Victor Nendaka Bika

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Victor Nendaka Bika
Fonctions
Directeur de la Sûreté Nationale de la République du Congo

(5 ans)
Successeur Alexandre Singa Boyende Mosambayi
Biographie
Nom de naissance Victor Nendaka Bika
Surnom Pa Vicky
Date de naissance
Lieu de naissance Kumu, District de Buta, Province Orientale , Congo Belge
Date de décès (à 79 ans)
Lieu de décès Bruxelles, Belgique
Nature du décès Mort pour cause de maladie
Parti politique MNC-Lumumba, MNC-Nendaka et MPR
Père Angada Gabriel
Mère Tabapaya Elisabeth
Conjoint Astrid Mbooto

Victor Nendaka Bika est un homme politique congolais de la République démocratique du Congo et du Zaïre. Il a été le directeur de la police de sécurité nationale et de l’agence de renseignement du Congo, la Sûreté nationale.

Biographie[modifier | modifier le code]

Victor  Nendaka, également surnommé « Pa Vicky »[1] est né le à Kumu, qui se situe sur le territoire de Buta, dans la province Orientale du Congo belge. Il est mort le [2] à 76 ans, alors qu’il était en exil à Bruxelles. Avant de mourir, Victor Nendaka avait pris soin de choisir l'emplacement de sa tombe. L’endroit était assez particulier car il n’y avait qu’une seule autre tombe, celle de son demi-frère, Pae Pierre. Il a été rapatrié afin d’être enterré au cimetière de la Gombe, à Kinshasa, République démocratique du Congo[3].

Famille[modifier | modifier le code]

Victor Nendaka était l’unique enfant d'Élisabeth Tabapaya et Gabriel Angada. Cependant, il avait une demi-sœur et un demi-frère, Goningame Joséphine et Pae Pierre.

En 1943, il épousa une certaine Astrid Mbooto et, ensemble, ils  eurent six enfants : Gabrielle, André, Monique, Claude, Victorine et Astrid.

Quelques années plus tard[Quand ?], sa femme et ses enfants sont exécutés par des rebelles[4].

Jeunesse et vie professionnelle[modifier | modifier le code]

Durant sa jeunesse, Victor Nendaka étudie aux Frères Maristes de Buta, il termine l’école secondaire en 1941. Ensuite, il obtient un emploi dans la Compagnie cotonnière Congolaise à Buta, dans laquelle il travaille jusqu’en 1945[5]. Il est ensuite rapidement embauché par la Société du Haut de Uele et du Nil à Kilomines en 1945 et y travaille jusqu’en 1949. À la fin de son contrat, il décide de s’installer à Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa). Là, il travaille comme comptable adjoint à l'Établissement Maurice Michaux et Compagnie, de 1950 à 1953[1].

En 1953, Victor Nendaka refuse de travailler pour des entreprises et décide de se mettre à son compte en devenant un homme d’affaires. D’abord, il ouvre un bar qu’il appellle Bar Victor. Ensuite, il fonde l’agence de voyage Nendaka. C’était une agence dans laquelle les Congolais pouvaient réserver leurs voyages vers diverses petites destinations au Congo belge et au Ruanda-Urundi. Enfin, il met sur pied une agence d’assurances spécialement pour les Congolais propriétaires de bars, de cinémas et d'entreprises[1]. Victor Nendaka devient bien connu et son commerce prospère. Il est compté parmi les notables de Léopoldville. C’est pourquoi, en 1953, lorsque Bruxelles est désignée pour héberger la première Exposition universelle et internationale organisée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, c’est lui, avec son agence d'assurances, qui assure les fils Kongo lors de leur voyage en Belgique. C’est ainsi qu’il se fait connaître dans le monde politique[5].

Carrière politique[modifier | modifier le code]

Entrée dans le monde politique[modifier | modifier le code]

Le , Victor Nendaka est élu en président provincial de l'Association des Classes Moyennes Africaines de Léopoldville et est amené à faire la connaissance du ministre des Colonies, Auguste Buisseret.

En septembre 1955, suite à une invitation de la Fédération des Associations de Colons du Congo Belge et du Ruanda-Urundi, Victor Nendaka fait son premier voyage à Bruxelles, en  Belgique. Il est reçu en audience par Baudouin Ier, le Roi des Belges[1]. Ce voyage a un double objectif. Le premier est de défendre les intérêts des Congolais et le second de présenter des projets pour ceux-ci lors de la 4e session de la commission du Colonat. C’est à ce moment qu’il est entendu par le Roi Baudouin.

De 1957 à 1959, il est l’un des trois délégués des classes moyennes africaines au sein du Conseil du Gouvernement. Ainsi, il parvient à obtenir la confiance des classes moyennes en faisant adopter des décisions en leur faveur : électrification de la Cité indigène, accès au crédit immobilier, création d’entreprises commerciales, etc.[5]

Le , la Cour d'Appel de Léopoldville condamne Victor Nendaka à la peine de la servitude pénale principale de 9 mois de prison ferme et à une lourde amende financière. Sa condamnation est la conséquence de nombreuses escroqueries, tromperies et abus de confiance[1]. Cependant, au lieu de purger sa peine de  9 mois de prison, comme prévu initialement, il ne passe que 3 mois en détention provisoire. Cette condamnation est loin de mettre fin à la carrière politique de Nendaka[5].

En effet, le , Victor Nendaka est élu vice-président du Mouvement national congolais-Lumumba, dont le président est Patrice Lumumba, au congrès de Stanleyville, actuelle Kisanga. Ce parti ainsi que le Mouvement national congolais-Kalonji naissent d'une scission du Mouvement national congolais.

Parallèlement, Victor Nendaka devient d’abord membre du conseil d’administration d'Info Congo. Ensuite, il intègre le conseil de la cité de Léopoldville. Enfin, il rejoint le comité  de la revue mensuelle La Voix du Congolais.

En décembre 1959, le Mouvement national congolais-Lumumba organise une manifestation. Rapidement, cette réunion prend de l’ampleur et les forces de l’ordre interviennent. Lors de cette intervention, de nombreux manifestants sont grièvement blessés, d’autres encore abattus. À la suite de cet événement, Lumumba est arrêté et enfermé. Étant donné que Victor Nendaka est le vice-président du Mouvement, il remplace Lumumba et en devient ainsi le leader[6].

Marche vers l'indépendance du Congo[modifier | modifier le code]

Le , le roi Baudoin 1er prononce un discours dans lequel il annonce la marche du Congo vers l’indépendance.  Du au , une table ronde belgo-congolaise se tient à Bruxelles[7].

Congolese and Katangese army officers with Kasa-Vubu

Lumumba étant toujours enfermé, c’est Victor Nendaka qui conduit la délégation chargée de participer aux travaux. Cela ne plaît pas à tout le monde, particulièrement à Joseph Kasa-Vubu qui prend la parole afin d’exiger la présence de Lumumba à la table ronde[6]. De plus, la libération de Lumumba, détenu à Jadotville, plus communément appelée Likasi, est également exigée par les fils Kongo. Par conséquent, Lumumba est libéré et envoyé à Bruxelles afin de reprendre sa fonction de président du Mouvement[5].

Cette table ronde rassemble des grands leaders politiques congolais tels que, Joseph Kasa-Vubu (Alliance des Bakongo), Patrice Lumumba (mnc-l) épaulé par Victor Nendaka, Moïse Tshombé (conakat) et Albert Kalonji (mnc-k). Ensemble, ils s’interrogent sur la future forme du nouvel État et portent un discours nationaliste revendiquant la souveraineté. On observe à cette table un front commun congolais qui fait face à des Belges divisés. Ainsi, l’indépendance totale du Congo est déclarée le .

Élections générales de 1960[modifier | modifier le code]

En avril 1960, alors que Victor Nendaka est toujours Vice-Président du mnc-Lumumba, lors d’un audit interne, les instances du mnc-l découvrent des irrégularités dans les virements financiers du parti. Ceux-ci datent de la période pendant laquelle Victor Nendaka remplaçait Lumumba. À la suite de ces découvertes, Nendaka est écarté du parti.

Victor Nendaka déclare qu’il a quitté le mnc-l de son plein gré, parce que Lumumba aurait accepté une somme d'argent conséquente de la part des communistes du Pacte de Varsovie. Toutefois, il n’a jamais pris la peine de prouver ces accusations.

Il décide alors de créer son propre parti politique, le Mnc-Nendaka, à moins de trois semaines des élections législatives, sénatoriales et provinciales du 11 au [5]. Toutefois, le parti de Victor Nendaka n’est pas élu. C’est bien le Mnc-L qui remporte les élections. Lumumba sera ensuite désigné comme premier 1er  ministre de la République démocratique du Congo avec Kasa-Vubu comme premier président.

Premier coup d’État en 1960[modifier | modifier le code]

Après la proclamation de l’indépendance, le Congo est plongé dans une période de chaos. Les raisons de cette crise sont l’impréparation du pays à l’indépendance ainsi qu’une rébellion face à la hiérarchie blanche qui persiste.

Au même moment, des tensions se créent au sein du gouvernement, opposant, d’une part, ceux qui partagent les idéaux de P. Lumumba, les lumumbistes, à ceux qui sont en désaccord avec lui, les anti-lumumbistes tels que Victor Nendaka.

Cette crise est aggravée par la rivalité entre Joseph Kasa-Vubu et Lumumba. Le , Kasa-Vubu nomme Mobutu commandant en chef de l’armée. Le soir même, Mobutu met en œuvre son premier coup d’État. Il neutralise les deux hommes et les place en résidence surveillée. Tandis que Lumumba est écarté définitivement, Kasa-Vubu reprendra ses fonctions par la suite. Ce coup d'État marque un tournant important dans la carrière de Nendaka.

En effet, un mois plus tard, en octobre 1960, Victor Nendaka est nommé directeur de la Sûreté Nationale par commission temporaire. Nendaka réorganise rapidement cette institution et la transforme en un service efficace de collecte de renseignements.

Ensuite, il rejoint également le groupe Binza, un groupe qui s’était formé en septembre au sein du gouvernement congolais. Mobutu, chef d'état-major, général de l'Armée nationale congolaise, en est un membre clé. À la tête de la Sûreté, Nendaka devient également un acteur important au sein du groupe. En août 1961, Cyrille Adoula est nommé 1er  ministre avec l’appui de ce même groupe et de la CIA.

Le , le ministre de l'Intérieur lumumbiste Christophe Gbenye, tentant d'affirmer son contrôle sur la Sûreté, décide de démettre Victor Nendaka de ses fonctions.  Pour ce faire, son cabinet publie un communiqué indiquant que depuis le , la veille donc, Nendaka ne travaillait plus pour ce service et était ouvert à une réaffectation au sein du gouvernement.

Nendaka se tourne alors vers Mobutu afin d’obtenir son soutien. Ce dernier lui envoie immédiatement des troupes armées afin d’encercler les bureaux de la Sûreté. Dans la foulée, ils menacent d’arrêter et d’enfermer Christophe Gbenye si ce dernier intervient[8].

Suite à cela, une ordonnance paraît dans le journal officiel du gouvernement, le Moniteur Congolais, déclarant la nomination, par Kasa-Vubu, de Nendaka au poste de directeur de la Sûreté, à compter du . Il occupe le poste d'Administrateur en Chef de la Sûreté nationale pendant 5 ans. À la suite des querelles entre Nendaka et Gbenye, Adoula démet Gbenye de ses fonctions.

Implication de Victor Nendaka dans le décès de Patrice Lumumba[modifier | modifier le code]

Le , a eu lieu le 1er coup d'État. Lumumba est arrêté par les troupes de Mobutu le . Il est capturé à Port Francqui et transporté par avion à Léopoldville afin d’être emmené dans la prison militaire de Thysstad.

En tant que directeur de la Sûreté nationale, Nendaka organise le transfert de Lumumba. Le , celui-ci est transféré dans une prison à Jadotville avec ses deux compagnons Maurice Mpolo et Joseph Okito. Cette même nuit, ils sont exécutés par un peloton de la gendarmerie-armée de l’ancienne province du Katanga dans des circonstances jamais pleinement élucidées[9].

Victor Nendaka, qui, depuis les élections de 1960, n’avait pas de bonnes relations avec Lumumba, a été suspecté d’avoir un lien avec cet incident. Il a été amené à témoigner devant la commission d’enquête parlementaire belge le et le [10]. Nendaka clame son innocence concernant l’assassinat de Patrice Lumumba et explique que la commission Lumumba tente de le piéger.

En 2002, le gouvernement belge reconnaît avoir une part de responsabilités dans la mort de Lumumba. Quelques mois après cette déclaration, les États-Unis révèlent que la CIA a joué un rôle dans l’assassinat de Lumumba[11].

Alliances politiques au Congo[modifier | modifier le code]

En 1964, Cirylle Adoula est contraint de démissionner. Le , Kasa-Vubu confie la tâche de former le nouveau gouvernement du Congo à Moïse Tshombé. Le Tshombé prête serment et devient 1er ministre[12].

En 1964, Nendaka décide de poser sa candidature pour devenir Président national du Rassemblement des Démocrates Congolais. Toutefois, la CIA, qui finance ce parti, lui demande de ne pas le faire afin que Cyrille Adoula soit le seul à poser une candidature pour le poste de Président du parti. Par conséquent, Nendaka s’abstient et forme finalement une alliance avec la Convention nationale congolaise de Tshombé, ce qui leur permet d'obtenir un total de dix sièges dans l'Uele.

Du au , ont eu lieu les élections parlementaires de 1965. Nendaka en profite alors pour créer un parti nommé Front Démocratique Congolais, intégré au Rassemblement des Démocrates Congolais. Il présente sa candidature à Buta, où il est élu Député national et provincial[5].

Dans le gouvernement de Tshombé, Victor Nendaka devient ministre de l’Intérieur de décembre 1965 à juillet 1966[13].

Second coup d'État en 1965[modifier | modifier le code]

Le , un deuxième coup d'État militaire a lieu contre Kasa-Vubu. Ce dernier se fait évincer par Mobutu, qui prend le pouvoir avec l'accord des pays occidentaux le voyant comme un rempart contre le communisme en Afrique.

Sous le pouvoir de Mobutu, Victor Nendaka est promu au titre de ministre des transports et des communications jusqu’au . Ensuite, il est  ministre des finances, du budget et du portefeuille jusqu’au [5].

Fin de carrière politique[modifier | modifier le code]

En 1969, le président Mobutu décide d'écarter Nendaka du gouvernement malgré ses très bons résultats. En effet, sous Nendaka, le stock monétaire est passé de 1 700 millions à 270 millions de dollars américains. Victor Nendaka continue cependant d’avoir une influence sur le monde politique congolais, entretenant des relations avec ses principaux acteurs.

Par la suite, il continue à donner des interviews et décide de retourner à l’Université Lovanium afin de rencontrer des étudiants.

À la chute du régime de Mobutu, vers les années 2000, Nendaka part vivre à différents endroits, notamment au Canada, en Belgique, en Suisse et en France[5].

Notes et Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Freddy Mulongo, Fondateur et Rédacteur en Chef de Réveil FM International, « Mundele Ndombe kapita-traitre : Victor Nendaka Bika du mnc-Lumumba à la vengeance de l'arrestation de Lumumba », (consulté le )
  2. BO, « Décès de Victor Nendaka », (consulté le )
  3. BO, « Décès de Victor Nendaka », (consulté le )
  4. Jean-Pierre Langellier, « 13 - Le second coup d’État », dans Mobutu, Perrin, coll. « Biographies », , 123–132 p. (ISBN 978-2-262-04953-9, lire en ligne)
  5. a b c d e f g h et i Messager, « La trajectoire de Victor Nendaka Bika », (consulté le )
  6. a et b Freddy Mulongo, Fondateur et Rédacteur en Chef de Réveil FM International, « Victor Nendaka Bika : tortionnaire criminel, monstre humain contre Lumumba, Maurice Mpolo et Joseph Okito, arrivés les yeux troués et agonisants à Elisabethville. », (consulté le )
  7. (nl) Belga, « Mobutugetrouwe Victor Nendaka overleden », sur GVA, 24 augustus 2002 (consulté le )
  8. « Redirecting... » (consulté le )
  9. « Il y a 60 ans, l’assassinat de Patrice Lumumba, un crime politique avec des responsabilités belges » (consulté le )
  10. De Kamer, « Synthèse des auditions » [PDF], (consulté le )
  11. Jean-Pierre Langellier, « 13- Le second coup d'Etat », sur Cairn, (consulté le )
  12. A. Lederer, « Moise Tshombe » [PDF], (consulté le )
  13. « Ministère de l'intérieur | RDC » (consulté le )

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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