Brasil Pandeiro

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Brasil Pandeiro

Single de Anjos do Inferno
Sortie 1941
Enregistré
Genre Samba-exaltação
Format 78 tours
Auteur Assis Valente
Compositeur Assis Valente
Label Columbia Records

Brasil Pandeiro est une samba-exaltação composée en 1940 par Assis Valente et enregistrée en 1941 par Anjos do Inferno, où l'auteur bahianais exalte la samba et le peuple brésilien.

Assis compose Recenseamento et Brasil Pandeiro spécialement pour Carmem Miranda, récemment rentrée des États-Unis en 1940. Elle enregesitre la première mais dit de la seconde à son auteur : « Assis, ce n'est pas bon. Tu es devenu ennuyeux. ». Valente en est vexé, mais la chanson acquiert une grande réputation tardive avec son enregistrement par Anjos do Inferno la même année. Des années plus tard, elle est à nouveau popularisée grâce à la reprise de Novos Baianos en 1972 sur l'album Acabou Chorare, sur la suggestion du mentor du groupe João Gilberto.

Brasil Pandeiro est pratiquement devenu un hymne comparable à Aquarela do Brasil d'Ary Barroso, qui a même un motif rythmique d'accompagnement répété dans la chanson de Valente, avec l'intention d'imiter le tamborim, et montre que le choix du pandeiro comme épithète de Brasil élève la batucada au niveau de valeur culturelle pertinente, appartenant au domaine des personnages du monde de la samba.

Contexte[modifier | modifier le code]

Assis Valente en 1938.

En 1940, revenant des États-Unis au Brésil, Carmem Miranda, au sommet de sa renommée, reçoit plusieurs compositions. Parmi elles, Recensamento et Brasil Pandeiro, d'Assis Valente.

Elle enregesitre la première mais dit de la seconde à son auteur : « Assis, ce n'est pas bon. Tu es devenu ennuyeux. »[1]. L'attitude de la chanteuse est critiquée par des personnes liées au compositeur, comme le journaliste Enéas Viany, qui écrit le 24 juin 1941 :

« Malgré mon manque de projection personnelle, j'ai toujours essayé d'élever le nom de cette fille portugaise qui gardait un cœur brésilien dans sa poitrine. [...] Anjos do Inferno a récemment enregistré la samba Brasil Pandeiro, écrite par Assis Valente, le compositeur de plusieurs chansons à succès qui a tenté de lutter contre l'existence en mai parce qu'il avait des difficultés avec sa vie. Il avait réservé cette composition à Carmen. Il voulait la lui offrir en guise d'hommage introductif à certains de ses succès. Elle a examiné la chanson et l'a refusée. [...] Ingratitude oui ! Même si la samba était vouée à l'échec, elle aurait dû regarder le passé et l'accepter. [...] La petite balangandãs avec son attitude a perdu un ami brésilien [...]. Cela ne valait pas grand chose... mais c'est toujours mieux d'avoir des amis inconditionnels... Et j'appartenais à cette classe. Désormais je ne croirai plus à ton innocence, quand un collègue portera des accusations contre toi[2]. »

Interprétation[modifier | modifier le code]

La chanson, composée en 1940, fait référence au succès de la musique populaire brésilienne — en particulier la samba — qui a atteint le public nord-américain à travers la voix et les films de la chanteuse luso-brésilienne Carmem Miranda — un vieil amour d'Assis Valente lui-même — d'où l'hommage que souhaite rendre Assis à Miranda.

Et pas seulement : Valente appelle les Brésiliens, éminemment métis, comme lui, à reconnaître leurs propres valeurs, dans les vers du poète, qui conclut :

« 

Chegou a hora dessa gente bronzeada mostrar seu valor
Eu fui à Penha e pedi à padroeira para me ajudar
Salve o Morro do Vintém, pendura a saia que eu quero ver
Eu quero ver o Tio Sam tocar pandeiro para o mundo sambar

 »

« 

Il est temps pour ces personnes bronzées de montrer leur valeur
Je suis allé à Penha et j'ai demandé au saint patron de m'aider
Sauvez Morro do Vintém, accrochez votre jupe et je verrai
Je veux voir l'Oncle Sam jouer du pandeiro pour que le monde entier puisse jouer de la samba.

 »

La chanson évoque également, sous forme de prière :

« 

Brasil, esquentai vossos pandeiros
Iluminai os terreiros
Que nós queremos sambar

 »

« 

Brésil, réchauffez vos pandeiros
Allumez les terreiros
Nous voulons jouer de la samba

 »

Versions[modifier | modifier le code]

Anjos do Inferno[modifier | modifier le code]

Rejetée par Carmem Miranda, Brasil Pandeiro finit par être enregistrée pour la première fois par Anjos do Inferno, en 1941, pour Columbia Records[3]. Selon les auteurs, l'enregistrement fut « l'un des moments forts de cette production, même si les propres contemporains du compositeur étaient d'accord sur les ressources très modestes de sa guitare et sur la voix presque toujours désaccordée de l'auteur »[3]. Grand succès en 1941[4], ce sera l'un des plus gros succès du groupe[5].

Novos Baianos[modifier | modifier le code]

Audio externe
Extrait de Brasil Pandeiro des Novos Baianos sur Wikipédia en portugais. Pour des questions de droit d'auteur, sa reproduction n'est pas autorisée sur la version francophone de Wikipédia.

Le groupe Novos Baianos a réenregistré la chanson en 1972, sur l'album Acabou Chorare. L'enregistrement de Brasil Pandeiro a été influencé par le musicien João Gilberto. Ce dernier avait rendu visite au groupe alors qu'ils étaient à Rio de Janeiro et, notant leur style électrique, leur a conseillé de prendre « le chemin du retour chez soi », pour retrouver leurs racines et faire une introspection[6]. Cette suggestion presque spirituelle a été donnée par Gilberto en même temps que la proposition de réenregistrer Brasil Pandeiro. Comme l'a dit Moraes Moreira en 2010,

« Nous étions influencés par le rock, nous écoutions beaucoup Jimi Hendrix, Janis Joplin, tous ces groupes des années 1970. Mais c'est là, avec João Gilberto, que nous nous sommes éveillés à la samba. Quand il nous a montré Brasil Pandeiro d'Assis Valente — le moment était venu pour ces gens bronzés de montrer leur valeur — nous avons compris son message. Nous avons commencé à incorporer le cavaquinho et le pandeiro dans notre son, sans perdre le côté rock. C'était de la samba avec de l'énergie rock. C'est ce qui a fait la différence de Novos Baianos. Nous avons réalisé l'album Acabou Chorare, qui a marqué un tournant[7]. »

Les Novos Baianos en 1972.

C'est la seule et unique chanson de l'album non écrite par le groupe qu'ils ont enregistrée[8].

Il s'agit d'une version plus chargée avec des arrangements de craviola (pt) de Pepeu Gomes (pt) et des voix interprétées par Baby Consuelo (pt), Moraes Moreira (pt) et Paulinho Boca de Cantor (pt), chacun chantant un couplet.

La version de Novos Baianos est considérée comme l'un des réenregistrements les mieux conçus de la chanson. Comme l'écrit Yara Caznok, il était « dommage » qu'Assis Valente « n'ait pas vécu assez longtemps pour profiter de leur glorieux réenregistrement »[3].

Postérité[modifier | modifier le code]

Brasil Pandeiro est devenu l'une des chansons les plus représentatives de l'œuvre d'Assis Valente, la presse se référant à lui comme « l'auteur de Brasil Pandeiro » lors de divers hommages[9],[10] et les spécialistes n'hésitant pas à l'utiliser dans leurs ouvrages biographiques[11],[12].

Brasil Pandeiro est pratiquement devenu un hymne comparable à Aquarela do Brasil d'Ary Barroso, qui a même un motif rythmique d'accompagnement répété dans la chanson de Valente, avec l'intention d'imiter le tamborim, et montre que le choix du pandeiro comme épithète de Brasil élève la batucada au niveau de valeur culturelle pertinente, appartenant au domaine des personnages du monde de la samba[13].

Plusieurs disques posthumes d'Assis Valente ont été enregistrés et divers hommages lui ont été rendus. TV Globo a créé un programme portant le nom de sa chanson : Brasil Pandeiro[14],[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (pt) Carô Murgel, « Assis Valente », sur mpbnet.com.br (consulté le ).
  2. (pt) Enéas Viany, Scena Muda, 24 juin 1941, p. 31, cité par (pt) Tânia da Costa Garcia, O "it verde e amarelo" de Carmen Miranda (1930-1946), Annablume, (ISBN 8574194506), p. 211-212.
  3. a b et c (pt) Yara Caznok, Brasil Pandeiro, Irmãos Vitale (ISBN 8574071730), p. 3.
  4. (pt) Nei Lopes et Luiz Antonio Simas, Dicionário da História Social do Samba, Rio de Janeiro, Civilização Brasileira, , 336 p. (ISBN 9788520012581), p. 125.
  5. (pt) Ronaldo Conde Aguiar, Almanaque da Rádio Nacional, Casa da Palavra, (ISBN 8577340821), p. 56.
  6. Severiano et Mello 1997, p. 169.
  7. (pt) Entretien avec Moraes Moreira et Sergio Cohn le 26 juin 2010 à São Paulo, p. 6 [PDF], sur producaocultural.org.br.
  8. (pt) Humberto Santos Pereira, O Mistério do Planeta : Um Estudo Sobre a História dos Novos Baianos (1969 - 1979) (thèse), Universidade Federal da Bahia, (lire en ligne [PDF]), p. 73.
  9. (pt) « Assis Valente, 110 anos », sur cultura.uol.com.br, (consulté le ).
  10. (pt) « 65 anos sem Assis Valente, o compositor de ‘Brasil Pandeiro’ », sur thmais.com.br, (consulté le ).
  11. Brasil Pandeiro : Assis Valente 2004.
  12. Silva Junior 2014.
  13. (pt) Astréia Soares, Outras conversas sobre os jeitos do Brasil : o nacionalismo na música popular, Annablume, (ISBN 8574192619), p. 61.
  14. (pt) « Assis Valente », sur museudatv.com.br (consulté le ).
  15. (pt) « Brasil Pandeiro », sur memoriaglobo.globo.com, Memória Globo, (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (pt) Brasil Pandeiro : Assis Valente, Ed. Irmãos Vitale, coll. « Canta um Conto », (ISBN 8574071730).
  • (en) Alfésio Luís Ferreira Braga, « Chegou a hora desta gente bronzeada mostrar seu valor », Revista da Associação Médica Brasileira, vol. 58, no 4,‎ , p. 400 (ISSN 0104-4230, OCLC 8522154714, DOI 10.1590/S0104-42302012000400003).
  • (pt) Jairo Severiano et Zuza Homem de Mello, A canção no tempo, vol. 2 : 1958-1985, São Paulo, Editora 34, (ISBN 8573261196).
  • (pt) Gonçalo Silva Junior, Quem Samba Tem Alegria : a Vida e o Tempo de Assis Valente, Compositor das Célebres Brasil Pandeiro, Cai, Cai, Balão, Camisa Listada e Boas Festas, Rio de Janeiro, Civilização Brasileira, , 618 p. (ISBN 9788520011942).

Liens externes[modifier | modifier le code]