Utilisateur:Michel Abada/Article en cours de modification/Peshitta

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La Peshitta (syriaque (araméen) : ܦܫܝܛܬܐ) est la plus ancienne traduction syriaque de l'Ancien et du Nouveau Testaments. L'Ancien Testament de la Peshitta a été traduit de l'hébreu. À l'exception du Diatessaron, le Nouveau Testament de la Peshitta a été traduit du grec (bien que cela soit contesté par quelques chercheurs). Avant la traduction du Ve siècle, il est probable que le Nouveau Testament de la Peshitta était assez différent de l'actuel.

La sixième béatitude (Matthieu 5:8) d'une bible en syriaque oriental (Peshitta).
Tuvayhon l'aylên dadkên blebhon: dhenon nehzon l'alâhâ.
« Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ! »

La dénomination « Peshitta »[modifier | modifier le code]

Le terme « Peshitta » est dérivé du syriaque mappaqtâ pšîṭtâ (ܡܦܩܬܐ ܦܫܝܛܬܐ), qui signifie littéralement « version simple ». Toutefois, il est également possible de traduire pšîṭtâ par « commun » (vulgate ; qui est faite pour tous), ou par « directe », mais la traduction habituelle est « la simple ». Son homologue arabe est البسيطة Al-Basîṭah, qui veut également dire « le simple ».

Peshitta s'oppose clairement à l'Hexapla d'Origène, mettant en correspondance plusieurs versions de la Bible[1]. L'œuvre d'Origène, qui comportait quatre colonnes de différentes traductions en grec, une colonne de la Bible en hébreu et une colonne où le texte hébreu était translittéré en caractères grecs, a en effet été traduite en syriaque au VIIe siècle. On ignore de quand date le terme « Peshitta » ; il apparaît pour la première fois chez Moïse Bar Képha, puis chez Bar-Hebraeus (XIIIe siècle)[2],[1].

Le syriaque est un dialecte, ou un groupe de dialectes, appartenant à l'araméen. Le nom « Peshitta », transcrit de l'alphabet syriaque en alphabet latin, a été écrit de différentes façons : Peshitta, Pshitta, Pšittâ, Pshitto, Fshitto. Elles sont toutes acceptables, mais « Peshitta » est l'orthographe la plus classique.

Datation et contexte de la traduction en syriaque[modifier | modifier le code]

Toutefois la version syriaque de la Bible est bien plus ancienne que la dénomination "Peshitta", ainsi Méliton de Sardes, qui vivait au IIe siècle, parle d'une version syriaque de l'Ancien Testament. Méliton de Sardes s'était rendu en Palestine pour effectuer des recherches sur la Bible hébraïque, vers l'année 170[3]. La future Peshitta est aussi souvent mentionnée par les Pères de l'Église du IVe siècle, comme saint Augustin, saint Jean Chrysostome et d'autres. Il en est de même pour Éphrem le Syrien qui naquit à Nisibe et vécut à Édesse au IVe siècle[1].

Origines[modifier | modifier le code]

Quasiment toutes les affirmations concernant la paternité de la Peshitta et l'époque ou le lieu de son origine sont l'objet de controverses parmi les chercheurs[4]. Pour différentes traditions juives ou chrétiennes, la Peshitta aurait été traduite sur l'ordre d'Abgar V (mort vers 50). C'est dans les décennies suivantes qu'apparaît aussi le Targoum Onkelos. En fait, il s'agit plutôt de l'époque à laquelle les textes juifs qui constitueront la bible par la suite, ont commencé à être traduits en syriaque (dialecte de l'araméen). Des recherches ont montré que la version syriaque, même celle de l'Ancien Testament, n'a été faite ni par un traducteur unique, ni à un moment donné, mais que la traduction de tous les textes s'est prolongée pendant plusieurs siècles.

Selon la Jewish Encyclopedia, « la tradition qui relie cette traduction avec Abgar, roi d'Édesse, est la plus probable[1]. » D'après l'historien chrétien Bar-Hebraeus, Abgar aurait envoyé des hommes en Palestine pour traduire la Bible en Syriaque[5]. Le point de vue dominant dans la tradition chrétienne occidentale est que le roi Abgar d'Édesse — contemporain de Jésus — a commandité la traduction[6]. Pour autant Théodore de Mopsueste (IVe siècle) déclare que le traducteur de la version en syriaque est inconnu[6]. Au siècle suivant, Philoxène de Mabboug fournit deux noms pour la version qu'il utilise: Symmaque et Aquila[6]. Ce dernier renvoie probablement à Onquelos — déformation du nom Aquila dans le Talmud — florissant dans la génération qui suit Abgar V, plutôt qu'à Aquila de Sinope, qui a traduit la Bible hébraïque en grec une ou plutôt deux générations plus tard. Toutefois, le Targoum Onkelos en araméen ne concerne que la Torah, c'est-à-dire les cinq premiers livres de la Bible et ces auteurs des IVe – VIe siècle parlent d'une version complète de la Bible en syriaque. Dans la tradition chrétienne orientale, le point de vue dominant est que cette traduction aurait été faite par Marc l'évangéliste[7], donc aussi au Ier siècle après les années 30.

Au VIIe siècle, Jacob d'Édesse attribue l'origine de la Peshitta aux efforts d'Abgar « le croyant » roi d'Édesse, associé à Addai l'apôtre (Thaddée d'Édesse), dont il est dit qu'ils ont envoyé des savants en Palestine pour traduire la Bible en syriaque[8],[4]. Les cinq premiers livres de la Bible (la Torah) pourraient avoir été traduits sous les ordres du roi Abgar. Pour la Jewish Encyclopedia, Wichelhaus[9] fut le premier à identifier Abgarus (Abgar) avec Izatès, roi d'Adiabène. L'argumentation de Wichelhaus est fondé sur le récit concernant Abgar donné par Moïse de Khorène[10]. Toutefois cette identification est contestée. Des indications de ces historiens antiques, on peut retenir que les Monobaze et les Abgar étaient deux dynasties très proches, mais l'identification d'Abgar V avec Izatès II n'est pas reprise par les historiens. Pour la Jewish Encyclopedia, ces sources sont en accord avec ce qu'écrit Flavius Josèphe lorsqu'il dit qu'Izatès a envoyé ses cinq fils à Jérusalem pour étudier la langue Hébraïque et recevoir une éducation Juive[11],[10].

Une partie des critiques estiment que le Targoum de Job découvert dans la grotte 11 près des ruines de Qumrân est le même que celui qui selon le Talmud (Shabbat XIII, 2) aurait été interdit par Gamaliel l'Ancien au milieu du Ier siècle, « à cause de certaines difficultés relevant de la déviance[12]. » Même si cette identification est disputée, le manuscrit retrouvé près de Qumrân indique que certains livres de la Bible hébraïque avait été traduits en araméen[12] avant l'an 70.

Contexte de traduction[modifier | modifier le code]

La première étape du Modèle Causal considère le contexte socio-culturel de la traduction qui est toujours un fait du système cible qui inclut le créateur et son audience ainsi que son commanditaire[6]. Le point de vue dominant dans la tradition occidentale est que le roi Abgar d'Édesse — contemporain de Jésus — a commandité la traduction[6]. Pour autant Théodore de Mopsueste (IVe siècle) déclare que le traducteur de la version en syriaque est inconnu[6]. Au siècle suivant, Philoxène de Mabboug fournit deux noms pour la version qu'il utilise: Symmaque et Aquila[6]. Ce dernier renvoie probablement à Onquelos — déformation du nom Aquila dans le Talmud — florissant dans la génération qui suit d'Abgar V, plutôt qu'à Aquila de Sinope, qui a traduit la Bible hébraïque en grec une ou plutôt deux générations plus tard. Toutefois, le Targoum Onkelos en araméen ne concerne que la Torah, c'est-à-dire les cinq premiers livres de la Bible et ces auteurs des IVe – VIe siècle parlent d'une version complète de la Bible en syriaque. Dans la tradition chrétienne orientale, le point de vue dominant est que cette traduction aurait été faite par Marc l'évangéliste[7].

Influence de la Septante[modifier | modifier le code]

Le travail de traduction a continué jusqu'au IVe siècle. Au temps d'Ephrem le Syrien toute la Bible avait été rendue en syriaque.

Selon la Jewish Encyclopedia, la Peshitta a été traduite directement de l'Hébreu, conformément à la tradition juive en cours en Palestine. Mais comme cette traduction est une collection de versions populaires, il était inévitable que plusieurs parties de l'Ancien Testament soient influencées par la Septante. Dans le Pentateuque (Torah), le Livre de la Genèse est plus fortement influencé par la Septante que les quatre autres livres, pourtant cela ne prouve pas que l'ensemble du Pentateuque n'a pas été traduit par un seul homme. Si Ezéchiel et les Proverbes sont étroitement en accord avec la version juive Araméenne (Targum), les douze petits prophètes quant à eux suivent la version de la Septante.

La traduction des Chroniques est en partie midrashique et semble être d'une époque beaucoup plus tardive, car elle diffère beaucoup de celle des autres livres[1].

Nouveau Testament[modifier | modifier le code]

Folio 13v des Évangiles de Rabula présentant une miniature de l'Ascension.

Une des plus anciennes versions connues du Nouveau Testament est écrite en syriaque (Bible dite peshitta ou peshittô, toujours en usage dans certaines églises orientales) datant du Ve siècle. Elle aurait été traduite à partir de la version grecque écrite en Koinè, (la plus ancienne qui soit connue) par Rabbula, évêque d'Édesse (411-435), et publiée sous son autorité comme substitut au Diatessaron, un évangile écrit en syriaque (probablement à Édesse) par Tatien le Syrien, dans la seconde partie du IIe siècle[13].

Dans cette version du Nouveau Testament, par rapport aux versions que nous connaissons aujourd'hui, certains passages font défaut. Il manque notamment dans l'Évangile selon Luc (les versets 17 à 18 du chapitre 22) et dans les Actes des Apôtres (verset 37 chapitre 8 ; verset 34 chapitre 15 ; verset 29 chapitre 28). Ces manques sont souvent qualifiés d'omissions par les autorités ecclésiastiques. Plus que des omissions, il s'agit vraisemblablement de l'état dans lequel se trouvait le texte de référence à l'époque de Rabbula d'Édesse (mort en 435). On imagine mal comment Rabbula, qui avait justement pour mission de faire entrer le christianisme syriaque dans le cadre de l'orthodoxie de l'Église, aurait pu prendre l'initiative d'omettre ces passages, ni quels motifs aurait pu le guider. Le Nouveau Testament de la Peshitta est donc une précieuse indication sur l'état du texte de référence au Ve siècle.

Rabula interdit l'usage du Diatessaron dans les églises et le remplaça par sa traduction en syriaque des quatre évangiles canoniques[13].

La langue des évangiles[modifier | modifier le code]

Une controverse existe à propos de la langue originale des évangiles. Leur plus anciennes versions que nous connaissions sont écrites en grec et datent du IVe siècle. Des fragments d'évangiles en grec datant du IIe siècle ont été retrouvés. Une très faible partie des spécialistes pensent que le Nouveau Testament en grec provient de la traduction de textes syriaques antérieurs. L'immense majorité estiment, au contraire, que la première version écrite du Nouveau Testament a directement été rédigée en grec. Le grec sémitisant employé n'étant que l'expression de la culture des rédacteurs et, peut-être, une indication de la région dans laquelle ces textes ont été écrits. À noter que, dans l'évangile de Marc, quelques mots et expressions prononcés par Jésus sont en araméen (voire spécifiquement en syriaque). Jésus, qui s'adressait en araméen aux Galiléens, devait néanmoins enseigner en hébreu, la langue de la Bible parlée à la synagogue comme au temple de Jérusalem.

On peut aussi noter que Jésus s'adresse directement à Pilate sans l'intermédiaire d'un interprète, ainsi qu'à plusieurs Romains ou à des gens présentés comme grecs (évangile attribué à Jean). Selon les évangiles, Jésus parlait donc aussi le grec (voire le latin).

Avec le grec[14] et le copte, le syriaque est une langue par laquelle le christianisme, dans ses versions judéo-chrétiennes (nazaréenne, ébionite ou elkasaïte) s'est très tôt répandu au Moyen-Orient.

Les versions en latin sont apparues plus tard.

Les plus anciennes copies de la Peshitta[modifier | modifier le code]

Les deux versions les plus anciennes de la Peshitta qui ont été découvertes sont:

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e (en) Emil G. Hirsch et M. Seligsohn, « Peshiṭta our Peshiṭto », sur Jewish Encyclopedia, (consulté le ).
  2. Bar-Hebraeus, dans la préface de son Auẓar Raze, et dans son Historia Dynastiarum, éd. Pocock, p. 100.
  3. Robin Lane Fox, Paï̈ens et chrétiens: la religion et la vie religieuse dans l'Empire romain de la mort de Commode au concile de Nicée, éd. Presses Universitaires du Mirail, 1997, p.493 extrait en ligne
  4. a et b (en) Jewish Virtual Library, article Bible, § Syriac Aramaic: Peshitta and Other Versions, source S. David Sperling (2nd ed.).
  5. Bar-Hebræus, commentaire du Psaume X. Cet auteur étant arabe et originaire des environs d'Édesse, son témoignage est d'autant plus important et semble être indépendant des autres sources.
  6. a b c d e f et g Eric Tully, The Translation and Translator of the Peshitta of Hosea, p. 25.
  7. a et b Eric Tully, The Translation and Translator of the Peshitta of Hosea, p. 26.
  8. cf. Bar Hebraeus, Commentaire du Psaume 10.
  9. Wichelhaus, De Novi Testamenti Versione Syriaca Antiqua, pp.  97 et suiv.
  10. a et b (en) Emil G. Hirsch et M. Seligsohn, « Peshitta », sur Jewish Encyclopedia (consulté le ).
  11. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XX, 3, § 4
  12. a et b Mimouni 2012, p. 116.
  13. a et b A.S. Marmadji, Diatessaron de Tatien, traduit de l'arabe, Imprimerie catholique, Beyrouth, 1935,
  14. Pour être plus précis, la langue grecque dont il s'agit est le grec véhiculaire des premiers siècles appelé la koinè

Sources[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Brock, Sebastian P. (2006) The Bible in the Syriac Tradition: English Version Gorgias Press LLC, (ISBN 1-59333-300-5) (en)
  • Dirksen, P. B. (1993). La Peshitta dell'Antico Testamento, Brescia, (ISBN 88-394-0494-5)
  • Moïse de Khorène (trad. Annie et Jean-Pierre Mahé), Histoire de l'Arménie, Paris, Gallimard, coll. « L'aube des peuples », (ISBN 2-07-072904-4).
  • Bar-Hebraeus, commentaire du Psaume X.
  • Bruce M. Metzger, The Early Versions of the New Testament: Their Origin, Transmission, and Limitations, Clarendon Press, Oxford 1977. (en)
  • (en) Emil G. Hirsch et M. Seligsohn, « Peshiṭta our Peshiṭto », sur Jewish Encyclopedia, (consulté le ).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]