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Jan Karski
Description de cette image, également commentée ci-après
Jan Karski
Nom de naissance Jan Kozielewski
Naissance
Łódź
Décès (à 86 ans)
Washington
Nationalité Polonais et citoyen des États-Unis (1954)

Jan Karski, né Jan Kozielewski le à Lodz, décédé le à Washington, est un diplomate polonais, héros de la Résistance polonaise durant la Seconde Guerre mondiale sous le pseudonyme de Witold, devenu après la guerre citoyen des États-Unis, professeur de relations internationales et historien.

Il est célèbre pour avoir contribué à faire connaître les modalités du génocide nazi des Juifs européens en Pologne, et en avoir témoigné auprès des gouvernements Alliés dès novembre 1942 ; puis témoigné encore à partir de 1980 afin de contrer des opinions négationnistes.

Biographie[modifier | modifier le code]

Formation[modifier | modifier le code]

Jan Karski a grandi dans une famille modeste, son père, propriétaire d’une petite fabrique d'objets en cuir, étant mort lorsqu'il avait six ans. Mère simple, très catholique « mais »[1] tolérante. Un frère de dix-huit ans son aîné, commandant de la police départementale de Lwov en Galicie puis, en 1934, commandant des polices de Varsovie. Quatre autres enfants vivants (deux morts en bas âge), tous plus âgés que lui et ayant bénéficié d'études secondaires.

Son époque était celle du renouveau patriotique de la Pologne, après 123 ans de partitions et absorptions par ses voisins russes, autrichiens et prussiens, puis six années de guerre beaucoup plus terrible qu'en France (1914-1920). La famille était Pilsudskiste, vivait dans le culte du maréchal, “le père de la patrie”.

Jan achève le lycée en 1931. Il fait à l'université de Lwov des études de Droit et de Relations internationales (« la Diplomatie »). Diplômé en 1935, il effectue son service militaire dans l'Artillerie à cheval, obtient le grade de sous-lieutenant, major de sa promotion, honoré d'une décoration remise par le Président de la République en personne.

En 1936, il entre au ministère des Affaires étrangères. Dix-neuf mois de stages à l’étranger lui font connaître Genève (huit mois à l'OIT) et Londres (onze mois au Consulat de Pologne). De retour à Varsovie, il suit une formation diplomatique supérieure, qu'il termine major sur vingt candidats. Il est titularisé en février 1939 comme fonctionnaire de 1ère catégorie, promis à une belle carrière.

Seconde Guerre Mondiale[modifier | modifier le code]

Échappe aux Soviétiques et aux Nazis[modifier | modifier le code]

Le 1er septembre 1949, la guerre le surprend au camp militaire polonais d'Auschwitz (Oświęcim) où il avait été mobilisé. A 5h10 du matin, explosions de bombes tandis qu'il se rasait, et défaite immédiate : les chevaux de sa compagnie d'artillerie montée, effrayés par les bombes, s'affolent et détruisent tout. Sa compagnie s'enfuie vers l'est, de proche en proche rattrapée par les bombardements, et il arrive le 17 septembre à Ternopil, où des centaines de milliers de réfugiés s'agglutinaient (ouest de l'actuelle Ukraine, mais extrême est de la Pologne d'alors, proche de l'Union soviétique). Il lui faut vendre son appareil photo pour survivre, et se débarrasser de sa décoration présidentielle devenue dangereuse en présence des Soviétiques. Lesquels, arrivant dans leurs tanks, leur font déposer les armes et les emmènent dans des wagons à bestiaux, jusqu'à l'un des huit camps prévus pour recevoir les 126 000 prisonniers de guerre polonais, à Kozelshchyna (en) près de Kiev, en Ukraine. Il n'y reste que quatre mois, car fin octobre 1939 il s'en échappe dans le cadre d'un échange de prisonniers entre l'Allemagne et la Russie, en se faisant passer pour un simple soldat qui demande à retourner en Pologne récemment annexée par le Troisième Reich — échappant ainsi au sort réservé par Staline aux officiers et cadres civils polonais, dont le Massacre de Katyń est le plus emblématique.

Interné d'abord par les Allemands dans un camp près de Kielce, il s'échappe à nouveau (novembre 1939) en sautant du train en marche vers un camp de travail forcé, puis regagne à pied Varsovie.

Courrier diplomatique de la Résistance polonaise[modifier | modifier le code]

Karsi entre dans la Résistance guidé par son frère Marian Kozielewski, maintenu commandant de la police de Varsovie par les Allemands, mais organisateur en sous-main de réseaux clandestins. Il y devient « courrier diplomatique »[2], agent de liaison entre les administrations passées dans la clandestinité et le gouvernement en exil à Angers puis à Londres.

Ces missions consistaient à porter à l'Ouest les rapports microfilmés, et à transmettre les informations, que les administrations clandestines et l'Armée secrète voulaient faire parvenir au gouvernement ; et au retour à rapporter les instructions du gouvernement pour le front. Ces émissaires devaient en outre faire connaître les sensibilités et doléances particulières des différentes groupes et partis combattants, ce qui réclamait du doigté et de l'impartialité ; il semble que Karski, diplomate sachant se tenir au dessus des factions, ait su gagner la confiance de tous.

Sa première mission, entre janvier et avril 1940, le conduit en France, à Paris et Angers. Elle est importante en ce qu'au retour il porte les instructions du gouvernement pour la structuration de l'administration qui entre en résistance. Auparavant son ministre de l'intérieur, Stanisław Kot, lui a fait rédiger à Angers quatre études, qui témoignent de sa grande fermeté et maturité, quoiqu'il n'ait alors que vingt-cinq ans (voir ci-dessous).

La seconde mission a lieu la même année, en juin, mais il est arrêté en Slovaquie et torturé par la Gestapo. Il tente le suicide, en réchappe et peut, pour la troisième fois, encore s’évader, quoique sérieusement blessé. La Résistance lui confie alors des tâches mineures, au Bureau d'information et de propagande.

En octobre 1942 il effectue sa troisième mission de courrier diplomatique, celle qui le rendra célèbre et qui sera la dernière : il ne reviendra en Pologne ?? qu'après 1989. Parti sous l'identité d'un travailleur français de Varsovie, il traverse l'Allemagne, puis la France occupée, puis l'Espagne jusqu'à Gibraltar, d'où il gagne Londres en avion. Il était porteur de nombreux rapports, messages et demandes à remettre au gouvernement en exil à Londres et à différents partis politiques et organisations ayant leurs directions ou représentants à Londres. Dont « plus d’un millier de pages sur microfilms ».

Autres missions dans la Résistance en Pologne[modifier | modifier le code]

Dans la Résistance, Karski était formellement un employé du Bureau de l'Information et de la Propagande de l'Armée secrète. En 1940, il y exerçait à un rang subalterne, en création de fausses nouvelles pour l'ennemi allemand, des campagnes de démoralisation[C 1]. Puis, passant de la propagande à l'information, il eut à coordonner la lecture des journaux et l'audition des radios pour en tirer un résumé à l'usage des dirigeants de la Résistance.

Il fut aussi agent de liaison et de coordination entre les quatre partis politiques qui constituaient la résistance polonaise. Comme tel il avait à connaître les intérêts voire secrets de chacun, et à les présenter impartialement, ce qui supposait que chaque parti lui faisait confiance. C'est ainsi qu'il se présente au début de son intervention à la BBC en juillet 1943 :

« Ma fonction était de rester en contact avec toutes les parties de la Résistance, y compris l'Organisation juive social-démocrate de Pologne. »

Auprès des gouvernements étrangers[modifier | modifier le code]

A Londres à la fin de 1942 Karski est d'abord retenu par les services spéciaux, qui tentent de lui arracher ses informations en vain. Mais dès qu'autorisé par son gouvernement, il rencontre des officiels britanniques, jusqu'au ministre des affaires étrangères Anthony Eden, et jusqu'à la Chambre des communes où il « parla de la structure de l'État polonais clandestin »[3].

A Washington, dans le bureau du Président Roosevelt, fin juin 1943, c'est encore des activités de la résistance polonaise dont il est surtout question[4]. L'ambassadeur de Pologne a laissé quinze pages de ses mémoires décrivant cette audience, qui montrent comment Karski savait décrire la situation en Pologne[C 2] : détails sur les rations alimentaires, le manque de charbon, les réquisitions et la perfidie des Allemands et leur vénalité, les méthodes de travail du maquis, son organisation politique et militaire, l'itinéraire des sorties vers l'Angleterre, « le travail des journalistes qui réussissaient à publier cent douze journaux secrets », les stations secrètes de radio, les parachutages et éventuelles pistes d'atterrissage secrètes, les Polonais déportés travaillant en Allemagne, la situation en Prusse-Orientale, les agissements des communistes et des agents soviétiques en Pologne, leurs forces et leurs efforts d'infiltration.

L'ambassadeur Ciechanowski dit encore qu'il lui fit rencontrer à Washington « des personnalités civiles et militaires de premier plan et des amis que j'avais dans les milieux politiques », certains selon Karski recommandés par la Maison-Blanche, dont des ministres et l'archevêque.

Vie aux États-Unis (1945-2000)[modifier | modifier le code]

Devenu une personnalité du gouvernement national que la Russie soviétique traquait, après la guerre il reste en exil et s'installe aux États-Unis où son livre lui avait déjà acquis de la renommée. Il y fait également venir son frère aîné Marian. Il devient citoyen des États-Unis en 1954.

Professeur d'université et historien[modifier | modifier le code]

Il obtient en 1952 un PhD à l'université catholique Georgetown à Washington. Il y enseigne ensuite pendant quarante ans les Relations internationales, spécialisé dans le domaine des affaires Est-européennes et l'étude comparative des gouvernements, dans la section School of Foreign Service. En 1974 il entame avec le Programme Fulbright son étude magistrale sur les rapports entre les grandes puissances et la Pologne entre 1919 et 1945, qu'il publie en 1985 (voir bibiographie).

Lutte contre le communisme[modifier | modifier le code]

En 1956, devant une commission de la Chambre des Représentants des États-Unis, à la demande : Dans quel domaine enseignez-vous ? Karski répondait : « Le communisme et les méthodes soviétiques de conquête en Europe de l'Est. L'année dernière le Département d'Etat m'a envoyé dans huit pays comme conférencier, entre autres, sur le communisme et la vie aux Etats-Unis » (voir Interviews). Il conseillait aussi des membres de l'administration américaine luttant contre le communisme[C 3].

Liens avec la Pologne à partir de ?1980[modifier | modifier le code]

Avec Lech Walesa[modifier | modifier le code]

Lech Walesa

Avec ses successeurs[modifier | modifier le code]

????

Avec le pape Jean-Paul II[modifier | modifier le code]

Contact?? Absence?? à mettre en parallèle avec l'échec de la démarche du président polonais en 1943 auprès de Pie XII?? Ou du jugement qu'il portait sur toutes les autorités de l'époque??

Un livre à succès : L'Etat clandestin (1944)[modifier | modifier le code]

Ce livre était une opération de communication du gouvernement polonais de Londres afin d'obtenir des soutiens aux Etats-Unis, devenu un best-seller par l'habileté d'un agent d'édition renommé. Karski avait été envoyé aux Etats-unis en février 1944 afin de faire produire à Hollywood un film à la gloire de la Pologne résistante. L'affaire ne se faisant pas, un agent d'édition[N 1] est trouvé, qui aide Karski pour la rédaction de son livre et assure sa promotion : résultat, plus que quatre cents mille exemplaires vendus[5].

Deux titres[modifier | modifier le code]

Autre effet de l'intérêt des éditeurs, le titre a évolué. Il était initialement : « Story of a Secret State » (Histoire d'un Etat clandestin). Il désignait le sujet central, d'autant plus que Karski, revenant en Pologne après sa première mission, avait été porteur des instructions du gouvernement pour la structuration des organisations de l’État entré en clandestinité, et avait contribué à leur mise en œuvre. Plusieurs chapitres (ch. 11, 19, 22 à 28) ne parlent que de cette organisation, qui fut unique en Europe sous le joug nazi et que le gouvernement en exil à Londres voulait à bon droit magnifier. Beaucoup d'autres parlent des souffrances terribles infligées aux Polonais par les Allemands, du sort cruel des résistants aux mains de la Gestapo, un chapitre même consacré aux femmes agents de liaison (ch. 25).

Deux chapitres seulement concernent la situation des Juifs dans la Pologne d'alors (ch. 29 et 30). Leur gravité attirant mieux l'attention du public, dès la traduction française parue en 1948 le sous-titre du dernier chapitre fut mis en avant, et le titre français devint : Mon témoignage devant le monde - Histoire d'un État secret. Après 2000 des rééditions anglo-saxonnes l'imiteront. Ainsi la révélation à l'Ouest du martyr juif en Pologne prit le pas sur l'aventure d'un Etat entré en clandestinité, et il s'en est suivi des confusions (voir ci-dessous).

Seconde édition revue et corrigée (1999)[modifier | modifier le code]

Le livre de Karski avait été interdit en Pologne par le pouvoir communiste. La première édition en polonais ne sort qu'en 1999 et à cette occasion des modifications ont été apportées par Karski, répercutées dans les rééditions françaises, américaines et anglaises (voir liste des éditions).

DÉTAILLER ici la nature de ces modifications, avec exemples

Témoignages sur la Shoah[modifier | modifier le code]

Attitude initiale vis-à-vis des Juifs polonais[modifier | modifier le code]

Karski n'était pas juif mais très catholique et nationaliste. Pourtant, dans une époque où l'antisémite en Pologne était fréquent, il venait d'un milieu plutôt tolérant, tandis que le Bureau d'information et de propagande où il travaillait paraît aussi avoir été plus ouvert[C 4].

Un document témoigne de l'attitude de Karski en 1940, la quatrième des études que lui avait commandées Stanislaw Kot, ministre de l'Intérieur, intitulée Le problème juif dans la mère patrie[6]. Karski, qui n'a alors que 25 ans, doit, étant à Angers, débroussailler ce sujet particulièrement difficile et qu'il n'a pas étudié. Il s'y montre clair et ferme, à la fois cinglant quant au traitement que les Allemands réserve aux Juifs, et critique autant du comportement de nombreux Polonais vis-à-vis des Juifs, que de celui des Juifs en Pologne occupée par la Russie soviétique. Et il ne mâche pas ses mots[C 5], au point que le ministre fait rédiger par ses assistants quatre variantes en mode mineur, politiquement correct, atténuant 1/9 de son texte, pour éventuelle distribution hors de la sphère gouvernementale.

Sa première déclaration publique, lue par Arthur Koestler en juillet 1943 à la BBC, est significative :

« Je ne suis pas juif et avant la guerre j'avais très peu de contacts avec les Juifs ; en fait, je ne connaissais pratiquement rien les concernant. Mais, à présent, l'extermination des Juifs revêt une importance particulière (a special significance). »

Mission confiée par la résistance juive[modifier | modifier le code]

En 1942, lors de la montée en puissante de l'extermination des Juifs d'Europe, après le commencement de l'anéantissement du ghetto de Varsovie, avant son départ vers Londres et après avoir été chargé de mission par le commandement suprême de la Résistance, il rencontre deux représentants d'organisations juives polonaises (l'un Léon Feiner, du Bund, le Parti socialiste juif ; l'autre sioniste, probablement Monachem Kirszenbaum). La narration qu'il fait de ces rencontres (ch. 29 et 30) est apocalyptique :

« Ce que j’appris alors au cours de nos rencontres dans cette maison, et plus tard, quand je fus amené à constater les faits par moi-même, était horrible, au-delà de toute expression. Je connais l’Histoire. J’ai beaucoup étudié l’évolution des nations, des systèmes politiques, des doctrines sociales, des méthodes de conquête, de persécution et d’extermination et je sais aussi que jamais dans l’histoire de l’humanité, jamais nulle part dans le domaine des relations entre les êtres humains, il n’était arrivé rien qui pût être comparé à ce qui a été infligé à la population juive de Pologne. »

Il accepte de visiter, à chaque fois au péril de sa vie, en septembre 1942, deux fois le ghetto de Varsovie et une fois un camp d'extermination[C 6].

Également, il accepte et est autorisé à porter au gouvernement polonais à Londres les rapports et requêtes particulières de ces organisations ; et il s'engage à tenter d'influencer l'opinion publique occidentale en leur faveur[C 7].

A Londres (1942-1943)[modifier | modifier le code]

Adresse polonaise aux Gouvernements Alliés, 10 décembre 1942

Karsi arrive à Londres le 25 novembre 1942. Les microfilms[N 2] qu'il transportait, acheminés par une autre voie[7], l'avaient précédés de huit jours. Déjà le gouvernement polonais les avait décodés et en avait extrait les informations sur la persécution des Juifs, en deux pages rédigées en anglais, concluant que plus d'un millions de Juifs avaient déjà été exterminés ; document communiqué à la presse le 26 novembre[8].

Le 2 décembre 1942 devant le Conseil des ministres polonais, et en audience particulière avec des membres du gouvernement, Karski présente les demandes de la résistance juive, en ajoutant le témoignage de ce qu'il avait vu. Il s'en suivit :

  • Le 10 décembre, le gouvernement de Pologne à Londres adresse aux gouvernements alliés une note sur « L'extermination massive des Juifs en Pologne occupée par l'Allemagne ».
  • Le 17 décembre au soir, le ministre polonais des Affaires étrangères en révèle publiquement le contenu à la BBC[C 8].
  • Le même jour les gouvernements anglais et américain publient la Déclaration conjointe des Membres des Nations unies, qui fait la Une de nombreux journaux, dont le New York Times[9].

Suivant les ordres de son gouvernement, Karski s'entretient de ce sujet avec des officiels anglais, dont Anthony Eden, ministre britannique des Affaires étrangères, et d'autres personnalités. Ignavy Schwarzbart, dont le télégramme intercepté par la censure anglaise laisse date certaine[C 9] fut l'un des premiers. Karski rencontre également des écrivains[C 10], dont Thomas Mann, et à la BBC, Arthur Koestler lira en juillet 1943 le premier écrit public de Jan Karski : The Jewish Mass Executions (Les exécutions de masse des Juifs - Rapport d'un témoin oculaire), texte de quatre pages :

« La politique (des Allemands) envers les Juifs est différente. Ce n'est pas une politique de subjugation et d'oppression, mais de froide et systématique extermination. C'est le premier exemple de l'histoire moderne où une nation entière (pas 10, 20 ou 30, mais 100 pour cent d'entre eux) est supposée disparaître de cette terre. »
« Depuis les ghettos, ils sont "emmenés vers l'Est", selon la terminologie officielle, en fait vers les camps d'extermination de Belzec, Treblinka et Sobibor. Dans ces camps, ils sont tués par groupes de 1000 à 6000 avec différentes méthodes, y compris le gaz. »

Effets de sa mission[modifier | modifier le code]

Les informations apportées par Karski en 1942 à Londres n'étaient pas nouvelles. Des preuves et témoignages s'accumulaient depuis de nombreux mois, par voie officielle[10] ou dans la presse[11]. Mais les organisations juives avaient transmis des rapports détaillés avec des demandes terriblement pressantes, et pour la première fois un témoin oculaire, non juif, respecté et soutenu par son gouvernement, en confirmait les aspects les plus incroyables.

Moins d'un mois après son arrivée à Londres, la Déclaration conjointe des Membres des Nations unies fut l'effet public maximal des efforts de Karski. Sans lui, il est probable qu'en 1942 il n'y aurait pas eu de condamnation du génocide en cours[12].

Cette déclaration des Alliés condamnait les atrocités nazis et annonçait un châtiment. Mais elle ne s'accompagner d'aucune mesure pour interrompre, ou freiner, le processus d'annihilation des Juifs d'Europe ; Goebbels railla cette Déclaration et Himmler, Heidrich, Eichmann eurent tout le loisir d'aller chercher des Juifs jusqu'au 23 juillet 1944 à Rhodes, leur faire faire 23 jours de voyage afin de les tuer, sans obstacle. Karski l'a plus tard résumé en ces termes :

« [les institutions n'ont pas...] ».

A Washington (1943)[modifier | modifier le code]

Outre les informations sur la résistance polonaise, qui étaient principales (voir ci-dessus), Karski évoquait aussi le génocide des Juifs par les nazis. Jusque dans le bureau de Roosevelt il a rapporté l'exigence la plus terrible des résistants juifs, c'est-à-dire, selon ce qu'en a noté l'ambassadeur Ciechanowski[C 2] :

« Nos autorités clandestines m'ont chargé de dire aux autorités militaires anglaises et américaines que seules des représailles directes pouvaient arrêter ou au moins limiter les massacres, telles que des bombardements massifs de villes allemandes après avoir jeté des tracts avertissant la population que ces bombardements étaient exécutés en représailles de l'extermination systématique des Juifs. Telle est l'opinion des leaders juifs de Pologne, qui m'ont également chargé de cette même mission auprès des leaders juifs américains et des gouvernements alliés. »

De ce génocide il a parlé avec tous ceux que l'ambassade de Pologne a convié, l'archevêque, des leaders juifs, notamment le Chief Justice Frankfurter, qui avouait ne pas « pouvoir » y croire. Et à des membres de l'administration recommandés par la Présidence.

Dans son livre (1944)[modifier | modifier le code]

Sur les trente-trois chapitres de son livre, deux seulement sont consacrés à la situation des Juifs en Pologne (ch. 29 et 30). Mais les mots sont forts.

« Je savais qu’au moment [sept. 1942] où ces deux êtres malheureux me transmettaient ce message dramatique, les nazis étaient déjà parvenus à massacrer 1 850 000 Juifs. Ils m’avaient préparé un rapport minutieux sur la mortalité juive en Pologne. »
« Je blêmis... En deux mois et demi, dans le seul ghetto de Varsovie, les nazis avaient commis trois cent mille assassinats ! C’est de cela que je devais informer le monde. »
Sur le ghetto de Varsovie : « Était-ce un cimetière ? Non, car ces corps se mouvaient encore, pris souvent d’une agitation violente ; ils étaient encore vivants, mais à part la peau qui les recouvrait, les yeux et la voix, il n’y avait plus rien d’humain dans ces formes palpitantes. Partout, c’était la faim, la souffrance, l’horrible puanteur des cadavres en décomposition, les plaintes déchirantes des enfants à l’agonie, les cris de désespoir d’un peuple se débattant dans une lutte effroyablement inégale. »
Dans le camp d'extermination : « Cela signifiait qu’il y avait toujours deux à trois mille hommes, femmes, enfants entassés à ciel ouvert, exposés aux froids. Rien ne peut dépeindre l’horreur du spectacle que j’avais sous les yeux. L’atmosphère était chargée de miasmes, d’odeurs d’excréments, de saleté et de putréfaction... Ce fut une terrible épreuve. Nous étions forcés de marcher sur les corps entassés. Mon compagnon, plus habitué que moi à ce genre d’exercice, se déplaçait dans la foule avec aisance. Chaque fois que je marchais sur un corps, j’étais pris de nausée et je m’arrêtais net, mais mon guide me pressait d’aller de l’avant. »

Controverses[modifier | modifier le code]

Valeur historique[modifier | modifier le code]

L'action de Karski à Londres et Washington contribua à la connaissance du fait de la Shoah en 1942 et 1943, mais la valeur historique de son livre au regard de la connaissance actuelle est moindre. Son livre de 1944 n'est qu'un témoignage, avec multiples aventures personnelles propres à satisfaire le grand public, ce n'est pas une historiographie. Lui-même le dit dans son Post-scriptum :

« Je ne prétends pas avoir fait dans ce livre une étude approfondie de la résistance polonaise, de son organisation et de son activité. En raison même de nos méthodes, j’estime que personne, actuellement, ne pourrait faire un exposé complet de la question. Ce ne sera possible que plusieurs années après la guerre, à l’aide d’informations qu’il faut rassembler et confronter. »

La question centrale était pour lui la Pologne et non le martyre des Juifs, son livre n'y consacre que 18 pages sur 216[C 11]. Quand il deviendra historien à partir de 1974, son sujet sera la Pologne, non la Shoah.

Enfin, écrit et publié en pleine guerre, ce livre devait coder des noms et transposer des faits afin de ne pas mettre en péril les résistants encore sur place et traqués par la Gestapo[C 12]. Des aspects aussi devaient être traités avec diplomatie (Staline, qui s'apprêtait à vassaliser la Pologne, était le grand allié de Roosevelt), et l'éditeur, qui voulait vendre beaucoup, tendait à faire simplifier voire romancer[N 3].

Accueil durant la guerre[modifier | modifier le code]

En Pologne, les chefs de la résistance polonaise avaient permis à Karski d'emporter les dossiers et demandes des organisations juives. A Londres, le gouvernement polonais les avait appuyées. Par contre ses autres auditeurs oscillaient entre scepticisme et incapacité de comprendre, tant ces informations paraissaient monstrueuses. Le ministre anglais de la Guerre économique Roundell Palmer, auquel était rattaché la Direction des opérations spéciales (SOE), affecta[13] de n'y voir que de la propagande anti-germanique, l'équivalent des « têtes de bébés belges écrasées contre les murs par des soldats allemands » de la propagande anglaise durant la Première Guerre mondiale. Karski s'est trouvé confronté au même problème que décrit Jan Nowak :

« Dans toutes ces rencontres (avec des officiels anglais) j'avais parlé, de ma propre initiative, de l'extermination des Juifs... Tous m'avaient écouté avec intérêt, mais aussi avec une incrédulité qui ne m'avait pas échappé. (...Ignacy Schwarzbart) m'interrompit lorsque je déclarai qu'au moment où j'avais quitté la Pologne, sur une population de trois millions de Juifs, il n'en restait tout au plus que quelques centaines de milliers. — Je vous en supplie, dans vos conversations avec les Anglais, ne parlez pas de millions ! Ils ne le croiront pas.[14] »

L'épreuve des historiens[modifier | modifier le code]

Raul Hilberg, auteur du monumental La Destruction des Juifs d'Europe, a mis en doute le témoignage de Karski sur un seul point : sa visite clandestine d'un camp d'extermination. Il n'y croit guère parce que « les convois de Juifs arrivant de Varsovie étaient dirigés sur Treblinka et non sur Belzec » ; que les gardes y « étaient en majorité ukrainiens » et non baltes ; et « surtout » qu'il n'est pas documenté que des trains en partaient « pour que les gens puissent mourir dans les wagons »[C 13].

Camp de Belzec ou d'lzbica Lubelska ? voir Wood p. 114, notes p. 269.
Raul Hilberg... plutôt que des témoignages préfère dans ses ouvrages historiques retenir des éléments non susceptibles de controverses[15]

Négationnistes[modifier | modifier le code]

Des auteurs niant la Shoah ont attaqué le témoignage de Karski, qu'ils disent être « un des plus proéminents témoignages qui a été utilisé pour justifier l'histoire de l'Holocauste »[16]. Mais comme le témoignage apporté par Karski est, non pas « proéminent » ni « vedette », mais infime au regard de l'immensité des preuves mises à jour[C 14], l'attaque contre sa personne ressemble à un leurre pour détourner l'attention de la masse des preuves. On ne peut l'accuser d'être un « propagandiste en charge de la diffusion des récits les plus horribles sur les atrocités allemandes[16] », car il y a quantité de récits, et preuves, nettement plus horribles.

Le témoignage de Karski ne fut « proéminent » ou « vedette » qu'en 1942-1943, à Londres puis à Washington, pour confirmer ce que les gouvernements savaient déjà. Puis après 1980, pour contrer le négationnisme naissant.

Pourquoi les Alliés n'ont pas agi ?[modifier | modifier le code]

Sa mission aboutit à une reconnaissance du fait de génocide, à sa condamnation et à l'annonce d'un châtiment qui préfigure le procès de Nuremberg et ceux qui suivront, et à l'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité. Mais durant la guerre le lieutenant Karski n'avait pas vocation à questionner ni revendiquer, mais à faire son rapport.

Conscient des complexités de la guerre mondiale qui reléguaient au second plan le martyre juif, il fut aussi l'un des premiers à sentir et à dire la difficulté de comprendre de telles atrocités : « Pouvait-on le comparer à un quelconque événement de l'Histoire ? De ce que je sais de l'Histoire, ce fut unique, c'était sans précédent historiquement. », opinion partagée par Lanzmann et d'autres[C 15].

Un "roman" français exagéré[modifier | modifier le code]

Toute autre est la thèse d'un "roman" qui parut neuf ans après la mort de Karski en s'appropriant son nom comme titre (a),[17]. ...

A partir de 1978[modifier | modifier le code]

Interview de Claude Lanzmann[modifier | modifier le code]

Après la guerre, Karsi a gardé le silence pendant trente-cinq ans. Le spectacle des personnalités disant des camps allemands : Nous ne savions pas, l'avait « écœuré »[18]. Ensuite, personne n'en parlait, il se tue « comme la plupart des Juifs survivants ». Seule la puissance d'un Claude Lanzmann insistant pendant plus d'un an l'a décidé à accepter une interview filmée, sur deux jours, à son domicile, en 1978. Cette interview est la source des 38 mn où il apparaît dans le film Shoah (1985) et de l'intégralité du film Le Rapport Karski (2010). Le premier décrit sa visite dans le ghetto de Varsovie en septembre 1942, le second son séjour à l'ambassade de Pologne à Washington et ses entretiens notamment avec Roosevelt et le Juge Frankfurter.

La sortie de Shoah en avril 1985 déclencha un tollé en Pologne car le film, se concentrant sur la mécanique de l'extermination et évoquant peu les Polonais qui avaient secouru des Juifs, donnait l'image d'une Pologne antisémite[C 16]. Karski, qui le ressentait aussi, jugea pourtant que c'était « sans aucun doute le plus grand film qui ait été fait sur la tragédie des Juifs »[19].

Autres interviews et conférences[modifier | modifier le code]

Honneurs[modifier | modifier le code]

Karol Badyna: Banc Jan Karski à Varsovie
Karol Badyna: Banc Jan Karski à Łódź
Karol Badyna: Banc Jan Karski à l'Université de Tel Aviv
Université catholique Georgetown à Washington,
Université d'État de l'Oregon,
Collège hébraïque de Baltimore (en),
Université de Varsovie,
Łódź,
Université Marie Curie-Skłodowska.
Varsovie,
Łódź,
Kielce,
sur le campus de l'université catholique Georgetown à Washington,
233 Madison Avenue, à New York, devant le Consulat général de Pologne,
sur le campus de l'Université de Tel Aviv en Israël.
  • Titre de Juste parmi les nations décerné par le Mémorial de Yad Vashem à Jérusalem en 1982, avec un arbre planté à son nom, car « quoiqu'il n'ait pas sauvé de Juifs... il a risqué sa vie afin d'alerter le monde »[20].
  • Citoyen d'honneur de l'État d'Israël en 1994 (Honorary citizenship of Israel)[20].
  • Ordre de l'Aigle blanc en 1998, la plus haute distinction civile polonaise[21].
  • Ordre militaire de Virtuti Militari, la plus haute distinction militaire polonaise, délivrée en février 1941, dont certificat en janvier 1943, mais il semble que Karski l'ait ignoré jusqu'en 1990 du fait des troubles de la guerre puis de la censure en Pologne communiste[22].
  • Société Jan Karski fondée après son décès pour préserver sa mémoire, et administrer le Jan Karski Eagle Award établi par lui-même en 2000 afin de récompenser le « service humanitaire pour autrui » ; devenue la Jan Karski Educational Fondation en 2011.
  • Médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute décoration civile américaine, décernée à titre posthume par le Président Obama en 2012.
  • L'an 2014 a été déclaré "Année commémorative de Jan Karsky" par le Parlement polonais, conjointement célébrée aux Etats-Unis[23].
  • Jan Karski, Héros de l'humanité : exposition virtuelle lancée par le Musée d'histoire de Pologne et l'Institut culturel de Google en 2015.
  • Une place de Paris a été nommée Jan Karski dans le 10° arrondissement (entre rue Cail et Louis-Blanc par le Conseil de Paris le 27 mai 2015 (en ligne : motifs , décision).

Bibliographie, interviews et filmographie[modifier | modifier le code]

Écrits de Jan Karski[modifier | modifier le code]

  • The Jewish Mass Executions, Account by an Eye-Witness (Les exécutions de masse des Juifs, Rapport d'un témoin oculaire), lu par Arthur Koestler le 2 juillet 1943 à la BBC, rediffusé en toutes langues[24]. — Trois pages. Publié dans Terror in Europe - The Fate of the Jews (Terreur en Europe - Le sort des Juifs), National Commitee for Rescue from Nazi Terror, Londres 1943.
  • Story of a Secret State, Houghton Mifflin Company, Boston 1944 ; Hodder & Stoughton, Londres 1945 (extraits).
  • Traduction française : Mon témoignage devant le monde (Histoire d'un État secret), Éditions Self, Paris 1948.
Seconde édition revue et corrigée : à vérifier, replacer au-dessus ceux qui ne sont que réédition de 1944-48
  • Pologne : Tajne państwo': opowieść o polskim Podziemiu, Twój styl, Varsovie 1999, (ISBN 83-7163-177-4).
  • Etats-Unis : Story of a secret state, Safety Harbor, Simon Publications, 2001, (ISBN 1-931541-39-6) (extraits).
  • France : Mon témoignage devant le monde - Histoire d'un État secret, préface et notes par Jean-Louis Panné et Céline Gervais-Francelle, Paris, Point de mire, 2004, (ISBN 9782914090131).
  • France : Mon témoignage devant le monde - Histoire d'un État secret, préface et notes par Céline Gervais-Francelle, Robert Laffont, Paris, 2011, (ISBN 9782221117354) (aperçu).
  • Angleterre : Story of a secret state - My Report to the World, Penguin, Londres, 2011, (ISBN 9780141968445) (aperçu).
  • Etats-Unis : Story of a secret state - My Report to the World, préface par Madeleine Albright, Georgetown University Press, Washington, 2013, (ISBN 9781589019836 et 9781626160316).
  • The Great Powers and Poland, 1919-1945 : From Versailles to Yalta (Les Grandes Puissance et la Pologne, 1919-1945 - De Versailles à Yalta), ouvrage historique de référence, University Press of America, 1985, (ISBN 0-81914399-5) (aperçu d'une réédition de 2014).
  • Messages des Juifs résistants aux Gouvernements polonais et Alliés, remis à Karski en septembre 1942, quatre pages rédigées par Karski en 1979 à la demande de W. Laqueur, publié dans Le terrifiant secret, Appendice V.
  • Article sur le film Shoah de Jacques Lanzmann, paru en polonais dans Kultura (11/458, novembre 1985), traduit en français dans Esprit (autre extrait).

Interviews et films[modifier | modifier le code]

  • Audition à la Chambre des Représentants sur le communisme, International Communism : Revolt in the Satellites, United States Committee on Un-American Activities, 1956 (en ligne).
  • Shoah, film de Claude Lanzmann, Paris, 1985, 9 h 30[25]. Pendant 38 min (de 2 h 57 min 25 s à 3 h 35 min 50 s de la 2° partie), récit par Karski de ses deux visites du ghetto de Varsovie, en anglais, enregistré en 1978.
  • (en) Interview de Jan Karski par Renée Firestone, Holocauste rescue and aid provider, Jan Karski Testimony, 1h09, Archives du USC Shoah Foundation Institute, mars 1995 (en ligne. – Le ghetto: 29'55. Londres 1942: 35'05. Demandes des Juifs: 39'24. Les juifs n'eurent pas de chance: 42'24. Quand je leur disais ce que j'ai vu: 43'46. Roosevelt: 47'47. Après la guerre: 50'29. La Shoah est unique: 53'22. Sa famille: 57'07. Oubli après la guerre: 59'23. Lanzmann: 1h00:46. Sa femme et conclusion: 1h03:17).
  • (en) Interview de Jan Karski par E. Thomas Wood, How One Man Tried to Stop the Holocaust, (4 h), octobre 1996 (extraits sur Youtube et sur pileface).
  • Le Rapport Karski, film de Claude Lanzmann, Paris, 2010 (enregistré en 1978 chez Karski), 49 mn, diffusé sur Arte[26] (sur pileface). Récit par Karski en anglais de sa mission à Washington en 1943, dont ses entretiens avec Roosevelt[4] et le juge Frankfurter.[27]

Biographies[modifier | modifier le code]

  • Jean-Louis Panné, Jan Karski, le roman et l'histoire : suivi de documents, entretiens et articles, Saint-Malo, Pascal Galodé, , 187 p. (ISBN 9782355930997)
  • (en) Thomas Wood et Stanislaw Jankowski, Karski: How One Man Tried to Stop the Holocaust, Wiley ,1994, (ISBN 978-0-47114573-8).
  • (en) World Heritage Encyclopedia, en ligne.
  • (pl) Stanislaw M. Jankowski, Karski. Raporty tajnego emisariusza, Rebis,
  • (pl) Andrzej Żbikowski, Karski, Świat Książki, (ISBN 978-83-247-2123-8)

Romans utilisant le personnage Jan Karski[modifier | modifier le code]

Notes, citations et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Emery Reves. Ce personnage avait en 1944 une grande réputation, comme agent sur le marché américain de Winston Churchill, Anthony Eden et Duff Cooper. Si deux de ses publications ont pu être contestées, ce fut longtemps plus tard, après 1970.
  2. Ces microfilms sont mentionnés dès la première édition de son livre en 1944. Ch. 28. « Les documents que je devais transporter en Angleterre seraient microfilmés... plus d’un millier de pages sur microfilms... Le sténogramme de la séance fut ensuite transposé en langage codé et microfilmé ». Ch. 31. « ...le film remarquablement dissimulé dans le manche de mon rasoir... Je laissai à la consigne la valise contenant le rasoir et le film ». Déjà en 1940 il passe un microfilm avec 36 pages photocopiées, cause des tortures que la Gestapo lui inflige (ch. 12). — David Engel semble donc erroné quand il affirme que « Karski n'a jamais mentionné ce microfilm avant... 1987 » (Facing a Holocaust..., UNC Press Books, 1993, p. 200, en fin de note 43; aperçu sur Google Livres).
  3. Cependant, au ch. 29, l'allusion aux préparatifs de l’insurrection du ghetto de Varsovie (« Effectivement, nous sommes en train d’organiser la défense du ghetto »), ne constitue pas un anachronisme, puisque cette révélation est faite lors d'une rencontre tenue au plus tôt fin août 1942, soit après la création des premières unités combattantes. (Voir Holocaust Encyclopedia : A cause des déportations, plusieurs organisations juives créèrent le 28 juillet 1942 une unité de défense armée, l'Organisation juive de combat, et le parti des sionistes de droite en fonda une autre, l'Union combattante juive; elles décidèrent de combattre ensemble.) — Dans le synopsis des demandes juives qu'il a rédigé en 1979 à la demande de W. Laqueur, Karski le confirme, il devait en parler au commandant en chef des forces armées polonaises : « §4. Une organisation militaire juive a pris naissance » (Le terrifiant secret, p. 282).

Citations[modifier | modifier le code]

  1. « Je me suis trouvé ainsi engagé, avec le consentement et l’aide de la Résistance, dans l’édition d’une énorme quantité de lettres, de pamphlets, et finalement de périodiques et de journaux. J’avais la responsabilité de préparer des textes de propagande très variés. » (Mon Téloignage, ch. 17.)
  2. a et b Jan Ciechanowski, La Rançon de la victoire, Plon, Paris 1947, pp. 238-253. – Son commentaire sur Karski : « Jamais je n'avais rencontré un homme qui fût capable d'évoquer, avec une telle simplicité et une telle concision, des événements et des situations aussi enchevêtrés. »
  3. Général Edward Rowny, janvier 2012 : « J'ai entretenu une relation étroite avec Jan Karski pendant les années où il enseignait à l'Université de Georgetown. Il m'a donné de bons conseils sur la façon de négocier avec les Soviétiques, quand j'étais Négociateur en chef des armements stratégiques et Conseiller spécial sur le contrôle des armes pour les présidents Reagan et Bush senior. Il était particulièrement intéressé par les contacts que j'avais établi avec Lech Walesa, Vaslov Havel, Boronislaw Geremek, Rita Klimowa, et les dissidents en Tchécoslovaquie et Hongrie... Il était une figure héroïque et méritait la médaille présidentielle de la Liberté.»
  4. Wood et Jankowski, p. 102 : « Le Bureau d'information et de propagande était un point de contact principal entre le mouvement clandestin polonais et les Juifs persécutés de Pologne. Beaucoup des agents de ce Bureau étaient des intellectuels, y compris quelques-uns des plus éminents éducateurs, historiens et scientifiques de la nation. L'antisémitisme était moins répandu dans cette classe que dans les autres segments de la société polonaise. Certains officiers du Bureau suivaient avec compassion le sort des Juifs, en outre plusieurs Juifs y travaillaient. »
  5. « La situation des Juifs dans ces territoires (occupés par l'Allemagne) est claire, pas compliquée, facile à comprendre. Ils sont en dehors de la loi, ils ne sont pas protégés par les autorités... Ils sont chassés en dehors de ces territoires, leurs biens sont confisqués, les "coupables" sont emprisonnés – l'intention étant le nettoyage complet de l'élément juif dans cette zone. Ils sont en pratique privés de possibilité de vivre – s'ils parviennent à vivre, c'est furtivement, dans la peur, sans droit... Souvent (cela) dépasse tout ce qu'on peut imaginer de misère humaine. » — « L'attitude des masses populaires polonaises envers les Juifs est extrêmement sévère. La situation nouvelle confère à un grand pourcentage d'entre eux des droits, qu'ils exploitent et souvent même en abusent. Cela les rend, dans une certaine mesure, plus proche des Allemands. » — « La situation des Juifs dans ces territoires (occupés par l'URSS) est fondamentalement différente... Les Juifs s'y sentent chez eux, parce qu'ils n'y subissent ni humiliations ni persécutions, et que leur vivacité d'esprit et leur faculté d'adaptation leur confère du pouvoir, tant politique qu'économique... Leur attitude me semble tout à fait compréhensible. Cependant, il y a des cas graves, quand ils dénoncent des Polonais, étudiants nationalistes ou personnalités politiques, et quand ils dirigent le travail de la police bolchévique (...et beaucoup) sont usuriers, profiteurs, dans le commerce illégal, la contrebande, le trafic de devises, l'alcool, l'immoralité, proxénètes et entremetteurs. »
  6. Jan Nowak, émissaire comme Karsi, dans Courrier de Varsovie, p. 232 : « Karski était allé loin : avant de partir, il avait risqué sa vie en se faisant passer pour un policier estonien afin de pénétrer dans le camp de la mort de Belzec et d’y voir de ses propres yeux quel était réellement le sort des Juifs emprisonnés là-bas. »
  7. « Outre les messages qu'ils me donnèrent à transmettre, les deux responsables Juifs me chargèrent solennellement de faire tout mon possible pour influencer l'opinion publique du monde libre en faveur des Juifs polonais. Je jurai solennellement de ne pas manquer à cet engagement si j'arrivais sain et sauf à Londres. » (Karski, détail de la mission qu'ils lui ont confiée, rédigée de sa main en 1979, quatre pages, publiée par Laqueur, Le terrifiant secret, p. 283).
  8. « Le gouvernement polonais a communiqué aux gouvernements des Nations Alliées des informations authentiques sur le massacre de masse, non seulement des populations juives tombées aux mains des Allemands en Pologne, mais aussi des centaines de milliers de Juifs transportés d’autres pays et emprisonnés dans les ghettos créés par l’occupant dans mon pays... Sur un total de trois millions cent trente mille Juifs polonais, plus d'un tiers ont déjà été exterminés » (document 3 annexé à Mon témoignage, réédition de 2011).
  9. Télégramme (en ligne) du 5-12-1942, de Ignavy Schwarzbart (Londres) à Jewish Congress (New York) : (en) « Special official envoy gentile (non juif) escaped and arrived here - Left capital (Varsovie) this october - Saw Warsaw Ghetto on last August and September - Witnessed mass murder of one transport six thousand Jews at Belzec - Spoke to him yesterday 3 hours - Confirm all most horrible mass atrocities... ».
  10. « J’ai dit ce que j’avais vu dans le ghetto à quelques-uns des plus grands écrivains du monde – à H. G. Wells, à Arthur Koestler, aux membres du PEN club en Angleterre et aux États-Unis – afin qu’ils le racontent à leur tour avec plus de force et de talent que moi » (Mon témoignage, ch. 29).
  11. « Le problème juif n'était pas le seul. Pour moi le problème clé était la Pologne, les pressions russes, la peur de la nation polonaise : qu'allait-il advenir de la Pologne ? » (Dans Le Rapport Karki, à 17 min 47.
  12. Karki le dit ainsi à son ministre, Kot, en juin 1944, au sujet des nombreux noms cités : « C’est indispensable pour soutenir l’authenticité du livre. Bien évidemment, je ne parle que des noms hors de la clandestinité. Les noms, les lieux et toute une série de situations du mouvement de résistance sont camouflés. » (Mon témoignage, réédition de 2010, Préface, qui donne d'autres précisions à cet égard.)
  13. Exécuteurs, victimes, témoins, Gallimard, 1992, p. 249. — Il admet cependant que « que quelques ressortissants des pays baltes aient pu se trouver parmi » les gardes, et dans Holocauste : les sources de l'histoire (Gallimard, 2001, p. 197-198), il reconnaît que « Il y eut effectivement des trains de déportés qui firent demi-tour après leur arrivée à Izbica ». Il conclut quand même : « Karski relata beaucoup de choses qu'il avait vues de ses propres yeux (...mais) ses ajouts à ce dont il avait eu personnellement connaissance visaient peut-être à retenir l'attention et mobiliser les consciences de tous ceux à qui il parla. Il crut peut-être que ce renchérissement était justifié, et peut-être refusa-t-il d'y voir une forme de contamination. »
  14. Lanzmann : « La littérature holocaustienne, abyssale comme l’Holocauste lui-même, présentait les preuves les plus irréfutables : les archives intactes de la bureaucratie nazie, celles de Korrherr, le statisticien personnel de Himmler, les factures, les bons de commande, les noms des firmes qui construisirent les installations de mort, qui livrèrent par tonnes les cristaux de gaz Zyklon B, les quarante-deux volumes des procès de Nuremberg, les actes des centaines de procès qui suivirent, ceux du procès Eichmann, les confessions des tueurs ou les mémoires des survivants, pour ne rien dire de l’admirable et colossale historiographie américaine et israélienne auprès de laquelle la française fait figure d’abécédaire. »
  15. Par exemple, Raymond Aron : « J'ai su mais je ne l'ai pas cru. Et puisque je ne l'ai pas cru, je ne l'ai pas su. » Ou Doris Bergen : « Plusieurs facteurs ont empêché les Alliés de diffuser leurs informations sur l'extermination des Juifs et d'autres populations en Europe. De loin le plus important, il y avait une guerre à gagner, une guerre dont l'issue était loin d'être évidente en 1942 ou même 1943. Ainsi les chefs militaires aux États-Unis et en Grande-Bretagne soulignaient la nécessité de rester concentré et d'éviter d'être distrait par des sideshows. Certains, sans doute, restaient indifférents au sort des Juifs européens, ou même avaient leurs propres préjugés antisémites. Néanmoins, il est probablement équitable de reconnaître aussi que beaucoup de gens ne pouvaient tout simplement pas saisir la dimension unique, sans précédent, de cette guerre d'anéantissement, et même ceux qui le pouvaient avaient tendance à être absorbés par leurs propres problèmes et luttes. » (Holocauste, Rowman & Littlefield, 2009, p. 207, aperçu.)
  16. « ...un tsunami de première grandeur... le ministre des Affaires étrangères, Olchowski... demandait l'interdiction immédiate du film et l'interruption de sa diffusion partout où elle était prévue » (C. Lanzmann, Le lièvre de Patagonie, p. 513).

Références[modifier | modifier le code]

  1. Voir interview de 1995 à 1h09.
  2. Titre officiel de son passeport, reproduit en annexe de la réédition française de son livre par Laffont, 2010.
  3. Jan Nowak,Courrier de Varsovie, p.212.
  4. a et b La narration par Karski en 1978 de son entretien avec Roosevelt a été publiée par la revue Les temps Moderns, 2010/1 (n° 657), en ligne.
  5. Source georgetown.edu.
  6. En ligne sur jstor.
  7. Rappak, Wojtek; : « Les documents emportés par Karski furent remis à un agent polonais à Paris, qui les expédia à Londres où ils arrivèrent vers le 14 novembre. » — Information similaire dans Mon témoignage, Laffont 2010, aux premières notes du ch. 32. Et dans Karski de Wood et Jankowski, p. 160-164.
  8. Wood et Jankowski, Karski, p. 131.
  9. (en) « 11 ALLIES CONDEMN NAZI WAR ON JEWS; », The New York Times, (consulté le )
  10. Dont le Télégramme Riegner au Foreign Office le 10 août 1942.
  11. Voir W. Laqueur, Le terrifiant secret, p. 277 et 94 : Les 25 et 30 juin 1942, un « article du Daily Telegraph passait en revue les exterminations massives en Galicie orientale et en Lituanie, l'utilisation de roulottes à gaz et le camp de Chelmno, ainsi que d'autres faits et données chiffrées », faisant comprendre que « les Juifs n'étaient pas persécutés mais exterminés ». « Karski n’était ni le premier ni le dernier courrier à arriver de Varsovie, mais en ce qui concerne les informations sur le sort des Juifs en Pologne, il fut certainement le plus important ».
  12. Voir dans les Appendices 3 et 4 du Terrifiant secret de Laqueur le détail des oppositions et amendements qui ont amoindri cette Déclaration, quand par ailleurs l'Angleterre entendait maintenir la fermeture de la Palestine aux Juifs. Voir aussi Jan Nowak, Courrier de Varsovie, p. 232 : « J'ai retrouvé dans les Archives (anglaise le compte-rendu de l'audience chez Eden) et constaté avec étonnement que rien de ce que Karski avait déclaré concernant l'extermination des Juifs n'y figurait. » (aperçu.)
  13. Sur les limites du SOE qui utilisait les services de l'Agence juive et de la Haganah en Palestine, tout en respectant le refus anglais de laisser les réfugiés d'Europe trouver un refuge en Palestine, voir Jacob Stoil, (en) The Haganah and SOE: Allies and Enemies (ligne).
  14. Courrier de Varsovie, p. 232-233.
  15. Annette Wieviorka, L'ère du témoin, Paris, Hachette littératures, , 190 p. (ISBN 9782012790469), p. 167
  16. a et b Autre formulation : « Si l'on devait désigner un témoin vedette de l'Holocauste, il semble que ce serait Jan Karski, et, de fait, depuis cinquante ans cela a été Jan Karski. » Voir Un faux témoin (août 2000), par l'un des principaux négationnistes américains. — Ses arguments, retrouvés dans fr.Wikipedia, ont été analysés par Jean-Louis Panné, Jan Karski, Wikipedia et les Négationnistes en 2010.
  17. a et b Voir l'article Un faux roman de C. Lanzmann dans la revue Les temps Moderns, 2010/1 (n° 657), en ligne.
  18. « I was disgusted » (interview de 1995, 51:21 ; citation suivante, 59:45).
  19. Dans Esprit de février 1986 (autre aperçu). Jugement élevé, dépassant sa demie querelle avec Lanzmann (voir témoignage de Thomas Wood).
  20. a et b Yad Vashem)
  21. Liste officielle (en polonais).
  22. Voir Mon témoignage, édition de 2010, Documents 2 ; certificat dans Secret State, édition de 2013, Documents 3 ; et liste en polonais).
  23. Programme des célébrations.
  24. Michael Fleming, Auschwitz, the Allies and Censorship of the Holocaust, Cambridge University Press, 2014, p. 66, note 89 (en).
  25. Texte intégral du film :Lanzmann, Shoah, Fayard, Le Livre de poche, 1986 (pages 207 à 221 pour l'intervention de Karski).
  26. Programme Arte, 17 mars 2010
  27. Passage sur la réaction de Frankfurter en ligne.
    Voir aussi Franck Nouchi, « Ce que vous dites est impossible », Le Monde, 18 mars 2010.
    Christophe Ono-dit-Biot, « Affaire Karski, l'épilogue », Le Point, 15 mars 2010.

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]


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