Utilisateur:TCY/Question du rapatriement en France de la dépouille de Napoléon III

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Napoléon III, mort en exil en Angleterre en 1873, y est enterré, aux cotés de son épouse, l'impératrice Eugénie et de leur fils unique, le prince impérial Louis-Napoléon dans la chapelle de l'abbaye Saint-Michel à Farnborough au sud de Londres. Honni sous la IIIe République, l'image de l'Empereur a évolué en France et depuis la fin du XXe siècle différentes personnalités ont demandé le rapatriement de ses cendres en France, demandes dont les médias se sont parfois fait l'écho mais sans que celles-ci n'aient jamais eu l'approbation des descendants de la famille impériale, ni aient été portées ou soutenues par l'État français.

Historique de son inhumation en Angleterre[modifier | modifier le code]

Sarcophage de Napoléon III à l'abbaye Saint-Michel à Farnborough

Napoléon III meurt en exil en Angleterre le 9 janvier 1873 dans sa résidence de Camden Place à Chislehurst. Il est inhumé quelques jours plus tard dans l'église catholique de cette petite ville au sud-est de Londres (aujourd'hui dans le borough londonien de Bromley). Leur fils unique, le prince impérial Louis-Napoléon y est également inhumé en 1879 après avoir été tué en Afrique du Sud lors de la guerre anglo-zoulou alors qu'il servait comme engagé volontaire dans l'armée britannique (il a été inhumé en uniforme anglais). En 1881, sa veuve, l'impératrice Eugénie fonde l'abbaye Saint-Michel à Farnborough, non loin d'où elle réside alors, dans le sud de l'Angleterre, abbaye confiée à des moines français, d'abord prémontrés puis bénédictins. Elle fait construire dans la chapelle abbatiale deux mausolées où Napoléon III et son fils sont réinhumés. Eugénie meurt au palais de Liria à Madrid en juillet 1920 et conformément à sa volonté de reposer à coté de son mari, elle est inhumée dans un troisième mausolée dans la chapelle abbatiale.

Question du rapatriement de la dépouille[modifier | modifier le code]

La question du rapatriement en France de la dépouille de Napoléon III ne se pose pas dans les années suivant sa mort. Aucun officiel français n'assiste aux obsèques de l'Empereur (mais plus de 6000 Français feront le déplacement sur les 60 000 personnes présentes aux funérailles). Le Second empire est alors un régime honni sous la IIIe République et l'Empereur fait l'objet d'une « légende noire ». Le gouvernement Millerand, en juillet 1920 ira même jusqu'à protester contre les honneurs que les Bénédictins avaient accordés à l'impératrice lors de ses obsèques, Eugénie était morte quelques jours plus tôt au palais de Liria à Madrid[1]..

Depuis les travaux d'historiens, dont ceux de Pierre Milza et d'Éric Anceau, l'image de l'empereur est devenue plus positive en France. Ainsi en 1988, le président François Mitterrand envoie un détachement de la Garde républicaine lors d'une messe de requiem pour Napoléon III à l'église Saint-Louis des Invalides[2].

Depuis la fin du XXe siècle, le rapatriement de la dépouille est quelque fois évoquée par différentes personnalités mais sans réel projet ou demande officielle de la France.

L'homme d'État gaulliste Philippe Seguin admirateur de l'Empereur et auteur d'une biographie — Louis-Napoléon le Grand — en 1990, était un partisan du retour de ses cendres, que selon son biographe Arnaud Teyssier, il évoquait fréquemment[3].

En 2007, Christian Estrosi alors secrétaire d'État à l'Outre mer sous la présidence de Nicolas Sarkozy et président du Conseil général des Alpes-Maritimes milita pour le rapatriement de la dépouille de Napoléon III en France[4]. Il se rendit ainsi à l'abbaye Saint-Michel le 10 décembre, date anniversaire de l'élection au suffrage universel de Louis-Napoléon Bonaparte comme président de la République[5]. Il souhaitait alors un rapatriement pour 2010 et le 150e anniversaire du rattachement du comté de Nice à la France[4].

En avril 2017, lors d'un meeting électoral à Ajaccio pour l'élection présidentielle, Marine Le Pen proposa que sa dépouille soit rapatriée en Corse[6].

L'abbé de Saint-Michel, le Britannique francophone Dom Cuthbert Brogan, a rappelé que ce genre de demande était formulée par les Français « tous les quinze ans environ »[4]. Il dit attendre, avant de se prononcer, une demande officielle du président de la République française.

Dom Cuthbert a précisé qu'avant la demande de Christian Estrosi, la dernière relation entre l'abbaye et l'État français avait été un télégramme du gouvernement français en juillet 1920 qui s'indignait des derniers honneurs que les Bénédictins avaient rendus à l'ex-impératrice Eugénie[1].

En janvier 2019, une pétition en ligne a été initiée par l'essayiste Dimitri Casali pour ce rapatriement[7],[2],[Note 1]. Selon la journaliste et chroniqueuse d'histoire Clémentine Portier-Kaltenbach, auteure de Histoires d'os et autres illustres abattis, « pourquoi ne pas envisager un retour pour 2023, à l'occasion des 150 ans de la mort de Napoléon III ? On n'a pas forcément besoin de beaucoup de flonflons… Ce ne serait que justice pour un souverain dont le règne s'est achevé brutalement à Sedan, mais qui a marqué profondément l'histoire de France »[7].

D'autres personnalités y sont plutôt opposés ou réticents. Ainsi en décembre 2017, le sénateur socialiste Bernard Piras posa une question écrite à la ministre de la Culture Christine Albanel pour savoir la réalité d'un projet de rapatriement de la dépouille de Napoléon III en soulignant « une certaine désapprobation de la part de nombre de nos concitoyens »[8]. La ministre répondit le 19 juin 2008 qu'« en l'absence d'une initiative préalable qui ne pourrait émaner que des seuls descendants de la famille impériale, le gouvernement français n'a aucune compétence pour remettre en cause les dernières volontés très clairement exprimées par l'impératrice Eugénie »[8].

Lors de la venue de Christian Estrosi, Dom Cuthber faisait remarqué que « contrairement aux Anglais, pas un Français ne vient se recueillir dans la crypte où est déposée sa dépouille »[2] et il ajoutait « Cette agitation fait souvent venir jusqu'à Farnborough un homme politique français. Mais, curieusement, ces visites ne donnent jamais suite… »[2].

Les descendants de la famille impériale ne se sont jamais montrés favorables à rapatriement de la dépouille de Napoléon III[2]. En 2008, l'ainé de la famille impériale, Charles Bonaparte, expliquait ainsi que « Londres n'étant plus qu'à deux heures de Paris, rien de plus facile que d'aller se recueillir sur les tombes impériales » et qu'il « ne voyait pas de nécessité à ce rapatriement dans «un monde ouvert où les échanges sont faciles» »[2].

De plus comme l'impératrice Eugénie avait formulé avant sa mort la volonté que la famille ne soit jamais séparée, il faudrait rapatrié les trois dépouilles de l'empereur, de l'impératrice et du prince[2].

Quel lieu d'inhumation ?[modifier | modifier le code]

Si la dépouille de Napoléon III était rapatriée en France, se poserait la question du lieu d'inhumation. Quelques lieux ont été évoqués:

L'endroit ou est inhumé Napoléon Ier parait le lieu le plus approprié mais se pose le problème de l'inhumation de son épouse à ses cotés et surtout de son fils, qui a servit et a été tué sous l'uniforme anglais et a été inhumé également sous cet uniforme.

église Saint-Augustin

Construite sous le Second empire dans l'actuel 8e arrondissement de Paris lors des grands travaux haussmanniens dans la capitale, l'Empereur avait prévu de se faire inhumer, lui et la famille impériale dans la crypte de l'église Saint-Augustin[9]. , faisant de l'église un « Saint-Denis impérial » avec un mausolée des Bonaparte[10]. Il s'y déroule d'ailleurs chaque 9 janvier, jour anniversaire de sa mort, une messe en mémoire de l'Empereur.

Napoléon III a passé une partie de son enfance à Saint-Leu-la-Forêt (aujourd'hui dans le Val-d'Oise) où en 1804 son père, Louis Bonaparte frère de l'empereur Napoléon Ier, avait fait l'acquisition d'un château et où il s'installa avec son épouse Hortense de Beauharnais[11]. Alors qu'il est président de la République, Louis-Napoléon Bonaparte fit reconstruire l'église du village et fit construire une crypte où sont aujourd'hui inhumé son père Louis Bonaparte et ses deux frères[11] Napoléon-Charles Bonaparte (1802-1807) et Napoléon-Louis Bonaparte (1804-1831). En 2008, le maire UMP de la ville, Sébastien Meurant, souhaitait publiquement cette inhumation dans sa commune[11].

  • La Corse

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le texte de la pétition comporte une erreur. Il est écrit « Sa dépouille est placée aujourd’hui sous la garde de moines anglicans ». Or les moines de l'abbaye Saint-Michel sont désormais anglais, ils sont toujours bénédictins donc catholiques.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b André Castelot, Napoléon III, tome 2.
  2. a b c d e f et g Benjamin Puech, « Une nouvelle pétition lancée pour rapatrier les cendres de Napoléon III en France », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. Arnaud Teyssier, « Une chronique d’Arnaud Teyssier : Napoléon III par Philippe Séguin », sur Napoleon.org (consulté le ).
  4. a b et c Georgette Elgey, « rendez-nous les cendres de Napoléon III ! », Historia, no 734,‎ , p. 20 (lire en ligne, consulté le )
  5. "Christian Estrosi : «J'envoie un message clair aux Anglais»".
  6. "Et là, Marine Le Pen propose de rapatrier les cendres de Napoléon III en Corse", Europe 1, 8 avril 2017.
  7. a et b Marc Fourny, « Faut-il rapatrier les cendres de Napoléon III ? », Le Point,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. a et b Sénat, « Rapatriement des cendres de Napoléon III - 13e législature », sur www.senat.fr, (consulté le ).
  9. "Eglise Saint-Augustin – Paris" par Karine Huguenau, sur le site de la fondation Napoléon.
  10. Stéphane Bern, « Napoléon III reposera-t-il un jour en terre de France ? », Le Figaro Magazine, semaine du 28 avril 2017, pages 84-85.
  11. a b et c « Le Val-d'Oise revendique les cendres de Napoléon III », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).