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[ARTICLE SUR LA PHILOSOPHIE DU TRAVAIL DE SIMONE WEIL]

Machiniste travaillant sur une machine à vapeur. Photographie de Lewis Hine, 1920.

La philosophie du travail est une branche de la philosophie qui étudie la signification du travail et sa fonction dans l'économie, la société et la civilisation[1]. Les problèmes posés depuis le XIXe siècle par la révolution industrielle ont fait du travail l'un des concepts fondamentaux de la réflexion philosophique, comme le montre exemplairement l'œuvre de Simone Weil.

Définition[modifier | modifier le code]

La définition usuelle du travail, qui le relie à un effort et l'identifie à « une activité pénible et contraignante[2] », semble aller de soi, dans la mesure où elle correspond historiquement à l'expérience vécue par la plupart des êtres humains. Elle n'est généralement pas questionnée ; elle est abondamment répandue dans les dictionnaires, les encyclopédies, les manuels et les lexiques de philosophie[3]. Le travail consisterait ainsi à fournir un effort soutenu, physique ou mental, pour produire une œuvre matérielle ou intellectuelle, que ce soit en s'appliquant à une tâche ou en se perfectionnant. Le perfectionnement peut aussi prendre la forme d'un « travail sur soi », auquel cas il s'agit d’une œuvre morale. Le travail suppose donc une peine, voire une souffrance. André Eskénazi, spécialiste de la littérature française du Moyen Âge, conteste cependant l'idée reçue selon laquelle le verbe « travailler » et le déverbal « travail » seraient issus de « peine, tourment, souffrance ». Au terme de sa démonstration, il conclut que l'origine communément admise du mot « travail », (la) tripalium, qui désigne un instrument de torture, « est une chimère[4] ». « Travail » aurait plutôt pour étymon (la) trabs, qui a le sens d'une pièce de soutien ou d'un assemblage de telles pièces, et qui peut signifier « poutre » ou « mât », ou encore « charpente ». L'étymologie renverrait ainsi à l'idée d'un support pour relier ou soutenir des pièces détachées, ou d'un outil pour surmonter des entraves et accomplir une tâche, et non à celle d'une source de souffrance. Par métonymie, le mot désignant l'activité se serait ensuite substitué au mot dénotant l'objet.

Simone Weil se penche sur l'histoire du concept et sa signification philosophique, questionnant la relation supposée du travail avec l'effort et la contrainte. / la définition du travail comme activité libre et non effort / autrement dit, l'effort — si le travail est bien un effort — ne saurait dans tous les cas être pénible et contraint.

Le travail, au sens philosophique, est la transformation intelligente de la nature par l'être humain en vue de la satisfaction de ses besoins[5]. Il implique à la fois une soumission à la nécessité et une accession à la liberté : il faut travailler pour survivre, mais le travail et ses produits sont aussi une libération du joug imposé à l'homme par la nature, en ce sens qu'ils mettent à sa disposition des biens qu'il peut utiliser pour assurer sa survie et son confort. Le travail se transforme toutefois en une autre forme de soumission, lorsque les conditions de travail divisent les hommes entre ceux qui dirigent et ceux qui exécutent. Le concept de travail évoque alors l'idée d'un double assujettissement : celui de l'homme à la nature et celui de l'homme par l'homme. Comme le constate Simone Weil, « il semble que l'homme ne puisse parvenir à alléger le joug des nécessités naturelles sans alourdir d'autant celui de l'oppression sociale[6] ». Les philosophes s'interrogent aussi bien sur la relation de l'homme à la nature — Descartes, par exemple, s'intéresse à l'usage des techniques à des fins d'exploitation des puissances et des ressources naturelles —, que sur celle des hommes entre eux lorsqu'ils utilisent ces techniques — Rousseau, Hegel, Proudhon, Marx et Simone Weil, entre autres, se questionnent sur les inégalités et l'oppression causés par la répartition de la richesse et le régime de la propriété.

Historique[modifier | modifier le code]

Le travail comme concept philosophique[modifier | modifier le code]

En raison de la dimension philosophique du rapport de l'homme à l'activité qu'est le travail, presque tous les philosophes, de Platon[7] à André Gorz[8], ont abordé ce concept, sans nécessairement développer une philosophie du travail proprement dite. En fait, de l'Antiquité à aujourd'hui, les philosophes n'ont guère tenu compte du travail pour définir l'être humain, à l'exception de Marx, qui « donnait comme caractéristique essentielle de l'homme, par opposition avec les animaux, le fait qu'il produit les conditions de sa propre existence et ainsi se produit indirectement lui-même[9] », et de Simone Weil, qui reprend et prolonge, tout en les rectifiant, les analyses de Marx. Comme le remarque Emmanuel Gabellieri, « tout se passe comme si la recherche de l'essence de l'homme avait ignoré bien souvent sa condition[10] » — la philosophie de Weil mise à part, puisqu'elle définit l'être humain par ses conditions d'existence, plus précisément par les conditions, telles que le temps, qui pèsent « sur chacun des actes par lesquels s'exprime mon existence[11] ».

Une autre idée répandue est que chez les Grecs, le travail physique est peu valorisé, car les philosophes antiques ne le considèrent pas comme digne de l'homme libre et cultivé. L'idée d'un rejet systématique du travail physique et de la pensée technique chez les Grecs est toutefois grandement nuancée dans les ouvrages de Jean-Pierre Vernant et Marcel Detienne[12]. Aristote, qui est le principal philosophe corroborant cette idée, qualifie les travaux « qui font le plus appel à la force physique » comme étant « les plus serviles » et, en ce sens, les plus susceptibles d'être confiés à des esclaves, car ils sont aussi « les plus vils » et « demandent le moins de vertu[13] ». Simone Weil s'oppose à la vision exprimée par Aristote et juge au contraire que le travail physique peut libérer l'homme des passions et de l'imagination, lui permettant d'accéder à son humanité et de se réaliser. Elle affirme que « la notion du travail considéré comme une valeur humaine est sans doute l'unique conquête spirituelle qu'ait faite la pensée humaine depuis le miracle grec ; c'était peut-être là la seule lacune à l'idéal de vie humaine que la Grèce a élaboré et qu'elle a laissé après elle comme un héritage impérissable[14] ». Après avoir vécu et observé les difficultés posées par le travail en usine — dont témoignent les textes réunis dans La Condition ouvrière —, elle plaide pour une amélioration des conditions de travail et, plus généralement, pour une revalorisation du travail dans la vie humaine. Elle soutient qu'« il est facile de définir la place que doit occuper le travail physique dans une vie sociale bien ordonnée. Il doit en être le centre spirituel[15] ». Comme elle l'explique dans L'Enracinement, le travail contribue à l'intégration sociale de la personne ainsi qu'à sa réalisation morale et spirituelle, c'est-à-dire à la quête d'un sens à son existence.

Travail et technique[modifier | modifier le code]

Parmi les philosophes modernes, René Descartes se fait le défenseur du progrès technique ; il estime que ce dernier peut contribuer à alléger le travail des hommes, rendant ceux-ci comme « maîtres et possesseurs de la nature ». Il affirme dans le Discours de la méthode : « sitôt que j'ai eu acquis quelques notions générales touchant la physique, et que, commençant à les éprouver en diverses difficultés particulières, j'ai remarqué jusques où elles peuvent conduire […], j'ai cru que je ne pouvais les tenir cachées sans pécher grandement contre la loi qui nous oblige à procurer autant qu'il est en nous le bien général de tous les hommes[16] ». Il remarque que les connaissances scientifiques, comme celles de la force et des actions des éléments ou des corps, peuvent être « fort utiles à la vie » et que, de même que l'on sait fabriquer des objets utiles grâce aux métiers et aux arts, on pourrait se servir des sciences et des techniques, en particulier la mécanique, pour exploiter les ressources et les puissances de la nature, et jouir « sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent ». Descartes insiste tout particulièrement sur la médecine, qui est la science la plus utile qu'il convient de développer, car « la conservation de la santé […] est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie[17] ». Le projet cartésien est résumé dans la « Lettre-préface » des Principes de la philosophie, à l'aide de l'image d'un arbre « dont les racines sont la métaphysique,

D'après Simone Weil, la conception cartésienne propose des moyens pour combattre l'aliénation au travail, mais elle est aussi, paradoxalement, la racine même de cette aliénation, par sa volonté de maîtriser absolument l'action par la pensée. Elle observe, dès ses années d'études, des « contradictions[18] » dans la pensée cartésienne. Elle note dans ses Cahiers ce qu'elle considère être l'« erreur » de Descartes (Cahiers, VI 1 137), sa « faillite », son « échec » (Simone Pétrement, La Vie de Simone Weil, Paris, 1997, p. 77 (?)). Dans une lettre à Alain, elle conclut ses considérations sur le travail en disant : « l'aventure de Descartes a mal tourné ».

Voir Gabellieri, p. 68 sur Descartes et Marx

« Simone Weil discerne dès son Diplôme et le cheminement vers les Réflexions trahit le désenchantement. La jeune philosophe parle de ce qu’il faut « ajouter à la méthode cartésienne » (VI 2 147), elle rappelle l’ « erreur » de Descartes » (Cahiers, VI 1 137), sa « faillite », son « échec »  [34] [34]Simone PÉTREMENT, La vie de Simone Weil II, Paris, 1978, p. 77s. et, Dans une lettre à Alain, elle conclut pour ainsi dire tous ses développements sur la critique du travail avec une phrase désabusée : « l'aventure de Descartes a mal tourné » (S 111). Or si l’aventure a mal tourné c’est que dans son zèle à assurer la maîtrise de la pensée sur son action, sa présence continue et ininterrompue à ses objets, l’auteur des Regulae ouvre la boîte de Pandore des simplifications qui compromettent précisément cette souveraineté de l’esprit qu’il appelle de ses vœux. Descartes, « ce second Thalès » se rend compte de l’emprise de l’imagination sur l’entendement (I 182), et pour libérer l’esprit, pour le rendre capable de se concentrer en tant qu’intuition sur l’essentiel, il avance la concession fatale : « pour ce qui n’exige pas l’attention immédiate de l’esprit… il vaut mieux le désigner par des signes que par des figures complètes »  [35] [35]Règle XVI, A. T. X 454. . D’autre part, le philosophe constate l’encombrement de la pensée par une prolifération de taches diverses et hétérogènes, alors, pour décharger l’esprit, pour simplifier – si l’on veut pour « rationaliser » son agir – il préconise, c’est l’essentiel de la seconde Règle, de « diviser la difficulté » (Leçons 119). « Toute la science humaine – déclare le philosophe – consiste dans la vision distincte de la façon dont les natures simples concourent ensemble à la composition des autres choses »  [36] [36]Règle XII, A. T. X 427. . Autant dire qu’il faut réduire « la question » qui est devant l’esprit « à sa forme la plus simple, et la diviser en parties »  [37] [37]Règle XIII, A. T. X 430. . Descartes entend assurer l’autonomie de la pensée. En fait, l’introduction des signes conduit à la domination des abstractions, des idoles quand la division en simples débouche sur l’esclavage du travail parcellaire.

Le travail parcellaire est déshumanisant car il distrait l’attention du tout pour l’orienter vers la partie, le fragment. Cette réduction au fragment est propre à la taylorisation : il introduit « la décomposition de chaque travail en mouvements élémentaires qui se reproduisent dans des travaux très différents » (II 2 467). Sans doute, le travail en devient plus facile et surtout plus efficace, mais malheureusement la division des activités ne parcellarise pas seulement l’action, elle produit aussi des ouvriers « parcellaires » (Leçons 148). Les Règles appellent de leurs vœux la présence constante de l’esprit à son action, l’attention indivise au monde, quand la division qu’entraîne le travail parcellaire « contraint l’attention à se maintenir constamment sur un geste machinal » (VI 1 81). En ce qui concerne l’introduction des signes, c’est le fait de l’avènement de l’algèbre. L’algèbre voudrait permettre à la pensée de se détourner de la multiplicité bariolée des figures pour pouvoir obtenir une maîtrise intégrale de son objet. Or les signes qui auraient pour vocation de rendre plus facile l’accès de l’esprit aux choses finissent par l’en éloigner. L’imagination ne s’attache pas à la signification mais au signe ; « le rapport du signe au signifié périt » (VI 1 100). Les signes devraient servir à un meilleur éclairage des choses. En fait, ils s’interposent entre les choses et notre regard. Perdre ainsi de vue les référents effectifs de l’intelligence est à l’origine de la crise de la connaissance scientifique ; la science devient « la forme la plus moderne de la conscience de l’homme qui ne s’est pas encore retrouvée » (II 1 308). La lectrice de Descartes se fait ici l’écho des expressions de Marx qui lui servent à établir les puissantes analogies de l’aliénation propre à la connaissance scientifique. Le signe promet un accès au simple. En fait, il n’offre qu’une généralité qui détourne le regard de la réalité individuelle des objets. Des transpositions analogues s’opèrent dans les univers de la finance et de l’industrie. Les Réflexions établissent une comparaison entre signes, machines et monnaie (II 2 96) qu’exprime une courte formule du premier Cahier : « ARGENT MACHINISME ALGÈBRE/les trois monstres de la civilisation actuelle. Analogie complète » (VI 1 100). L’argent, on le sait depuis Spinoza, est le compendium universale, mais ce compendium déréalise les choses particulières dont il est censé exprimer la valeur. L’argent est un signe, un signe trop général auquel se trouvent réduits les cristaux et les fruits, les œuvres de l’artiste et les travaux de l’ouvrier. Quant aux machines, elles sont censées accomplir une réforme extraordinaire des conditions du travail : désormais l’ouvrier n’est plus contraint d’entreprendre des efforts toujours différents, il n’a plus à faire face à la résistance de la matière, aux aléas du moment, aux rugosités des choses. La machine est censée libérer l’ouvrier par « la rationalisation » de ses conditions de travail ; en réalité, elle « cristallise » en elle-même les potentialités physiques et intellectuelles qui sans elle seraient à l’œuvre dans l’action du travailleur  [38] [38]OL 211, cf. « Un manœuvre spécialisé n’a en partage que la… . La machine signale la victoire de l’action méthodique au sein de la production industrielle, cependant cette victoire est à la Pyrrhus. Comme dans « l’algèbre la méthode se trouve dans les signes, non dans l’esprit », ce qui caractérise « la machine » c’est que « la méthode se trouve dans la chose, non dans l’esprit »  [39] [39]VI 1 97, cf. « … il n’y a plus qu’un simulacre abstrait de… . [M. Vetö]

voir aussi dans le texte de Vetö les commentaires sur la lecture de Marx par SW

Travail, éducation et société[modifier | modifier le code]

Jean-Jacques Rousseau (dans l'Émile et le Contrat social). « Travailler, c’est exercer ses forces sur les choses, sur les hommes ou sur les idées pour les transformer sous la seule perspective de leur utilité. Le travail est une appropriation du monde. » (Arnaud Berthoud, « La notion de travail dans l'Émile de J.-J. Rousseau », p. 18.) « J.-J. Rousseau et la notion de travail »

« L'homme est le seul animal qui doit travailler » Emmanuel Kant, Réflexions sur l'éducation (1803)

Travail et liberté[modifier | modifier le code]

Hegel (dans la dialectique du maître et de l'esclave)

Auguste Comte (dans le Système de politique positive)

Pierre-Joseph Proudhon (troisième chapitre de Qu'est-ce que la propriété ?), Hannah Arendt (dans Condition de l'homme moderne)

« Le progrès incessant de la mécanisation pose le douloureux problème du chômage. Aristote disait ironiquement que les maître pourraient se passer d'esclaves si « les navettes tissaient d'elles-mêmes » (Aristote, Politiques, l. I, chap. 4). Le machinisme ne devrait-il pas rétrospectivement donner à la boutade d'Aristote le sens d'une prophétie ? Pour la philosophe Hannah Arendt, l'automatisation rend progressivement le travail superflu, alors même que le travail est partout glorifié et qu'il constitue la clé de toute reconnaissance sociale. Il semble aujourd'hui que le châtiment ne soit plus dans le travail mais dans sa privation. Privé d'emploi, l'individu est stigmatisé comme inutile à la communauté et à lui-même. On ne saurait pourtant réduire l'activité humaine au travail économiquement productif. Il reste à inventer les conditions d'un partage équitable du travail qui permette à tous d'avoir également accès au loisir. » (site la-philosophie.com)

Les Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations d'Adam Smith, les Principes de l'économie politique et de l'impôt de David Ricardo et la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie de John Maynard Keynes sont des œuvres également importantes, mais d'un point de vue économique plus que philosophique, car elles ne considèrent essentiellement que l'emploi, le salaire ou la richesse, et donc le travail dans la mesure où il donne une valeur aux marchandises, plutôt que le travail en tant qu'activité humaine.

Il revient donc essentiellement à Simone Weil d'avoir proposé une théorie du travail prenant la forme d'une philosophie. En fait, d'après Robert Chenavier, « non seulement il y a une philosophie du travail chez Simone Weil, mais toute sa philosophie est une philosophie du travail[19] ».

De Arendt à Habermas et Honneth, il a toujours semblé crucial de séparer nettement le travail, supposé être nécessairement aliénant ou, à tout le moins, contraignant, de l'œuvre ou de l'acte libre. Honneth, dont les travaux, il est vrai, ne portent pas directement sur le travail, insiste sur la reconnaissance et, par conséquent, sur ce qui ne dépend pas de la personne mais d'autrui, revenant ainsi au modèle juridique du droit que Weil critique au début de L'Enracinement.

La théorie philosophique du travail[modifier | modifier le code]

Platon offre l'une des premières théories philosophiques de la tradition occidentale sur la fonction de l'individu au sein de la société. Dans le livre Ier de la République, le sophiste Thrasymaque prétend que celui qui dirige, comme tout individu qui exerce une fonction dans la société, use de la force pour tirer un avantage personnel de son activité ((grc) πλεονεκτεῖν, qui peut se traduire par « tirer profit de » ou « exploiter », selon Georges Leroux[20]). Socrate réplique à Thrasymaque que, bien loin d'exercer une activité dans son intérêt personnel, l'individu, en travaillant, est toujours au service d'autrui ; c'est pourquoi on lui donne un salaire en échange du service rendu. Au livre IV de la République, Platon propose une conception de la cité juste dans laquelle chaque classe de citoyens occupe une fonction assurant la justice ((grc) δικαιοσύνη, mot qui peut aussi être traduit, dans le contexte du dialogue, par « harmonie » ou « équilibre ») dans la cité.

L'activité qui est à elle-même sa propre fin (Platon). Contestation de Gorz (hétéronomie du travail).

Marx et l'analyse socio-économique du travail[modifier | modifier le code]

Weil et l'analyse philosophique du travail[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le Vocabulaire technique et critique de la philosophie d'André Lalande, dans la dernière édition revue et augmentée de 1972, ne comprend aucune entrée pour le mot « travail », celui-ci n'apparaissant qu’en 1990 dans l'Encyclopédie philosophique universelle et les dictionnaires de philosophie. La philosophie du travail serait ainsi l'une des branches les plus récentes de la philosophie.
  2. Gérard Durozoi et André Roussel, Dictionnaire de philosophie, Paris, Nathan, 1990, p. 336.
  3. L'article « Travail » de Claude Devret dans l'Encyclopédie philosophique universelle, au second volume des notions philosophiques (Presses universitaires de France, 1990), confirme ce sens usuel, à la faveur cependant de la nuance introduite par Hannah Arendt entre le travail et l'œuvre. Dans le Dictionnaire de la philosophie de Didier Julia (Larousse, 1997), le travail est distingué de l'effort, « qui peut être désordonné », mais tout de même caractérisé par la contrainte, et décrit comme une activité qui ne peut pas être désintéressée. Les textes de Simone Weil — aussi bien les premiers écrits des années 1920 que L'Enracinement, resté inachevé en 1943 —, réfutaient déjà ces lieux communs.
  4. André Eskénazi, « L'étymologie de Travail », Romania, revue trimestrielle des langues et des littératures romanes, t. 126, nos 503-504, 2008, p. 307.
  5. Voir, entre autres, le Dicophilo, dictionnaire de philosophie en ligne, à l'entrée « Travail ». La plupart des sites scolaires proposent une définition semblable, par exemple le site Kartable, dans son cours sur Le travail.
  6. Simone Weil, Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale, Œuvres complètes, t. II, vol. 2, Paris, Gallimard, 1991, p. 67.
  7. Dans les dialogues de Platon, Socrate se réfère souvent aux métiers et professions pour illustrer ses propos. Dans la République, une théorie complète des fonctions sociales est développée. Platon a donc, en ce sens, pensé le concept de travail.
  8. Voir, notamment, André Gorz, Métamorphoses du travail. Critique de la raison économique, Paris, Gallimard, 2004.
  9. Simone Weil, Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale, Œuvres complètes, t. II, vol. 2, Paris, Gallimard, 1991, p. 93.
  10. Emmanuel Gabellieri, Penser le travail avec Simone Weil, Paris, Nouvelle Cité, 2017, p. 29.
  11. Simone Weil, « Du temps », Œuvres complètes, t. I, Paris, Gallimard, 1988, p. 142.
  12. Sur le rapport des Grecs à la technique, voir Marcel Detienne et Jean-Pierre Vernant, Les Ruses de l'intelligence. La mètis des Grecs, Paris, Flammarion, 2018. Voir également, sur le travail en Grèce ancienne, Jean-Pierre Vernant, Mythe et pensée chez les Grecs, Paris, La Découverte, 1996, p. 261 et suivantes, et Moses I. Finlay, Économie et société en Grèce ancienne, Paris, La Découverte, 2007, p. 143 et suivantes.
  13. Aristote, Politiques, l. I, chap. 11, Paris, Flammarion, 1993, p. 125.
  14. Simone Weil, Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale, Œuvres complètes, t. II, vol. 2, Paris, Gallimard, 1991, p. 92.
  15. Simone Weil, L'Enracinement, Œuvres complètes, t. V, vol. 2, Paris, Gallimard, 2013, p. 365.
  16. René Descartes, Discours de la méthode, sixième partie, Paris, Gallimard, 1997, p. 130 ; AT, t. VI, p. 61.
  17. René Descartes, Discours de la méthode, sixième partie, Paris, Gallimard, 1997, p. 131 ; AT, t. VI, p. 62.
  18. Simone Weil, Science et perception dans Descartes, Œuvres complètes, t. I, Paris, Gallimard, 1988, p. 182.
  19. Robert Chenavier, Simone Weil. Une philosophie du travail, Paris, Le Cerf, 2001, p. 43.
  20. Georges Leroux, in Platon, La République, Paris, Flammarion, 2016, p. 545, n. 97.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, Paris, Calmann-Lévy, 1961 et 1983.
  • Aristote, Politiques, Paris, Flammarion, coll. « GF », 1993.
  • Robert Chenavier, Simone Weil. Une philosophie du travail, Paris, Le Cerf, coll. « La nuit surveillée », 2001.
  • André Eskénazi, « L'étymologie de Travail », Romania, revue trimestrielle des langues et des littératures romanes, t. 126, nos 503-504, 2008, p. 296-372.
  • Emmanuel Gabellieri, Penser le travail avec Simone Weil, Paris, Nouvelle Cité, 2017.
  • Mickaël Labbé, La Notion de travail chez Simone Weil, Paris, Demopolis, 2018.
  • Simone Pétrement, La Vie de Simone Weil, Paris, Fayard, 1997.
  • Platon, La République, Paris, Flammarion, coll. « GF », 2016.
  • Nadia Taïbi, La Philosophie au travail. L'expérience ouvrière de Simone Weil, Paris, L'Harmattan, coll. « Ouverture philosophique », 2009.
  • Miklos Vetö, « Simone Weil et l'histoire de la philosophie », Archives de philosophie, t. 72, 2009, p. 581-606.
  • Simone Weil, Œuvres, Paris, Gallimard, coll. « Quarto », 1999.
  • Simone Weil, La Condition ouvrière, Paris, Gallimard, coll. « Folio Essais », 2002.
  • Simone Weil, Œuvres complètes, tome I : Premiers écrits philosophiques, Paris, Gallimard, 1988.
  • Simone Weil, Œuvres complètes, tome II : Écrits historiques et politiques, volume 1 : L'engagement syndical (1927-juillet 1934), Paris, Gallimard, 1988.
  • Simone Weil, Œuvres complètes, tome II : Écrits historiques et politiques, volume 2 : L'expérience ouvrière et l'adieu à la révolution (juillet 1934-juin 1937), Paris, Gallimard, 1991.
  • Simone Weil, Œuvres complètes, tome II : Écrits historiques et politiques, volume 3 : Vers la guerre (1937-1940), Paris, Gallimard, 1989.
  • Simone Weil, Œuvres complètes, tome V : Écrits de New York et de Londres, volume 2 : L'Enracinement, Prélude à une déclaration des devoirs envers l'être humain (1943), Paris, Gallimard, 2013.
  • Simone Weil, Œuvres complètes, tome VI : Cahiers, volume 1 (1933-septembre 1941), Paris, Gallimard, 1994.
  • Simone Weil, Œuvres complètes, tome VII : Correspondance, volume 1 : Correspondance familiale, Paris, Gallimard, 2012.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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BROUILLONS

Le travail contraint à fournir un effort soutenu, physique ou mental, pour produire une œuvre matérielle ou intellectuelle, que ce soit en s'appliquant à une tâche ou en se perfectionnant. Le perfectionnement peut aussi prendre la forme d'un « travail sur soi », auquel cas il s'agit d'une œuvre morale. Le travail suppose donc une peine, voire une souffrance. Cette définition usuelle du travail, qui le relie à un effort et l'identifie à une activité pénible et contraignante, semble aller de soi, dans la mesure où elle correspond à l'expérience vécue par la plupart des êtres humains lorsqu’ils travaillent / lorsque l'activité qu'ils exercent est assimilée au travail[1].

Le travail : réalisation de soi ou aliénation ? Servitude ou liberté ?

Simone Weil. Le travail dans les textes de la période 1927-1934. Le travail selon les Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale (1934). Le travail comme vocation spirituelle dans L'Enracinement

« L'homme est le seul animal qui doit travailler. Il lui faut d'abord beaucoup de préparation pour en venir à jouir de ce qui est supposé par sa conservation. La question de savoir si le Ciel n'aurait pas pris soin de nous avec plus de bienveillance, en nous offrant toutes les choses déjà préparées, de telle sorte que nous ne serions pas obligés de travailler, doit assurément recevoir une réponse négative : l'homme, en effet, a besoin d'occupations et même de celles qui impliquent une certaine contrainte. Il est tout aussi faux de s'imaginer que si Adam et Eve étaient demeurés au Paradis, ils n'auraient rien fait d'autre que d'être assis ensemble, chanter des chants pastoraux et contempler la beauté de la nature. L'ennui les eût torturés tout aussi bien que d'autres hommes dans une situation semblable.

L'homme doit être occupé de telle manière qu'il soit rempli par le but qu'il a devant les yeux, si bien qu'il ne se sente plus lui-même et que le meilleur repos soit pour lui celui qui suit le travail. Ainsi l'enfant doit être habitué à travailler. Et où donc le penchant au travail doit-il être cultivé, si ce n'est à l’école ? L'école est une culture par contrainte. Il est extrêmement mauvais d'habituer l'enfant à tout regarder comme un jeu. Il doit avoir du temps pour ses récréations, mais il doit aussi y avoir pour lui un temps où il travaille. Et si l'enfant ne voit pas d'abord à quoi sert cette contrainte, il s'avisera plus tard de sa grande utilité. »

Emmanuel KANT, Réflexions sur l’éducation, 1776-1786. Trad. fr. par A. Philonenko, Vrin, 1987, p. 110-111.

  • Philosophie du travail : activité, technicité, normativité, textes réunis par Franck Fischbach et Emmanuel Renault, Paris, Vrin, 2022. (Sans grand intérêt)
  • François Dagognet, Philosophie du travail, avec la contribution de Jean-Claude Beaune, Gérard Chazal, Robert Damien et Daniel Parrochia, Paris, Encre marine, 2013, 218 p.


Définition du travail

Le mot « travail » signifie à la fois la soumission à la nécessité et l'accession à la liberté : il faut travailler pour vivre, mais le travail et ses produits sont aussi une libération du joug imposé à l'homme par la nature.

L'origine du mot suggère l'idée d'un assujettissement : celui de l'homme à la nature et celui de l'homme par l'homme.

Le travail : de la nature à la culture

Le travail : servitude ou liberté ?

  1. Le Dictionnaire de philosophie de Gérard Durozoi et André Roussel (Nathan, 1990) définit classiquement le travail comme « une activité pénible et contraignante ». Dans le Dictionnaire de la philosophie de Didier Julia (Larousse, 1997), le travail est distingué de l'effort, « qui peut être désordonné », mais tout de même caractérisé par la contrainte, et décrit comme une activité qui ne peut pas être désintéressée. Les textes de Simone Weil — aussi bien les premiers écrits des années 1920 que L'Enracinement resté inachevé en 1943 —, réfutaient déjà ce lieu commun.