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Utilisateur:Zarathoustr/DescriptionSaintSeurin

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Portail sud[modifier | modifier le code]

À la hauteur de la deuxième travée de l'édifice construit entre le XIIe et XIIIe siècles, près du beffroi construit entre 1538 et 1540, se présente le portail méridional. «Cette belle porte, dit M. de Lamothe, est un des monuments les plus curieux que nous ait laissé le treizième siècle[1]

Au Ier siècle de notre ère, la place sur laquelle est construite le transept sud de l'église était le plus grand cimetière de la ville, ce qui justifie y tout d'abord l'érection d'un lieu de culte chrétien mais également l'importance de ce portail méridional, dont la construction est décidée au XIIIe siècle par les chanoines. L'entrée tripartite est faite d'arcs brisés, de voussures quadripartites alternées de motifs végétaux naturalistes et de personnages en bas-relief accompagnés de leurs attributs, compris sous des dais trilobés et finement sculptés. Le portail se divise en trois tympans dont deux, aux angles, qui se développent sous un décor architecturé surmonté de quatre voussures où s'alternent anges et motifs végétaux. La tripartition de l'ensemble symbolise la trinité soit le père, le fils et le Saint-Esprit.

Les personnages en frise sont individualisés et accompagnés de leurs attributs distinctifs, leurs vêtements antiquisants sont faits de plis saillants. Les personnages reposent sur des piedestaux qui eux même prennent appui sur des motifs d'entrelacs, qui constituent les chapiteaux des colonnes aux piédroits des ouvertures. Ces derniers forment une unité ornementale par les motifs de crochets végétalisés.

L'ouverture principale est percée d'un trilobe dont les tores terminent en choux et dont l'arc est souligné d'une phras en latin : Anno DNI MCC LX septimo viio kal ivlii obiit Ramvdvs de Fonte can et sacdos hvt ecce ata cvi reqviescat in pace amen. (« L'an du Seigneur 1267, le septième des Calendes de juillet, mourut Raymond de Lafont, chanoine et prêtre de cette église. Que son âme repose en paix. Ainsi soit - il.)[2]. Cette inscription venait en supplément d'une dalle de marbre que serait la sépulture du chanoine en question. Il s'agirait d'un acte d'humilité que de se voir reposer pour l'éternité au seuil de la porte du paradis. Les écoinçons au-dessus de l'arcature centrale sont agrémentés de pampres de vignes picorés par des oiseaux qui symbolise la nourriture divine du fidèle qui est le sang du christ.

Les ébrasements des baies sont marqués par une série rapprochée de faisceaux de colonnettes, leurs chapiteaux sont ornés de décor animaliers ainsi que végétaux qui se prolongent en une frise et une corniche superposée.

Vue d'ensemble du portail sud

Quatorze statues sont érigées, aux attributs et aux postures distinctes. Il s'agit des douze apôtres. Nous y reconnaissons, de droit à gauche : la Synagogue à ses yeux bandés par un serpent et sa couronne au sol, saint Mathieu par son livre ainsi que son auréole, Saint Jude aussi appelé Thaddée, Saint-Jean le Majeur, Saint Mathias qui est le remplaçant de Judas Iscariote, Saint Paul, Saint Pierre qui possède les clés du paradis, Saint André qui est le frère de Pierre, Saint Jacques le Mineur, Saint Thomas, Saint Barthelemy ainsi que Saint Philippe.[3]

Le portail principal est, comme traditionnellement, le Jugement dernierJésus-Christ, est vêtu d'une toge à la manière des philosophes antiques tandis que ses mains sont dirigées vers le ciel dans l'attente de la nomination des élus et des damnés accompagnés de Saint-Jean dit "Le Bien Aimé" à la gauche du Christ ainsi que le Sainte Vierge à sa droite, tout deux en position de prière perpétuelle. Deux anges au niveau de sa tête tiennent l'un le soleil et l'autre la lune. Les anges porteurs des instruments de la passion se tiennent debout à côté de lui.

L'utilisation du Jugement dernier en termes d'iconographie dans ce cas là est pertinent dans le sens où le portail s'érige en face d'un cimetière, les défunts ont ainsi la possibilité de méditer alors que les fidèles qui entrent dans l'église subissent un rappel de ce que doit être un bon dévot pour aller au royaume des cieux, comme une mise en garde.

Les archivoltes au-dessus de cet épisode sont triples et entrecoupés d'ornements de feuillage de palmiers, de renoncules, de violettes ainsi que d'oiseaux et de crapauds[4]. Les anges qui longent l'ogive au-dessus du Christ lui tiennent une couronne au-dessus de la tête, les autres sont reconnaissables comme étant l'ange de la prière, l'ange de l'adoration, l'ange de l'amour, l'ange de l'action de grâce qui illustrent ce verset : «Ils jetaient leurs couronnes devant le trône en disant: «Vous êtes digne, ô Seigneur notre Dieu, de recevoir gloire, honneur et puissance.»[5] La deuxième archivolte illustre quant à elle les Vertus, les Anges et les Archanges tandis que la dernière symbolise les Dominations, les Puissances et les Principautés qu'on reconnait par leurs robes, leurs baguettes, leurs encensoirs et leurs coupes.

Cimetière romain positionné en face du portail méridional de la Basilique

Le linteau qui sépare l'écoinçon du Jugement Dernier est encadré de deux anges qui contemplent la scène des corps qui sortent de leurs tombeaux à la suite du retentissement de la trompette jouée par deux autres personnages célestes. Les corps se repaissent de chaire pleine d'espérance pour certains et d'autres pleins de rages dans l'attente de la pesée des âmes réalisée par l'Archange Saint Michel au centre de la scène, perverti par le diable qui fait pencher la balance de son côté. Jésus n'a pas encore procédé à la séparation des élus et des damnés mais les apôtres sont bien à leur place, président avec le Christ au Jugement dernier selon cette formule « « Je » vous dis en vérité sur pour vous qui m'avez suivi, lorsqu'au temps de la régénération le Fils de l'Homme sera assis sur le trône de sa gloire, vous serez assis sur douze trônes et vous jugerez.»[6] Ils sont davantage debout que trônant, tout comme doivent l'être des disciples en présence de leur maître.

Concernant les tympans des deux baies aveugles, celui à la droite du Christ représente l'épisode des Saintes femmes au tombeau. Une arcature architecturée délimite la scène qui met en avant un ange à côté d'un tombeau vide. Ce dernier entre en conversation avec trois femmes, qui semblent troublés et dont le pendant est fait par trois soldats, sonnés par l'apparition. La voussure qui coiffe l'épisode met en scène des anges, dont deux possèdent une clé et tiennent l'Agnus Dei. La deuxième voussure est ornée de saints personnages. Quand à l'interprétation de la scène, les femmes sont au nombre de trois : Marie (épouse de Cléophas), Marie Salomé (femme de Zébédée) et de Marie Madeleine. Une fois le sabbat passé elle se rendirent au tombeau du Christ afin d'oindre son corps et de le couvrir d'offrande, seulement le tombeau est vide et la pierre est tournée, d'où une apparition angélique se fait voir. L'ange les informe de la résurrection du Christ et leur ordonne de répandre la nouvelle, ce qu'elles ne firent pas, par peur.

L'arcature aveugle à l'est figure un personne aux attributs d'évêque : chasuble, mitre, tenant de sa main gauche une crosse (aujourd'hui disparue) et de sa main droite l'édifice voisin. Il se penche vers une personne agenouillée devant lui qui est vêtu d'une tunique, sa barbe est courte et son visage est allongé, il est le plus jeune de la composition. Ses mains sont jointes sur sa poitrine. Derrière l'évêque se tient une personne dont il est difficile de définir le rôle, peut-être un bénitier coiffé de la calotte.

Une autre scène a lieu de l'autre côté, un personnage est en position assise dans un effet de mouvement comme s'il venait tout juste de se lever de son lit, sa barbe est plus fournie alors qu'un personnage, hiératique en face de lui tient un bâton : un dignitaire ecclésiastique que l'on reconnait par sa longue chaleur, son manteau et son bâton.

Restauration[modifier | modifier le code]

Le portail est décrit en 1840 comme endommagé par l'architecte de la ville que fut G.-J. Durand qui a restauré l'édifice entre 1843 et 1844. Le socle de soubassement a été remis à neuf et les parties endommagées ont été remplacées par du mastic. Les voussures sont faites d'un premier niveau d'anges et d'un deuxièmes de personnes aux attributs d'évêques et l'un aux attributs d'abbé caractérisé par une crosse. Les personnages reposent sur des plateformes qui s'érigent en dais pour les personnages du dessous.[7]

Les épisodes ainsi que l'organisation de ces derniers n'est pas inhabituel, même si la scène des Saintes Femmes au tombeau est souvent remplacée par un épisode de la vie de la Vierge. Le tympan oriental interroge de nombreux chercheurs quant à son attribution, il peut en effet s'agir d'un épisode de la vie de Saint-Seurin ou encore de Saint Martial. La question ne semble pas tranchée, l'épisode à droite représenterait soit une guérison soit une résurrection, mais, quel que soit la réponse, la cohérence d'ensemble est avérée.

Une date apparait, celle de 1267, le portail devait ainsi être suffisamment avancé pour avoir la possibilité de graver cela, sans prendre cette datation comme étant celle du portail dans son entièreté, ce qui est un fait manquant de preuves[8].

Datation[modifier | modifier le code]

Façade sud de l'église Saint-Seurin de Bordeaux-ainsi que son porche et l'ancien cimetière romain.

Des références au portail de la cathédrale de Sens sont faites, ou du moins, aux portails sculptés du Nord du Royaume de France, ce qui et un témoignage de la circulation des modèles ainsi que des maitres d'œuvres et des sculpteurs/tailleurs de pierres.

Le style de Notre-Dame de Paris a été détecté dans le Christ ainsi que dans l'ange aux clous, ils seraient représentatifs du style Parisien qui date des années 1230 environ.

Le fait d'avoir doublé l'entrée monumentale témoigne d'une volonté de prestige mais témoigne également de l'ambition lors de la reconstruction de l'église à l'époque gothique avec son programme foisonnant.

Le statut d'église de pèlerinage ajoute évidemment de la noblesse à l'édifice et accroit ainsi considérablement son taux de fréquentation et devait nécessairement impacter sur sa gestion des flux[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Alexandre De Lamothe et Léo Drouyn, Histoire curieuse et remarquable de la ville et province de Bordeaux
  2. L'abbé Cirot, Origines Chrétiennes de Bordeaux ou Historie et Description de l'Eglise de Saint Seurin, Bordeaux, (lire en ligne), p. 438
  3. L'abbée Cirot, Origines Chrétiennes de Bordeaux ou Historie et Description de l'église de St Seurin, Bordeaux, , p. 51
  4. L'abbé Cirot, Origines Chrétiennes de Bordeaux ou Histoire et Description de l'église de St Seurin, Bordeaux, , p. 395
  5. Ap 4,10.
  6. Mt 19,23.
  7. Chiara Piccinini, « Le portail sud de la collégiale : hypothèses d'iconographie , datation et style », Autour de Saint Seurin de Bordeaux. Lieu, Mémoire et des premiers temps chrétiens à la fin du Moyen-Age, Ed Ausonius,‎ , p. 331
  8. Chiara Piccinini, « e portail sud de la collégiale : hypothèses entre iconographie, datation, style », Autour de Saint-Seurin de Bordeaux. Lieu, Mémoire et pouvoir des temps chrétiens à la fin du Moyen Age, Audonius,‎ , p. 331-344 (lire en ligne)
  9. Chiara Piccinini, « Le portail sud de la collégiale : hypothèses entre iconographie, datation, style », Autour de Saint-Seurin de Bordeaux. Lieu, Mémoire et pouvoir des premiers temps chrétiens à la fin du Moyen-Age,‎ , p. 335