis au Canada au XVIIe siècle. Montréal: Presses de l'Université de Montréal (Institut national d'études démographiques, Travaux et documents, cahier 118).
  • CONSEIL DE LA LANGUE FRANÇAISE (équipe dirigée par Michel Plourde). 2000. Le français au Québec : 400 ans d'histoire et de vie. Québec: Publications officielles du Québec – Montréal: Éditions FIDES.[3]
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  • LA FOLLETTE, James E. 1969. Étude linguistique de quatre contes folkloriques du Canada français. Morphologie et syntaxe. Québec: Presses de l’Université Laval.
  • LAVOIE, Yolande. 1981. L'émigration des Québécois aux États-Unis de 1840 à 1930. Québec: CLF, Éditeur officiel du Québec. (ISBN 2-551-04194-5). [5]
  • LECLERC, Jacques. 2005. "Histoire du français au Québec." Dans: L’aménagement linguistique dans le monde, Québec, TLFQ, Université Laval, 22 janvier 2005, [6], (18 août 2005)
  • RIVARD, Adjutor. 1914. Études sur les parlers de France au Canada. Québec: Garneau.
  • SOCIÉTÉ DU PARLER FRANÇAIS AU CANADA. 1930. Glossaire du parler français au Canada. Québec: Action Sociale (Réimpression 1968, Presses de l’Université Laval).
  • VIGER, Jacques. 1810. Voir: Blais (1998).
  • WALKER, Douglas C. 1984. The pronunciation of Canadian French. Ottawa: Presses de l’Université d’Ottawa.
  • WITTMANN, Henri. 1995. "Grammaire comparée des variétés coloniales du français populaire de Paris du 17e siècle et origines du français québécois." Le français des Amériques, ed. Robert Fournier & Henri Wittmann, 281-334. Trois-Rivières: Presses universitaires de Trois-Rivières.[7]
  • WITTMANN, Henri. 1998. "Le français de Paris dans le français des Amériques." Proceedings of the International Congress of Linguists 16.0416 (Paris, 20-25 juillet 1997). Oxford: Pergamon (CD edition). [8]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]