Valérie André

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Valérie André
Inauguration de la place Valérie-André à Brétigny-sur-Orge par le médecin général Valérie André (16 mai 2015).
Fonction
Membre fondateur (d)
Académie de l'air et de l'espace
depuis
Biographie
Naissance
Pseudonyme
Madame VentilateurVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Allégeance
Domicile
Activités
Médecin militaire, pilote d'hélicoptèreVoir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
depuis Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Alexis Santini (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Autres informations
Membre de
Arme
Grade militaire
Médecin général inspecteur (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conflits
Distinctions

Valérie André, née le à Strasbourg (Bas-Rhin), est une médecin militaire, aviatrice, parachutiste et pilote d'hélicoptère française.

Première femme à devenir officier général en France, elle achève sa carrière militaire avec les trois étoiles de médecin général inspecteur du Service de santé des armées. Elle est également la troisième femme à être élevée à la dignité de grand-croix de l'ordre national de la Légion d'honneur et la première à être élevée à celle de grand-croix de l'ordre national du Mérite.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Valérie André est la fille de Philibert et Valérie André[1]. Adolescente, elle est fascinée par l'aviation, et, en 1939, profite de la croissance de l'aviation populaire pour prendre des cours de pilotage à l'aéroclub de sa ville natale sur un avion Potez. Quand la Seconde Guerre mondiale commence, elle doit quitter le cours.

Avec l'invasion allemande en mai-juin 1940, elle se rend à Clermont-Ferrand, où elle est transférée temporairement à la Faculté de médecine de Strasbourg. Lors de l'invasion de la zone sud par les Allemands, en novembre 1942 elle s'échappe et se réfugie clandestinement à Paris, car les autorités allemandes traquent les étudiants alsaciens pour les déporter en Allemagne[2].

Guerre d'Indochine[modifier | modifier le code]

Hiller 360 français conservé au Musée de l'Air et de l'Espace du Bourget

Après la guerre, Valérie André obtient son diplôme de médecine de l'université de Paris[1] pour l'année scolaire 1946-1947. Elle choisit comme sujet de thèse de doctorat la « pathologie du parachutisme », ce qui lui permet d’associer ses deux passions, aviation et médecine. Le parachutisme, dit-elle « est un sport qui fait appel aux ressources les plus profondes de l'être pour l'exécution d'un acte considéré comme antinaturel : le saut dans le vide. Parce qu'il développe des qualités de calme, de sang-froid, de maîtrise de soi ; qu'il fait appel à l'esprit de camaraderie et développe l'esprit d'équipe, car si le saut est un acte purement individuel, la préparation à ce saut est un acte collectif ; enfin, que chaque saut est pour le parachutiste une victoire remportée sur lui-même »[3]. Elle encadre médicalement une préparation militaire parachutiste et fait ses premiers sauts[4]. Puis elle suit un cours de planeur sur Caudron C.800 et de vol à voile à l'aéro-club universitaire de Beynes[2] et obtient son brevet de parachutisme à Bayonne au cours de l'année 1948[5], au moment où elle devient à la fois pilote et médecin militaire, des professions alors peu accessibles aux femmes en France. Elle retourne en France en 1950, pour obtenir la licence de pilote d'hélicoptère à l'école de vol de Pontoise sur Hiller. Elle a le brevet numéro 33 de l’Aéro-club de France[6]. Elle ne recevra un brevet de pilote militaire qu'en 2010 alors qu’il a été créé en 1956.

En 1948, à la suite d'une pénurie de médecins militaires, Léon Binet, doyen de la faculté de médecine de Paris propose aux étudiants qui le veulent de servir en Extrême-Orient. Elle saisit l'occasion et rejoint l'Indochine en tant que médecin militaire avec le grade de capitaine[7] pendant l'hiver 1948-1949[1]. Affectée au premier hôpital de Mỹ Tho, elle devient plus tard adjointe de neurochirurgie à l'hôpital de Saïgon[4].

Après avoir appris qu'elle possédait le brevet de parachutiste, ses supérieurs l'amènent à suivre le cours de chirurgien de guerre et à servir dans une zone frontalière entre l'Indochine et le Laos qui ne pouvait être atteinte que par parachutage.

En Indochine en effet, elle s'était rendu compte à quel point des endroits isolés ou couverts par la forêt sont difficiles d'accès pour les avions du transport médical. De retour en Indochine, le , elle se spécialise dans le service d'évacuation médicale de pilotage des hélicoptères Hiller 360 et Sikorsky H-34 dans l’équipe du capitaine Alexis Santini[8]. Entre sa première mission, le , et son départ de l'Indochine en 1953, elle effectue 129 vols d'exploitation, assurant l'évacuation de 165 blessés vers des postes médicaux ou vers l'hôpital le plus proche.

Le , elle participe à une mission d'évacuation immédiate de blessés de Tu Vu sur la rivière Noire. Le seul hélicoptère disponible, stationné près de Saigon, est partiellement démonté, puis transporté à bord d'un avion Bristol Freighter à Hanoï, où il est remonté. Il s'envole ensuite vers Tu Vu, malgré le brouillard et le feu antiaérien intense ; elle y soigne les blessés, évacués deux par deux à Hanoi[9].

Le 14 avril 1952, elle devient la première femme à apponter sur la plate-forme du porte-avions Arromanches qui se trouve en opérations en Baie d’Along qui a demandé en urgence un hélicoptère pour évacuer les blessés à la suite d'un accident grave qui s’est produit à bord[10].

Valérie André, participa avec le médecin-général Robert, Frédéric Curie ou Paul-Émile Victor, à la création de la Ligue française de secours et de sauvetage aérien (LIFRASSA) qui mit au point une réglementation concrète du sauvetage aérien[11].

Guerre d'Algérie[modifier | modifier le code]

Alouette II préservée au Musée de L’Aéronautique Navale

Le [1], elle est affectée au Centre d'essais en vol de Brétigny-sur-Orge, qui fournit une assistance médicale aux équipages. Elle obtient la qualification pour la conduite du Morane-Saulnier MS.733 Alcyon, du Nord 1101 hélicoptères Djinn Aerospatiale Bell 47, Piasecki HUP, et Sikorsky S-55, en participant à différents vols expérimentaux. Dans cette période, elle participe à la création du laboratoire de médecine aérospatiale[4].

De 1959 à 1962, elle sert[1] en Algérie en tant que commandant adjoint du service médical à la Base aérienne 142 Boufarik, puis en tant que commandant de l'hélicoptère de service de sauvetage stationné sur la Base aérienne 146 La Réghaïa, près d’Oran. Devenue pilote d'hélicoptère d'activation Aérospatiale SA-318 Alouette II, Djinn, Alouette III puis Sikorsky H-34, Vertol H-21 et Sikorsky S-58 en trois ans de service, elle effectue plus de 350 missions. En 1961, elle est nommée médecin-chef de l'ensemble de la base de Reghaïa. À la fin de la guerre en Algérie, elle revient en France et continue sa carrière d'officier du service de santé, promue lieutenant-colonel en 1965 et colonel en 1970. Elle est d'abord chirurgienne sur la base aérienne 107 Villacoublay, puis conseillère auprès du Commandement du transport aérien militaire (COTAM).

Officier général[modifier | modifier le code]

Valérie André est promue médecin général (avec rang et prérogatives de général de brigade) en , ce qui fait d'elle la première femme à devenir officier général en France[12]. L'année de sa retraite, en 1981, elle est promue médecin général inspecteur (avec rang et prérogatives de général de division). Ses derniers postes sont ceux de directrice du service de santé de la 4e puis de la 2e région aérienne[13],[1].

Retraite[modifier | modifier le code]

Admise dans la 2e section des officiers généraux en 1981, Valérie André prend la tête de la commission d’étude prospective de la femme militaire[14]. Elle y travaille à la promotion de l'emploi des femmes dans les forces armées. Elle quitte les champs de bataille pour un autre combat, celui de l'égalité homme-femme au sein de l'Armée. Dans les années 1970, sur le plateau de TF1 Actualités, présenté par Yves Mourousi, elle déclare[15] :

« Les femmes comme les hommes sont parfois désireuses d’assumer des postes à haute responsabilité et ce n’est pas propre qu’à l’Armée. »

Elle est membre fondateur de l'académie de l'air et de l'espace de Toulouse en 1983[15],[16].

En 1987, elle est élevée à la dignité de grand-croix de l'ordre national du Mérite[14].

En 1999, le président de la République Jacques Chirac l'élève à la dignité de grand-croix de l'ordre national de la Légion d'honneur[17]. Elle est la troisième femme à recevoir la plus haute distinction française après Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion[18]. Elle est la femme militaire la plus décorée au monde[19].

Le , au cours d'une cérémonie spéciale sur la base aérienne 107 Villacoublay et en présence du général d'armée aérienne Jean-Paul Paloméros, chef d'état-major de l'Armée de l'air, elle reçoit le numéro de brevet de pilote d'hélicoptère militaire no 001 avec effet rétroactif à la date du 16 novembre 1956[12],[20],[21].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Elle épouse à Issy-les-Moulineaux le [22], le pionnier des hélicoptères de l'Armée de l'air, le colonel Alexis Santini (1914-1997), premier pilote d'hélicoptère de l'Armée de l'air (brevet no 23, février 1950)[23],[24],[25] qui lui a appris à piloter un hélicoptère en Indochine, oncle de l'homme politique André Santini, dont elle est la tante par alliance. Elle adopte Antoine, le fils issu de la précédente union de son époux, commando parachutiste durant la guerre d’Algérie[26].

Honneurs[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Décorations françaises[modifier | modifier le code]

Décorations étrangères[modifier | modifier le code]

Brevets[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • La pathologie du parachutiste (thèse de doctorat de médecine), Paris, Imprimerie de R. Foulon, , 84 p. (BNF 31720453).
  • Ici ventilateur ! Extraits d'un carnet de vol (souvenirs), Paris, Calmann-Lévy, , 229 p. (BNF 31720454) — Avec planches, cartes et portrait couleur en couverture.
  • Madame le général (souvenirs), Paris, Perrin, , 248 p. (BNF 34938568, lire en ligne) — Préface de Jean Lartéguy. Avec 16 pages de planches.

Préfaces[modifier | modifier le code]

  • Martine Gay, Femmes dans un ciel de guerre - Sorcières la nuit furies le jour, éditions JP Otelli, , 151 p. (ISBN 978-2373010725)

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • 2021 : Madame le Général, une femme d'exception, film documentaire sur la vie de Valérie André, la première femme Général des Armées en France, écrit et réalisé par Jean-Pierre C. Brouat, produit par Ladybirds Film[28].

Compléments[modifier | modifier le code]

Valérie André lors d’une inauguration d’une rue en 2014
Valérie André lors d’une inauguration d’une rue en 2014.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Divers espaces publics portent son nom :

Autres[modifier | modifier le code]

  • Depuis le , une promotion (FI-SSSM 2018) du Service de santé et de secours médical de l’École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (ENSOSP) porte son nom[36].
  • La 43e promotion du master « Droit et politiques de défense et de sécurité nationale » de l'université de Lille a choisi comme nom de baptême celui de promotion « Médecin inspecteur général Valérie André » (promotion 2021-2022)[37].
  • Madame le général Valérie André a accepté d'être la marraine de la 3e promotion de la Classe de Défense et de Sécurité globale (CDSG) 3e Marmoutier-14e CMA de Tours sous la dédicace « Médecin Général Valérie André » (promotion 2022-2023).

A l'occasion de son centième anniversaire:

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Sleeman 2001, p. 19.
  2. a et b « Entretien avec madame la Générale Valérie André », .
  3. Christine Garnier, « Valérie André : le ciel d'abord », sur revue des deux mondes (consulté le ).
  4. a b et c « Valérie André, médecin général inspecteur du Service de santé des armées », sur aha-helico-air.asso.fr (consulté le ).
  5. Par Romain Chiron Le 30 juin 2017 à 21h42, « Pilote d’hélico, générale de l’Armée de l’air, Valérie André a une place à son nom », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  6. Gay 2023, p. 53.
  7. Windrow et Chappell 2013, p. 46.
  8. Gay 2023, p. 55.
  9. [vidéo] Valérie André sur YouTube, .
  10. Gay 2023, p. 61.
  11. « frederic curie », sur helico-dragon (consulté le )
  12. a et b Marie-Catherine Villatoux, « Femmes et pilotes militaires dans l’armée de l’Air. Une longue quête », Revue historique des armées, no 272,‎ , p. 12–23 (ISSN 0035-3299, lire en ligne, consulté le ).
  13. « Valérie ANDRÉ », sur AAE (consulté le ).
  14. a et b « Le MGI Valérie André a 100 ans », sur defense.gouv.fr, (consulté le )
  15. a et b Françoise Vignon, « Valérie André : héroïne de guerre », sur cercle-k2.fr, (consulté le )
  16. « Valérie André : une femme d'exception », sur defense.gouv.fr (version du sur Internet Archive)
  17. a et b Décret du 16 décembre 1999 portant élévation
  18. Sarah Boumghar, « Hauts-de-Seine. Valérie André, première femme général, fête ses 100 ans », sur actu.fr, (consulté le )
  19. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad ae af ag ah ai aj ak al am an ao ap aq ar as at au av aw ax ay az ba bb bc bd be bf bg bh bi bj bk bl bm bn bo bp bq br bs bt bu bv bw bx by bz ca cb cc cd ce cf cg ch ci cj ck cl cm cn co cp cq cr cs ct cu cv cw cx cy cz da db dc dd de df dg dh di dj dk dl dm dn do dp dq dr ds dt du dv dw dx dy dz ea eb ec ed ee ef eg eh ei ej ek el em en eo et ep Gay 2023, p. 145.
  20. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad ae af ag ah ai aj ak al am an ao ap et aq « Une héroïne de guerre à l’honneur », sur defense.gouv.fr, (version du sur Internet Archive)
  21. a et b Gay 2023, p. 88.
  22. « Valérie André », sur fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace (consulté le )
  23. « Alexis Santini », sur aha-helico-air.asso.fr (consulté le )
  24. « Hélicoptères : un savoir-faire français de haut niveau », sur european-security.com (version du sur Internet Archive)
  25. « CIEH 00.341 - « Colonel Alexis Santini » » ([PDF]), sur traditions-air.fr (consulté le )
  26. Gay 2023, p. 42.
  27. « Valérie André a reçu le Prix Deutsch-de-la-Meurthe », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  28. « " Madame le Général, une femme d'exception ". Un film documentaire sur la vie de Valérie André, la première femme Général des Armées en France », sur sga.defense.gouv.fr, (consulté le ).
  29. Décret no 2022-314 du 3 mars 2022 portant changement de dénominat;ion de l'héliport de Paris - Issy-les-Moulineaux. Lire en ligne.
  30. a b c et d Gay 2023, p. 96.
  31. Telmedia, « Inauguration de la place Valérie-André Brétigny-sur-Orge », sur bretigny91.fr (consulté le ).
  32. « Inauguration de la Place Valérie André à Dugny » (consulté le ).
  33. « Rue Valérie André, Yutz », sur cartogiraffe.com (consulté le ).
  34. Michel Décla, « Pouillon : dimanche 12 septembre, l’esplanade des Droits-de-l’homme portera le nom de Valérie André », sud-ouest,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  35. a b c d e f g h i j k l m et n gay 2023, p. 111.
  36. « rapport d'activité de l'ensosp », sur calameo.com (consulté le ).
  37. « Master 2 Droit et politiques de défense et de sécurité nationale - Université de Lille sur LinkedIn : #ValérieAndré #france #armée | 30 commentaires », sur www.linkedin.com (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Inauguration de la place Valérie André à Brétigny-sur-Orge
Inauguration de la place Valérie-André à Brétigny-sur-Orge.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :