Wadi Muqaddam

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Carte
Carte interactive de Wadi Muqaddam

Wadi Muqaddam est le lit d'un cours d'eau intermittent du Soudan long d'environ 320 km, s'écoulant du sud au nord, à partir d'une zone située à l'ouest d'Omdurman pour déboucher dans le cours actuel du Nil près de Korti[1]. Il donne son nom à une formation géologique dénommée Wadi Milk.

Géographie[modifier | modifier le code]

Délimitant le désert de Bayouda à l'ouest, il coule encore pendant les saisons des pluies. Des traces de mollusques terrestres et d'eau douce ainsi que des os de poissons indiquent la présence d'eau stagnante dans l'oued. Certains chercheurs se basent sur l'hypothèse que le Wadi Muqaddam était un ancien lit du Nil[2];[3].

Archéologie[modifier | modifier le code]

Les études préalables à la construction de la Challenge Road puis de la Northern Artery Road, routes reliant Khartoum et Omdurman aux principaux centres du nord Soudan, Kareima et Dongola comprenaient une composante archéologique[4]. Au cours de l'étude, 180 sites archéologiques ont été découverts, nombre d'entre eux sont concentrés le long du Wadi Muqaddam[4]. L'occupation humaine s'y étage du Paléolithique à la période médiévale et démontre l'utilisation de cette vallée comme route de migration puis comme route commerciale. Cette route était en effet beaucoup plus courte (290 km) que celle longeant les rives de la boucle du Nil (800 km)[5]. Les archéologues pensent qu'elle fut empruntée lorsque le Wadi Muqaddam était encore en eau, oubliée durant quelques millénaires puis réutilisée lorsque les civilisations régionales furent capables de creuser des puits.

La route décrite par Hérodote pour rejoindre Méroé depuis le Nord empruntait probablement la vallée parsemée de puits du Wadi Muquaddam pour rejoindre Soba puis descendait le Nil pour atteindre sa destination (Herodotus, Book II, 29–30)[6].

Les découvertes archéologiques attestent des deux périodes d'utilisation de cette voie de circulation, la première période durant la préhistoire attestée par :

Une deuxième période d'utilisation s'étend du royaume de Napata jusqu'à la période actuelle, en témoignent[9] :

  • des poteries et une amulette de la période Napata, le site archéologique d'Al-Meragh
  • de nombreux tumuli de la période méroitique
  • des tombes de périodes post-méroitique
  • de très nombreux débris de poteries médiévales chrétiennes dont certaines pourraient avoir été fabriquées à Old Dongola, des gourdes de pèlerins, des tombes chrétiennes indiquent que ce trajet fut largement emprunté par les chrétiens à l'époque médiévale,
  • des poteries de la période islamique suivante.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Intisar Soghayroun Elzein 2010, p. 25.
  2. Fuller 1998, p. 274.
  3. Mallinson 2018, p. 314.
  4. a et b Mallinson 2018, p. 309.
  5. Mallinson 2018, p. 328.
  6. Mallinson 2018, p. 329-330.
  7. Fuller 1998, p. 268.
  8. Hosfield 2015, p. 16–29.
  9. Mallinson 2018, p. 334-344.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) D.Q. Fuller et L. Smith, « The prehistory of the Bayuda : New evidence from the Wadi Muqaddam », Nubian studies « Proceedings of the Ninth Conference of the International Society of Nubian Studies, August 21–26, 1998, Department of African-American Studies, Northeastern University, Boston »,‎ , p. 265-281 (lire en ligne [PDF])
  • R. Hosfield, K. White et N. Drake, « Middle Stone Age and Early Holocene Archaeology in Central Sudan: The Wadi Muqadam Geoarchaeological Survey », Sudan & Nubia, vol. 19,‎ , p. 16–29 (lire en ligne)
  • (en) Michael Mallinson, Abdelrahman Ali Mohammed, Dorian Fuller et Laurence M. V. Smith, « Road Archaeology in the Wadi Muqaddam, SARS Survey from Omdurman to Gabolab: Environmental and Cultural Change in the Bayuda », meroitica, Wiesbaden, Harrassowitz Verlag, no 27,‎ , p. 309-357 (lire en ligne [PDF])
  • (en) Intisar Soghayroun Elzein, Trade and Wadis System(s) in Muslim Sudan, Kampala, Fountain Publishers, , 140 p. (ISBN 978-9970-25-005-9, lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]