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Janine Reding

Activité principale pianiste, compositeur, pédagogue
Formation Chapelle musicale Reine Élisabeth
Maîtres Arthur De Greef, René Moulaert, Jean Absil
Conjoint Henry Piette

Répertoire

duo de piano

Janine Reding, mariée Reding-Piette, est une pianiste et pédagogue belge célèbre pour son interprétation, dans le duo Reding-Piette, du répertoire pour deux pianos.

Biographie[modifier | modifier le code]

Petite-fille du directeur du Théâtre royal de la Monnaie, Guillaume Guidé, et du directeur du Théâtre royal du Parc, Victor Reding, Janine Reding passe son enfance « au cœur d’une fermentation intellectuelle » à Bruxelles, ville bouillonnante et carrefour artistique européen en ce début de vingtième siècle, où, toute jeune, elle est mêlée au milieu des musiciens, des auteurs, des comédiens et des metteurs en scène. « Tous les artistes de passage à Bruxelles » tels les Raoul Pugno, Arthur De Greef, Francis Planté, Giacomo Puccini, Jules Massenet, Camille Saint-Saëns ou encore Isaac Albéniz viennent d’ailleurs jouer sur le piano à queue Pleyel de la famille sise rue Américaine.[1]

Son père, Ferdinand Reding, avocat et journaliste, et sa mère Yvonne Guidé[2], musicienne accomplie, lui offrent le cadre de vie typique d'une enfant de la bourgeoisie de l'époque où gouvernante et professeurs particuliers agrémentent un quotidien heureux mais profondément marqué par le travail, la rigueur et l'isolement.

Elle débute les cours de piano à l'âge de 6 ans puis devient la plus jeune élève d'Arthur De Greef à l'âge de 10, alors que ce dernier n’accepte que les étudiants adultes.[3] A la mort de celui-ci, elle suit les cours du chef d'orchestre Erich Kleiberet du pianiste Kurt Leimer (de). Janine Reding donne son premier récital en public à l'âge de 17 ans au musée Charlier où, malgré une panne d'électricité, elle continue son interprétation sous une tempête d'applaudissements.[4] A cette même époque, en novembre 1919, elle entre à la Chapelle musicale Reine Elisabeth récemment créé en qualité d'élève libre[5] et suit les cours d'harmonie de René Moulaert, d'histoire de la musique de Roger Bragard[6], d'acoustique de Monfort, de philosophie de Philippe Devaux, d'histoire de l'art de Paul Fierens et de contrepoint, de fugue et de composition de Jean Absil. C’est également là qu'elle fait la connaissance du jeune pianiste Henry Piette, pensionnaire de l'établissement et futur mari de celle qui deviendra Mme Janine Reding-Piette.

Le duo de pianos Reding-Piette[modifier | modifier le code]

Janine Reding sort agrégée de la Chapelle musicale en 1943, en même temps que Henry Piette et juste avant que n’éclate le double scandale qui résultera sur la fermeture pendant près de 12 ans de la Chapelle. C’est en mai 45 que, sur les conseils de Léon Guller, le jeune couple décide de se consacrer au répertoire pour deux pianos, répertoire auquel ils s'attaquent dès le mois de novembre de cette même année à l’occasion d'un concert de l'Institut national de radiodiffusion où ils créent la Scottish Ballad de Benjamin Britten. Sous l'impulsion de Marcel Cuvelier, alors directeur de la Société Philharmonique de Bruxelles, puis d’Ernest Ansermet, célèbre chef de l'Orchestre de la Radio Suisse Romande[7], et d'Émile Vuillermoz, influent critique musical français, le duo prend son envol en donnant notamment les premières auditions européennes de la Sonate pour deux pianos et percussion de Bela Bartók et sa version orchestrale.

Carrière internationale[modifier | modifier le code]

Dès lors, fort de ces appuis et de son talent, le duo débute une carrière internationale sous les meilleurs auspices. Bien que les deux pianistes n'aient pas le monopole du répertoire, ils se forgent une importante réputation qui leur permet d'étoffer leur répertoire des oeuvres pour deux pianos (en) et de jouer avec certains des plus grands chefs d'orchestres et ensembles de cette époque tels que, entre autres, Eugène Jochum, Lorin Maazel, Dean Dixon, Mario Rossi, Hans Schmidt-Isserstedt ou encore Eleazar de Carvalho, Charles Munch, André Cluytens, Rafael Kubelík, Paul van Kempen.

Au cours de sa carrière, le duo Reding-Piette a eu l'occasion de travailler la quasi-totalité du répertoire pour deux pianos. En outre, il a également eu l'honneur de monter de nombreuses créations dont certaines écrites spécialement pour lui[8]. Parmi celles-ci, notons la création mondiale (CM) Scottish Ballad de Benjamin Britten et la première belge de la version orchestrale de la Sonate pour deux pianos et percussion de Bela Bartók déjà citées mais aussi la première européenne du Concerto pour deux pianos de Bohuslav Martinu, la création à Bruxelles de la [Sonate pour deux pianos]] d'Igor Stravinsky, les CM de la 5e symphonie "In Ecco" ainsi que celle du Concerto pour deux pianos de Malipiero à Bruxelles et au Festival de Besançon, la CM du concerto de Darius Milhaud et enfin la création à la Philharmonique de Berlin puis à Tokyo du concerto de Francis Poulenc.

Outre les relations professionnelles, Janine Reding et Henry Piette eurent l'occasion de nouer de nombreuses relations d'amitiés avec des compositeurs renommés tels que Bohuslav Martinu, Malipeiro, Benjamin Britten, Darius Milhaud, Frank Martin, Paul Hindemith, Aram Khatchatourian, Alexandre Tansman ou encore Francis Poulenc ainsi qu'avec d'autres personnalités musicales de premier plan comme le critique Émile Vuillermoz, les chefs d'orchestre Issay Dobrowen, André Cluytens, Rafael Kubelík, Igor Markevitch, Charles Munch, les interprètes Nicole Henriot-Schweitzer, Samson François, Alfred Cortot, Marcel Ciampi, Magda Tagliaferro, Jacques Thibaud, Arthur Grumiaux, Erika Morini ou encore la Reine Élisabeth de Belgique

Désireux de favoriser la spontanéité et l'authenticité, le duo Reding-Piette s'est toujours refusé à participer à des enregistrements de ce qu'ils considéraient être de la musique en conserve, conception relative aux procédés discographiques de l'époque utilisant des fragments musicaux greffés les uns aux autres. Toutefois, après la mort de son époux Henry Piette en 1987 et sur les conseils de la pianiste anglaise Moura Lympany, Janine Reding, désireuse de laisser une trace de leurs prestations et acquise aux nouvelles préférences d'enregistrements en "live" des maisons de disques, changea d'avis. Elle se chargea donc de rassembler les différentes sessions d'enregistrements que le duo avait effectué dans les institutions radiophoniques à travers le monde et fit éditer cette compilation auprès de la firme anglaise Olympia Compact Discs Ltd. (nl).

Suite à la sortie de cette anthologie, Janine Reding-Piette est contactée par de nombreuses universités afin de donner des Master Class. C'est ainsi qu'elle a pu donner des cours à l'Occidental College et l'UCLA à Los Angeles, l'Oberlin Conservatory of Music, le Peabody Institute de Baltimore, à l'Université Karlovy de Prague, à l'Académie Franz Liszt de Budapest avant de fixer ses cours particuliers à son lieu de résidence, Monaco.

L'éventail[modifier | modifier le code]

Fondé en 1888 par Max Waller, Frédéric Rotiers et Victor Reding, le Journal hebdomadaire théâtral, littéraire, artisitique et mondain L'Éventail s'apparente dès le début du XXe siècle comme le "seul programme officiel des théâtres royaux de la Monnaie et du Parc et des Concerts populaires".[9] Fernand Reding, père de Janine, en avait pris la direction en 1924 et, après le décès de son père puis de sa belle-mère en 1948, celle-ci décide de reprendre le flambeau.

Le journal, en plus de sa vocation officielle, est "en Belgique le périodique qui renseigne le mieux ses lecteurs sur tout ce qui concerne le mouvement diplomatique et consulaire. Admirablement documenté, il annonce les déplacements des diplomates belges et des diplomates étrangers accrédités auprès du Roi des belges. Réservant souvent une colonne à un article traitant de questions diplomatiques, il trace parfois la biographie d'un diplomate"[10]. Fidèle à la ligne éditoriale précédemment établie, Janine Reding assure la direction mondaine du journal tout en conservant son intense activité d'interpète. Après 20 années passées à mener cette double vie, qui du reste lui permet de rencontrer des personnalités de la scène politique internationale telles que Valéry Giscard d'Estaing, Henry Kissinger, Golda Meir ou encore la reine Elizabeth d'Angleterre, elle décide de revendre le journal qui "passant de main en main, a vu sa formule irremplaçable évoluer".[11]

Répertoire du duo[modifier | modifier le code]

Compositeur Deux pianos avec orchestre Deux pianos
Jean Absil Rhapsodie n° 5 : 6 danses Bulgares, pour 2 pianos, opus 102
Jehan Alain Litanies (JA119a)
Georges Auric Partita
Carl Philipp Emanuel Bach Concerto en fa majeur
Johann Christian Bach Sonate en sol majeur
Johann Sebastian Bach Concerto en ut majeur (BWV 1061) Sonate en mi b
Concerto en ut mineur (BWV 1060) Choral
Concerto en ut mineur (BWV 1062) Passaglia
Ouverture en ré majeur
Wilhelm Friedemann Bach Sonate en fa majeur (Falck 10)
Béla Bartók Concerto (adaptation de la sonate pour deux pianos et percussion) Sonate pour deux pianos et percussion
Mikrokosmos
Arthur Benjamin Jamaican Rumba
Two Jamaican street songs
Johannes Brahms Sonate en fa mineur (op. 34 bis)
Variations sur un thème de Haydn (op. 56 b)
Valses
Benjamin Britten Scottish Ballad Rhapsodie élégiaque
Ferruccio Busoni Duo concertant d'après Mozart
Emmanuel Chabrier Trois valses romantiques
Frédéric Chopin Rondo pour deux pianos (op. 73)
Dmitri Chostakovitch Concertino en la mineur op. 94
Muzio Clementi Deux sonates en si b (op. 1bis & 12)
François Couperin Allemande
Claude Debussy En blanc et noir
Lindaraja
René Defossez Caprices de ma poupée
Arthur De Greef Sonate
Johnny Guarnieri Danse Nègre
Anton Heiller Toccata pour deux claviers
Jean Françaix 8 danses exotiques
Eugène Goossens Rythmic dance
Paul Hindemith Sonate pour deux pianos
Manuel Infante Danses andalouses
Musique d'Espagne
Léon Jongen Divertissement en forme de variation sur un thème de Haydn
Gian Francesco Malipiero 5ème Symphonie (in ecco)
Concerto (57)
Frank Martin Etude (d'après les Etudes pour orchestre à cordes)
Bohuslav Martinů Concerto Trois danses tchèques
3 Ricercare
Felix Mendelssohn Concerto pour deux pianos en mi majeur
Olivier Messiaen Neumes rythmiques
Darius Milhaud Concerto pour deux pianos Bal martiniquais
Scaramouche
Kentuckiana
Wolfgang Amadeus Mozart Concerto pour deux pianos en mi bémol majeur, K. 365 Adagio et fugue en ut mineur, K. 546
Sonate en ré majeur pour deux pianos
Bernardo Pasquini Trois Sonates
Giovanni Battista Pergolesi Concerto
Marcel Poot Rhaspodie
Francis Poulenc Concerto en ré mineur pour deux pianos et orchestre Embarquement pour Cythère
Sonate pour deux pianos
Camille Saint-Saëns Le Carnaval des animaux Variations sur un thème de Beethoven
Florent Schmitt Rhapsodie viennoise
Robert Schumann Andante en variations (op. 46)
Igor Stravinsky Concerto per due pianoforti
Sonate pour deux pianos
Germaine Tailleferre Jeux de plein air
Alexandre Tansman Fantaisie sur des Valses de Johann Strauss pour 2 pianos
Théo Ysaÿe Variations pour deux pianos (op. 10)

Concours international et Fondation Reding-Piette[modifier | modifier le code]

Dans le but de diffuser et valoriser le répertoire pour deux pianos et de favoriser les jeunes duos professionnels, Janine Reding-Piette a mis sur pied le Concours international Reding-Piette pour duos de piano en 1995 et la Fondation Reding-Piette dans cette même perspective en 1998. Le concours s'est déroulé en trois occasions, à Polička et Prague lors de la première édition du 5 au 11 juillet 1995[12] puis à Neuchâtel et La Chaux-De-Fonds lors des sessions suivantes du 22 au 28 juin 1998 et du 23 juin au 1er juillet 2001[13]. Dans la prolongation de cette perspective et en marge de cette troisième édition sont venus se greffer un Festival international de duos de piano itinérant du 2 au 7 juillet ainsi qu'un séminaire dirigé par Janine Reding du 9 au 23 juillet de cette même année 2001.[14]

Le festival international et itinérant prévu en 2007 ainsi que la quatrième édition du concours, programmée pour l'été 2008 au Conservatoire royal de Bruxelles, furent finalement annulées.

Le fonds Janine Reding-Piette[modifier | modifier le code]

Basé sur une donation de Janine Reding-Piette initiée en 1987 et complétée progressivement jusqu'au dernier complément daté de 2009, le fonds conservé à la section de la musique de la Bibliothèque royale de Belgique, contient des documents traitant de la carrière musicale du duo Reding-Piette mais également de celle du grand-père de la donatrice, Guillaume Guidé. Outre le carnet d'autographes d'Yvonne Guidé, mère de Janine Reding, contenant des feuillets autographes des personnalités musicales influentes du début du XXe siècle, de nombreuses partitions imprimées et autographes, des photographies ainsi que de la correspondance adressée au duo constituent une partie des nombreuses richesses documentaires de ce fonds. S'étalant depuis le début du XXe siècle jusqu'aux années 1980, ces documents nous permettent d'enrichir de manière importante nos connaissances sur la vie musicale de cette époque en Belgique et à l'étranger.

(Plus d'informations sur le fonds)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

  • Reding-Piette J., 2 pianos, une vocation, Bruxelles, La Longue Vue, 1992.
  • Fondation Reding-Piette, Programmes du Concours international Reding-Piette pour duos de piano, Genève, 1995,1998,2001,2006-2008.
  • Reding and Piette, Concerto for Two Pianos and Orchestra by Martinu, Tokyo, King Record Co., 1996, 1 CD + livret de Julian Haylock.
  • Reding and Piette, The Reding & Piette legacy, Two piano concertos with orchestra by Martinu, Bartok, Malipiero. Two piano works by Brahms, Schumann, Debussy... Live performances with Rafael Kubelik, Charles Munch, Eugen Jochum, [S.l], Doremi, 2004, 3 CD + livret de Stéphane Villemin.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Reding-Piette J., 2 pianos, une vocation, Bruxelles, La Longue Vue, 1992, p. 7-19.
  2. Il est intéressant de noter que le carnet d'autographes d'Yvonne Guidé, carnet comprenant de nombreux autographes célèbres récoltés grâce au réseau de son père directeur du Théâtre royal de la Monnaie, Guillaume Guidé, est conservé à la Bibliothèque royale de Belgique. Un exemplaire numérisé peut être consulté sur la bibliothèque numérique Belgica.
  3. Reding-Piette J., 2 pianos, une vocation, Bruxelles, La Longue Vue, 1992, p. 16-17.
  4. Reding-Piette J., 2 pianos, une vocation, Bruxelles, La Longue Vue, 1992, p. 18.
  5. A l’origine, seuls les étudiants ayant obtenu un diplôme de virtuosité dans l'un des Conservatoires royaux de Belgique étaient admis. Ne répondant pas à ce critère, un statut spécial fut créé pour la circonstance.
  6. Cornaz M., "Bragard, Roger." Grove Music Online. Oxford Music Online. Oxford University Press. Web. 9 Apr. 2015. (voir l'article).
  7. Goodwin N., "Ansermet, Ernest", Grove Music Online. Oxford Music Online, Oxford University Press, Web. 9 Apr. 2015, (voir l'article).
  8. Notons parmis les pièces composées pour le duo les contributions de Malipiero, Franck Martin, Camargo Guarnieri, Marcel Poot, Alexandre Tansman et René Defossez.
  9. Annuaire Générale de la Presse belge, 1927-1928, p. 110.
  10. Baron A. de Rosée, « Les revues diplomatiques et consulaires », Revue de la presse périodique : Bulletin de l'Association des Journalistes périodiques belges et étrangers, n°1 (25e année), mars 1927, Bruxelles, p. 14.
  11. Reding-Piette J., 2 pianos, une vocation, Bruxelles, La Longue Vue, 1992, p. 93-96.
  12. Le premier prix avait alors été décerné au duo Christos Papageorgiou & Gerog Petrou.
  13. Le premier prix de cette édition fut attribué au duo Vitaly Yunitzkiy & Nataliya Morozowa.
  14. Fondation Reding-Piette, Programme du Concours international Reding-Piette pour duos de piano, Genève, 2001.